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Le sous-emploi et la demande effective
L’analyse d’un sous-emploi de masse et involontaire est au cœur de la perspective keynésienne qui se développe
durant les années 1930. Elle contribue à une remise en cause profonde mais pas complète du discours des auteurs
«classiques» entendus par JM Keynes comme les économistes qui acceptent la loi de Say et la régulation
automatique par le mécanisme des prix. Tout en reprenant certains enseignements de l’analyse classique, Keynes
montre qu’un équilibre de sous-emploi dans le système capitaliste est inéluctable, qu’il tient à l’insuffisance du
niveau de la demande effective et que sa réduction suppose la mise en œuvre de politiques économiques
conjoncturelles actives. Keynes élabore sa théorie en discutant préalablement la version achevée de l’analyse «
classique », à savoir celle de AC Pigou.
Nous suivrons un cheminement similaire avant de nous interroger sur les prolongements contemporains des
analyses du maître de Cambridge.
I : Le prix du travail détermine l’emploi et la production : une analyse en termes de marchés
A - L’offre de travail est une fonction croissante du salaire réel
a : Présentation de la courbe d’offre individuelle (document 1)
Rappels :
-L’offre de travail émane des salariés.
-L’ école néoclassique rassemble des économistes depuis le milieu du 19ième qui ont tous en commun de croire
aux vertus du marché, de procéder à des analyses marginalistes, de déterminer la valeur à partir de l’utilité
marginale d’un bien, d’accepter la loi de SAY (toute offre crée sa propre demande donc ce qui compte est les
conditions de la production) et le plus souvent de retenir les hypothèses de la CPP.
-La concurrence est pure quand on a :
-Atomicité parfaite de l’offre et de la demande (chaque agent est trop petit pour influencer seul le marché).
-Transparence des marchés (parfaite connaissance des prix et des quantités proposées).
-Homogénéité des produits (produits parfaitement équivalents et substituables).
-La concurrence est parfaite quand on a :
-Libre accès au marché (pas de barrière technologique, douanière etc…).
-Parfaite mobilité des facteurs de production (possibilité sans limite d’entreprendre ou d’abandonner une activité
économique).
b : présentation de la courbe d’offre globale de travail (de marché)
On fait l’hypothèse simplificatrice que chaque individu propose un travail de nature strictement identique (cf
hypothèse d’homogénéité). Cela donne la possibilité d’agréger les courbes d’offre individuelles pour obtenir la
courbe d’offre de marché. Elle est la «somme» des courbes d’offre individuelles et a la même forme (fonction
croissante du salaire réel).
1
B - La demande de travail est fonction décroissante du salaire réel (document 2)
a : Présentation de la courbe de demande de travail individuelle
Rappels :
-La demande de travail émane des entrepreneurs.
-La productivité marginale du travail se définit comme la variation de la production consécutive à la variation de
1 unité de la quantité de travail utilisé (1 heure, 1 salarié …).
-Par hypothèse simplificatrice, la productivité marginale est positive mais décroissante Donc, chaque unité
supplémentaire de travail permet une augmentation de la production mais de plus en plus faible. Si chaque
travailleur supplémentaire permet d’accroître la production dans des proportions toujours plus faibles, cela doit
se retrouver sur la relation entre la productivité marginale et le salaire et finalement entre la demande de travail
(DL) et le salaire.
b : Présentation de la courbe de demande globale de travail
Les demandes de travail individuelles concernent un travail homogène, à nouveau on a la possibilité de sommer
pour obtenir la courbe de DL de marché.
C - équilibre du marché du travail et sous-emploi
a : Présentation de la notion d’équilibre du marché du travail
D’après les néoclassiques et en particulier selon A .C Pigou, le marché du travail est toujours en équilibre si les
hypothèses de la CPP sont vérifiées. Un éventuel ajustement (relatif à une évolution sur le marché du capital ou
sur celui des produits) est automatique et garantit un retour à l’équilibre dès lors que la parfaite flexibilité du
marché du travail est respectée. L’ajustement est le résultat d’un processus de tâtonnement orchestré par un
commissaire-priseur. Aucun n’échange n’est réalisé tant que le commissaire priseur ne propose pas le prix qui
permet d’avoir OL = DL
Remarques :
-Ce sont les fluctuations de W / P qui permettent l’ajustement. Concrètement, il suffit que W (le montant de la
feuille de paie) diminue pour qu’un décalage se crée avec l’évolution des prix tel que W / P diminue.
-A l’équilibre, on a la double égalité DéUm = W / P = Pml.
-L’ajustement peut partir d’une situation de sous-emploi comme de sur emploi.
-L’équilibre du marché du travail néoclassique est compatible avec un sous emploi volontaire. Il est le fait de
travailleurs qui préfèrent les loisirs à l’activité pour le W / P proposé.
2
b : Le chômage involontaire selon les néoclassiques
Un chômage involontaire est envisageable pour les néoclassiques et il a toujours pour explication l’imparfaite
flexibilité du salaire réel soit au final, le non-respect de l’une ou l’autre des hypothèses de la CPP.
Parmi les situations les plus courantes, on a :
-Les syndicats, l’Etat lorsqu’il impose un Smic, un système d’allocations chômage, empêchent la flexibilité de
W / P.
-Les procédures législatives contraignantes sur les embauches mais surtout sur les licenciements créent une
rigidité sur les quantités d’où la possibilité de voir croître le coût du travail unitaire (CTU = coût du travail /
valeur de la production).
-L’insuffisance de mobilité géographique du travail génère la baisse du niveau de concurrence entre les salariés
et donc réduit la flexibilité de W / P.
Synthèse sur l’analyse néoclassique
Une situation de CPP, étant donné la forme des courbes OL et DL, garantit l’existence et la stabilité d’un
équilibre de plein emploi ce qui est compatible avec un chômage volontaire. Un chômage involontaire est
envisageable mais suppose la non-vérification de la CPP. Pour améliorer la situation de l’emploi, il convient
alors de renforcer la flexibilité du marché du travail ce qui revient à s’approcher davantage de la CPP. On montre
là, la portée normative du modèle néoclassique. On remarque aussi que W /P détermine le niveau de l’emploi
(N) et pour une technique donnée, le niveau de la production.
II : l’emploi est déterminé par le montant de la demande effective
A : Keynes critique l’analyse néoclassique
fiche auteur
a : La rigidité des salaires n’explique pas seule le chômage (document 3)
D’après les néoclassiques, si le chômage s’élève durant les années 1930, cela tient à la fixité des salaires
nominaux dans un contexte de déflation. Le résultat est non seulement que W / P ne diminue pas mais surtout
qu’il augmente. Le chômage de masse s’explique alors par un coût du travail trop élevé et doit trouver sa
solution dans l’austérité salariale. Tel n’est pas l’opinion de Keynes.
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b : les salaires nominaux sont rigides à la baisse (document 4)
On rappelle que selon les néoclassiques, un marché du travail concurrentiel permet la double égalité suivante :
DéUm = W/P = PmL
Pour que l’emploi augmente, il faut et il suffit que W/P diminue (condition préalable et suffisante) ce qui génère
la baisse du chômage involontaire (et la hausse du chômage volontaire). Le marché du travail harmonise les
plans des travailleurs et ceux des entrepreneurs puisque tous réagissent à W/P. On a une baisse de DéUm et de
PmL jusqu’à ce que la double égalité soit vérifiée. Selon Keynes, la situation est plus complexe.
B : présentation de la relation entre la demande effective et l’emploi
a : Le principe de la demande effective (document 5)
L’auteur précise que Deff est déterminée au point de rencontre entre la courbe de demande globale et la courbe
d’offre globale (donc pour un niveau d’emploi Ne). Aussi, est-elle le montant du produit attendu (défini comme
la somme du coût de production et du profit) égalisant le montant des recettes juste suffisant pour qu’aux yeux
de l’entrepreneur, il soit envisageable de produire.
En effet, la courbe de demande globale est la représentation graphique de la fonction D de demande globale et la
courbe d’offre globale est la représentation graphique de la fonction Z d’offre globale.
D = produit attendu de l’emploi de N personnes (recettes monétaires espérées par les entrepreneurs pour l’emploi
de N personnes)
Z = produit nécessaire pour justifier l’embauche de N personnes, (recette monétaire minimum pour justifier
l’emploi de N personnes).
D est une fonction croissante de N puisque la demande augmente avec la masse salariale mais elle croît à taux
décroissant relativement à :
-La baisse de W/P puisque P augmente avec N tandis que W reste constant au moins jusqu’à un certain niveau de
N.
-La consommation peut présenter un phénomène de saturation.
Z est une fonction croissante de N puisque la production (et donc les coûts de production), étant donné la
technique, ne peut augmenter qu’avec le développement de l’embauche. Elle croît à taux croissant relativement à
l’hypothèse des rendements décroissants sur le travail comme sur le capital (même si W est constant, la hausse
de la production alors que les rendements sont décroissants génère la hausse du CTU). En fait, la hausse de P
accompagne celle de N ce qui d’ailleurs est nécessaire pour qu’il y ait baisse de W/P. (cf courbe de Phillips)
L’auteur précise que « ceci constitue l’essentiel de la TG ». Cela tient au fait que :
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-La détermination du niveau de l’emploi est radicalement différente de celle proposée par les néoclassiques (où
N est déterminé par l’équilibre du marché du travail) même si les prix ne sont pas fixes contrairement à ce que
l'on trouve dans l'analyse ISLM ou la théorie du déséquilibre..
-On introduit les anticipations des entrepreneurs (sur les recettes futures) tandis qu’ils évoluent dans un contexte
de CPP selon les néoclassiques.
Remarque :
Le profit de l’entrepreneur (ou de l’ensemble des entrepreneurs représentatifs si on procède à l’analyse au niveau
global) n’est pas maximum en Ne mais plutôt en N*. L’écart maximal entre Z et D pour un niveau d’emploi N*
correspond au profit anormal maximum (ou profit d’aubaine maximum); le profit normal (jugé comme suffisant
par l’entrepreneur) étant intégré dans le prix de l’offre globale.
« Ceci étant, si pour un certain volume de l'emploi N le "produit" attendu est supérieur au prix de l'offre globale,
c'est-à-dire si D est supérieure à Z, il y aura un mobile qui incitera les entrepreneurs à accroître l'emploi et, s'il le
faut, à élever les coûts en se disputant les uns aux autres les facteurs de production jusqu'à ce que l’emploi ait
atteint le volume qui rétablit l'égalité entre Z et D ». TG.
Le passage de N* (ou de tout autre N avant Ne) à Ne s’explique par la motivation des entrepreneurs à se partager
le profit anormal (ou profiter le plus possible de conditions de marché favorables). Un mécanisme concurrentiel
sur le marché des biens ainsi que sur la demande de travail (pas sur le marché du travail) intervient dans la
détermination du niveau de l’emploi.
Synthèse graphique
On part du graphique de gauche
La bissectrice présente toutes les situations d’équilibres du marché des produits. Cette droite représente tous les
cas où DG = revenu (cas classique)
L’écart entre DG et C est le montant de l’investissement (par hypothèse simplificatrice I = constant). Pour le
montant de revenu atteint par cette société, on détermine C et DG. On constate qu’il y a équilibre sur le marché
des produits. On reproduit cette situation pour la période à venir d’où la détermination de la production à
réaliser, celle de la quantité de travail à utiliser, les niveaux du salaire réel et du sous-emploi.
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On a un équilibre de sous emploi qui est stable puisque les entrepreneurs n’accepteront pas de produire plus,
d’embaucher plus, de distribuer plus de revenus et d’être confrontés à un I forcé (écart entre DG et la bissectrice
à droite de l’équilibre).
Synthèse : Si le système capitaliste fonctionne seul ; l’absence de CPP, la remise en cause de la loi de Say et le
fait que C et I ne dépendent pas de la même variable rendent inéluctable un chômage involontaire par
insuffisance de demande effective.
Pour Keynes, la Deff détermine le niveau du produit donc le niveau de l’emploi ceux du taux de chômage et
W/P.
Selon les néoclassiques : le W /P détermine N de plein emploi et ainsi le niveau du produit de plein emploi.
b : La remise en cause de la politique économique « classique » sur le chômage
On sait que W/P doit baisser quand N augmente étant donné que Keynes admet la courbe de demande de travail
néoclassique. Mais la baisse de W / P ne peut et ne doit pas être obtenue par l’austérité salariale contrairement à
ce qu’envisagent les néoclassiques.
Keynes conteste l’effet Pigou stipulant qu’une baisse de W permet une déflation par les coûts. Dès lors la
demande est stimulée (effet encaisses réelles) ainsi que l’emploi par voie de conséquence.
Il avance au contraire que la baisse de W réduit le niveau de la demande et aggrave la situation de l’emploi. Cela
doit être pris en compte dans la détermination de la détermination de la politique économique.
C : la politique économique keynésienne
a : le principe de la politique économique keynésienne (Document 6)
b : la politique budgétaire (document 7)
Deux problèmes sont à éviter.
-Celui d’une éviction financière (la hausse de l’emprunt public conduit à une hausse de i, le taux d’intérêt
monétaire d'où l'éviction de certaines entreprises du marché financier), même si elle n’est pas totale, laquelle se
résout en un moindre effet multiplicateur.
-Celui d’une situation de trappe à liquidité où les agents économiques préfèrent détenir des encaisses liquides
plutôt que des titres, fussent-ils publics, étant donné l’état de la conjoncture. (Remarque, cette situation illustre
bien la remise en cause keynésienne de la théorie quantitative de la monnaie par une évolution significative à la
baisse de la vitesse de circulation de la monnaie)
De là, la nécessité du financement monétaire des dépenses publiques. En fait, ce financement monétaire présente
un double intérêt :
-Il permet d'éviter les effets d’éviction financières ou par l'impôt
-Il facilite une inflation par la demande à l'origine d'une baisse du salaire réel (w/p), condition nécessaire à la
hausse de l’emploi.
La relance keynésienne est par nature et nécessairement inflationniste.
Remarque : Pour les libéraux, la politique budgétaire est inefficace quelle que soit la modalité de financement
retenue. En effet,
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-Le financement par l’emprunt génère une éviction financière totale. La perfection des marchés fait que tous les
facteurs de production sont utilisés et un surcroît de dépenses par un agent économique (l’Etat) suppose au
préalable la baisse de la dépense d’un autre agent économique. Il n'y a pas d'épargne liquide et la coordination
des plans des agents économiques est réalisée par l’évolution du prix, en l’occurrence ici, le taux d’intérêt réel
(r).
Ainsi, la hausse de la dépense publique génère la hausse de r, la baisse de la consommation des ménages, la
baisse de l’investissement des ménages et des entreprises. En effet, les ménages réalisent un arbitrage dépense épargne favorable à l’épargne. Les entreprises ne peuvent plus assumer un taux d'intérêt aussi élevé
comparativement au niveau de leur productivité marginale du capital et renoncent à leur projet d'investissement.
-Le financement par l’impôt pose 2 types de problèmes:
-On a une baisse de la dépense privée par anticipation des suppléments d’impôts à venir qui peuvent effecter le
niveau du revenu permanent lorsqu'ils ne sont pas transitoires (éviction par l’impôt).
-On se heurte à la stabilité du comportement de consommation des ménages conformément à l'hypothèse du
revenu permanent (cas d'une dépense publique qui doit inciter à la consommation, cf plus loin).
-Le financement monétaire pose aussi problème relativement à l’hypothèse du revenu permanent.
Le revenu courant est la somme du revenu permanent, le revenu qu'un individu peut consommer sans altérer son
patrimoine, et du revenu transitoire. Il détermine partiellement la consommation courante puisqu'elle même est la
somme d'une consommation courante et d'une consommation transitoire cependant que seul le niveau de la
consommation permanente est prévisible en tant que fonction stable du revenu permanent. La consommation
transitoire est une variable aléatoire du revenu transitoire.
Aussi une hausse du revenu transitoire consécutive à une politique économique expansionniste a des
conséquences difficiles à apprécier sur la consommation courante ce qui en soi limite l'opportunité de la
politique expansionniste. En fait, la prise en compte de l'effet encaisses réelles laisse plutôt supposer un
accroissement de l'épargne tandis que la consommation reste stable. L'hypothèse de revenu permanent est un
outil servant à la remise en cause de l'effet multiplicateur.
Effet encaisses réelles : Pour Pigou, les agents économiques souhaitent détenir un montant déterminé
d’encaisses réelles (M/P). Aussi, un financement monétaire de la politique économique puisqu'il accroît le taux
d'inflation, entraîne la baisse de M/P. Les agents économiques manifestent alors une volonté de recouvrer le
montant d’encaisses réelles désiré ce qui se traduit par une réduction de la dépense privée. L’effet encaisses
réelles repose sur l’hypothèse d’absence d’illusion monétaire. Cette dernière est rejetée par Friedman, il admettra
que la politique monétaire est efficace à CT.
c : la politique monétaire
Selon Keynes, la politique monétaire expansionniste présente de nombreux avantages tant que l’on n’est pas en
situation de trappe à liquidités, même si la fonction de demande de monnaie est beaucoup trop instable pour être
le seul élément de la politique économique conjoncturelle. En particulier, elle permet :
-d’ éviter les effets d’éviction
-à la croissance d’être inflationniste (et baisse de W/P)
-le consensus social (Keynes juge que les salariés seront satisfaits de la hausse de W alors qu’en même temps,
W/P diminue ce qui s’explique par l’hypothèse d’illusion monétaire)
-elle génère des transferts de pouvoirs d’achat des créanciers vers les débiteurs ce qui est jugé bien d’un point de
vue économique puisque les rentiers alimentent la fuite dans le circuit. Cette perspective est tout à fait cohérente
avec la position qu’il défendra à Bretton-woods. Il propose alors que les pays excédentaires au niveau de la
balance de transactions courantes assurent la stabilité du taux de change. La politique de relance mise en œuvre
par un pays génère la relance dans un pays partenaire commercial.
7
Synthèse
Pour améliorer l’emploi, il faut que l’Etat intervienne par une politique budgétaire financée monétairement
(emprunt auprès de la banque centrale). Alors, l’effet multiplicateur est maximum (pas d’effet d’éviction) et la
croissance inflationniste (par la demande et par les coûts) permet la nécessaire baisse de W / P.
La lutte contre le chômage passe par la « socialisation de l’investissement » grâce à un financement monétaire ce
qui se traduit par une croissance inflationniste. Cela est synthétisé par la courbe de Phillips.
On observe que la réduction du chômage suppose l’acceptation d’un surcroît d’inflation (passage de B à A par
exemple) et réciproquement. C'est le Taux de chômage NAIRU ou taux de chômage qui ne repose pas sur
l'accélération de l'inflation. NAIRU correspond aussi au taux de chômage naturel de Friedamn c'est à dire le taux
de chômage qui résulte du fonctionnement efficace du marché du travail compte tenu des imperfections sur
l'information et des contraintes institutionnelles. On sait précisément les termes de l’arbitrage inflation-chômage
(cf politique économique de fine tuning).
III : Les prolongements contemporains de l’analyse keynésienne du chômage.
Les politiques économiques keynésiennes ont été mises en œuvre dans l’ensemble des pays industrialisés au
sortir de la seconde guerre mondiale. Cependant, à partir des années 1970, la situation économique s’est
dégradée et on a observé un phénomène de stagflation laissant peu de prise à l’activisme conjoncturel. Dès lors,
les politiques libérales (monétaristes) se sont substituées aux politiques keynésiennes mais elles n’ont pas
empêché la croissance du chômage. Cela a suscité l’émergence d’explications nouvelles et parfois proches de la
perspective keynésienne de ce déséquilibre économique. Elles ont en commun de poser formellement les
fondements microéconomiques de la macroéconomie keynésienne.
A : la réaffirmation de la problématique en termes d’insuffisance de demande effective
a : la théorie du déséquilibre (document 8)
b : le problème du chômage keynésien en Europe aujourd’hui (document 9)
B : Les théories néo-keynésiennes du chômage d’équilibre
Les théories du chômage d’équilibre dites encore WS-PS (wage setting - price setting) se développent durant les
années 1970 à la fois en prolongement et en rupture avec l’analyse monétariste du chômage. En prolongement
dans la mesure où le taux de chômage naturel de Friedman est vu comme un taux de chômage structurel
dynamique à partir des travaux de E Phelps mais aussi dans la mesure où l’on admet un cadre de concurrence
imparfaite. Cela permet d’ailleurs de définir le taux de chômage d’équilibre comme le taux de chômage
correspondant aux structures de l’économie (capacité des entreprises à appliquer des marges plus ou moins
importantes sur les coûts, caractéristiques des procédures de négociations salariales, existence d’allocations
chômage, niveau du chômage lui-même, etc….).
En rupture, puisqu’on substitue l’hypothèse d’anticipations rationnelles à celle d’anticipations adaptatives de
Friedman . On admet que les agents économiques utilisent pour former leurs anticipations toute l’information
8
disponible (et pas l’information transmise par les erreurs passées). Evidemment, la connaissance n’est pas
parfaite mais son traitement est optimal en sorte que les anticipations de tous se rapprochent de celles produites
par la théorie. Si cette notion économique a remis en cause l’activisme économique, elle a aussi permis
d’affirmer que le chômage, en résultant des imperfections du marché ; découle de comportements
microéconomiques rationnels (cela est au cœur de l’analyse néokeynésienne). On retrouve là l’intuition
fondamentale de l’analyse keynésienne : le fonctionnement des marchés produit du chômage. On verra par
contre que les prescriptions des néo-keynésiens sur la lutte contre le chômage sont hétérogènes et souvent
éloignées de celles de Keynes.
Les analyses WS – PS sont nombreuses mais on peut distinguer celles qui prennent en compte soit les rigidités
nominales soit les rigidités réelles.
a : la prise en compte de rigidités nominales
Différentes théories s’inscrivent dans cette perspective où on admet comme rationnels des prix où des salaires
nominaux rigides (qui ne s’adaptent pas rapidement aux fluctuations des conditions d’offre et de demande).
Si Fisher et Taylor en 1977, montrent que la rigidité des salaires nominaux relative à l’existence de contrats de
travail à long terme rend opportune une politique économique active ; il faut attendre E Phelps pour
endogènéiser ce type de rigidités. Il explique en quoi il est rationnel de contracter sur du long terme (tant au
niveau des prix que des salaires). Cela permet au niveau microéconomique de réduire les coûts de transaction.
Au niveau macroéconomique, c’est un élément à la fois stabilisateur et favorable à la politique keynésienne.
Avec G Mankiw (1985), la rigidité des prix des biens est justifiée par la prise en compte des coûts d’étiquette. Il
est rationnel pour une entreprise de ne pas modifier ses prix à chaque évolution de la demande (il vaut mieux
perdre quelques clients plutôt que de revoir tous les affichages de prix). Cette démarche a des conséquences
importantes au niveau macroéconomique puisqu’elle empêche un accroissement global du pouvoir d’achat et
nourrit donc un chômage par insuffisance de la demande (absence d’externalité positive sur la demande globale
que l’on peut relier à l'impossibilité de voir se manifester un effet encaisses réelles). La politique économique
suggérée par cet auteur est essentiellement structurelle et consiste en l’amélioration du fonctionnement des
marchés.
b : les différentes rigidités réelles.
Elles sont nombreuses et portent sur les modalités de financement de l’économie ou sur les salaires réels. Dans la
plupart des cas, elles partent d’une situation où l’on observe une asymétrie d’information (situation dans laquelle
un individu détient plus d’informations qu’un autre avec lequel il réalise un contrat).
En 1981, Stiglitz (et Weiss) montraient en quoi la rigidité du taux d’intérêt réel est rationnelle mais préjudiciable
à l’activité économique. Le banquier ne connaît qu’imparfaitement la qualité de l’emprunteur mais il sait qu’une
hausse des taux d’intérêt génère progressivement un phénomène d’antisélection (la hausse du taux d’intérêt se
traduit par le retrait du marché du crédit des meilleurs emprunteurs). Il refuse donc de laisser croître le taux
d’intérêt au delà d’un certain niveau et consent à prêter seulement aux meilleurs emprunteurs. La démarche
rationnelle du banquier se traduit par un rationnement du crédit (d’autant plus fort que la politique monétaire est
restrictive) qui limite l’activité économique et le niveau de l’emploi.
Toujours d’après Stiglitz( avec Greenwald et Weiss) (1984), l’asymétrie d’information sur le marché financier
(les actionnaires peuvent se refuser à acheter des actions d’entreprises pour lesquelles ils disposent de trop peu
d’informations) fait que les entreprises ne peuvent pas accéder aussi largement qu’elles le souhaiteraient à un
financement de marché. Elles sont donc obligées de procéder à un endettement bancaire qui suppose une charge
financière fixe et transforme un choc de demande en un choc d’offre. En effet, des anticipations pessimistes sur
la conjoncture se traduisent par une réduction de l’effort d’investissement (les banques souhaitent minimiser les
risques d’insolvabilité des entreprises et ces dernières sont réticentes à accepter une charge financière
supplémentaire) ce qui dégrade effectivement la conjoncture. Cette explication du sous-emploi est bien de nature
keynésienne et appelle à un renouveau de la politique monétaire.
L’analyse des effets des rigidités réelles concerne aussi le salaire réel. Elle renvoie toujours à un contexte de
concurrence imparfaite intégré dans les théories suivantes.
9
-La théorie insider/outsider, plutôt néoclassique et à ce titre, elle n’est pas développée ici. (annexe 1)
-Les théories du salaire d’efficience selon lesquelles, il peut être rationnel pour une entreprise de concéder une
hausse substantielle de rémunération (au delà de la productivité marginale mesurée à un moment donné).
(Document 10)
Il faut remarquer que selon les théories du salaire d’efficience, le chômage n’est pas de la responsabilité des
salariés qui auraient des prétentions excessives sur les salaires (cas envisageable avec le modèle insiders /
outsiders). Il est de la responsabilité des entreprises qui adoptent un comportement rationnel face à la difficulté
de maîtriser de l’information au sujet des salariés.
D’autres contributions néo-keynésiennes à l’explication du chômage peuvent être évoquées .
-Celle de E Phelps porte l’accent sur un phénomène d’Hystérèse. le chômage ne fonctionne pas comme une file
d’attente mais est de plus en plus préoccupant pour l’individu au fur et à mesure que sa durée s’allonge. Le
chômeur perd peu à peu ses compétences, son capital humain et finalement son employabilité. Cela permet de
situer le chômage d’équilibre à proximité du chômage effectif et de plaider en faveur de politiques de l’offre
plutôt que de politiques de soutien conjoncturel.
-Celle de M Spence. L’asymétrie d’informations à l’embauche est plus ou moins forte selon les individus. Les
plus qualifiés présentent une asymétrie assez faible en envoyant des signaux positifs à leur employeur potentiel
et ils espèrent ainsi, être retenus. Cela est d’autant moins le cas que l’on est un chômeur déqualifié et privé
d’emploi depuis longtemps (cf point précédent). Il est donc rationnel pour les employeurs de ne pas embaucher
les chômeurs les plus en difficulté.
Ces différentes théories montrent l’inéluctabilité d’un chômage au sein de la société capitaliste relatif à un
comportement rationnel des agents économiques alors que Keynes prenait en compte aussi la dynamique
macroéconomique (notamment au niveau de la fonction de consommation). Cela est constitutif de la différence
entre les notions de chômage d’équilibre et d’équilibre de sous-emploi.
Conclusion
Les politiques économiques keynésiennes ont été mises à mal avec les années 1970 mais retrouvent de la
pertinence avec les années 1990 alors qu’un chômage keynésien se développe en même temps que la théorie
keynésienne se renouvelle.
Cependant, si elles retrouvent le message fondamental de Keynes en prenant en compte le comportement
d’agents économiques rationnels plutôt que la dynamique macroéconomique, elles restent timides qu’en aux
politiques économiques à mettre en œuvre. Cela peut tenir à la présence d’un contexte international non
coopératif et donc inadapté aux politiques conjoncturelles. Ce fait plaide d’autant plus en faveur de la
construction européenne.
10
Annexe sur le modèle insiders / outsiders
La rigidité du salaire réel (à un niveau plus élevé que celui qui permettrait l’équilibre de plein-emploi) tient à
l’impossibilité des outsiders (les salariés privés d’emploi) d’influer sur les négociations salariales et d’empêcher
les outsiders d’accepter une réduction de leur rémunération. Les entreprises ont divers avantages à accepter les
conditions proposées par les salariés en place (réduction des coûts de formation, situation moins conflictuelle
avec les syndicats, asymétrie d’information sur le comportement des outsiders). Finalement, le salaire réel
effectif est supérieur au salaire réel d’équilibre de plein-emploi. Cette situation est d’autant plus rationnelle
qu’elle influence le comportement des salariés en place comme le systématise les théories du salaire d’efficience
Document 1
retour au plan
Selon la remarque de Jevons, on a souvent quelque résistance à vaincre avant de se mettre à l'œuvre. Un certain
effort assez pénible est nécessaire au début; mais cette peine diminue peu à peu jusqu'à zéro pour se transformer
en plaisir; ce plaisir augmente pendant un temps jusqu'à ce qu'il atteigne un certain maximum qui est peu élevé;
après quoi, il diminue jusqu'à zéro; puis il est remplacé par une fatigue croissante et par un désir ardent de repos
et de changement. […]
D'une façon générale la somme des fatigues que des ouvriers consentent à supporter, augmente ou diminue si la
11
rémunération qui leur est offerte hausse ou baisse.
A Marshall, principes d'économie politique, Girard et Brière,1906 (lère édition l890)
Questions sur le document 1
1 : Etablissez la relation entre le travail et l’effort selon les néoclassiques.
Réponse
2 : Commentez la phrase soulignée.
Réponse
Document 2
Retour au plan
Un éleveur de moutons, par exemple, peut se demander si son personnel de bergerie est suffisant. Il peut trouver
que, s'il embauchait un homme de plus […] sans supporter aucune dépense supplémentaire pour les bâtiments,
etc., alors davantage de moutons seraient maintenus en vie et le troupeau en général serait mieux soigné, lui
permettant ainsi d'expédier sur le marché vingt moutons de plus chaque année. […] Alors le produit net du
travail de ce berger supplémentaire sera équivalent à vingt moutons : si l'éleveur peut l'embaucher pour un peu
moins que le prix de vingt moutons, il le fera, sinon il y renoncera. Le dernier pâtre embauché - le berger
marginal comme nous pouvons l'appeler – ajoute au produit total une valeur nette juste égale à son propre
salaire.
A Marshall, principes d'économie politique, Girard et Brière,1906 (lère édition l890).
Question sur le document 2
1 : Etablissez la relation entre la productivité marginale et le salaire.
Réponse
Document 3
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Que le chômage caractéristique d'une période de dépression soit dû au refus de la main-d’œuvre d’accepter une
baisse des salaires nominaux, c'est une thèse qui n’est pas clairement démontrée par les faits. Il n’est pas très
plausible d’affirmer que le chômage aux Etats-Unis en 1932 ait été dû soit à une résistance opiniâtre de la maind’œuvre à la baisse des salaires nominaux soit à sa volonté irréductible d’obtenir un salaire réel supérieur à celui
que le rendement de la machine économique pouvait lui procurer. Le volume de l’emploi connaît d’amples
variations sans qu’il y ait de changements apparents ni dans les salaires réels minima exigés par la main-d’œuvre
ni dans sa productivité. L'ouvrier n'est pas plus intransigeant en période de dépression qu’en période d'essor, bien
au contraire. Il n’est pas vrai non plus que sa productivité physique diminue aux époques de crise. Ces faits
12
d’observation forment donc un terrain préliminaire où l'on peut mettre en doute le bien-fondé de l'analyse
classique.
J.M Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Payot, 1971, (1ière édition 1936).
Questions sur le document 3
1 : En quoi la vision keynésienne du chômage s'oppose-t-elle a la vision néoclassique ?
Réponse
2 : Commentez la phrase soulignée.
Réponse
Document 4
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Supposons pour le moment que la main-d’œuvre ne soit pas disposée à travailler pour un salaire nominal
inférieur au niveau existant des salaires nominaux et qu'un abaissement de ce niveau conduirait, à la suite de
grèves ou autrement, au retrait du marché du travail d'une partie de la main-d’œuvre actuellement employée.
S'ensuit-il que le niveau existant des salaires réels mesure exactement la désutilité marginale du travail ? Ce n’est
pas une conséquence nécessaire. Car, si une réduction du salaire nominal existant provoque le retrait d’une
certaine quantité de travail, il ne s’ensuit pas qu'une baisse de la valeur du salaire nominal existant exprimée en
biens de consommation ouvrière produise le même effet si elle résultait d’une hausse du prix de ces biens. En
d’autres termes, il est possible que dans une certaine limite, les exigences de la main-d’œuvre portent sur un
minimum de salaire nominal et non sur un minimum de salaire réel. Les économistes classiques ont supposé
tacitement que ce fait ne changeait pas grand-chose à leur théorie. Mais ce n’est pas exact. Car, si les salaires
réels ne sont pas la seule variable dont l’offre de travail dépend, leur raisonnement s'écroule tout entier et laisse
complètement irrésolue la question de savoir ce que sera en fait le volume de l’emploi.
J.M Keynes, théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Payot, 1971, (1ière édition 1936).
Questions sur le document 4
1 : Quelles peuvent être les raisons de la baisse de W/P ?
Réponse
2 : Commentez la phrase soulignée.
Réponse
3 : Pourquoi cela remet-il en cause la théorie néoclassique ?
Réponse
Document 5
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Car les entrepreneurs s'efforcent de fixer le volume de l’emploi au chiffre qu’ils estiment propre à rendre
13
maximum l’excès du produit sur le coût de facteur. […] Ainsi le volume de l’emploi est déterminé par le point
d’intersection de la courbe de la demande globale et de la courbe de l’offre globale : car c'est à ce point que la
prévision de profit des entrepreneurs est maximum. Nous appellerons demande effective le montant du produit
attendu D au point de la courbe de la demande globale où elle est coupée par celle de l'offre globale. Ceci
constitue l’essentiel de la Théorie Générale de l’emploi que nous nous proposons d’exposer. [...] Lorsque
l'emploi croît, le revenu réel global augmente. Or l’état d’esprit de la communauté est tel que, 1orsque le revenu
réel global croît la consommation globale augmente, mais non du même montant que le revenu. Par suite, les
employeurs réaliseraient une perte, si l’emploi supplémentaire était consacré en totalité à produire des biens de
consommation immédiate. Pour qu'un certain volume d’emploi soit justifié, il faut donc qu’il existe un montant
d’investissement courant suffisant pour absorber l'excès de la production totale sur le volume que la
communauté désire consommer lorsque l’emploi se trouve à ce niveau. Car, faute d’un tel montant
d’investissement, les recettes des entrepreneurs seraient inférieures au chiffre nécessaire pour les décider à offrir
ce volume d'emploi. Il s’ensuit que, pour une valeur donnée de ce que nous appellerons la propension de la
communauté à consommer, c'est le montant de l'investissement courant qui détermine le niveau d’équilibre de
l’emploi, c'est à dire le niveau où rien n’incite plus les entrepreneurs dans leur ensemble à développer ni à
contracter l’emploi. Le montant de l’investissement courant dépend lui-même de ce que nous appellerons
l'incitation à investir et nous verrons que l’incitation à investir dépend de la relation entre la courbe de
l’efficacité marginale du capital et la courbe des taux d'intérêt afférents aux prêts d’échéances et de sécurités
diverses. Ainsi la propension à consommer et le montant de l’investissement nouveau étant donnés, il n'y aura
qu'un seul volume de l’emploi compatible avec l’équilibre : tout autre volume conduirait à une inégalité entre le
prix de l'offre globale et le prix de la demande globale de la production considérée dans son ensemble. Ce
volume ne peut être plus grand que le plein emploi : en d’autres termes, le salaire réel ne peut être moindre que
la désutilité marginale du travail. Mais en général, il n'y a pas de raison de penser qu’il doive être égal au plein
emploi. [...] Ce sont la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau qui déterminent
conjointement le volume de l’emploi et c'est le volume de l’emploi qui détermine de façon unique le niveau des
salaires réels - et non l’inverse. Si la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau
engendrent une demande effective insuffisante, le volume effectif de l’emploi sera inférieur à l'offre de travail
qui existe en puissance au salaire en vigueur et le salaire réel d'équilibre sera supérieur à la désutilité marginale
du volume d’équilibre de l'emploi. Cette analyse nous explique le paradoxe de la pauvreté au sein de
l'abondance. Le seul fait qu’il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent
l'augmentation de l’emploi avant qu’il ait atteint son maximum. L’insuffisance de la demande effective met un
frein au progrès de la production alors que la productivité marginale du travail est encore supérieure à sa
désutilité.
J.M Keynes, théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Payot, 1971, (1ière édition 1936).
Questions sur le document 5
1 : Définissez la demande effective.
Réponse
2 : Commentez la phrase soulignée.
Réponse
3 : Le volume de l’emploi ainsi déterminé correspond-il toujours au plein-emploi ?
Réponse
4 : Quelle relation Keynes établit-il entre le salaire et l’emploi ?
Réponse
Document 6
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14
Tout en indiquant l'importance vitale que présente la création d’un contrôle central sur certaines activités
aujourd'hui confiées en grande partie à l’initiative privée, elle laisse inchangés de vastes secteurs de la vie
économique. En ce qui concerne la propension à consommer, l'Etat sera conduit à exercer sur elle une influence
directrice par sa politique fiscale, par la détermination du taux de l'intérêt et aussi par d'autres moyens.
Au surplus il est improbable que l’influence de la politique bancaire sur le taux de l'intérêt suffise à amener le
flux d’investissement à sa valeur optimum. Aussi pensons-nous qu’une assez large socialisation de
l’investissement s'avérera le seul moyen d’assurer approximativement le plein emploi ce qui ne veut pas dire
qu’il faille exclure tous les genres d'arrangements et de compromis permettant à l’Etat de coopérer avec
l'initiative privée. Mais à part cela, aucune argumentation convaincante n’a été développée qui justifierait un
socialisme d’Etat embrassant la majeure partie de la vie économique de la communauté. Ce n’est pas la propriété
des moyens de production dont il importe que l’Etat se charge. Les mesures nécessaires de socialisation peuvent
d’ailleurs être introduites par étapes et sans interrompre les traditions générales de la société. (... )
Mais aussitôt que les contrôles centraux auront réussi à établir un volume global de production correspondant
d’aussi près que possible au plein emploi la théorie classique reprendra tous ses droits. (..)
Hors la nécessité d’un contrôle central pour maintenir en équilibre la propension à consommer et l'incitation à
investir, il n’y a pas plus de raison qu’auparavant de socialiser la vie économique.
Pour placer la question sur un plan concret nous ne voyons pas pourquoi le système actuel ferait un très mauvais
usage des facteurs de production employés. Sans doute des erreurs de prévision sont-elles commises, mais on ne
les éviterait pas en centralisant les décisions. Lorsque sur dix millions d'hommes désireux et capables de
travailler, il y en a neuf millions employés, il n’est pas évident que le travail de ces neuf millions d'individus soit
mal orienté. Le reproche qu’il convient de faire au système actuel n'est pas de ne pas affecter aux tâches
appropriées les neuf millions d'hommes employés, mais de n’avoir pas d’ouvrage disponible pour le dernier
million. C'est le volume et non la consistance de l’emploi que le système actuel a été incapable de déterminer
correctement. (... )
Cet élargissement (de l’Etat) nous apparaît au contraire et comme le seul moyen possible d'éviter une complète
destruction des institutions économiques actuelles et comme la condition d’un fructueux exercice de l’initiative
individuelle.
John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936.
Question sur le document 6
1 : Quelle est la position de Keynes sur l'intervention de l'Etat ?
Réponse
Document 7
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Des dépenses sur fonds d’emprunt peuvent, même lorsqu’elles sont inutiles, enrichir en définitive la
communauté. La construction de pyramides, les tremblements de terre et jusqu'à la guerre peuvent contribuer à
accroître la richesse
Si la Trésorerie était disposée à emplir de billets de banque des vieilles bouteilles, à les enfouir à des profondeurs
convenables dans des mines désaffectées qui seraient ensuite comblées avec des détritus urbains, et à autoriser
l'entreprise privée, à extraire de nouveau les billets suivant les principes éprouvés du laissez-faire (le droit
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d’exploiter les terrains billetifères étant bien entendu, concédé par adjudication), le chômage pourrait disparaître
et, compte tenu des répercussions, il est probable que le revenu réel de la communauté de même que sa richesse
en capital seraient sensiblement plus élevés qu’ils ne le sont réellement. A vrai dire, il serait plus sensé de
construire des maisons ou autre chose d’utile , mais, si des difficultés politiques et pratiques s'y opposent le
moyen précédent vaut encore mieux que rien.
John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936.
Question sur le document 7
1 : Les dépenses sur fonds d'emprunt sont-elles souhaitables ?
Réponse
Document 8
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Malinvaud (1977) propose une typologie du chômage visant à fournir un cadre d'analyse unique des
contributions néo-classiques et keynésiennes. […] La théorie du déséquilibre évoque deux situations possibles,
un rationnement de l'offre (hypothèse de marché d'acheteurs) et un rationnement de la demande ( thèse de
marché de vendeurs), à la fois sur le marché des biens et sur le marché du travail. Au total, une économie peut
donc présenter quatre configurations possibles :
Si [le rationnement de l'offre sur le marché du travail] se combine avec un rationnement de l'offre sur le marché
des biens, le sous-emploi est alors corrélé à une insuffisance de la demande effective. On retrouve ici les
caractéristiques d'un chômage de type keynésien. S'il se conjugue avec une contrainte sur la demande, le
chômage intervient dans un contexte où les firmes […] ne répondent pas pleinement à la demande qui s'adresse à
elles. Le niveau de la production est, dans ce cas, supposé dépendre de la rentabilité des facteurs de production.
Si celle-ci est jugée insuffisante en raison d'un coût excessif ou d'une productivité […] trop faible, les firmes ne
peuvent, sans perte, atteindre le volume de production attendu par la demande. Cette situation est qualifiée de
chômage classique en référence à l'intérêt suscité par l'analyse de la rentabilité des capitaux chez les auteurs
classiques.
Eric Leclerc, Les Théories du marché du travail, Le Seuil, 1999.
Questions sur le document 8
1 : Le cas où, sur un marché, l'offre est inférieure à la demande correspond-il à un rationnement de
l'offre ou de la demande?
Réponse
2 : Comment le chômage keynésien s'explique-t-il ?
Réponse
3 : Même question pour le chômage classique.
Réponse
4 : En quoi la théorie du déséquilibre est-elle une analyse de « synthèse » ?
Réponse
Document 9
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16
Questions sur le document 9
1 : Lisez les informations pour 1970.
Réponse
2 : Quelles relations peut-on établir entre l’effort d’investissement (FBCF/VA) et le taux de profit brut
avant impôts (EBE/VA) ?
Réponse
3 : En quoi la situation de l’investissement durant les années 1990 illustre-elle-la théorie du
déséquilibre ?
Réponse
Document 10
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Prenons le cas de la Tanzanie. Lorsque ce pays a obtenu son indépendance en 1961, la plupart des actifs
travaillaient dans de vastes plantations. Il s'agissait pour l’essentiel des émigrés. Leur productivité et leurs
salaires étaient faibles. Après l'indépendance, le gouvernement décréta que le taux de rémunération des
travailleurs des plantations devait tripler. Les propriétaires de ces plantations s'attendaient à une catastrophe. Une
telle hausse du coût de la main d’oeuvre ne pouvait selon eux que les conduire à la faillite. Mais le gouvernement
avançait un autre scénario, fondé sur la théorie du salaire d'efficience, selon lequel une hausse des salaires
rendrait la main d'oeuvre plus productive et plus stable.
Les précisions du gouvernement se sont révélées exactes. Le sisal, par exemple, est une plante que l'on cultive
pour produire une fibre blanche et solide, servant notamment à fabriquer du cordage. La production globale de
sisal a quadruplé en raison de la politique de salaire d'efficience. Cela a été possible, non en raison d'un
changement dans le stock de capital disponible, mais parce que la main d'oeuvre, plus motivée et plus qualifiée,
était mieux employée par les propriétaires des plantations. Toutefois, quelques années après, l'emploi, dans ce
secteur du sisal en Tanzanie, est passé de 129 000 à 42 000, illustrant ainsi comment des salaires d'efficience
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peuvent entraîner du chômage.
J. E. Stiglitz, Principes d'économie moderne, De Boeck, 2000.
Questions sur le document 10
1 : Montrez en quoi les raisonnements économiques des propriétaires et du gouvernement s'opposent.
Réponse
2 : Pourquoi la production a-t-elle augmenté ?
Réponse
3 : Pourquoi la politique de salaires d'efficience a entraîné du chômage ?
Réponse
18
Questions sur le document 1
Question 1
Selon S Jevons (1835-1882), l’homme entretient une relation avec le travail qui change avec la quantité de
travail effectué. Au début, il éprouve de la peine puis du plaisir et assez rapidement toutefois, le travail redevient
pénible. Par soucis de simplification, la théorie retient seulement le dernier aspect de la relation. On précise aussi
que la peine est d’autant plus grande que la quantité de travail fourni est elle-même plus élevée. Dit autrement, la
désutilité marginale du travail est positive et croissante.
Désutilité = peine
Marginale = Ce qui concerne la dernière unité.
La dernière unité de travail fourni est plus pénible que l’avant dernière unité etc …Cela a des implications sur la
rémunération souhaitée.
Question 2
Cette phrase établit une relation entre la peine et la rémunération. Par simplification, on admet que le travail est
pénible et donc, il est accepté seulement contre une rémunération. La quantité de travail proposée augmente si la
rémunération augmente et inversement. La désutilité marginale étant croissante, chaque individu accepte de
travailler plus si la rémunération augmente, et inversement.
Remarques :
-La rémunération prise en compte est « réelle ». Elle s’exprime en pouvoir d’achat (W/P) ou directement en
quantité de biens.
-W / P = salaire réel = (salaire nominal / niveau général des prix) = approximation du pouvoir d’achat de la
rémunération monétaire. Il est la grandeur de référence pour les salariés comme pour les entrepreneurs. En ce qui
concerne le salarié, cela renvoie à l’idée que la consommation est source d’utilité. Ainsi le travail est accepté
rationnellement (arbitrage travail – loisir) s’il permet une consommation procurant une utilité qui compense la
désutilité du travail. La relation d’équilibre pour le salarié s’écrit DéUm = W / P
-Tous les individus présentent une désutilité marginale croissante du travail. Cependant, celle-ci peut être plus ou
moins grande et plus ou moins croissante selon chacun. Dès lors, les courbes d’offre individuelles sont toutes
croissantes mais peuvent être différentes (plus ou moins pentues et plus ou moins éloignées des axes).
19
Question sur le document 2
Question 1
Puisque la productivité marginale du travail est une fonction positive décroissante de la quantité de travail
utilisée, la rémunération doit aussi décroître avec la quantité de travail utilisée. La demande de travail est donc
une fonction décroissante du salaire réel. L’entrepreneur embauche tant que la productivité marginale reste
supérieure ou égale à la rémunération du travailleur (en fait, jusqu’au moment où il y a égalité entre les 2
grandeurs).
Remarques :
-L’hypothèse d’unicité du produit (le travail) fait que la rémunération du dernier embauché détermine la
rémunération de chaque salarié.
-Les unités de production ont des courbes de productivité marginales différentes, notamment relativement aux
technologies installées (mais toutes décroissantes par simplification). Les courbes de demande de travail sont
elles-mêmes différentes mais décroissantes du salaire réel.
-On a les relations d’équilibre suivantes :
-PmL en valeur = salaire nominal (le dernier salarié embauché permet de produire un supplément de valeur de
1000 euros et l’entrepreneur est disposé à le payer au maximum 1000 euros)
-PmL réelle = W / P. Le raisonnement est le même qu’auparavant mais avec des grandeurs déflatées (c’est la
variable décisionnelle des agents économiques selon les néoclassiques). Ex si P = 10 euros; la production
supplémentaire correspond à 100 “paniers de référence” tout comme la rémunération maximum acceptable par
l’employeur. Cela rejoint les grandeurs physiques dans le cas où il n’y aurait qu’un seul bien de référence.
-PmL physique = rémunération physique. C’est le cas de l’exemple fourni par A.Marshall. Le berger
supplémentaire est embauché s’il accepte d’être rémunéré au maximum 20 moutons. Un autre “berger
supplémentaire” dont la PmL physique est de 15 moutons est embauché s’il accepte (comme les autres bergers)
une rémunération de 15 moutons.
-PML > PmL. On comprend que l’entrepreneur accepte de payer chacun des salariés à la productivité marginale
puisqu’il lui rapporte plus qu’il ne lui coûte (en moyenne) .
Questions sur le document 3
Question 1
20
L’explication néoclassique semble tout à fait insuffisante puisque les travailleurs n’empêchent pas la baisse de W
et n’essaient pas en tous cas d’obtenir une hausse de W / P. Au contraire, la misère est telle qu’ils accepteraient
de travailler pour des salaires plus faibles. Le chômage de masse ne trouve ni son explication ni sa solution dans
un coût du travail qui serait trop élevé.
Question 2
L’incapacité de l’analyse néoclassique à expliquer le chômage de masse est un élément déterminant dans la
démarche de Keynes qui se propose de construire une théorie alternative du chômage. La « théorie générale » est
construite sur les insuffisances de l’analyse néoclassique. Elle remet en cause certaines hypothèses néoclassiques
et en accepte d’autres.
-Keynes réfléchit dans un contexte d’incertitude. Il en déduit l’existence d’une préférence pour la liquidité et le
rejet de la loi de SAY.
-Plutôt que résidu de l’épargne, la consommation est fonction croissante à taux décroissant du revenu courant.
Cela est un autre fondement de la non-acceptation de la loi de SAY.
-L’analyse de Keynes est macroéconomique et en termes de circuit. Dès lors, les décisions individuelles peuvent
être rationnelles mais conduirent au chômage de masse involontaire (cf développement avec l’analyse
néokeynésienne). Le fonctionnement des marchés conduit à un équilibre de sous-emploi.
Equilibre de sous-emploi = situation où le marché des produits est équilibré (les entrepreneurs produisent juste
pour satisfaire la demande) mais en même temps, du chômage involontaire persiste.
-Le marché du travail n’existe pas. DL correspond à celle présentée par les néoclassiques mais OL est donnée à
court terme. De toutes façons, la baisse de W / P comme préalable à la lutte contre le chômage est vouée à
l’échec, pire elle aggrave la situation de l’emploi.
Questions sur le document 4
Question 1
Plusieurs cas sont envisageables, on en évoque 2 qui renvoient à des cas typiques de politique économique.
-Baisse de W (avec P constant à CT). Cela est un cas d’austérité salariale. La baisse de W/P génère celle du
chômage involontaire. La double égalité envisagée plus haut reste vérifiée.
-W = cst et hausse de P (situation d’inflation). On a alors une baisse de W/P mais pas de OL d’où une véritable
hausse de l’emploi.
Remarque : Dans le cas de la baisse de W/P avec P cst, la situation probable selon Keynes est une situation
d'émeutes, de grèves. Ainsi, ce cas n’est pas envisageable concrètement.
21
Question 2
L’évolution du salaire nominal “exprimé” en biens de consommation ouvrière (c’est à dire W/P) n’est pas percue
de la même façon par les salariés selon qu’elle est obtenue par l’austérité ou par l’inflation. Si elle est obtenue
par l’inflation, OL ne varie pas, les salariés ne cherchent pas à ajuster DéUm et W/P. Ils ne réagissent pas
systèmatiquement à l’évolution de W/P, ils sont victimes d’illusion monétaire.
Hypothèse d’illusion monétaire = situation où on attache plus d’importance aux grandeurs nominales qu’aux
grandeurs réelles (au montant de la feuille de paie plutôt qu’au pouvoir d’achat du salaire). Cela s’explique par la
difficulté pour apprécier W/P, l’existence de contrats de travail, le montant du salaire comme positionnement
social.
Question 3
Cela remet en cause l’analyse néoclassique dans le sens l’existence du marché du travail est niée. Les salariés et
les entrepreneurs ne réagissent pas aux mêmes variables (W pour les salariés, W/P pour les entrepreneurs). On
peut encore dire que OL est fortement inélastique à W et OL répond plutôt à des déterminants sociologiques
(taux d’activité), démographiques et à la nécessité économique. Dès lors, la régulation par le marché du travail
n’est pas envisageable puisque le marché du travail n’existe pas.
Remarque : Keynes précise aussi que l’austérité salariale est non seulement inefficace mais contreproductive. La
baisse de W entraîne celles de la consommation, de l’investissement et finalement la hausse du chômage.
Questions sur le document 5
Question 1
La demande effective (Deff) est la demande anticipée pour la période à venir qui permet à l’entrepreneur
de maximiser son profit.
On parle de demande effective car c’est le niveau de demande anticipée qui est retenu par les entrepreneurs et
qui donnera lieu à une production. C’est une notion pertinente tant au niveau microéconomique que
macroéconomique. Elle détermine le niveau de l’emploi dans l’entreprise comme au niveau global par
sommation.
Question 2
Cette phrase consiste en une approche de la fonction de consommation keynésienne. Par ailleurs, Keynes précise
que la consommation globale est une fonction croissante à taux décroissant du revenu. Ainsi, les propensions
moyennes et marginales à consommer diminuent. Autrement dit, au fur et à mesure que la société s’enrichit, elle
est disposée à consommer une proportion toujours plus faible de son revenu. On comprend la hausse de
l’épargne (et de sa part) et de la fuite dans le circuit.
PMC = C / Y = importance de la consommation dans le revenu
22
Pmc = ΔC / ΔY = variation de C relative à la variation du revenu
Keynes précise alors que le niveau de l’emploi global dépend de la consommation (qui peut être anticipée
précisément à CT) et de l’investissement réalisé par les entrepreneurs et il n’y a « qu’un seul volume de l’emploi
compatible avec l’équilibre » c’est à dire, le point d’intersection entre Z et D. Dans tous les autres cas, on a une
inégalité entre les recettes attendues et les recettes nécessaires (cela se traduit par l’anticipation d’un profit
anormal).
Remarque : C et I ne répondent pas aux même déterminants. C est fonction du revenu tandis que I « dépend de la
relation entre la courbe de l’efficacité marginale du capital et la gamme des taux d’intérêt afférents aux prêts
d’échéances et de sécurité diverses ».
Il n’en va pas de même selon les néoclassiques. S (et donc la C) comme I sont des fonctions de r. La fuite dans le
circuit est impossible, tout le revenu distribué est dépensé.
Question 3
Il est tout à fait improbable que le volume de l’emploi ainsi déterminé corresponde au plein-emploi (PE).
D’ailleurs, «si la propension à consommer et l’investissement nouveau engendrent une Deff insuffisante, le
volume effectif de l’emploi sera inférieur à l’offre de travail… ». Il est possible que la Deff détermine un niveau
de l’emploi inférieur au niveau de PE. Cela tient à l’existence des fuites dans le circuit (épargne thésaurisée dans
une économie fermée, importations de produits, exportations de capitaux dans une économie ouverte) alimentées
par l’incertitude et l’évolution de la consommation. On verra (avec le graphique) que l’équilibre de sous-emploi
est inéluctable.
Question 4
Le niveau de l’emploi détermine le niveau des salaires. Lorsque l’emploi augmente, le niveau des salaires
nominaux finit par croître mais W / P baisse toujours. Cela renvoie à l’acceptation par Keynes de la fonction de
demande de travail néoclassique. Cette information doit être prise en compte dans le choix de la politique
économique à mettre en œuvre pour lutter contre le chômage par insuffisance de la demande.
Selon la dernière phrase du texte, le chômage keynésien arrive sûrement avant le chômage classique.
Question sur le document 6
Question 1
L’intervention de l’Etat est une condition nécessaire à la survie du capitalisme mais l’Etat ne doit pas se
substituer au système de la libre initiative individuelle.
Les crises récurrentes du système capitaliste ne sont pas une justification suffisante pour passer à la propriété
collective des moyens de production par contre, elles requièrent l’intervention de l’Etat dans l’intérêt du système
lui-même.
Keynes ne reproche pas au système libéral de fonctionner sur la base des initiatives individuelles, l’inefficacité
dans la production mais seulement de ne pas fournir toujours un emploi à tous.
23
L’Etat ne doit pas intervenir pour modifier l’allocation des ressources mais pour accroître le niveau de la
demande effective et par voie de conséquence, ceux de la production et de l’emploi. On remarque que
l’explication de la crise économique par Keynes est radicalement différente de celle fournie par les libéraux. Ces
derniers renvoient au problème de l’imperfection des marchés à l’origine d’une mauvaise allocation des
ressources et de la non utilisation de toutes les ressources.
Keynes met en évidence le problème conjoncturel de l’insuffisance de la demande d’où il déduit la nécessité
d’une intervention conjoncturelle et active de l’Etat sur la demande.
L’auteur évoque différentes modalités d’intervention de l’Etat (modification du comportement de
consommation, baisse du taux d’intérêt et hausse de l’investissement). Cependant, il précise que la socialisation
de l’investissement financée monétairement est le moyen privilégié pour obtenir le plein emploi ce qui doit être
justifié.
Question sur le document 7
Question 1
Le fait qu’il existe une épargne thésaurisée peut justifier des dépenses sur « fonds d’emprunt » c’est à dire les
dépenses publiques financées par l’emprunt. Ainsi, l’Etat utilise une partie de l’épargne liquide privée d'où la
réduction de la fuite dans le circuit. On observe alors la hausse de la demande effective par effet multiplicateur.
L’idée que l’on peut recourir au financement des activités billetifères montre bien que ce qui compte avant tout
est d’accroître le niveau de la dépense et d'améliorer la situation économique à court terme.
Questions sur le document 8
Question 1
Si l’offre sur un marché est inférieure à la demande, chaque offreur pourra écouler son produit mais tous les
demandeurs ne seront pas satisfaits. Un rationnement de la demande se met en place qui consiste en le fait que
les demandeurs ne peuvent pas tous accéder à l’objet de leur requête.
Une situation inverse est envisageable et le rationnement de l’offre signifie que tous les offreurs ne parviennent
pas à écouler ce qu’ils ont à proposer.
D’après l’analyse néoclassique, ces situations n’ont rien d’extraordinaire et la régulation est assurée par les
fluctuations des prix. Un commissaire-priseur constate les désajustements et modifie les prix en conséquence.
Cependant, dès 1968, A Leijonhufvud (cf aussi R Clower, 1965) suggérait d’abandonner l’hypothèse d’existence
du commissaire-priseur et fondait ainsi ce qui allait devenir la théorie du déséquilibre (ou plutôt théorie des
équilibres à prix fixes puisque l’objet de l’étude n’est pas la dynamique récessive mais bien les situations de
rationnements). Cette théorie est développée surtout en France, à partir de 1978 avec les travaux de E Malinvaud
(entre autres). Plus précisément, cet auteur développe une analyse du chômage à partir de l’hypothèse de
rigidités des prix à court terme sur le marché des biens comme sur celui de l’emploi, les seuls marchés envisagés
dans ce modèle simplifié. Différentes situations de déséquilibre sont envisageables.
24
Question 2
Le chômage keynésien s’explique par une insuffisance de demande effective. Il consiste en un double
déséquilibre affectant les entreprises comme les ménages.
Les entrepreneurs sont rationnés car on a un excès d’offre de biens ainsi que les travailleurs puisqu’on a un excès
d’offre de travail Au delà de la mise en relation entre le chômage et l’insuffisance de la demande effective, on
peut préciser qu’il concerne des économies ouvertes à l’international mais peu compétitives. Dès lors, toute
politique de relance est vouée à l’échec relativement à la contrainte extérieure et on observe l’effet dépressif sur
l’économie de la trop faible évolution de la demande globale malgré un partage du revenu plutôt favorable au
salariés. Ce dernier point peut d’ailleurs être à l’origine du développement d’un chômage classique.
Question 3
Le chômage classique s’explique par une profitabilité (écart entre la rentabilité économique (EBE/K) et le taux
d’intérêt réel) insuffisante ce qui renvoie pour partie à une rentabilité trop faible des facteurs de production.
L’offre de biens est insuffisante comparée à la demande puisque les entreprises se refusent à accroître la capacité
de production. Elles jugent trop coûteux les facteurs de production travail ou capital. Cela tient au maintien des
salaires à un niveau trop élevé ou à un taux d’intérêt réel qui décourage l’investissement productif.
La lutte contre ce type de chômage passe par la réduction du coût des facteurs de production ce qui alimente un
chômage keynésien lorsque la modalité retenue est la baisse du salaire réel ou l’accroissement de la productivité
du travail (avant compensation de l’emploi).
Question 4
La théorie du déséquilibre peut apparaître comme une synthèse des explications néoclassiques et keynésiennes
du chômage étant donné qu’elle explique les deux types de chômage. En fait, un chômage de masse est une
situation où se mêlent les chômages classique et keynésien. Cette théorie micro-économique fondée sur les
hypothèses d’absence de commissaire-priseur, de comportement rationnel des agents économiques dans un
contexte d’information imparfaite et de rigidité des prix à court terme montre non seulement que les deux formes
de chômage peuvent coexister mais aussi que l’interdépendance des marchés se traduit par la transmission des
situations de rationnement. Cela découle d’un mécanisme décisionnel dual où l’agent économique détermine son
plan de dépenses par rapport à son plan de recettes. De plus, il est admis que la lutte contre le chômage est
complexe. Il convient d’identifier la nature du chômage avant de proposer des solutions. Il convient aussi
d’éviter que la politique de lutte contre un type de chômage alimente l’autre catégorie comme suggéré dans les
réponses aux questions 2 et 3.
Les théoriciens du déséquilibre suggèrent comme pistes de lutte contre le chômage la mise en place d’une
rémunération flexible, l’accentuation des efforts sur l’accumulation du capital humain et sur la recherchedéveloppement, la réduction du taux d’intérêt réel. Si on prend en compte une explication keynésienne du
chômage, les modalités de lutte sont plutôt orientées vers une amélioration « non restrictive » des conditions de
l’offre.
Remarque : une autre situation de déséquilibre est envisageable, il s’agit de l’inflation contenue. On a un excès
de demande de travail et un excès de demande de biens. Cette situation requiert à court terme un contrôle des
prix et des salaires et à plus long terme, la hausse de la quantité de travail offerte (immigration, baisse des taux
d’inactivité).
Questions sur le document 9
25
Question 1
En 1970, pour 100 francs constants de 1980 de richesses produites par les sociétés non-financières, 31 leurs
reviennent sous forme d’EBE tandis qu’elles en consacrent 22 à la FBCF.
Question 2
D’un point de vue statistique, il n’y a pas toujours corrélation entre ces 2 variables. De 1970 à 1990, on observe
une corrélation positive forte puisque les 2 grandeurs ont tendance à diminuer conjointement jusque vers 1983
avant de croître toutes les deux. Par contre, à partir de 1990, on observe que le maintien d’un taux de marge
élevé n’empêche pas une faiblesse de l’effort d’investissement.
D’un point de vue analytique, on peut admettre avec l’école de Cambridge (GB) que les investissements
déterminent les profits à venir où de manière plus orthodoxe (libérale) que les profits sont préalables à
l’investissement (ici juste comme possibilité de financement de l’investissement). Dans ce cas, on comprend les
situations de corrélations positives mais pas la situation couvrant la période des années 1990. D’où la nécessité
d’admettre que la décision d’investir prend en compte d’autres déterminants que le profit réalisé. En particulier,
l’investissement sera réalisé si les profits escomptés sont suffisants ce qui suppose l’absence d’une contrainte de
débouchés. Les années 1990 (jusqu’en 1998) sont caractérisées au niveau de l’investissement par une contrainte
de taux d’intérêt réel élevé ainsi que par une contrainte de débouchés insuffisants à l’origine d’un chômage
keynésien.
Question 3
Les années 1990 illustrent bien la théorie du déséquilibre à deux niveaux :
-On a simultanément un chômage classique qui touche les moins qualifiés et un chômage keynésien.
-Le chômage keynésien peut se comprendre comme le résultat de la mise en œuvre (de manière trop stricte et
durable) d’une politique économique (la stratégie du franc fort) visant à réduire le chômage classique qui se
développait dés les années 1970 (lui-même vu comme le résultat de politiques keynésiennes inadaptées).
L’austérité salariale décidée en 1982 a freiné l’évolution de la demande globale jusqu’à devenir contreproductive (accélérateur négatif).
La théorie du déséquilibre pose le problème de l’existence de différentes formes de chômage et des difficultés
pour mener une politique économique efficace. Elle présente par ailleurs une insuffisance quant à l’explication
des rigidités de prix qui est prise en compte par les théories néokeynésiennes sur le chômage d’équilibre.
Questions sur le document 10
Question 1
Les logiques sont différentes (cf problème du no-bridge). L’Etat adopte une perspective macroéconomique selon
laquelle on peut juger souhaitable la hausse des rémunérations au nom de la réduction des inégalités ou encore
de la promotion d’une demande solvable plus importante. Par ailleurs, l’Etat fait valoir le fait que la hausse de la
rémunération sera compensée par celle de la production (et donc par une hausse de la productivité à effectif
constant). Pour l’entreprise, la hausse de la rémunération se résout en une hausse de son coût de production qui
altère sa rentabilité. Elle considère qu’il est peu probable qu’il n’y ait pas une hausse de son coût du travail
unitaire.
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Question 2
L’analyse mise en avant par l’Etat renvoie aux théories du salaire d’efficience qui montrent que la productivité
est une fonction croissante de la rémunération. Les justifications sont diverses. Ayant conscience d’être
relativement bien payés, les salariés apprécient bien la hausse du coût d’opportunité du licenciement et évitent de
« tirer au flanc » (J Stiglitz, 1984). Ils peuvent aussi considérer que leur travail est reconnu ce qui est une source
de motivation (G Akerlof, 1986). Ainsi, la rotation de la main d’œuvre est réduite et l’implication de chacun est
plus grande.
Question 3
La politique du salaire d’efficience a entraîné du chômage car les gains de productivité ont été plus forts que la
croissance de la production. On peut toutefois supposer qu’un effet de compensation est envisageable à plus long
terme qui permettra de faire croître le niveau de l’emploi. La lutte contre le chômage selon Stiglitz suppose « une
intervention non restreinte des pouvoirs publics […]. En définitive, on peut justifier Keynes et les politiques
keynésiennes ».
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William Stanley JEVONS : (1835 - 1882)
Economiste britannique (1835-1882). L'un des pionnier du marginalisme. Il élabore une théorie
proche par bien des aspects de celle de Léon Walras, mais sans aller aussi loin dans son analyse
de l'équilibre sur les marchés.
Alfred MARSHALL : (1842 - 1924)
Economiste britannique (1842-1924). Il fut un trait d'union entre les classiques et les
marginalistes. Ses "Principes d'économie politique" (1890) constituèrent la référence des
étudiants anglo-saxons jusqu'aux années trente. J.M. Keynes a d'ailleurs suivi les cours de
Marshall à Cambridge. Il est donc avant tout le fédérateur de théories déjà établies (il formalisera
par exemple la théorie des avantages comparatifs de Ricardo dans son dernier livre), mais apporte
également des idées originales et importantes : c'est par exemple à lui que l'on doit la notion
d'économies d'échelle, ou encore la distinction équlibre / partiel équilibre général.
Edmond MALINVAUD (né en 1923)
Economiste français principalement connu pour le réexamen de la théorie du chômage sur la base
d'un modèle d'équilibre à prix fixe avec rationnement (1977). Il montre que les situations de
chômage classique ou keynésien ne sont pas exclusives l'une de l'autre et que l'une peut générer
l'autre par un effet de report.
Jean-Baptiste SAY : (1767 - 1832)
Economiste français et chef d'entreprise (jusqu'à 400 salariés), auteur d'un "Traité d'économie
politique" (1803). Il est surtout connu pour avoir diffusé en France les idées d'Adam Smith. Il se
singularise toutefois par certains apports personnels. Il introduit la notion d'utilité comme source
de valeur, idée qui sera reprise plus tard par les néo-classiques. Il considère la monnaie comme
un "voile des échanges", masquant en quelque sorte les échanges réels, qui seuls doivent
intéresser l'économiste. Enfin, il est l'auteur de la fameuse "loi des débouchés", par laquelle il
montre que l'offre crée sa propre demande (les revenus liés à la vente, partagés entre salariés,
fournisseurs et chef d'entreprise, créent une demande d'un montant équivalent à la vente).
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Arthur Cecil PIGOU : (1877 - 1959)
Economiste anglais (1877-1959) a mis en évidence "L'effet d'encaisses réelles" au cours d'un
débat avec Keynes sur les moyens de sortir d'une récession prolongée. Il s'agit en fait de l'effet
sur la demande globale d'une variation du pouvoir d'achat des actifs monétaires dont disposent les
agents économiques, suite à une variation du niveau des prix. Keynes ne pensait pas que la baisse
des salaires nominaux soit favorable, car elle ne peut qu'avoir un effet dépressif sur une demande
déjà défaillante : les prix étant entraînés à la baisse, comme les salaires, il n'y a pas d'effet positif
sur l'emploi.
Pigou remarqua que le raisonnement de Keynes ne tenait pas compte de la valorisation des
sommes détenues par les agents sous forme d'encaisses monétaires. La hausse du pouvoir d'achat
de celles-ci lorsque les prix baissent stimule la demande et constitue un facteur de reprise (elle
arrête la "spirale déflationniste" dans laquelle sont entraînés les salaires et les prix).
L'aspect "automatique" de l'effet Pigou (il suffit d'attendre que les salaires et les prix baissent
suffisamment) explique l'importance que lui accordent tous ceux qui s'opposent aux politiques
interventionnistes préconisées par Keynes, les monétaristes par exemple.
Albert William PHILLIPS (1914-1975)
Dans un article de 1958, Phillips, économiste britannique à la LSE, mettait en évidence
l'existence d'une relation entre le taux de chômage et la croissance des salaires nominaux en
Grande-Bretagne, de 1861 à 1957 (cf ci-dessous). Phillips en déduit une relation inverse entre le
taux d'inflation et le taux de chômage moyennant l’hypothèse que la hausse des salaires alimente
une inflation par les coûts. Cette relation suggère l'existence d'un dilemme entre l'inflation et le
chômage. La relation de Phillips confortait empiriquement l’analyse économique keynésienne et
a alimenté les volontés de procéder au réglage fin de l’économie.
Milton FRIEDMAN (né en 1912)
Economiste américain , Prix Nobel en 1976.
Leader de l’école monétariste, il défend une politique de contrôle strict de la croissance de la
masse monétaire et affirme que les mécanismes de marché suffisent pour régler la plupart des
problèmes économiques et sociaux. Les politiques de stabilisation conjoncturelles sont selon lui,
vouées à l'échec. La manipulation des taux d'intérêt ne peut durablement réduire le chômage. Le
chômage naturel est un concept qu'il introduit pour désigner le taux de chômage en dessous
duquel les rigidités du système économique empêchent de descendre. Plus le système est rigide
(du fait, par exemple, de l'existence d'un salaire minimum fixé par l'intervention publique), plus
le chômage "naturel" est élevé. Dans une société totalement flexible, selon lui, le chômage
naturel serait limité au chômage de "friction".
Joseph STIGLITZ (né en 1943)
Economiste américain, prix Nobel d'économie 2001.
Ses contributions portent sur l'économie de l'information. Il montre que les asymétries
d'information expliquent des défaillances essentielles du marché à l'origine de nombreux
phénomènes tels que chômage ou le rationnement du crédit.
Cet auteur est un néo-keynésien favorable au marché. Cependant, il juge impossible de parvenir à
une situation de plein-emploi par le seul mécanisme des prix, sans le rôle régulateur de l'Etat.
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Stiglitz est aussi l'un des fondateurs de l'économie moderne du développement.
George AKERLOF (né en 1940)
Economiste américain, prix Nobel d'économie 2001
Akerlof participe au développement de la théorie de l'agence avec son article sur les voitures
d'occasion où il montre que l'asymétrie d'informations est une situation tout à fait banale dans les
transactions de marchés.
De là découlent des situations de blocages, ou encore d'anti-sélection (sélection adverse) source
d'inefficience, car elles empêchent que se nouent des relations mutuellement bénéfiques.
Les comportements microéconomiques rationnels dans un contexte d'information imparfaite, font
que l'on ne parvient pas à l'équilibre général. Cela est envisageable pour différents marchés, du
marché des assurances au marché du travail.
Cette nouvelle approche justifie une réhabilitation du rôle de l'Etat, dont l'intervention devient
source d'efficience.
Edmund PHELPS (né en 1933)
Economiste américain néo-keynésien qui a consacré une part importante de ses travaux à la
recherche des fondements microéconomiques de la macroéconomie. En parallèle avec M
Friedman, il développe le concept de taux de chômage naturel (qui deviendra le taux de chômage
d'équilibre) qu'il relie à l'importante de la rotation de la main d'oeuvre plutôt qu'aux rigidités
institutionnelles. Pour limiter une rotation de la main d'oeuvre trop importante, les entreprises
consentent des taux de salaire supérieurs au taux de salaire d'équilibre. Cela explique que le taux
de chômage ne puisse pas descendre en dessous d'un certain niveau. Par ailleurs, il endogénéise la
croissance du taux de chômage naturel en prenant en compte un phénomène d'hystérèse.
Axel LEIJONHUFVUD (né en 1933)
Economiste suédois.
Fondateur avec R Clower de la théorie du déséquilibre. Il considère que l'économie de la synthèse
ne rend pas suffisamment compte de situations de déséquilibres durables et qu'elle s'éloigne trop
de l'intuition keynésienne. Il insiste sur le fait que la contrainte de débouchés est une explication
du sous emploi. Les entreprises ne percoivent pas que la rémunération du travail si elle est un
coût est aussi un moyen d'élargir le marché. La myopie des entreprises sur les conséquences
macroéconomiques de leur comportement explique le chômage involontaire.
Michael SPENCE (né en 1943)
Economiste américain, prix Nobel d'économie 2001
Il s'est fait connaître surtout par ses travaux sur le fonctionnement des marchés en asymétrie
d'information en étudiant les moyens que peuvent mettre en œuvre les agents économiques qui ne
disposent pas des mêmes informations pour concevoir des formes de contrats protègeant leurs
intérêts réciproques. Michael Spence a montré que par le biais d'une formation supérieure ou en
choisissant une filière de formation extrêmement difficile, un étudiant pouvait tenter de signaler à
un futur employeur qu'il possède des qualités uniques, incitant par là l'employeur à le sélectionner
éventuellement parmi un ensemble de candidats potentiels. En généralisant, il a été le premier à
mettre en lumière que les producteurs ou les consommateurs pouvaient envoyer des signaux pour
informer les agents économiques des caractéristiques ou des particularités de leurs produits ou
30
services.
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