HRI DE 1919 A 1939
Cours d’introduction
De l’histoire des relations diplomatiques à une nouvelle histoire des RI
Début cf poly
II. Les outils
C. Le concept de puissance
Fil conducteur du cours pour s’harmoniser avec le cours de M. Schirman
De Aron, Duroselle à Franck
Pour Aron,(in Paix et guerre entre les nations, pas besoin de lire cet ouvrage vieilli même s’il faut le connaître ) une
puissance est la « capacité d’une unité politique à imposer sa volonté à d’autres unités. »
On conçoit alors une puissance comme une capacité défensive ou offensive, mais il n’y a pas de réelle définition de ce qu’est une
puissance.
Duroselle, dans Tout empire périra, définit une puissance comme un « Etat qui est capable, dans certaines circonstances,
de modifier la volonté d’individu ou de groupes ou d’Etat étranger »
Ces deux définitions se recoupent, on sent derrière chacune d’elle la notion de pouvoir se profiler, et il ne s’agit pas de trancher
entre les deux.
Pour Franck (in La hantise du déclin), la notion de puissance comprend les notions de durée et d’indépendance : « une
grande puissance est un Etat qui a les moyens et la volonté de faire prévaloir auprès de n’importe quelle autre puissances dans
plusieurs domaines et de façon durable ses intérêts et ses conceptions, et qui de ce fait dispose d’un haut degré d’indépendance et
d’action. Le taux de la puissance est proportionnel au taux dindépendance dans l’action et à la capacité d’initiative. »
La puissance est d’abord historique, il faut être reconnue comme telle par les autres Etats. Cf la Pologne dans les années
trente qui veut être reconnue et qui fait tout pour ça(nationalisme, alliance avec la France…) Elle ne reste pourtant aux yeux des
autres qu’une puissance secondaire. C’est le cas aujourd’hui de l’Argentine et du Brésil qui aspirent à un statut qui leur est refusé
par les puissances.
De Gaulle à la libération veut que la France soit reconnue comme puissance, ce qu’il réussit en partie grâce à
l’acceptation de ce statut par les grands vainqueurs. Bien que personne ne soit dupe de l’état du pays, la France signe la reddition
allemande et occupe une part du territoire allemand…
2°Une définition et une comptabilité historique.
Evolution des grandes puissances selon Duroselle :
XVII° : France, Angleterre, Pays Bas, Espagne, Empire Ottoman et Empire Habsbourg.
XVIII° : France, Angleterre, Empire Habsbourg, Russie et Prusse.
XIX° : idem, + la montée des Etats-Unis, Japon et de l’Italie.
1914 : France, Grande Bretagne, Etats-Unis, Japon, Italie, Russie, Autriche Hongrie, Allemagne
1918 : fin de l’Autriche Hongrie et de l’Allemagne. Cette dernière réapparaît comme puissance à la fin des années vingt.
Nb : Il existe évidemment des différences de détail entre ces pays, mais globalement ce sont des grandes puissances.
WWII : Deux superpuissances : USA et URSS
Pour Duroselle, ni l’Italie ni la France ne sont plus des puissances en 1939 , la Grande Bretagne résiste jusqu’en 1947.
L’Allemagne et le Japon n’existent même plus en 1945.
Le rang de grande puissance apparaît moins à un pays lui-même qu’aux puissances extérieures. Ainsi la France et la
GB en 1956 ont du mal à accepter leur déclin lors de la crise de Suez.
Au XX°, le guerres mondiales sont les moments clés au cours desquels les hiérarchie de puissances se font et se
défont. C’est plutôt à chaque fois une fin de processus que le commencement d’une ère.
Pour Paul Kennedy, il existe une dimension économique : si une puissance est à son apogée militairement, il y a un risque
important qu’elle s’effondre sous le poids de l’argent que ça lui coûte. C’est pourquoi il y a nécessairement une succession des
puissances. Mais cette réflexion est vieillie, Kendy oublie que l’armée est aussi un vecteur de la modernité qu’elle peut faire
progresser.
III. L’héritage : structures de prépondérance de l’Europe avant 1914
Au XIX°, 95% des congrès internationaux ont lieu en Europe (principalement à Paris, Londres, Bruxelles). Les Expos
Universelles de Paris en 1889 et 1900 attirent respectivement 32 et 51 millions de visiteurs…
A. Politique.
1° Les « grands »
La diplomatie est encore avant 1914 l’affaire des rois, princes, présidents…La vie diplomatique est le fait de quelques
grandes puissances qui tiennent le haut du pavé, et les autres Etats n’ont pas d’influence réelle. Ainsi au congrès de Berlin en
1877 ne siègent que la Grande Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie.
Seules certaines capitales donnent droit au titre d’ambassadeur (sinon il s’agit de simples postes de diplomates) qui sont
Londres, Paris, Vienne, Berlin, Rome, Saint Petersbourg et Constantinople. Les autres capitales appartiennent soit à des pays
marginaux géographiquement (pays scandinaves), soit à des pays trop petits (Belgique, Pays Bas, Suisse)
Avant 1914, la Grande Bretagne est la seule puissance mondiale, qui agit dans et hors d’Europe.
La seconde est l’Allemagne, qui s’impose à ses voisins et qui jouit du prestige de sa victoire écrasante en 1871. Elle dispose
d’un espace géographique important et central en Europe (position de « pivot »), et connaît une expansion démographique
rapide.
La troisième est la France, qui bien qu’amputée demeure une puissance capable de construire un empire colonial.
La quatrième est la Russie, qui s’étende vers l’Asie au but du XIX° siècle. Elle dispose d’une superficie et d’une
population énorme. Au tournant du siècle, elle affirme ses frontières et englobe la Finlande, les Pays Baltes, etc. Mais on ne sait
pas si l’empire a les moyens d esa politique.
La cinquième puissance est l’Autriche Hongrie, qui bien qu’appuyée sur un territoire immense et central n’est qu’une
puissance de second ordre : elle est agitée par de graves troubles nationalistes et l’unité allemande s’est faite contre l’Empire
Austro Hongrois.
2° Les diplomates
Ils sont peu nombreux, souvent la diplomatie passe par les monarques (alliances par le biais de mariage…). Presque
partout, la diplomatie échappe au contrôle du Parlement (secret).
L’aristocratie « trouve refuge » dans les carrières militaires et diplomatiques, ce qui peut paraître paradoxal dans les
démocraties (France). Les postes de diplomates sont le plus souvent très mondains, ils n’ont qu’une vision partielle du pays (il
n’y a alors pas de travail économique ou social du diplomate). Les postes sont très stables, ce qui donne aux diplomates une
grande liberté d’agir, même si leurs domaines d’action sont moins étendus qu’aujourd’hui.
En Grande Bretagne, les diplomates échappent au recrutement par concours (seule fonction qui y échappe) ; le Foreign
Office est un département très archaïque jusqu’en 1914 (8 dactylos seulement)
En France il y a deux concours d’entrée accompagnés d’une enquête familiale pour s’assurer que le futur diplomate a
les moyens d’assumer sa fonction.
3°Les géographes et les militaires
La géographie et l’histoire d’un pays sont caractères de puissance à l’époque. Du coup poids important des géographes
et de leurs opinions (cf André Siegfried, très écouté a l’école libre des sciences po durant l’entre-deux-guerres…)
Les militaires sont présents dans presque tous les postes diplomatiques, parfois même on trouve en plus un attaché à la Marine.
Avec la Première Guerre Mondiale, on observe un essor important de l’aéronautique.
B. Economique.
1°Le capitalisme libéral battu en brèche
Il est vrai que le libéralisme reste la seule structure économique de l’époque, que la plupart des monnaies sont
convertibles en or, et que la parité monétaire entre les puissances est très stable (une livre=25 francs français=30 marks=5
dollars US).Mais on observe une recrudescence des barrières douanières avec la dépression économique.
Entre 1875 et 1913, le commerce international mondial est multiplié par quatre, avec quatre acteurs principaux (GB,
France, Allemagne et USA). A eux quatre ils représentent 60 % du commerce mondial en 1875 et 48 % en 1913 (la diminution
est relative, c’est-dire que ce n’est pas eux qui ont diminué, mais les autres pays qui les ont rattrapés peu à peu)
Les Etats-Unis sont déjà le plu gros producteur mondial mais ils exportent très peu.
2°Mutations techniques et poids de la conjoncture
Le XIXe connaît des mutations techniques rapides, surtout en matière de transports : avant la vapeur, il faut une
semaine pour aller de Londres à New York, et trois pour aller de Bordeaux à Buenos Aires. L’arrivée de la vapeur va permettre
d’augmenter beaucoup la vitesse de transport et de réduire les coûts (des machines puissantes permettent un plus grand
tonnage). La marine militaire va faire d’énormes progrès alors, et la marine marchande va être multiplié par 2,6 entre 1880 et
1900.
L’ouverture des canaux transocéaniques va permettre aussi de réduire les temps des transports (Suez est terminé en
1869 et Panama en 1914).
A l’intérieur des pays, le chemin de fer et l’automobile se développent et permettent de parcourir de grandes distances
en peu de temps.
C’est aussi à cette époque que l’on voit apparaître le télégramme, le téléphone… Les premiers câbles sous-marins sont installés
à la fin des années 1860.
Après 1896, la dépression prend fin, la reprise économique voit l’émergence de nouvelles puissances économique
(Russie, Italie, Autriche Hongrie). Les investissements internationaux se multiplient : la Grande Bretagne investit sur tout le
continent américain (nord et sud) alors que l’Allemagne et la France se tournent plutôt vers l’Europe. (sur une base de 1 pour la
GB, la France et l’Allemagne investissent respectivement à hauteur de ½ et ¼.
3° Migrations
La période de 1875 à 1914 représente à ce jour la plus grande période de migrations de toute l’Histoire : plus de
quarante millions de personnes se déplacent depuis l’Europe ou l’Asie ( 54 % d’Européens, pour des migrations intra
européennes ou vers l’Amérique).
La France est le grand pays d’accueil en Europe, car il faut compenser sa mographie déjà très faible (manque de
main d’œuvre).
Les Etats-Unis accueillent 22 millions de migrants entre 1880 et 1914, l’Argentine cinq, le brésil quatre et l’Australie
et la Canada trois…
Les migrations dues au peuplement des colonies ne sont pas comptabilisées car on considère qu’il s’agit de flux
nationaux (c’est à cette époque que se peuplent l’Algérie et les autres colonies de peuplement).
1ère PARTIE : L’ORDRE EUROPEEN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
Cours n° 2 :
L’âge de la domination européenne : le cadre des RI en 1914
Introduction
_Alors que sur la base du droit des peuples apparaissent de nouvelles revendications internationales,
_alors que les moyens de transformations économiques, sociales, idéologiques prennent corps, moyens et but politiques restent
inchangés (distorsion entre structures et idées)
_alors que de vastes empires coloniaux ou non- se mettent e place pour répondre à l’énorme élargissement des RI qui
caractérise le tournant du siècle (Ceci va devenir un grave enjeu des RI et un argument de négociation internationales. Certains
sont arrivés trop tard mais veulent qd même leur part (Allemagne))
on noue encore en Europe des alliances (sur le modèle de l’alliance franco-russe) sur des concepts traditionnels, avec, au
premier rang, celui de l’équilibre en Europe (concept clé dans les RI de l’époque) : cette politique classique européenne révèle
en fait de nouveaux moyens de la politique extérieure, une nouvelle diplomatie.
Cependant, le plus important est qu’apparaissent les premiers signes d’une mondialisation des RI, les premières heures de la
Weltpolitik.
I. Des transformations importantes des R.I (Giraud)
A. Les nationalismes
1° Nationalismes « politiques »
Partout en Europe, 1848 sonne la grande heure des nationalités et du droit des peuples (IIe République en France,
chute de Metternich dans l’Empire Habsbourg, agitations en Allemagne…) ; 1860-1870’ formation des nations allemande et
italienne.
Jusqu’à leur dissolution, soubresauts dans les vieux empires austro-hongrois, ottoman et russe, qui sont des ensembles
politiques figés.
2° Nationalismes « sentimentaux », chauvinisme des « mentalités »
Grande Bretagne : il suffit de regarder les manifestations sportives (1885, football professionnel) pour comprendre la
vigueur du sentiment national et la foi en la supériorité anglo-saxonne. En France, les courses automobiles ou cyclistes sont
autant de manifestations chauvines. Le créateur du Tour de France, Henri Desgrange écrit en commentant le tour de 1903 : « Je
ne crois pas que jamais épreuve sportive ait déchaîné à l’égal du Tour de France un pareil débordement de chauvinisme local.
Voilà quinze ans que nous nous évertuons à convaincre les foules que le sport n’a pas de patrie et je commence à croire que
tous nos efforts furent faits en pure perte ». Continuité évidente dans les esprits entre Le Tour de France de deux enfants
(alsaciens lorrains), ce manuel de lecture et de patriotisme français et le Tour de France !
Même si certaines manifestations patriotiques (« bataillons scolaires ») ont largement gressé dans les années 1890,
en concomitance avec l’affaire Dreyfus(la droite nationaliste est surnommée « moulin à sornettes), en France comme en
Allemagne, les manifestations gymniques demeurent principalement des défilés patriotiques avec tambours et clairons. Et pas
seulement chez ces trois grands. En 1901, le quatrième congrès des Sokols, gymnastes tchèques, réunit à Prague 1400
participants, venus de toutes les minorités tchèques dispersées, et sacrifie au culte de la nation tchèque, à celui du néo-slavisme.
Critique française de la littérature allemande après Kant (considéré comme partisan des Lumières).
Question : chauvinisme des mentalités débouche-t-il sur le bellicisme ou la violence ?
Deux cas distincts :
Le cas des populations soumises à un gouvernement « étranger » : exemple des nationalistes polonais qui
créent écoles, universités…pour promouvoir la langue. En 1901, 1/3 des Polonais en Pologne russe
apprenaient à lire et à écrire grâce à ces volontaires de la Ligue Polonaise. Exemple des Sokols tchèques. Un
même phénomène, de l’Irlande aux populations soumises d’Autriche Hongrie ou de Russie. Dans ce cas,
effectivement, risques de violence…
Ailleurs, dans les « majorités dominantes », souvent paradoxe apparent : mouvements types ligues
patriotiques hyper nationalistes, appelant éventuellement à la guerre, racistes donnent une allure qui n’est pas
en fait celle de la masse de la population, moins « revancharde » et plutôt pacifiste. 3 exemples :
_En France, Ligue de la Patrie Française ou celle d’Action Française, mais sentiment d’indifférence
se développe vis-à-vis de la question Alsace-Lorraine, et surtout volonté d’apaisement avec l’Allemagne
_En Angleterre, pacifistes sont nombreux, notamment après les tueries de la guerre des Boërs. Le
chauvinisme confronté à la réalité de la guerre hésite et perd de sa vigueur belliciste.
_En Allemagne, Ligue des Pangermanistes (1891), mais moins de 25000 membres à son apogée en
1901. Le peuple est plus modéré que certaines élites.
B. Les internationalismes
1° Une civilisation qui devient « mondiale »
Une grande valeur très diffusée ; le scientisme : foi en le progrès, sentiment que l’avenir ne peut être que meilleur et
que la science peut résoudre tous les problèmes. Progression rapide du nombre de congrès internationaux scientifique et
techniques : la science tend à devenir mondiale.
Positivisme : le monde passe d’un âge théologique à un âge métaphysique, idée de progrès, que tout est science.
Recul de la tradition et de la foi.
Pacifisme (1889 : Union interparlementaire pacifiste ; 1892, Bureau International de la paix (Berne) ; vaines tentatives
de créer des EU d’Europe en 1900, de désarmement (1e conf internationale de la Haye en 1899 à l’initiative du tsar) mais
création de la Cour International Permanente de la Haye 1899 : esprit : faire régner le droit dans les RI.
2° Le socialisme et le catholicisme
1880’s, création ou renaissance des partis socialistes
Marx mort en 1883->Engels ; 1889 : congrès à Paris ; 1891, Bruxelles : IIe Internationale constituée
1900 : création d’un comité international permanent
1903 : en Allemagne, SD obtient plus de 30% des voix, en France la jeune SFIO réussit bien aussi.
Déviances de certains courant internationalistes
Eglise catho : aussi une force qui dépasse les frontières
Efforts de Léon XIII (mort en 1903), mais le gvt italien ne lui permet pas de se rendre à la conf de la Haye en 1899.Eglise
réclame encore une souveraineté temporelle sur les Etats pontificaux, Mussolini va régler ça avec les accords de Latran.
3° Existe-t-il une propagande à impact international avant 1914 ?
Pb : peut-on parler de « propagande » à visée internationale ?
1895, Gustave Le Bon, psychologie des foules. Début de ce genre de réflexion, notion d’opinion publique apparaît
progressivement.
Fêtes en France (Expo U de 1889 un peu boudée, mais celle de 1900 attire plus de 50 millions de personnes)
Jubilées de la reine Victoria en 1887 et 1897
1890, 1er mai par partis socialistes internationalistes
1893, Fêtes de l’Alliance franco-russe
le but est de montrer la puissance des uns et des autres
Développement colossal de la presse à bon marché, instrument de manipulation de la foule, souvent très chauvin, « 4e
pouvoir »
EU : constitution de l’empire Hearst après 1895, Morning Post
All. : 1898, Berliner Morgenpost
GB : Dayly Mail (1896) : 500 000 ex en 1900 ; Dayly Express (1900) ; Dayly Mirror
France : Le petit Journal, 1 M d’exemplaires, Le Petit Parisien, 600 000 en 1896 (le Monde aujourd’hui, 450 000
exemplaires).
Vénalité de la presse (nombreux exemples, France, Russie, All, EU) : corruption m de la part des Etats, c’est svt ça qui
fait vivre la presse
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