L’engrenage de la guerre qui devient peu à peu
mondiale
Suite à l’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche-Hongrie par un
serbe nationaliste, succession de déclarations de guerre (60 entre fin
juillet 1914 et août 1917) dont
28 juillet 1914 : de l’Autriche à la Serbie
1er août 1914 :de l’Allemagne à la Russie, protectrice de la Serbie
2 août 1914 : de l’Allemagne à la France, alliée de la Russie
4 août 1914 : de l’Allemagne à la Belgique, territoire dont la
traversée est nécessaire pour atteindre au plus la France
4 août 1914 : de l’Angleterre (qui craint qu’une grande puissance ne
s’installe à Anvers ) à l’Allemagne
Neutralité de l’Italie jusqu’au 24 mai 1915 : déclaration de guerre à
l’Allemagne
D’autres états (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Etats-Unis, Grèce)
entreront en guerre en fonction des alliances passées
Une guerre « moderne »
« La Première Guerre Mondiale est une guerre moderne dans ce sens qu’elle mobilise
toute la population. Jusque-là les armées ne comprenaient que des professionnels. En
1914 – 1918, elle a non seulement appelé les civils à participer à l’armement, mais
toutes les nouveautés de la propagande sont intervenues. Ce n’était pas une guerre
étrangère au peuple. Tout le monde y participait.
Surtout c’était une guerre industrielle. Ça, c’est une nouveauté. Avant la Guerre de
1914 -1918, on comptait surtout sur les effectifs, sur le nombre de soldats. Par
exemple, quand la Roumanie a hésité à être avec les Allemands ou avec les Français,
on comptait le nombre de divisions, de soldats qu’elle apporterait. Alors que ce qui a
compté à partir de 1916, c’est l’armement. C’est devenu une guerre industrielle.
Mais dans la tête des généraux, elle était à mi-chemin entre la nouveauté et le passé.
Les généraux vainqueurs en 1918, pour rappeler qu’ils étaient des militaires, des
soldats, des héros, ont défilé à cheval. Alors que pendant toute la guerre ils étaient en
voiture. On a là le contraste entre l’idée qu’on se faisait de la guerre et de sa victoire. A
cheval comme au Moyen-Âge, comme au 18ème siècle, et la technique qui l’avait
emportée petit à petit pendant cette guerre.
La grande nouveauté était que l’Amérique a enseigné à l’Europe une guerre où l’on
essayait de perdre le moins de soldats possibles. Pétain en France par exemple disait :
« J’attends les tanks et les Américains. » Il attendait de l’armement. Alors que pendant
la première partie de la Guerre de 1914 - 1918 on attendait plus de soldats. Voilà en
quoi cette guerre est totalement moderne, c’est une guerre technologique, technique.
Alors que les guerres d’avant étaient des guerres de soldats à pied, à cheval ou
autrement. »
(Extrait de l’interview de Marc Ferro, réalisée le 19 octobre 2008, par la chaîne de télévision ARTE)