Le Family Compact, qui dirige la province depuis le début du XIXe siècle, est de plus en plus
contesté à partir des années 1820. Les rébellions de 1837, menées par William Lyon Mackenzie,
sont l'apothéose de cette contestation. Malgré le fait qu'elles aient échoué, elles prouvent que la
population ne partage pas la vision du Family Compact. Des hommes influents comme Robert
Baldwin et Sir Louis-Hippolyte La Fontaine, qui vont diriger de concert un gouvernement de
coalition à deux reprises pendant la décennie suivant l'Acte d'Union, signé en 1841, soit de 1841
à 1843 et de 1848 à 1851, vont réussir à amener plusieurs réformes importantes. Toutefois, les
principaux changements vont être imposés par Londres, qui applique plusieurs des
recommandations faites par lord Durham dans son fameux rapport rédigé à la suite des
rébellions de 1837 et de 1838 dans le Haut-Canada et le Bas-Canada. Une de ces
recommandations mène à la création de l'Acte d'Union en 1841, qui marque la fin du Haut-
Canada et le début d'une nouvelle ère politique, celle du Canada-Uni.
Les rébellions de 1837
Dans le Haut-Canada (comme dans le Bas-Canada d'ailleurs), une partie de la population
critique la façon qu'a l'élite politique de gouverner la colonie. Mentionnons, entre autres pommes
de discorde, les excès de « patronage » politique, le désaccord au sujet des politiques d'octroi
des terres, particulièrement en ce qui concerne les réserves du clergé, les politiques élaborées
en matière d'éducation, les priorités en matière de politiques économiques ainsi que le
favoritisme à l'endroit de l'Église anglicane.
Le parti réformiste prend le contrôle de la Chambre d'assemblée en 1828 et en 1834, mais ne
réussit pas à obtenir les changements voulus. La venue du lieutenant-gouverneur Francis Bond
Head, dans le but de concilier les éléments réformistes, ne donne pas les résultats escomptés.
F.B. Head adopte plutôt une attitude d'affrontement et aide à faire élire des conservateurs. De ce
fait, certains réformistes modérés, comme Robert Baldwin, sont défaits. Cela joue en faveur de
William Lyon Mackenzie et de son approche plus radicale.
Initialement, W.L. Mackenzie voulait faire pression sur les autorités coloniales et sur le
gouvernement en incitant les gens à boycotter les denrées importées, en encourageant les
unions politiques et en entrant en contact avec les réformistes du Bas-Canada. Mais à la fin de
l'été 1837, il abandonne ses tactiques non violentes et s'oriente de plus en plus vers la révolte
armée. Au début de décembre 1837, W.L. Mackenzie et près de 1 000 hommes se réunissent à
la taverne Montgomery, à Toronto, pour tenter de prendre le contrôle du gouvernement. Entre
200 et 300 volontaires et miliciens, gagnés à la cause du gouvernement, repoussent les rebelles.
Trois jours plus tard, entre 1 000 et 1 500 loyalistes marchent sur la taverne et forcent les
rebelles à fuir. C'en est presque fait de la Rébellion. Au cours de l'année 1838, certaines
escarmouches éclatent, mais rien qui ne mette vraiment le gouvernement en danger.
Le rapport Durham et l'Acte d'Union
Lord Durham est envoyé au Canada afin de faire rapport sur les causes ayant mené aux
rébellions du Haut-Canada et du Bas-Canada.
Les trois recommandations principales de son rapport sont l'octroi du gouvernement responsable
aux colonies britanniques de l'Amérique du Nord, l'union du Haut-Canada et du Bas-Canada en
Canada-Uni ainsi que l'assimilation des Canadiens français. Il critique aussi ouvertement les
« cliques » politiques qui contrôlent le pouvoir gouvernemental dans ces deux colonies.
L'impact du rapport Durham est bien différent selon qu'on regarde ce qu'il implique pour le Haut-
Canada ou pour le Bas-Canada. En recommandant l'union politique des colonies, lord Durham
visait à rétablir la paix. Pour ce faire, il croyait devoir assurer, dans les colonies britanniques de