Document 6 – Le rôle du capital humain :
« Certaines activités ont un effet sur le bien-être futur, tandis que d’autres ont un impact au moment même. C’est le cas du
dîner, en opposition à l’achat d’une voiture. Ces activités peuvent avoir un effet sur les revenus mais aussi la consommation : se
former professionnellement permet d’augmenter ses revenus, acheter un nouveau bateau modifie la consommation, aller au lycée a un
effet à la fois sur les revenus et la consommation. [Dans le dernier cas, ce sont des ressources humaines et non physiques - comme
avec le bateau – qui sont en jeu.] C’est ce qu’on peut appeler un investissement en capital humain.
« […] Les individus sont sensiblement différents dans leur bien-être économique, aussi bien entre les pays qu’au sein d’un
même pays. Pendant de nombreuses années, les économistes ont essentiellement reliés ces différences aux différences de capital
physique dont chacun dispose, les pays riches disposant justement de plus de capital physique que les autres pays. Mais il est devenu
de plus en plus évident, suite aux études sur la croissance, que les facteurs non physiques jouent un bien plus grand rôle que celui
imaginé. On doit dès lors s’intéresser à toutes les ressources moins tangibles, comme les connaissances accumulées, et qui sont le
résultat de l’investissement en capital humain ».
Gary Becker, « L’investissement en capital humain », Journal of Political Economy, 1962
Corrélation entre le capital humain et la richesse économique (170 pays)
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Index du niveau d'éducation (PNUD) Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, 2009
« Trois leviers de croissance ont été identifiés pour dynamiser la croissance de l’économie française. [Le deuxième consiste à]
intensifier l‘investissement dans l’enseignement supérieur et la recherche. L’effort de recherche a décliné en poids relatif,
l’investissement dans l’Université est depuis longtemps notoirement insuffisant, l’écart s’est donc creusé par rapport aux anciennes
nations scientifiques comme par rapport aux nations émergentes. Un capital humain insuffisamment formé et adapté aux nouvelles
technologies, un effort d’investissement dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) moindre qu’aux États-
Unis et aux pays nordiques, un appareil de recherche tournant sur lui-même, autant de facteurs peu propices à l’accélération des gains
de productivité ». P. Aghion, G. Cette, E. Cohen, J. Pisani-Ferry, Les leviers de la croissance française
Rapport du Conseil d’analyse économique, n°72, 2007
Question 1 : A partir du texte de Gary Becker, définissez simplement le capital humain.
Question 2 : Quel va être l’effet du capital humain sur la croissance économique selon Gary Becker ?
Question 3 : Peut-on observer cette relation dans le monde selon le PNUD ? et en France ?
Document 8 – Légitimité des pouvoirs publics dans l’incitation à l’innovation :
« La connaissance est un bien public, caractérisé d'un point de vue économique par deux traits. En premier lieu, une même
connaissance peut être utilisée un nombre quelconque de fois, par un nombre quelconque d'agents, et cela simultanément et sans se
détériorer. Si l'on ne peut manger la même pomme deux fois, l'on peut en revanche mettre en œuvre la même invention autant de fois
que l'on veut sans l'altérer. La conséquence directe de cette propriété, en termes économiques, est que le coût marginal de l'utilisation
d'une connaissance existante est nul. Une fois qu'une invention a été réalisée, le coût de sa reproduction est essentiellement nul (le
coût d'impression d'un exemplaire d'un livre donné est plus faible que le coût d'écriture de ce livre). Cela constitue une forte incitation
à l'imitation. En effet, l'imitateur, contrairement à l'inventeur initial, n'encourt que le coût de production directe du bien, et non le coût
de l'invention.
« En second lieu, l'inventeur ne peut généralement pas exclure entièrement les autres de l'usage de son invention. Ainsi,
l'invention peut être utilisée par les concurrents comme base pour d'autres découvertes dont l'inventeur initial n'aura pas le contrôle.
En conséquence, l'inventeur ne peut, en général, s'assurer le monopole de l'usage d'une connaissance, et donc s'approprier toute sa
valeur. Une partie de celle-ci va aux concurrents, une autre partie va aux consommateurs. Les études estiment en général le rendement
privé de l'investissement en recherche à 15-20 % et son rendement social au double environ.
« Puisque le rendement privé est plus faible que le rendement social, l'investissement en activités innovantes effectué dans
une économie de marché sera inférieur à son montant socialement désirable. Les firmes sous-investissent en recherche, délivrant un
progrès technique moindre que celui qui serait atteint si l'intérêt de la société présidait aux investissements en la matière. C'est l'objet
de la politique publique, notamment sa composante scientifique et technologique, que de remédier à ce problème par une intervention
appropriée de l'État ». Guellec, « Croissance et innovation » in Croissance, emploi et développement, 2007
Question 1. Pourquoi dit-on que la connaissance génère des externalités positives (cf. cours de Première) ?
Question 2. Expliquez la phrase soulignée.
Question 3. Quel est le problème d’un rendement privé de l’innovation inférieur à son rendement social ?