4
En Europe du Nord, la Renaissance donna lieu à la Réforme, période durant laquelle
des penseurs religieux se retournèrent contre l'Eglise, réclamant un retour aux
enseignements de la Bible. Les réformateurs tels qu'Érasme, Calvin et Luther
contestèrent les enseignements du catholicisme et en 1571, la Réforme s'installa
véritablement, lorsque Luther afficha à Wittenberg, en Allemagne, ses 95 thèses
défiant l'autorité de l'Eglise.
Contrairement aux catholiques, pour qui Dieu ne peut être atteint qu'à travers
l'institution de l'Eglise, les protestants mettaient en avant la relation personnelle des
individus avec Dieu. Le schisme qui en résulta au sein de l'Eglise ébranla
encore la mainmise de la pensée scolastique. Aussi importante fut- elle dans le
domaine des arts et de la science, la Renaissance eut plus tard un réel impact sur la
philosophie. Au début du XVIIe siècle, la scène était prête à accueillir une nouvelle
sorte de philosophes libérés du dogme religieux et animés par le désir de revenir à
l'esprit de la Grèce antique. En première ligne de ce courant se trouvait René Descartes
(1596-1650). Inspiré par les travaux scientifiques de Galilée, il s'efforça d'appliquer la
méthode mathématique à tous les domaines de l'entendement humain, et bâtit ainsi un
corps de connaissances dont certaines vérités étaient obtenues par la raison pure. Ce
faisant, il rompit avec le passé et offrit à la philosophie et à la science de nouvelles
bases
Les Lumières
En Europe, les progrès intellectuels et sociaux atteignirent leur point culminant au
XVIIIe siècle, dit les Lumières. À partir de Descartes, les penseurs se virent comme
émergeant dans un nouvel Âge de Raison, qui se défaisait enfin des chaînes du Moyen
Âge, caractérisées par l'adhérence servile à la tradition, à l'autorité et à la superstition.
La science se fit la meilleure arme de la révolte contre le dogme des philosophes
catholiques médiévaux. Francis Bacon avait incité les scientifiques à déterminer par
eux-mêmes la structure du monde naturel, structure qu'il décrivit, empruntant une
métaphore au domaine du droit, comme « loi » de nature. Les progrès scientifiques,
notamment ceux que l'on doit à Isaac Newton (1642-1727), nourrirent l'optimisme des
Lumières quant aux avancées scientifiques et sociales. Les philosophes se définirent
comme des
penseurs libres bâtissant un avenir neuf et brillant. Un groupe d'intellectuels
surnommés « les Encyclopédistes », parmi lesquels Voltaire, Rousseau et Diderot,
compila un vaste recueil de connaissances
-l'Encyclopédie- dont l'ambition était de répertorier les connaissances humaines en
accord avec l'esprit de la nouvelle science. Rousseau bouleversa l'ordre établi en
déclarant que tous les hommes naissent libres. La pression sociale, qui cherchait à
obtenir un système de gouvernement plus égalitaire, engendra la Révolution en 1789,
suivie par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes qui ébranlèrent le système
politique établi.
Le rationalisme
À partir de Descartes, le développement de la philosophie se partage en deux tendances
distinctes: le rationalisme et l'empirisme.
Des philosophes tels que Spinoza ou Leibniz appartiennent à la première tendance,
tandis que les britanniques Locke, Berkeley et Hume, ainsi que les Encyclopédistcs,
représentent la seconde. Dans la lignée de Descartes, les rationalistes considéraient la
raison comme la seule voie sûre menant à la connaissance. Influencés par l'application
fructueuse des mathématiques en sciences, ils pensaient qu'il était possible, en utilisant
la méthode de déduction à partir de principes premiers, d'élaborer une grande théorie