Anorexie mentale : dépistage et prise en charge de premier recours
Publié le 23 Déc 2014
C. STHENEUR, Service de pédiatrie et de médecine de l’adolescent, hôpital
Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt
Les troubles du comportement alimentaire sont fréquents et passent inaperçus si
un dépistage systématique n’est pas réalisé au moins dans les populations à
risque. Une fois le diagnostic posé, une double prise en charge ambulatoire est
indispensable. La surveillance somatique nécessite un examen clinique régulier.
Une définition très générale du trouble du comportement alimentaire (TCA) fait
de celui-ci un trouble du comportement visant à contrôler son poids et altérant
de façon significative la santé physique comme l’adaptation psychosociale, sans
être secondaire à une affection médicale ou à un autre trouble psychiatrique.
L’anorexie mentale débute après une période de restriction alimentaire, le plus
souvent entre 12 et 19 ans, avec deux pics de fréquence : autour de 14 ans et de
18 ans. Le sex ratio est de 9 filles pour 1 garçon. La perte de poids peut
n’être que de courte durée et ne nécessiter qu’un traitement léger, mais peut
aussi devenir importante et requérir un traitement intensif.
La définition de l’anorexie mentale selon le DSM-IV repose sur les critères
suivants :
– incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un
poids inférieur à 85 % du poids attendu ;
– peur intense de prendre du poids ;
– altération de la perception du poids, ou de la forme de son propre corps, ou
déni de la gravité de la maigreur ;
– aménorrhée. En dehors de l’anorexie proprement dite, la fréquence des
atteintes sub-syndromiques semble beaucoup plus importante. Ces troubles sont
par définition beaucoup plus difficiles à identifier. Or, une détection et un
traitement précoces des TCA permettent une amélioration du pronostic de
l’anorexie mentale, en particulier chez les adolescents(1). Les médecins
généralistes, les pédiatres, les gynécologues, ainsi que les équipes au contact
des populations à risque – infirmières scolaires, entraîneurs sportifs, etc. –
sont les mieux placés pour dépister de façon précoce les patients souffrant de
troubles alimentaires. Un médecin généraliste suivant 2 000 patients devrait
s’attendre à avoir un ou deux cas d’anorexie parmi sa clientèle. Si le taux de
dépistage est faible, cela ne veut pas dire que ces patients évitent leur
médecin traitant. En fait, pendant les 5 ans précédant la détection des troubles
alimentaires, ces sujets consultent leur médecin généraliste ou pédiatre
significativement plus fréquemment que les patients sans trouble alimentaire.
Dans les premières consultations, ces patients se présentent avec des plaintes
psychologiques, gastro-intestinales ou gynécologiques produites par l’anorexie
ou ses complications.
Le repérage doit être ciblé sur les populations à risque : adolescentes, jeunes
femmes, mannequins, danseurs et sportifs, notamment selon le niveau de
compétition, et sujets atteints de pathologies impliquant des régimes, telles
que le diabète de type 1, l’hypercholestérolémie familiale, etc., et, bien sûr,