Message de Noël 2011 « Allons à Bethléem » ( Lc 2 : 15 ) « Moi, Jean, votre frère... je tombai en extase, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix clamer » ( Ap 1 : 9 – 10 ) : « Venez, fidèles, et voyons, où est né le Christ, le Sauveur ; suivons la route que l’étoile parcourt avec les Mages, ces rois de l’Orient. Là-bas les Anges chantent sans répit, les Bergers accompagnent le cantique divin : Au plus haut des cieux, disent-ils, gloire à Dieu qui est né en ce jour de la Vierge Mère à Bethléem de Judée » ( Liturgie Byzantine ). Venez fidèles, louons et glorifions le Dieu éternel, devenu, en ce jour, un nouveau-né pour nous. Venez, louons et glorifions sa naissance, par laquelle Il a rassemblé les séparés. Car les anges, les astres et les hommes , le ciel et la terre, sont devenus un seul troupeau pour l’unique pasteur, dans une harmonie sans pareille. Les bergers de Judée et les mages de Perse, les croyants et les non croyants, adorent ensemble, côte à côte, la grandeur et la sublimité de Dieu manifestées par son humilité et sa pauvreté. Venez, louons-Le et glorifions-Le, car ce que Adam a séparé par son péché, a été réconcilié et rendu à l’unité et à l’harmonie, par le Verbe éternel, en sa naissance de la Vierge, en ce jour. Venez, « attachons-nous avec plus d’attention à ce que nous avons entendu, ( et vu à la grotte de Bethléem ), de peur d’être entrainés à la dérive » ( Heb 2 :1 ). « Il y eut un grand ouragan, si fort qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers » ( 1 R 19 : 11 ). Je dis : Que se passe-t-il, ô fidèles ? « C’est la voix de l’esprit de ce monde, la voix des évènements que nous vivons, qui gronde autour de nous, pour éteindre la flamme de l’Espérance, née aujourd’hui nouvellement, qui dit : Regardez, regardez autour de vous, et vous ne verrez que les divisions et les scissions. Où sont la réconciliation et l’unité ! Où sont la réconciliation et l’unité entre le ciel et la terre, alors que l’homme vit dans une solitude fermée au ciel, seul sans consolation ni réponses aux questions inportantes et aux crises de la vie ! Où sont la réconciliation et l’unité dans les familles, car, comme jadis Jacob et Isaü se disputaient le droit d’aînesse ( Gn 25 : 29 – 34 ), leurs membres se disputent l’héritage, se disputent pour fuir le soin des parents devenus vieux... ! Où sont la réconciliation et l’unité, alors que le mariage est constamment menacé par la dislocation et la séparation !... Où sont la réconciliation et l’unité dans la société ? Il n’y a ni réconciliation ni unité, mais plutôt des courants, des partis qui se battent entre eux, prétextant l’intérêt de l’homme et le souci de son avenir, alors que leurs fruits ne sont que la mort de l’homme, la répression de sa liberté et la paralysie de son avenir ! Où sont cette réconciliation et cette unité auxquelles vous croyez ? Ne devriez-vous pas plutôt ouvrir les yeux et admettre la réalité et cesser de vivre dans les rêves et les illusions ? Après ces mots, vint « le bruit d’une brise légère » ( 1 R 19 : 12 ). « Je me tournai pour regarder la voix qui me parlait... Je vis » ( Ap 1 : 12 ) « une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui louait Dieu, en disant » ( Lc 2 : 13 ) O fidèles, prenez garde d’écouter la voix de l’esprit de ce monde et ouvrez plutôt vos cœurs à l’Espérance en Celui qui est né aujourd’hui à Bethléem. Il nous interpelle en disant : Homme qui vis dans la solitude et l’éloignement de Dieu, viens, va à Bethléem, tu trouveras dans le nouveau-né, « l’Emmanuël, Dieu avec toi » ( Mt 1 : 23 ). Jeune homme perdu au milieu des plaisirs et des jouissances de la vie, viens, va à Bethléem et tu trouveras la sobriété et la beauté de la pureté. Frères qui vous disputez pour l’héritage ou les devoirs familiaux, venez et partez ensemble à Bethléem, la main dans la main et vous trouverez que seuls demeurent l’amour, la réconciliation et la fraternité. Epoux et épouse, venez, partez ensemble à Bethléem et vous saurez comment vous acceptez l’un l’autre avec vos différences, et vous sauverez vos familles des divisions et des séparations et vous garderez l’unité. Mère tentée par l’avortement, viens, va à Bethléem et tu découvriras, à travers la ViergeMère, la beauté de la maternité et la sainteté de ton petit pour le garder près de toi. Maîtresse de maison, viens, prends la main de ta servante, va avec elle à Bethléem et tu découvriras ton égalité avec elle en tant qu’être humain et qu’elle est aimée de Dieu autant que toi. Alors tu la traiteras avec douceur, gentillesse, amour et respect. Homme riche, viens, prends la main du pauvre « jeté à ta porte » ( Lc 16 : 20 ), va avec lui à Bethléem et tu connaîtras la grâce de partager tes biens avec lui, et l’importance de sa présence à côté de toi pour ton salut. Homme injuste, viens, prends la main de celui que tu exploites; toi qui blesses prends la main de celui que tu blesses et allez ensemble à Bethléem pour demander le pardon et offrir le tien. Ainsi vous retrouverez la paix et la joie dans vos cœurs. Vous, les forts, les bien-portants – parents, amis et voisins – venez, « portez les infirmités des faibles » ( Rm 15 : 1 ), des malades et des vieillards autour de vous, allez avec eux à Bethléem, pour qu’ils retrouvent leur espérance, la valeur de leur vie et le sens de leur maladie et de leur vieillesse. Là vous entendrez la voix du Seigneur vous dire « j’étais malade et vous m’avez visité » ( Mt 25 : 36 ). Trafiquants de drogues et fabricants d’armes, venez, dirigez-vous vers Bethléem, pour découvrir la beauté de l’homme et sa valeur et cesser de le détruire. Partis en conflit dans la même société, venez et orientez-vous vers Bethléem, pour découvrir la valeur de l’homme et cesser de l’acheter et de le vendre afin de l’utiliser pour vos intérêt personnel, alors que Dieu l’a créé saint et libre. Ensuite vous ferez ce que vous pourrez et même plus, pour améliorer son avenir, assurer sa liberté et maintenir sa dignité. Intendants des écoles, universités et hôpitaux, venez et tournez- vous vers Bethléem, pour voir comment « le Riche s’est fait pauvre, pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté » ( 2 Cor 8 ; 9 ). Ainsi, vous approfondirez votre mission et remetterez en question l’esprit de vos instituts. Fabricants des produits médicaux qui monopolisez, pour vos intérêts, les médicaments, venez, et partez sans hésitation à Bethléem, pour voir comment Celui qui, en sa nature divine ne souffre pas, s’est fait homme et a porté nos infirmités et nos souffrances, pour nous en guérir. Vous découvrirez alors l’importance de soulager la souffrance des hommes, celle des cœurs et des corps. Ainsi vous ne chercherez plus « votre propre intérêt, mais celui d’autrui »(1 Cor 10 : 24). Pays riches, venez, partez à Bethléem, pour demander pardon aux pays pauvres, que vous avez exploités humainement et materiellement - et vous continuez à le faire. Alors vous changerez votre attitude envers eux. Eglises divisées jusqu’à présent, venez, dirigez-vous ensemble vers Bethléem, car loin de ce mystère, dont « le signe » ( Lc 2 : 24 ) est l’humilité, la pauvreté et la simplicité, vous ne pourrez pas arriver à l’unité. « L’Esprit et l’Epouse disent : Viens » ( Ap 22 : 17 ), Seigneur Jésus. L’Esprit et l’Epouse s’adressent à nous aussi en disant : Venez, prenez le chemin de Bethléem, là se trouvent la paix et « les fruits du Paradis » ( liturgie byzantine ). Frères bien-aimés, Par cette invitation qui nous pousse vers Bethléem, nous vous souhaitons les meilleurs vœux en cette fête bénie. Et nous demandons à notre Dieu nouvellement-né de nous faire, à nous tous, la grâce de ne pas tarder à prendre ce chemin, afin que nos cœurs se réjouissent et soient comblés de la paix et de la joie divine, que les anges ont annoncées aux hommes, en disant « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, aux hommes objets de sa complaisance » Vos frères du monastère de la Nativité