
Les innovations déstabilisent donc régulièrement de l’intérieur, le fonctionnement du capitalisme et sont à
l’origine d’un processus de « destruction créatrice » qui élimine les industries obsolètes qui n'ont pas su
innover.
Ainsi, l’arrivée de nouvelles innovations rend caduque les anciens produits ou obsolètes les anciens procédés,
contribuant ainsi à leur disparition (« destruction »), alors qu’en parallèle se diffusent des produits et des
procédés nouveaux dans l’économie (« créatrice »). Ce sont donc bien l’introduction, la diffusion et le
renouvellement des innovations sous l’impulsion des entrepreneurs innovateurs qui sont à l’origine de la
dynamique du capitalisme.
Question 2
Dans ce passage, J. A. Schumpeter montre que l’entrepreneur en innovant (« … à ce genre d’activité » qui
renvoie au tout début du document) va être à l’origine des fluctuations de l’activité économique. Fluctuations qui
vont se répéter (« récurrentes »).
En innovant, l’entrepreneur va révolutionner, bouleverser, déstabiliser le fonctionnement même du capitalisme
(« […] qui révolutionnent l’organisme économique ») conduisant l’économie vers des périodes de forte
croissance économique (« prospérités ») qui vont alterner avec des périodes de ralentissement voire de baisse
de la production (« récessions »). Ces phases de croissance et de récession ont bien un facteur commun :
l’introduction et la diffusion d’innovations (« […] qui tiennent au déséquilibre causé par le choc des méthodes ou
des produits nouveaux… »).
Le lien qui s’établit entre l’innovation et le rythme de l’activité économique se comprend aisément.
L’arrivée de nouvelles innovations rend caduques les anciens produits ou obsolètes les anciens procédés déjà
largement diffusés et éprouvés, contribuant ainsi à la disparition des entreprises et des emplois concernés
alors qu’en parallèle se diffusent des produits et des procédés nouveaux dans l’économie créant des
débouchés pour les entreprises qui les ont mis en œuvre, créant des emplois, générant la diffusion de revenus
supplémentaires dans l’économie… autant d’éléments qui concourent à la prospérité économique jusqu’à ce que
ces innovations soient à leur tour dépassées, etc. Derrière l’ensemble de ces événements, on retrouve le
fameux processus de « destruction - créatrice » énoncé par Schumpeter.
Question 3
J. A. Schumpeter avait déjà formulé l’hypothèse et émis la crainte d’une disparition des « capitaines
d'industrie » au cœur de l'innovation qui alimente le progrès technique. Avec les entrepreneurs innovateurs,
l'innovation éclot de manière irrégulière et spontanée. Elle est l'œuvre d'un homme ou de quelques génies
éclairés.
Mais progressivement, avec le développement de la grande entreprise, l'innovation devient le résultat d'un
processus rationalisé, planifié, démarrant avec la recherche fondamentale réalisée dans des laboratoires de
recherche. Les découvertes scientifiques qui y naissent sont à l'origine d'inventions contrôlées débouchant
sur des innovations quasiment programmées (automatisées), dont la paternité ne peut plus être attribuée à un
seul homme mais à une équipe de chercheurs.
Le document 2 confirme la disparition progressive de l'entrepreneur innovateur comme figure de proue du
capitalisme. En effet, depuis une vingtaine d'années, l'innovation est le résultat de l'activité de recherche et
développement réalisée par les laboratoires de recherche d'entreprises en partenariat (alors que pour
Schumpeter, l’innovation était un moyen pour celui qui la mettait en œuvre de « distancer la concurrence » !!!).
Cette évolution aboutit donc à mettre l'accent sur le rôle prééminent de la « technostructure », pour
reprendre l'analyse de J. K. Galbraith. Elle s'explique par l'intérêt financier qu'y trouvent les entreprises. En
effet, la recherche requiert aujourd'hui une masse de capitaux de plus en plus importants. En même temps, la
durée de vie des innovations qui en découlent se raccourcit ; il faut donc amortir le fruit de l'activité de R&D
sur un laps de temps de plus en plus court. Au total, cela justifie la coopération et le partenariat entre
entreprises, que ce soit pour le financement de l'activité de recherche ou la mise en commun des
infrastructures de recherche. De telles associations permettent en effet de répartir les risques financiers
liés à l'activité même de recherche et de bénéficier d'économies d'échelle, c'est-à-dire de réduire le coût
unitaire de la recherche.