MONOTHEISMES RELIGIEUX ET PENSEE RATIONNELLE
entièrement bornés et limités aux croyances de leur groupe. Ce
qu’il y aurait de vrai dans leurs croyances n’est pas formellement
reconnu comme vérité, ni discerné d’avec ce qu’il y a d’erroné.
La totalité de leurs croyances est affirmée par eux comme vérité,
y compris les erreurs. Ensuite, il y a ceux qui y sont insensibles
par absence d’éducation ou manque d’aptitude à la réflexion
philosophique. Celle-ci est, en effet, très exigeante intellectuel-
lement, et grosse consommatrice de temps. On ne peut donc
reprocher à personne de ne pas y progresser suffisamment, tout
comme on ne peut tenir pour faute l’emprisonnement intel-
lectuel, inaperçu et même douillet, dans les croyances d’un
groupe. On ne peut que regretter ces réalités ou les déplorer et
offrir une aide souvent bien dérisoire à qui voudrait l’accepter...
CE SCANDALE PEUT ETRE SURMONTE
PAR UNE CRITIQUE DE LA RAISON PURE CROYANTE
Le premier groupe qui s’est ainsi constitué se place donc
devant un double défi : rechercher, en priorité logique, une
cohérence philosophique réflexive et, consécutivement, une
cohérence épistémologique interprétative des trois religions
monothéistes considérées dans leurs réalités objectives.
Qu’est-ce que croire ? Pourquoi et comment ? Croire quoi ?
Est-ce un simple phénomène culturel ? Son niveau de réalité est-
il comparable à une mode littéraire, à une langue, au langage
humain comme tel ou à la pensée même ?
L’homme est un « vivant politique » et un « vivant familial »,
disait Aristote. Mais ses organisations économiques et politiques
ainsi que les modalités de sa vie de famille sont souvent loin de
répondre à ses désirs. Les conflits qui y naissent sont multiples.
Ils avivent ses aspirations au lieu de les supprimer. En va-t-il de
même des religions, ces « formes de foi » du « vivant religieux »
que nous sommes ? L’homme religieux croit-il toujours de façon
authentique ? Certes pas ! Les guerres religieuses, prétendument
saintes, ou antireligieuses le prouvent à l’évidence. Pourtant, ce
zèle dévoyé ne montre-il pas aussi que les hommes portent au
fond d’eux-mêmes, un certain « idéal de foi » qui doit trouver ses
racines au plus profond de leur être véritable et inaltérable ? Bien
croire est aussi essentiel que bien se nourrir.
En son être essentiel l’homme n’est-il pas constitutivement
« un croyant » « un vivant fiducial » ? Croire n’est-il pas le
propre de l’homme ? Assurément, autant que faire des mathéma-
tiques, que rechercher les lois de la matière et de la vie, que
s’interroger de mille façons sur son existence ! Si donc « croire »
est une activité vitale de la conscience humaine, il doit y avoir