Du sexe génotypique au sexe phénotypique Introduction La reproduction sexuée permet la pérennité des espèces, mais aussi l’unicité des individus. La reproduction sexuée est apparue très tôt avec les premières cellules eucaryotes unicellulaires, il y a environ un milliard d’années. Par contre, la viviparité, c’est-à-dire l’apparition de la nidation associée au développement de l’utérus, est une acquisition tardive dans l’évolution et se réalise pleinement chez les mammifères placentaires. I- Les phénotypes sexuels et leur évolution au cours de la vie A- Les différents phénotypes sexuels 1- Les phénotypes macroscopiques Appareil génital masculin Appareil génital féminin a- Les caractères sexuels secondaires Ils sont représentés par les caractères permettant de faire la différence entre les hommes et les femmes (mamelles, pilosité, masse musculaire, voix, taille, comportement…) b- Les caractères sexuels primaires les organes extérieurs les glandes annexes les voies génitales homme pénis vésicule séminale et prostate spermiducte et épididyme femme vagin et utérus oviducte (trompe de Fallope) 2- Les phénotypes microscopiques Ces phénotypes définissent les caractères sexuels primordiaux, c’est-à-dire les glandes génitales ou gonades (ovaires et testicules) et les cellules qu’elles produisent (« ovules » et spermatozoïdes). B- La mise en place des différents phénotypes sexuels au cours de la vie 1- Un stade indifférencié : à la sixième semaine de conception a- De mêmes caractères sexuels primordiaux Les gonades mâles et femelles sont constituées des mêmes cellules à 2n chromosomes. b- De mêmes caractères sexuels primaires Les deux embryons homme et femme possèdent des zones génitales non différenciées ainsi que deux types de canaux : Müller et Wolff. 2- La différenciation des phénotypes sexuels a- Au stade embryonnaire Pour l’homme : Une différenciation précoce dès la septième semaine de conception : les testicules se différencient mais ils restent immatures (les tubes séminifères sont pleins, les spermatogonies subissent de nombreuses mitoses mais pas de méioses), seuls les canaux de Wolff sont conservés et se développent, alors que ceux de Müller disparaissent. Ces canaux se différencieront et donneront certains caractères sexuels primaires comme l’épididyme. Pour la femme : Une différenciation plus tardive à la dixième semaine de conception : les ovaires se différencient mais ils restent immatures (à la neuvième semaine les ovogonies subissent des mitoses pour donner des ovocytes I, à la quinzième semaine ces ovocytes I vont donner des ovocytes I bloqués en prophase I, ils constitueront ce qu’on appelle des follicules primordiaux). On observe à ce moment la disparition des canaux de Wolff au détriment de ceux de Müller, qui se développent et se différencient pour donner certains caractères sexuels primaires : trompes de Fallope, utérus et 1/3 du vagin. b- De la naissance à la puberté Tous les caractères sexuels primaires et primordiaux (à l’exception des gamètes) sont en place mais ne fonctionnent pas. Il faudra alors attendre la puberté pour que les testicules réalisent la spermatogenèse et les ovaires l’ovogenèse. De plus, la puberté permettra la mise en place des caractères sexuels secondaires. II- Le déterminisme sexuel et génétique A- Un déterminisme très précoce 1- La mise en évidence du rôle du chromosome Y C’est la présence du chromosome Y qui permet la détermination du sexe mâle. 2- Implication du gène SRY Dès la fécondation, le sexe génotypique d’un individu est déterminé par ses chromosomes sexuels. L’acquisition des structures et de la fonctionnalité des appareils sexuels mâle et femelle se déroule en quatre étapes, dont les deux premières sont les suivantes : - La première étape est caractérisée par la mise en place, au cours du développement, de gonades phénotypiquement indifférenciées et de deux types débauche de voies génitales (canaux de Müller et de Wolff) - Lors de la deuxième étape, chez le mâle, l’expression du gène SRY dans les cellules des gonades entraîne la synthèse de la protéine TDF (Testicule Determining Factor) ou SRY. Cette protéine déclenche l’expression de nombreux gènes qui conduisent à la différenciation de la gonade indifférenciée en testicule : le gène SRY est qualifié de gène homéotique (architecte). C’est à ce moment-là que la différenciation XX et XY intervient dans l’élaboration du phénotype sexuel. En l’absence du gène SRY, et donc de la protéine, la gonade se transforme en ovaire. B- Un déterminisme plus tardif 1- A la huitième semaine post-conception Lors de cette troisième étape, dans le testicule est produite la testostérone, au niveau des cellules de Leydig. On remarque également la production d’une autre hormone (anti-Müllerienne) par les cellules de Sertoli. Ces deux hormones contrôlent la masculinisation de l’appareil génital. Chez les femmes, l’absence d’hormones testiculaires est responsable de la persistance des canaux de Müller (futurs oviductes et utérus) et de la disparition des canaux de Wolff, c’est-à-dire de la féminisation de l’appareil génital. 2- A la puberté a- Des changements morphologiques On observe lors de la puberté la mise en place des caractères sexuels secondaires (les seins, les hanches, la pilosité, la voix…). On remarque également que les organes liés à la reproduction augmentent brutalement en taille et en masse. Il semblerait que cette augmentation soit liée à leur fonctionnement. b- Des changements physiologiques Chez l’homme : De la naissance à la puberté, la sécrétion de testostérone par le testicule est très faible, alors que celle d’hormone anti-müllerienne (AMH) persiste. A la puberté, la production d'AMH décline alors que celle de la testostérone augmente considérablement. Cette hormone entraîne le développement pubertaire des voies génitales et du pénis, et rend fonctionnelles les glandes annexes (vésicules séminales et prostate). Ainsi, à la puberté, les deux fonctions du testicule, la production de spermatozoïdes d’une part et celle de testostérone d’autre part, rendent l’organisme capable de produire du sperme. Chez la femme : Les ovaires, à la puberté, acquièrent aussi une double capacité : celle d’émettre des ovules d’une part et celle de sécréter des hormones d’autre part. Les hormones œstrogènes rendent matures les voies génitales (utérus, vagin) et les organes génitaux externes. Cette quatrième et dernière étape est décalée dans le temps : il faut attendre l’âge de 10 à 12 ans. Elle est nécessaire à la fonctionnalité des appareils génitaux.