CHAPITRE III : L’historiographie des temps modernes (1450-1700)
L’histoire médiévale ne va pas s’éteindre en 1450, Bossuet, vers 1670, répand l’habitude médiévale par une
chronologie universelle, mais l’histoire va connaître une formidable évolution entre 1450 et 1600.
I] La naissance d’une nouvelle histoire
La nouvelle passion culturelle, des humanistes, est l’antiquité. Carbonell pense que cette période se tourne vers
une « rétro histoire ». Les humanistes sont éblouis par les historiens grecs et romains. Dans l’abbaye de Fulda en Saxe, on
y retrouve les manuscrits de Tacite. On essaie d’imiter le style des historiens des humanistes de l’Antiquité comme
Thucydide, Tite-Live et Plutarque. Michel de Montaigne dit de Plutarque que « c’est mon homme ». De Thou écrit vers
1605 son histoire en latin et utilise des mots qui existaient sous l’Antiquité du début IIIème siècle.
De nouvelles méthodes apparaissent dont le renouveau de l’archéologie dès la Renaissance pour retrouver l’art
antique. A force de fouilles, on multiplie des trouvailles, des catalogues, l’ouverture de musées, de guides touristiques
notamment Rome. La Renaissance veut faire un retour à l’Antiquité, fait une quête des langues anciennes. L’esprit
critique se développe avec le philologue Valla, un critique des sources écrites. La numismatique se développe aussi, et la
bibliographie est inventée.
L’humanisme stimule le sentiment civique et patriotique, c’est l’essor d’une histoire nationale avec Commynes,
Gaguin, Guichardin et Machiavel. L’essor du protestantisme suit le développement d’une histoire d’une langue nationale,
non latin. Le protestantisme est un phénomène critique qui créé une historiographie critique. C’est l’époque des grandes
découvertes où nouveau monde interroge l’ancien monde, on s’interroge sur l’origine des civilisations.
II] Les nouveaux historiens
Jean Bodin (1530-1596) est un théoricien du pouvoir royal, rédige « 6 livres de la République », veut rétablir un Etat
fort. Il est un juriste et essayiste en histoire, écrit en latin la « Méthode pour une facile compréhension de l’histoire »,
inspirée par Pierre Alciat qui est l’inventeur du commentaire de document, trois leçons décrètent que l’historie est une
vraie science humaine. Parallèlement, Bodin rejette le découpage traditionnel de la chronologie universelle, établit
l’histoire des pays déterminés par la théorie des climats. Un climat tempéré évoque un idéal, une histoire et des mœurs
tempérés, face à un climat rude déterminant une histoire et des mœurs rudes comme en Russie.
La Popelinière (1541-1605) est un juriste et homme de lettre, a écrit pour la première fois un livre d’historiographie,
« Histoire de histoires ». Il écrit une histoire totale de tous les aspects de la vie humaine et demande que l’histoire soit
libre et indépendante de tous pouvoirs et de toute religion. Il écrit la première histoire française du nouveau monde.
Etienne Pasquier (1529-1615) est un avocat et un humaniste, inspiré par Hérodote, il écrit « Enquête sur les origines
de la France » qui est une histoire monumentale avec six tomes en 1560, sept en 1567 et huit en 1607. Il décide d’écrire en
français et renonce aux grands mythes des origines. Pasquier invente une nouvelle origine, l’ancêtre des gaulois n’est ni
grec, ni italien, ni allemand. Il en vente la qualité d’un grand peuple, solidaire et brave, il reprend les propos de Jules
César, des insubordonnés mais libre avec une valeur de franchise, les francs. Tout événement historique est étudié à
partir de la multiplication et la confrontation des sources, exemple du procès de Jeanne D’Arc.
III] L’histoire du « Grand Siècle » (XVIIème siècle)
C’est une période de coup d’arrêt dans les progrès historiques, le siècle de la révolution scientifique avec Newton,
Descartes, Kepler et Galilée. Le règne des sciences exactes est au-dessus du règne des sciences humaines.
L’histoire est au service de la monarchie absolue avec la construction d’un Etat central qui utilise tous les moyens
pour asseoir son autorité. L’histoire est l’instrument de la propagande royale pour glorifier la monarchie et le roi. Les
souverains multiplient la charge des historiographes avec Mezeray (auteur de chevet de Louis XIV), Racine, Boileau.
C’est une histoire littéraire, bien rédigé mais retourne à d’ancien défaut avec le retour de la chronologie universelle de
Bossuet, et au retour des mythes des origines troyennes et franques.
Le courant historique scientifique est constitué par des équipes d’historiens et de chercheurs d’archives. Les frères
Dupuy, des moines érudits, élaborent l’exégèse étant l’étude critique des livres saints. Le patristique est l’étude des pères
de l’Eglise entre le IIème et VIIème siècle dont Saint-Augustin, Isidore de Séville. Une étude historique est mise en place
avec une critique sur les histoires des saints, des sources et des archives. Papenbroek étudie les chartes médiévales et fait
une critique sévère où il déclare que les trois quarts des documents mérovingiens sont faux. Mabillon réhabilite la plupart
des documents rejetés, « De re diplomatica » en 1680 est un compensé de mots, d’expressions, de langues, d’effets et
supports, la texture du papier, l’encre.