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logement…) plutôt que sur les revenus d'aide peuvent créer un effet dissuasif, car le coût
de la perte de ces compensations est plus élevé que celui de ne pas percevoir de salaire.
Les professionnels du marché du travail, plus particulièrement les services publics de
l’emploi traitant avec le chômage de longue durée au quotidien, devraient offrir
davantage de mesures afin de combattre le chômage persistant, et le font d’ailleurs.
Deux approches semblent particulièrement fructueuses.
L’une d’elles est la promotion des compétences. Les pays asiatiques, comme le Vietnam
ou la Malaisie, ont identifié la difficulté de leurs agriculteurs à suivre les avancées
technologiques comme l’une des principales sources des problèmes rencontrés pour
trouver un emploi aux fermiers au chômage ou sous-employés. Des formations ciblées
données par les services de l’emploi aident. Le service public de l’emploi au Chili forme
des personnes éloignées du marché du travail afin qu'elles identifient et utilisent leurs
capacités d’entreprise. Il est nécessaire d’opérer un changement général de la conception
selon laquelle seules les hautes qualifications (académiques) préparent suffisamment les
gens au marché du travail, si l'on veut assurer une confiance de qualité envers la
formation professionnelle et le concept de formation continue au-delà des universités. On
remarque par exemple qu’en Allemagne, un pays offrant un système d’éducation en
alternance où la formation professionnelle est offerte aux jeunes en âge scolaire, le
chômage des jeunes ne représentait que 8,2 % au cours du troisième trimestre de 2012
(comparé à la moyenne de l'OCDE, qui s'élevait à 16,1 %).
Le second facteur de succès dans l’intégration des chômeurs de longue durée est la
coopération avec les employeurs. S’il est vrai que les chômeurs de longue durée ne sont
pas visibles pour les employeurs, ils ne devraient sûrement pas être cachés des
décideurs et professionnels, et les services publics de l’emploi peuvent aider à les rendre
à nouveau visibles pour les employeurs. Le service de l’emploi canadien de l’Ontario
dispose d’un système de placement des chômeurs de longue durée qui s'efforce de veiller
à ce que le travailleur reste longtemps en poste après avoir été embauché. Ils
accompagnent le processus d’embauche du candidat, qui débute par la mise en
correspondance initiale des compétences nécessaires et s’achève par le développement
de l’expérience de travail réelle. L’employeur est un partenaire actif dans ce processus.
Le placement d'un chômeur de longue durée devient alors une tâche professionnelle
plutôt qu'un fardeau temporaire.
Aux Etats-Unis, les employeurs offrent à leurs employés davantage de tâches à réaliser
de chez eux et rapatrient les emplois exigeant peu de qualifications de l’étranger vers le
pays. Ces deux mesures peuvent représenter une porte ouverte pour les chômeurs de
longue durée ayant une mobilité et une formation limitées. Le service public de l’emploi
pourrait représenter un élément important pour faciliter ce processus.
Un emploi décent et la formalisation des conditions de travail doivent faire partie
intégrante de la communication avec les employeurs. Les pays d’Amérique latine
présentant les meilleurs résultats d’amélioration des conditions d’emploi précaires,
comme l’Argentine, l’Uruguay et le Brésil, sont ceux où les employeurs sont impliqués
dans le dialogue social.
Il ne faut pas pour autant perdre de vue le rôle des autres partenaires, notamment les
syndicats et l’économie sociale/le secteur tertiaire. Les syndicats peuvent contribuer à
soutenir les travailleurs lorsqu'ils retravaillent et leur permettre d'améliorer leurs