Techniques d`enquêtes C`est le rapport des sciences au terrain, le

Techniques d’enquêtes
C’est le rapport des sciences au terrain, le recueil et l’interprétation de données sociales.
On différencie techniques d’enquêtes quantitatives et techniques d’enquêtes qualitatives.
Pour quantifier quelque chose, il faut commencer par le définir qualitativement, donc la frontière
entre les deux termes est avant tout pédagogique.
Ex de techniques d’enquêtes : entretien, observation, enquête de terrain, statistiques de l’Etat...
2 écoles : - holistes ; la société détermine l’individu, plutôt quantitatif
- Individualiste ; c’est l’individu qui construit la société dans laquelle il vit, plutôt qualitatif
Aujourd’hui, cette distinction est un peu obsolète car tout le monde s’accorde à dire que nous vivons
dans un monde hybride où l’individu est l’image d’une société mais aussi acteur, constructeur de
celle-ci (sociologie constructiviste cf. Philippe CORCUFF, chez Nathan, les nouvelles sociologies).
D’autre part, on ne peut pas appliquer des techniques, des « recettes » sans théorie ; une hypothèse
de départ, une question, une thèse en tête. .. Il nous faut une démarche scientifique.
Les techniques d’enquêtes sont tributaires de l’épistémologie puisqu’il s’agit d’une philosophie des
sciences qui réfléchit à la formation et aux conditions de validité des énoncés scientifiques.
Sommaire
I. INTRODUCTION : Rapport entre Science Politique et science ............................................................ 3
§ 1 : Qu’est-ce que la science ? La science politique en est-elle une ? ............................................... 3
A. Les critères de la science dans les sciences dures....................................................................... 3
B. les différences entre la science politique comme science sociale et les sciences dures : .......... 4
C. Les convergences entre la science politique comme science sociale et les sciences dures ....... 7
§2. Les conséquences du statut scientifique de la science politique .................................................. 9
A. Les étapes de la démarche intellectuelle : le « fait conquis, construit, constaté » .................... 9
B. Quelques outils intellectuels propres à la science politique ..................................................... 11
II. Eléments de méthodes qualitatives .................................................................................................. 12
§1 : L'entretien .................................................................................................................................. 12
A. Différents types d’entretien ...................................................................................................... 13
B. La relation enquêteur/enquêté ................................................................................................. 14
C. Quelques conseils pratiques ..................................................................................................... 15
§2 : La méthode biographique .......................................................................................................... 16
A. Histoire de la biographie en science social ............................................................................... 16
B. Critique de « l’illusion biographique » (Bourdieu) comme préalable à l’utilisation des
biographies .................................................................................................................................... 17
C. Conséquences : l’attention aux reconstructions identitaires et aux relations entre les
trajectoires individuelles et leur environnement de la réflexion sur l'illusion biographique : ..... 17
D. Quelques conseils techniques ................................................................................................... 18
§3 : L’observation .............................................................................................................................. 18
A. Intérêts et problèmes de l'observation en sciences sociale ..................................................... 19
B. Les différents types d'observation selon le rapport enquêteur/enquêté ................................ 19
C. La systématisation de l'observation comme condition de scientificité .................................... 20
§4 : Le travail sur archives ................................................................................................................. 21
A. Statut de l'histoire par rapport à celui de la sociologie et de la science politique ................... 22
B. La définition du fait historique .................................................................................................. 22
C. Conditions de l'utilisation de l'archive ..................................................................................... 22
III. Eléments de méthodes quantitatives ............................................................................................... 23
§1 : La construction de données quantitatives : le questionnaire .................................................... 23
A. La conception du questionnaire ................................................................................................ 24
B. Les règles du questionnement .................................................................................................. 25
C. L'exploitation du questionnaire ................................................................................................ 26
§2 : Usages de la statistique en sciences sociales ............................................................................. 27
A. La production statistique comme objet sociologique ............................................................... 27
B. Précautions pour l'utilisation préalable des statistiques .......................................................... 27
I. INTRODUCTION : Rapport entre Science Politique et science
§ 1 : Qu’est-ce que la science ? La science politique en est-elle une ?
On peut avoir des doutes légitimes si on la compare avec les sciences dures (physiques, chimie,
maths...) :
- Il n’y aurait pas de lois universelles, pas de liens de causalité évidents, on ne peut pas prévoir
un résultat = faible capacité de prédiction
- Les sciences sociales sont beaucoup moins créditées d’une valeur scientifique par l’opinion
publique
- Flotte l’idée d’un apport subjectif qui pourrait invalidés les données de départ
A. Les critères de la science dans les sciences dures
Dans la pensée grecque, le mot science revêt 2 aspects ; elle s’oppose à la technique (réalisations
faites grâce à la science) et à la doxa (l’opinion).
Elle s’oppose à la technique d’abord car les réalisations que permet la science ne sont pas des
sciences. Souvent, l’opinion croit plus en la technique qu’en la science. Aujourd’hui, à l’époque de la
postmodernité
1
, il y a une sorte de désaffection désabusée de la science. En effet, il subsiste
beaucoup de problèmes non résolus qui entraine cette méfiance, cette perte de foi. Cela est dut en
partie à un certain relativisme des progrès apportées par la science mais aussi parce que parfois,
celle-ci n’est pas synonyme de progrès dans l’opinion (ex : les OGM, la génétique, le nucléaire...)
Elle s’oppose ensuite à la doxa, l’opinion ; hypothèse dégagée à l’époque de PLATON, dans son
dialogue avec PROTAGOAS. Ce dernier estime que l’être humain est la mesure de toutes choses,
quelles sont telles qu’elles apparaissent aux hommes (la température serait fixée par exemple selon
les personnes, selon si elles sont plus ou moins frileuses).
Platon, lui, estime au contraire que la démarche scientifique doit justement rompre avec les
préjugés, les sensations, l’opinion en somme (ce n’est pas par ce qu’on a l’impression, la sensation
que le soleil tourne autour de la Terre, que ceci est vrai...)
Aujourd’hui c’est la conception de Platon qui l’emporte, appuyé plus tard par Aristote pour qui la
science est universelle et donc différente de l’opinion.
Pour avoir une définition plus récente, BARTHOLY disait dans son petit précis d’épistémologie que
« la science est une connaissance discursive, établissant des rapports nécessaires entre les objets
d’un langage, entre les phénomènes physiques et entre les faits humains. »
« Rapports nécessaires » : déterminismes, liens de causalités.
« Connaissance discursive » : dans quelle mesure la Sc. Po est-elle une science au sens de la
physique ? (faits humains/faits physiques)
1
On distingue trois époques : l’époque empirique jusqu’à la Révolution, l’époque de la modernité, des lumières
à la fin de la 2nd guerre mondiale et l’époque de la postmodernité.
La vérifiabilité est enfin une composante essentielle de la science ; ce qu’on ne peut pas vérifier
empiriquement n’est pas scientifique.
Pierre FAVRE dans le traité de ScPo sous la direction de LECA et GRAWITZ, 1986 parle de la
méthodologie scientifique. Pour lui, « la scientificité est une réitération possible à des fins de
vérification de la démonstration menée. La possibilité de départ est construite comme vérifiable ».
De même, Karl POPER parle de « vulnérabilité empirique », de « falsifiabilité de la science » ; une
proposition n’est alors science que si on peut démontrer sa réfutabilité ou sa possible amélioration.
C’est pour cela qu’il existe toujours un contrôle des pairs, de la communauté de chercheurs qui
permet un certain cumul du savoir. Le chercheur s’inscrit dans un cycle scientifique pour ne
s’attacher qu’aux problèmes non résolus. Et pour combler ces vides, il faut commencer par se poser
les bonnes questions de départ.
Mario BUNGE dans son livre Epistémologie, a cerné 9 étapes à respecter dans la démarche
scientifique d’une recherche :
1. Découvrir le problème
2. Poser ce problème de façon précise
3. Rechercher les connaissances concernant le problème
4. Essayer de résoudre le problème à l’aide de ces connaissances
5. Inventer de nouvelles idées
6. Arriver à une solution possible
7. Chercher les conséquences qu’entrainerait la solution obtenue
8. Vérifier la solution, la mettre à l’épreuve
9. Corriger les hypothèses
On retombe alors sur la pensée de Karl POPER qui estime que la recherche est impossible en faisant
table rase du passé. Au contraire il faut connaître ce passé et s’en imprégner pour en extraire un
problème non résolu.
On peut distinguer deux types de raisonnements :
- Raisonnement hypothéticodéductif (raisonnement qui part des théories)
- Raisonnement inductif : raisonnement qui part du terrain.
B. les différences entre la science politique comme science sociale et les sciences
dures :
Il y a d'abord des différences dues au statut des objets observés ; les objets de travail sont
soit des humains, soit des configurations historiques particulières, soit des concepts qu’il ne
faut pas transformer en chose.
Le problème quand on travaille sur des concepts est qu’ils n'existent pas, ils ne peuvent être
transformés en chose (objectivisme ou essentialisme).
Exemple : l'État, la bourgeoisie, les élites.
Les objets ne sont jamais les mêmes, ce sont des configurations historiques particulières. Les
mêmes phénomènes ne se reproduisent jamais à l'identique (Tentation aujourd'hui de
comparer la crise avec celle de 1929 par exemple).
Il y a bien des lignes causales, indépendantes (démographie, géographie, économie) qui se
croisent, mais il n'y a jamais d'équation parfaite.
Beaucoup de chercheurs considèrent que la science politique est une science historique car
les mêmes faits ne se reproduisent jamais (le nazisme est différent du fascisme et la
révolution française et différent de la révolution russe).
Les objets ne sont pas des grenouilles mais sont des humains ; ils bougent, résistent à
l'objectivation (ils n'ont pas envie d'être traités comme une chose). Ils résistent à
l'observation, ont des réactions, ont de la réflexion (une part d'observation les mots
difficiles). Aussi, parce qu'on vit dans une société cultivée, l'homme prend les théories des
sociologues pour s'en faire siennes et l'appliquer dans sa vie.
Anthony GIDDENS s'interroge sur nos sociétés. Pour lui, la caractéristique fondamentale de
nos sociétés et la « réflexivité » ; le savoir total de la société ne ferait qu'augmenter grâce à
ce qu'il appelle la double herméneutique ; d'un côté, les acteurs sociologiques s'approprient
le savoir scientifique et ses théories pour s'en servir dans la sphère sociale. De l'autre, ses
théories scientifiques sont elles-mêmes fondées sur le savoir commun.
Cela donne des sociétés Hyper intellectuelles.
Exemple : dans les années 50, René REMOND écrit Les droites en France : il distingue alors
trois types de droite : la droite légitimiste (antirévolutionnaire), la droite bonapartiste
(accepte la révolution mais envisage l'autorité) et la droite orléaniste (droite libérale).
Aujourd'hui cette théorie scientifique est fréquemment reprise par la société tout entière et
ce sont des termes qui restent très usuels.
Pierre Favre estime que : « beaucoup de travaux en sciences politiques ne sont pas
hypothéticodéductifs mais reposent uniquement sur une démarche empirique et inductive
et ont tendance à mélanger corrélations et causalités ; beaucoup sont irréfutables, on ne
peut jamais vraiment leur donner tort, ils ne sont pas vérifiables. »
D'autre part, Bourdieu déplore qu'aujourd'hui « ils soient plus rentables de faire des grandes
théories abstraites, qui passe bien à la télé, plutôt que d'humbles travaux empiriques ».
Exemple : la théorie de l'intérêt de l'homme à agir qui estime que l'homme est réglé en
fonction de ses intérêts. Cette théorie est irréfutable : on peut démontrer qu'il y a un intérêt
à faire une action désintéressée, il y a un intérêt à ne rien faire...
De plus, en Sciences Politiques, il y a une faible capacité de prédiction, lié à l'absence de lois
universelles.
Le poids des intérêts sociaux sur la science politique limite aussi souvent son statut
proprement scientifique.
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