Les « Sandbag Shelters»
de Nader Khalili
Julian Faulkner, Janos Bozo, Hooman Fazny
L’architecte américain d’origine iranienne Nader Khalili est un des rares architectes soucieux du
milliard d’humains sans abri. Pour Nader Khalili, fondateur du Cal-Earth Institute (1991) dans le
désert de Mojave en Californie, la solution est simple : il utilise un matériau que l’on trouve
partout, la terre. Khalili a développé une technique appelée Super Adobe pour réaliser un
« Sandbag shelter » (abri de sacs de sable), appelé aussi « Emergency shelter » (abri d’urgence)
dont la construction ne demande ni qualification particulière, ni transport coûteux, ne requiert
qu’un minimum de matières premières et se construit rapidement par une équipe de 3 à 5
personnes.
Il s’agit d’une sorte d’igloo constitué de sacs remplis de sable, empilés les uns sur les autres.
Deux matériaux de guerre sont recyclés à des fins pacifiques : des sacs ou des longs tubes
remplis de sable et du fil de fer barbelé. Ces « Eco dômes » résistent aux tremblements de terre,
aux ouragans, aux inondations et isolent du froid, de la chaleur et du bruit…. Une maison de cinq
pièces (34m2) peut offrir à une famille un logement durable. La technique de Super Adobe peut
servir pour construire des silos, des écoles, des hôpitaux, ou d’autres infrastructures tels que des
digues, des routes, des ponts ou pour stabiliser des cours d’eau. Par ailleurs, ces structures sont
biodégradables.
Le système a fait ses preuves à grande échelle en Iran en 1994, lorsque le pays dut accueillir les
milliers de réfugiés Irakiens. En 2004, la structure de Nader Khalili obtint le prix triennal Aga
Khan. Tout récemment, le Cal-Earth Institute a acquis un terrain en Espagne en vue d’y
construire le premier centre Cal-Earth Europe.
Les structures végétales souples
de Marcel Kalberer
(Allemagne)
C’est en s’intéressant à un des plus vieux systèmes constructifs du monde, celui des roseaux
tressés utilisés il y a 5000 ans par les Mésopotamiens pour bâtir leurs habitations, que Marcel
Kalberer a eu l’idée de réaliser à partir de 1984 des structures végétales souples obtenues à
partir de branches de saules plantées dans le sol. En les pliant et en les assemblant, il invente
des abris naturels, vivants et évolutifs, en forme de tunnel, coupole, pavillon, palais, cathédrale.
Pour réaliser ces constructions hybrides, l’architecte fait appel à des écoliers ou des volontaires
venant de différents pays européens, parfois jusqu’à 600 par chantier. Les folies modernes de
Kalberer, édifiées dans des parcs à l’occasion d’événements commémoratifs, deviennent
rapidement des attractions touristiques recherchées.
La case obus, histoire et reconstruction
(Tchad et Cameroun)
Institut Français d’Architecture & Patrimoine Sans Frontières
Les « cases obus » sont des constructions de terre et d’herbe que l’on trouve dans le Nord
Cameroun et au Tchad où vivent les Musgums, peuple de pêcheurs et d’éleveurs de poneys.
Construites sur un plan circulaire, par superposition d’assises successives, pour des unités
pouvant atteindre quinze à vingt mètres de hauteur, ces cases ont été de véritables curiosités
coloniales. L’association Patrimoine sans frontières, chargée de la préservation de l’architecture
traditionnelle Musgum, a entrepris un chantier-école qui a mené à la construction d’une
concession entière de cinq cases obus grâce à une redécouverte des savoir-faire locaux.