PARGANIN Chloé 25/01/2008
TD d’IGE : Exercice 9 du dossier n°3
« Augmentez le SMIC et la croissance reviendra ». Comment le modèle keynésien peut-il justifier une telle assertion ?
Discuter.
En macroéconomie, deux modèles se confrontent : le modèle des néo-classique et celui de Keynes. Leurs idées par rapport
au chômage et par rapport à la croissance s’opposent en tout point.
L’assertion « Augmentez le SMIC et la croissance reviendra » est donc une assertion discutable selon le modèle avec lequel on
raisonne.
Tout d’abord, nous verrons que l’assertion est vraie selon les keynésiens, puis, dans une seconde partie, nous montrerons, qu’elle a des
limites lorsqu’elle est analysée par d’autres modèles.
I- L’assertion est vraie dans la logique keynésienne
a) Le modèle keynésien
Quatre idées importantes caractérisent la conception keynésienne du chômage : le problème doit être posé au niveau
macroéconomique, car si le salaire est un coût pour l’employeur c’est un revenu pour le salarié et il participe de manière essentielle à
la constitution de la demande globale (pour Keynes la consommation est fonction du revenu perçu). Ensuite, l’offre et la demande sont
interdépendantes, car la mise en œuvre de la production précède la distribution des revenus qui permettra d’absorber cette dernière,
mais la décision de mettre en œuvre une plus ou moins grande production est prise en anticipant la demande de produits. Le fait que
l’activité économique se déroule dans l’incertitude (anticipations). Et enfin, il n’ y a pas réellement de marché du travail. Les
entreprises fixent le niveau de l’emploi (asymétrie entre employeurs et salariés).
Keynes s’appuie sur le concept de la demande effective qui représente la demande solvable attendue, c’est à dire aussi
bien la future demande de biens de consommation des ménages que celle de biens d’équipement (investissements) des entreprises.
Pour calculer les bénéfices de l'entreprise, l'employeur ne va donc pas prendre en compte la demande de produits qui sera
effectivement constatée, mais il va faire une comparaison entre la quantité de travail ( ou le coût de production) anticipé et la recette
(demande) anticipée.
Keynes rejette donc la loi des débouchés. Cette loi énonce qu’en produisant et en vendant son produit l’entrepreneur engage
des dépenses (salaires, produits intermédiaires) et réalise un profit constituant des revenus. Comme l’épargne n’est qu’un report de
consommation dans le temps, tout le revenu se transforme en dépense absorbant la production. Cette théorie repose sur une conception
particulière de la monnaie : c’est un simple instrument d’échange, elle n’est pas désirée pour elle même.
C’est donc à partir de l’évolution de la demande effective que l’employeur capitaliste estimera la rentabilité de son
investissement. Si le niveau de la demande effective ne permet pas d’espoir de croissance, il n’y aura pas d’investissement, donc pas
d’embauche. Si elle baisse ou se ralentit, des emplois doivent être supprimés.
b) Comment le modèle keynésien défend cette assertion ?
Les variations du salaire minimum a une conséquence sur la croissance et le chômage. En effet, l'augmentation du SMIC
entraînerait une augmentation du pouvoir d'achat et donc de la consommation du fait d'un revenu plus élevé. Avec une consommation
plus forte, les entreprises assistent à une augmentation des gains de productivité, et plus précisément à l'augmentation des profits. Des
profits, les entreprises investissent et créent des emplois. En même temps, l'augmentation de la demande est un point positif pour les
entreprises, car ils doivent en produire plus, pour accroître l'offre. Mais pour produire plus, ils ont besoin de plus de main d'oeuvre.
Ainsi, en créant des emplois ou en embauchant plus, on voit le chômage diminuer. Les travailleurs pourront alors consommer et/ou
épargner. Or, on sait que la consommation entraîne une hausse de la demande. Tout ceci amène à une croissance économique.
II- Mais d’autres modèles, comme les néo-classiques contredisent sa thèse :
a) Les néo-classique (ou les libéraux) :
Le modèle néoclassique a pour fondement le principe du salaire d’équilibre dans un cadre concurrence pure et parfaite.
Le principe du salaire d’équilibre définit par un « commissaire-priseur » fictif, qui propose un niveau de salaire, recense les
offres et les demandes, puis détermine s'il y a équilibre. Dans le cas d'un déséquilibre, il propose un autre salaire. L'offre et la demande
s'ajustent ensuite par « tâtonnements ».
Cependant, pour que le salaire d'équilibre puisse s'instaurer, certaines conditions diovent être renplies. Tout d'abord, les
agents doivent accepter le «salaire de marché ». Dans le cas contraire, on peut connaître du « chômage volontaire ». Ensuite, le taux
horaire du salaire réel doit être parfaitement flexible la hausse comme à la baisse). Et enfin, le marché du travail doit être en
concurrence pure et parfaite.
Outre la flexibilité des salaires, indispensable à l'équilibre, le marché du travail doit répondre aux conditions de la «
concurrence pure et parfaite » définies par les Néoclassiques: l'atomicité, c'est à dire qu'il ne doit pas y avoir de situation de force des
salariés (monopole d'un métier ou de l'embauche), ni des entreprises (monopole de recrutement), la libre circulation du facteur «
travail », c'est à dire qu'il ne doit pas y avoird'obstacles juridiques, humains ou techniques à l'exercice d'une profession salariée, au
recrutement ou au licenciement. Ensuite, il y a la parfaite mobilité du facteur « travail »: cela correspond au fait que les salariés
peuvent changer de secteur professionnel ou géographique. Et enfin, la transparence du marché, c'est à dire qu'il doit y avoir une
information complète et efficace sur les offres et les demandes, grâce à l'ANPE ou Internet, par exemple.
Pour des économistes néoclassiques, le SMIC est donc, en partie, responsable du chômage. S'il est, en effet, fixé trop haut, il
empêche d'atteindre le salaire d’équilibre.
b) Les néoclassiques contredisent la thèse des keynésiens
Cette assertion est fausse. En effet, l'augmentation du salaire minimum pourrait au contraire, augmenter le chômage. Il n'y a
pas de chômage lorsqu'un certain salaire d'équilibre est atteint. L'augmentation du SMIC entraînerait une augmentation de demandes
de travail. Beaucoup d'inactifs vont se remettre à travailler car le salaire de réserve est dépassé, atteint ou proche. En revanche, l'offre
d'emplois des entreprises diminue car le coût des salariés leur revient trop cher. La baisse d'offres de travail et la hausse des demandes
de travail se traduisent par la hausse du chômage. Si les entreprise embauchent moins, non seulement il y a une augmentation du
chômage, mais il y a aussi une baisse de la production ce qui entraînerait un ralentissement de la croissance économique.
Ainsi, le modèle keynésien arrive à défendre cette assertion, mais les néo-classiques pourraient affirmer le contraire.
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