
Chapitre 7
monétaire européenne, telles la centralisation des politiques nationales de crédit à l’échelle
communautaire, l’harmonisation des réglementations sur le marché du capital, l’établissement
d’une politique commune budgétaire communautaire, ainsi que la réduction graduelle de la
marge de fluctuation des taux de changes intra-communautaires.
La préparation d’un processus d’intégration monétaire européenne conçu dans le cadre
du plan Werner fut pourtant suspendue dès le début des années 70, à cause des grandes crises
qui se succédèrent sur la scène internationale, en particulier du démantèlement du système
monétaire international fondé sur les Accords de Bretton Woods signés en 1944. Entre-temps,
le nouvel ordre monétaire international, bien que temporaire, s’établit, grâce à la signature en
1971 des « Accords du Smithsonian Institute » à Washington, selon lesquels la marge de
fluctuation des taux de change (vis-à-vis du dollar) des principales monnaies dans l’économie
internationale était fixée. Cette politique de change à l’échelle internationale était pourtant
peu compatible avec, et même entravait, le fonctionnement de la politique agricole commune
(PAC), mise en place au sein des pays de la Communauté européenne depuis la signature du
Traité de Rome. Appelé le « Serpent », un mécanisme alternatif concernant la marge de
fluctuation des taux de change qui convenait mieux à l’économie communautaire, fut ainsi
créé en 1972. Cependant, en raison de la perpétuelle instabilité politique et monétaire qui
caractérisa tout au long des années 70 l’économie mondiale, ce mécanisme monétaire
européen ne put véritablement servir au renforcement de la cohésion entre monnaies
communautaires : certains pays membres furent forcés de quitter temporairement ce système
plusieurs fois au cours de cette période.
Afin de maîtriser, de manière plus efficace, les problèmes monétaires au sein de la
Communauté, les pays participant au « Serpent » réformèrent, en 1979, ce mécanisme de
change, en créant une union monétaire nouvelle, baptisée le SME (Système monétaire
européen). Certes, cette union peut être, en fait, considérée comme un « Super-serpent », étant
donné que son objectif essentiel consiste à rétablir un mécanisme plus rigoureux de marge de
fluctuation pour les taux de change « intra-communautaires ». Mais la création du SME
marque une étape décisive et concrète dans le processus d’intégration monétaire européenne.
En effet, dans le cadre du SME, l’écu, monnaie parallèle et commune européenne, proposé au
départ dans le plan Werner, est créé en tant qu’unité de compte commune pour les monnaies
nationales européennes, ce qui confirme une volonté plus significative des institutions, au
regard du renforcement de la cohésion monétaire au sein de l’Europe.
Il faut cependant souligner que, malgré ces mesures réformatrices, le SME demeure,
sous deux angles, une union monétaire incomplète. D’une part, même si le cours des