Innovation et croissance
à partir des analyses de Schumpeter
Schumpeter analyse la société capitaliste en prenant en compte de nombreux champs disciplinaires (statistique,
histoire, sociologie, mathématiques, économie) afin de construire une socio-économie capable d'expliquer
l’évolution de la société capitaliste.
Libéral parce qu'il accorde à l’entrepreneur innovateur un image tout à fait positive (élément principal dans la
dynamique de la société capitaliste) avant d’admettre que la grande entreprise puisse être efficace vis à vis de
l’évolution, il est cependant sur des positions en rupture avec l'orthodoxie de la pensée libérale (analyse
néoclassique).
Il considère en effet que
-le développement économique suit un schéma évolutionniste : le capitalisme est amené à disparaître au profit du
socialisme
-le monopole est jugé positivement quand il est temporaire puisqu’il permet d’améliorer l’efficacité du système
économique : la concurrence pure et parfaite n'est plus jugée efficiente, le monoploe est source de progrès..
I. L’évolution économique et l’entrepreneur innovateur
A - Schumpeter et le circuit
fiche auteur
a) Le circuit de l'économie (document 1)
Le circuit correspond à une situation d’état stationnaire et c'est le propre des sociétés non capitalistes.
b) L’évolution, une économie non stationnaire (document 2)
L’évolution est une rupture totale dans le circuit elle est le propre des sociétés capitalistes. C’est aussi un
phénomène dont il faut se réjouir.
B - Les éléments explicatifs de l’évolution
a) Définition de l'innovation (document 3)
L’évolution a toujours pour origine l’innovation ou plutôt l’introduction d’innovations (plus ou moins
importantes et plus ou moins nombreuses)
b) Le rôle de l'entrepreneur innovateur (document 4)
L’entrepreneur se définit comme l’agent économique qui innove. A ce titre, il est caractéristique de la société
capitaliste.
Pour mieux faire ressortir les spécificités du capitalisme, Schumpeter distingue deux situations idéales types, le
circuit et l’évolution. Le capitalisme s’identifie à l’évolution et celle-ci est le résultat de l’activité de
l’entrepreneur
II. L' analyse du processus de croissance économique
A - Les grappes d'innovation (document 5)
Différentes raisons qui tiennent aux spécificités du processus d’innovation font qu’elles arrivent par grappe,
comme les entrepreneurs arrivent en troupe.
B - Révolution industrielle et croissance cyclique (document 6)
Par révolution industrielle il faut comprendre changement de système technique (nouvelle source d’énergie ou
innovation majeure de produit ou de procédé)
"Les" révolutions industrielles sont un moment particulier dans les « fluctuations de longue durée affectant
l’activité économique », le cycle long.
Les grappes d’innovation déterminent l’influence de l’innovation sur la dynamique économique. Les
changements sont sensibles et brutaux puisque les innovations arrivent groupées. Elles produisent leurs effets
sur une période de temps réduite ce qui explique une croissance cyclique.
C - Vers le socialisme (document 7)
Ce sont des troupes d’entrepreneurs qui innovent sur une période relativement courte (quelques années, 10 ans
au max). Ainsi, l’effet tout à fait perceptible sur les grandeurs économiques. Les innovations génèrent de la
croissance mais une croissance cyclique (avec trois durées - trois périodes - de cycle envisageables).
L’évolution se caractérise par un processus de destruction créatrice, elle permet donc une amélioration des
conditions de l’offre (conditions d'élaboration de la production). Finalement, chaque vague d'innovations amène
une hausse du niveau de vie et une évolution des modes de vie.
Les sociétés capitalistes, par leur efficacité, génèrent leur propre disparition (perspective dialectique) puisque
l’entrepreneur disparaît avec le développement du capitalisme. Les caractéristiques de la société socialiste
dépendent des modalités du passage d’une société à l’autre.
.
III. L’analyse schumpéterienne de la situation actuelle des économies développées
A. Les années 1980-90 connaissent des innovations importantes... (document 8)
La crise des années 1970-1990 est le résultat de la période de prospérité et on serait aujourd’hui à l’aube d’un
nouveau cycle long autour des technologies de l’information et de la bio technologie.
B. Lesquelles sont souvent le fait des grandes entreprises. (document 9 )
Les grandes entreprises en France notamment réalisent l’essentiel des innovations ce qui confirme l’analyse de
Schumpeter de 1939 mais contredit celle de 1911.
Conclusion
Les travaux de Schumpeter ont un écho dans les théories de la croissance endogène ainsi que dans la
reformulation des analyses des échanges internationaux.
Pour ce dernier point, en effet, en 1961 Michael Posner développe une analyse radicalement nouvelle, centrée
sur le changement technique. L'idée initiale consiste à étendre à la sphère internationale les conséquences des
activités de R&D des firmes : une firme innovatrice bénéficie, pendant une période plus ou moins longue, d'un
monopole dans la production du bien nouveau. Si ce bien est consommé à la fois par des résidents du pays
d'origine et par des consommateurs localisés à l'étranger, un flux d'exportations est créé qui ne disparaîtra que
lorsque les firmes étrangères auront réussi à mettre au point un produit concurrent. Le déterminant de ce
commerce est " l'écart technologique ".
Trois conséquences découlent de cette nouvelle perspective :
- L'accent est mis sur les firmes et sur leurs stratégies, plus que sur les caractéristiques nationales comme les
dotations factorielles ;
- Les déterminants des flux commerciaux ne sont pas stables dans le temps ;
- La théorie n'explique qu'une partie des échanges internationaux : parallèlement aux exportations des biens "
high tech ", il existe un commerce de biens banalisés qui peut être expliqué par les approches traditionnelles.
Des travaux ultérieurs ont prolongé cette approche, notamment sous l'influence de Raymond Vernon et de la
théorie du " cycle de vie " du produit exposée dès 1966.
Document 1
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Le circuit est dominé par certaines nécessités et reste semblable à lui-même aussi longtemps que ces nécessités
ne se modifient pas. La théorie décrit la manière dont les agents économiques réagissent sous l'effet de
conditions données et montre que cette manière est déterminée inéluctablement. [... ] Sans doute notre tableau
parait-il, au premier abord, un peu étonnant. Il semble étranger à la réalité par sa constance rigide, son absence
de contingence, ses hommes qui restent toujours semblables à eux-mêmes et ses quantités de biens qui se
renouvellent d'une manière toujours identique.
Nous n'avons pas rencontré tous les types d'agents que la vie quotidienne nous révèle. L’absence d'entrepreneur
est surtout sensible. Nous sentons encore l'absence des revenus, c'est à dire l'absence du profit et de l'intérêt. S'il
existait, l'entrepreneur serait un agent ne faisant ni bénéfice ni perte. Dans tout notre tableau, il n'y a pas un
surplus de valeur d'où pourrait découler intérêt et profit. Enfin, il ne peut y avoir de crises dans une économie
nationale ainsi constituée car chaque action économique a lieu sur un fond connu par l'expérience.
J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935.
Questions sur le document 1
1) Quel est le sens de la notion de circuit ? ?
Réponse
2) pourquoi le circuit est-il associé par Schumpeter à l’équilibre économique néo-classique ?
Réponse
Document 2
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Pour parler d'évolution économique, il faut viser la transformation totale et de manière discontinue du circuit, par
des éléments qui ne sont pas extérieurs au système: "par exemple, le remplacement des coches par les chemins
de fer" (Théorie de l'évolution économique, p. 311). Schumpeter en déduit que "la vie économique modifie les
données par à-coups" (Théorie de l'évolution économique p. 312). Car le circuit" représente l'économie pure
alors que 1'évolution" s'inscrit dans le temps historique.
En fait, 1'évolution "affecte le "circuit" de façon spontanée, globale et distinctive dans un rapport causal non
réversible dont l'origine se situe dans le processus productif lui-même : « L’observation économique part du fait
fondamental que la satisfaction des besoins est la cause de toute production, cependant les innovations en
économie ne sont pas, en général, le résultat du fait qu'apparaissent chez les consommateurs de nouveaux
besoins mais du fait que la production procède en quelque sorte, à l'éducation des consommateurs et suscite de
nouveaux besoins. »
(Théorie de l'évolution économique, p. 318).
Jean-José Quilès, Schumpeter et l'évolution économique, Nathan, 1997.
Questions sur le document 2
1) Montrez que l’évolution implique un changement endogène
2) Commentez la phrase soulignée
Document 3
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La forme et la matière de l'évolution au sens donné par nous à ce mot sont alors fournies par la définition
suivante: exécution de nouvelles combinaisons. Ce concept englobe les cinq cas suivants :
1° Fabrication d'un bien nouveau, c'est-à-dire encore non familier au cercle des consommateurs, ou d'une qualité
nouvelle.
2° introduction d'une méthode de production nouvelle, c'est-à-dire pratiquement inconnue de la branche
intéressée de l'industrie ; il n'est nullement nécessaire qu'elle repose sur une découverte scientifique nouvelle et
elle peut aussi résider dans de nouveaux procédés commerciaux pour une marchandise.
3° Ouverture d'un nouveau débouché, c'est-à-dire d'un marché où jusqu'à présent la branche intéressée de
l'industrie du pays intéressé n'a pas encore été introduite, que ce marché ait existé avant ou non.
4° Conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-ouvrés; à nouveau, peu importe
qu'il faille créer cette source ou qu'elle ait existé antérieurement, qu'on ne l'ait pas prise en considération ou
qu'elle ait été tenue pour inaccessible.
5° Réalisation d'une nouvelle organisation, comme la création d'une situation de monopole (par exemple la
trustification) ou l'apparition brusque d'un monopole.
J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935.
Questions sur le document 3
1) Donnez pour chacun des types proposés, un exemple économique d’actualité
Réponse
2) Montrez que les types 3 et 5 sont propres au 20 ème siècle, notamment pour la trustification.
Réponse
Document 4
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Nous appelons "entreprise" l'exécution de nouvelles combinaisons […] et entrepreneurs les agents économiques
dont la fonction est d'exécuter de nouvelles combinaisons […]. Tandis que dans les voies accoutumées, l'agent
économique peut se contenter de sa propre lumière et de sa propre expérience, en face de quelque chose de
nouveau, il a besoin d'une direction. Alors que dans le circuit connu de toutes parts, il nage avec le courant, il
nage contre le courant lorsqu'il veut en changer la voie. Ce qui lui était là bas un appui, lui est ici un obstacle. Ce
qui lui était une donnée familière, devient pour lui une inconnue. Là où cesse la limite de la routine, bien des
gens […] ne peuvent aller plus avant […]. Pour cette raison, l'exécution de nouvelles tâches est une fonction
particulière ; pour cette raison, les entrepreneurs sont un type particulier d'agents.
J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935.
Questions sur le document 4
1) Quel est le rôle de l'entrepreneur ?
Réponse
Document 5
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