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tement possible à un pays en déclin relatif de redresser la situation pour autant, toutefois, que
les nécessaires mesures de politique économique (au sens le plus large du mot) soient prises et
appliquées avec toute l’efficacité et la rigueur voulues. – Pour ce qui est des pays autres que
ceux compris dans les graphiques, leur position relative a fluctué de manière stationnaire dans
la période considérée.
La chose est donc parfaitement claire : l’économie suisse n’est pas menacée par le déclin, elle
est en déclin. La question est donc de savoir si ce déclin pourra être arrêté ou, mieux, rattrapé.
Certes, on peut peut-être se consoler en constatant que le PIB par tête de la Suisse reste, au-
jourd’hui, supérieur de 20% à la moyenne de l’OCDE – mais pour combien de temps encore ?
Cette évolution préoccupante soulève évidemment la double question de ses raisons et des
moyens d’y remédier.
Pour ce qui est du diagnostic, une chose semble certaine : le problème n’est pas du côté des
industries d’exportation prises globalement, les services y compris.
La meilleure indication
qu’elles continuent d’être performantes et concurrentielles est que, jusqu’ici, les termes de
l’échange de la Suisse se sont améliorés de façon marquée et constante – en fait, la Suisse est
l’un des pays de l’OCDE où ces termes se sont améliorés le plus. C’est sans doute aussi en
bonne partie à cause de ses industries d’exportation que la Suisse continue d’occuper une po-
sition relativement élevée dans les divers indices qui entendent mesurer la compétitivité des
économies nationales. Le problème est donc bien plutôt du côté des marchés intérieurs, des
branches travaillant pour ces marchés, ainsi que du côté d’une bonne partie du secteur public.
Structures inefficaces et sclérosées, absence ou insuffisance de concurrence, rentes de situa-
tion, fiscalité mal conçue et toujours plus lourde, appareil éducatif qui « ne suit pas » ou qui
suit mal, Etat social toujours plus généreux et plus onéreux, rigidité du cadre réglementaire –
voilà quelques-uns des mots-clés. Pour plus de détails, on peut consulter la récente étude du
Seco sur la croissance
ou les différents rapports de l’OCDE sur l’économie suisse, en particu-
lier le dernier (mai 2002). Mais si la liste des marchés, branches et secteurs à problèmes est
connue, ce qui manque est une identification de leur importance relative dans la genèse du
« mal suisse » : quelles sont les principales sources de la sous-performance de l’économie
suisse et, partant, où faut-il porter l’effort en priorité ? Comme souvent en économie, il n’y a
pas manque, mais pléthore d’hypothèses. C’est donc, nous semble-t-il, sur cette question que
le diagnostic devrait être affiné en priorité, en particulier de la part des économistes suisses.
Une fois que ce diagnostic affiné aura été élaboré, se posera la question de la thérapie ou, plus
vraisemblablement, des thérapies. A cet égard, nous nous limiterons ici à deux remarques.
Premièrement, il est certain que les remèdes, quels qu’ils soient, seront pour la plupart dou-
loureux dans le court terme et qu’ils ne porteront leurs fruits qu’après un temps plus vraisem-
blablement long que court. Deuxièmement, il nous paraît tout aussi certain qu’ils déclenche-
ront des affrontements idéologiques qui rendront difficile la prise des décisions politiques qui
seront nécessaires. Vu l’état actuel de l’opinion publique, le climat général et « l’air du
temps » qui prévaut aujourd’hui, on peut ne pas être très optimiste sur ce point. La première
bataille à livrer est donc celle pour les esprits.
C’est-à-dire (en laissant de côté les « économies en transition » ainsi que la Corée) : l’Autriche, la Belgique, le
Canada, le Danemark, la Grèce, l’Islande, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, le Portugal et
l’Espagne ainsi que les 15 pays de l’Union Européenne considérés dans leur ensemble. La Norvège est un cas à
part : ses importantes ressources énergétiques ne sont sûrement pas étrangères à sa forte progression relative. Il
en va de même pour le Luxembourg, également en forte progression : il s’agit d’un Etat-ville qu’il conviendrait
plutôt de comparer avec la City de Londres, Manhattan ou Zurich.
Avec des exceptions : ainsi, le tourisme étranger en Suisse, qui est une industrie d’exportation, se porte plutôt
mal.
Département fédéral de l’économie, Le rapport sur la croissance, Berne, 2002.