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Support de cours
Automne 2009
Économie et société I
Questions
d’éthique
économique
Patrice Meyer-Bisch
Un cours qui ne se met pas en boîte
Justice et éthique économique page 2
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Coquille St-Jacques. La justice, en tant qu’universelle, prend mille et une formes,
mais toujours une structure de recueil de la diversité, grâce au travail patient de la
raison, capable d’universel.
Observer et analyser les principes de justice dans la singularité des situations, c’est
tenter d’accueillir chaque personne en sa dignité unique, déroutante, jusque dans
l’économie de ses capacités. Cette dignité et son économie concrète ne peuvent être
perçues et recueillies que dans une logique de complexité et de singularité, c’est
pourquoi elles sont ignorées des idéologies.
Le propre de toute intelligence sociale moderne est de chercher à recueillir les
intelligences dans leur diversité de position, de situation, de formation, et de croiser
leurs savoirs pour dégager une rationalide plus en plus performante, déplus en plus
apte à saisir de la complexité.
Je remercie Madame Douve Frieden-Spicher, collaboratrice scientifique, pour sa
collaboration à ce support de cours
© IIEDH
Justice et éthique économique page 3
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SOMMAIRE
AVANT PROPOS : LE FIL, LES NŒUDS ET LES TOILES ........................................................ 4
1. Objectif du cours ................................................................................................................. 4
2. Suivre le fil, nouer et dénouer les nœuds, tisser ses toiles ........................................... 4
3. Le déroulement de l’examen .............................................................................................. 4
1. INTRODUCTION, LE FIL ROUGE : LA MODERNITE ET LES TERMES FONDAMENTAUX 5
1.1 Ethique,morale et rationalité : le champ de notre étude ............................................... 5
1.2 Modernité ........................................................................................................................... 6
1.3 Trois valeurs fondatrices ................................................................................................. 6
1.4 La justice ............................................................................................................................ 7
2. LA JUSTICE COMME HARMONIE : PLATON, QUAND LES IDEES SONT DES FORCES 10
2.1 La république ou le philosophe roi : l’utopie ............................................................... 10
2.2 Le populisme, ou le sophiste qui « caresse la bête » : la décadence ........................ 11
2.3 L’art de la politique: la loi ............................................................................................... 12
3. ARISTOTE : LA DEFINITION DE LA JUSTICE POLITIQUE ET LA PLACE DU MARCHE . 14
3.1 Nature de la communauté politique .............................................................................. 14
3.2 Le déploiement de la justice .......................................................................................... 18
3.3 La place du marché, réalisation de la justice ............................................................... 20
4. LES DROITS DE L'HOMME ET L’EQUILIBRE DES POUVOIRS EN DEMOCRATIE .......... 22
4.1 La séparation et l’équilibre des pouvoirs : Montesquieu ........................................... 22
4.2 L’état de nature, principe de toute justice : Locke ...................................................... 22
4.3 Le contrat social et la distinction entre bien public et bien privé : Rousseau ......... 24
4.4 Les droits de l'homme : protection publique de l’individu en tant que bien commun
26
4.5 Les pathologies de la démocratie : Tocqueville et la tyrannie du nombre ............... 28
5. L’UNIVERSALITE DE LA LOI MORALE : KANT ................................................................... 30
5.1 L’antagonisme des libertés naturelles .......................................................................... 30
5.2 L’usage public de la raison ............................................................................................ 32
5.3 L’universalité de la loi morale ........................................................................................ 33
5.4 L’idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique ......................... 34
6. DE HEGEL A MARX : LA JUSTICE PAR L’HISTOIRE ......................................................... 36
6.1 La dialectique et la genèse de l’Idée ............................................................................. 36
6.2 La société civile et l’Etat ................................................................................................. 38
6.3 Marx et Engels : la dialectique précipitée ..................................................................... 40
6.4 La justice par la dialectique du travail .......................................................................... 41
7. LA JUSTICE PAR LE MARCHE ............................................................................................. 43
7.1 La main est-elle si invisible que cela ? ......................................................................... 43
7.2 Les « défaillances » du marché ..................................................................................... 44
7.3 Les libertés communicationnelles ................................................................................ 45
8. PRINCIPES DE JUSTICE ET INFORMATION COMPLEXE .................................................. 46
8.1 Dans la complexité économique (Hayek) : qui peut dire le juste ? ............................ 46
8.2 L’égale liberté et le bonheur, quel fondement (Rawls) ? ............................................ 49
9. LA JUSTICE PAR LEXERCICE DES DROITS, LIBERTES ET RESPONSABILITES ......... 52
9.1 Amartya Sen, ou le dépassement de la querelle utilitariste ........................................ 52
9.2 La justification des institutions et libération des capacités : la démocratisation .... 54
POUR UNE RESTAURATION PERMANENTE DU LIBERALISME .......................................... 56
Justice et éthique économique page 4
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AVANT PROPOS : LE FIL, LES NŒUDS ET LES TOILES
1. Objectif du cours
Nouer et renouer le fil entre les idées et les situations réelles.
Quels sont les liens entre libertés économiques et libertés politiques, entre les biens
individuels et collectifs ? Les grands thèmes de la justice sont les défis majeurs les
plus concrets et les enjeux des décisions d’aujourd’hui. Chaque choix assumé ne peut
éviter de se positionner entre ces repères. Chaque idée authentique est un chemin
de création sociale. Le fil rouge du cours est l’étude en continu de ces concepts-clés
par la mise en regard des textes et des problèmes actuels.
2. Suivre le fil, nouer et dénouer les nœuds, tisser ses toiles
Le script n’est qu’un support dont la lecture n’est pas facile. Il doit favoriser la
préparation, les lectures, la compréhension de l’oral, l’interaction au cours et
l’intégration. Vous organisez au fur et à mesure vos réflexions et vos notes de façon
à :
Recueillir dans le script les ? , les Pb et les défis ou enjeux, qui sont
autant de façons de travailler sur les concepts fondamentaux ; vous les
approprier, au besoin, en ajouter d’autres, les vôtres.
Tenir le fil rouge des concepts fondamentaux : justice, rationalité, modernité,
individu, ; bien identifier le nœud de questions, à la fois théoriques et
pratiques qui sont pour vous les plus importantes.
Préparer systématiquement des questions à poser en cours ; un cours sans
interrogation est anesthésiant car intellectuellement mort.
Féconder mutuellement l’oral (vivant, interactif, social et physique) et l’écrit
(travail sur les mots, assimilation, réflexion lente, correction).
Tenir la trajectoire interdisciplinaire, avec la recherche systématique
d’exemples en économie et en politique.
Tirer la substance des extraits de textes et choisir vos lectures.
Travailler personnellement et en groupes : les idées sont des liens entre les
personnes, leur consistance est découverte et éprouvée dans le dialogue oral
et écrit.
3. Le déroulement de l’examen
L’oral de 15 mn avec 15 mn de préparation est aussi une
expérience professionnelle : 15 minutes pour convaincre.
Vous tirez une question fondamentale et interdisciplinaire,
inspirée des ? , des Pb et des fis ou enjeux ;
Vous devez développer un raisonnement cohérent appuyé
sur le cours, sur un ou plusieurs exemples en construisant
une argumentation qui montre votre réflexion personnelle,
votre lecture, éventuellement en lien avec d’autres cours.
Justice et éthique économique page 5
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1. INTRODUCTION, LE FIL ROUGE : LA MODERNITE ET LES
TERMES FONDAMENTAUX
Les termes fondamentaux de la modernité sont, en raison de leur abstraction et de
leur prétention à l’universalité, les défis majeurs les plus concrets, ceux que l’on
rencontre dans tous les choix sociaux quotidiens. Chaque choix véritablement assumé
ne peut éviter de se positionner entre ces repères. Chaque idée authentique y
compris celles qui se contredisent se vérifie en ce qu’elle permet un lien entre l’idéal
et le concret, en ce qu’elle trace un sillon de création. Les idées plates se
reconnaissent à leur stérilité et à la satisfaction de celles et ceux qui les répètent. En
bref : la modernité est une confiance dans les idées fortement évolutives, dans la vie
personnelle, dans les sciences et … dans la gouvernance politique démocratique.
!
défi
Chacune de ces idées reste aujourd’hui un défi concret, un
chemin qui oriente à travers la complexité des choix culturels,
économiques, sociaux et politiques.
A quoi reconnaît-on une idée ? Elle désigne un problème, non une
platitude ; elle oriente vers un genre de solutions.
Notre objectif : savoir faire et refaire la démonstration de la
puissance des idées nécessaires pour orienter les choix.
1.1 Ethique, morale et rationalité : le champ de notre étude
La confiance dans les idées, et dans l’égale dignité de tous les hommes, fondement
de la modernité, est inséparable de l’éthique universaliste : non un « éthiquement
correct » ou « politiquement correct », mais un seuil de dialogue et d’échange
raisonnable entre les hommes, quels qu’ils soient.
Ethique et
morale
L’étymologie n’autorise aucune distinction entre éthique et morale. La plus
courante consiste à comprendre l’éthique comme la réflexion critique sur la
morale.
« Les deux renvoient à l’idée intuitive de mœurs, avec la double connotation
que nous allons tenter de décomposer, de ce qui est estimé bon et de ce qui
s’impose comme obligatoire. C’est donc par convention que je réserverai le
terme d’éthique pour la visée d’une vie accomplie et celui de la morale pour
l’articulation de cette visée dans des normes caractérisées à la fois par la
prétention à l’universalité et par un effet de contrainte (…). On reconnaîtra
aisément entre visées et normes l’opposition entre deux héritages, un
héritage aristotélicien, l’éthique est caractérisée par sa perspective
téléologique, et un héritage kantien, la morale est définie par le caractère
d’obligation de la norme, donc par un point de vue déontologique. »
« L'éthique est la visée de la vie bonne avec et pour autrui dans des
institutions justes. »
Paul Ricœur, Soi même comme un autre, 1990, 257-8 et 202.
Exercice
Cherchez les différences :
entre une idée plate et une idée opérationnelle,
entre des « mots-valises » qui veulent dire tout et n’importe quoi
et ceux qui, s’appliquant à plusieurs domaines, sont
incontournables. Ex : valeur, capital, liberté…
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