Dans une perspective intertemporelle, le consommateur est donc inséparable de l’épargnant. A ce titre, il
bénéficie de l’amélioration de la qualité de l’information consécutive au développement des marchés financiers
en général, de la notation des placements en particulier (cf. A. Landier et D. Thesmar, Le grand méchant
marché, décryptage d'un fantasme français, 2007 L’engouement des ménages français dans les années 80 pour
les nouveaux placements liés à la désintermédiation financière (actions de sociétés privatisées, S.I.C.A.V….) est
symptomatique.
C) La libéralisation étend l’éventail des biens proposés aux consommateurs
Les bienfaits de la libéralisation des marchés se ressentent également en termes de diversité des biens. En
effet, la concurrence monopolistique s’opère par des stratégies de différenciation horizontale que Salop modélise
(« Monopolistic Competition with Outside Goods », Bell Journal of Economics, 1979) par une ville circulaire
symbolisant l’hétérogénéité des préférences des consommateurs sur un marché. L’entrée d’une nouvelle
entreprise rapproche ainsi le consommateur moyen de son point de vente, amenuise sont coût de déplacement,
autrement dit lui donne accès à une variété de bien mieux adaptée à ses préférences.
Les stratégies de différenciation verticale rendent également compte de l’existence de la publicité et des son
intérêt pour les consommateurs. Au-delà de l’opposition habituelle entre publicité informative et persuasive, les
dépenses de publicité signalent la qualité du bien dans la mesure où elle assure leur rentabilité en fidélisant le
client qui essaye le produit vanté par la publicité. La publicité véhicule donc une information implicite sur la
qualité des biens.
II) Néanmoins, elle libère aussi les stratégies des producteurs qui peuvent nuire aux
consommateurs
A) La libéralisation peut placer les consommateurs sous l’emprise des producteurs
Cependant le marché publicitaire, à la pointe de la libéralisation – la publicité comparative a été autorisée, la
liste des biens exclus de la publicité s’est réduite -, en illustre bien les effets pervers. Les dépenses publicitaires
peuvent fonctionner comme des barrières à l’entrée (A. Dixit, "The Role of Investment in Entry Deterrence",
Economic Journal, 1980)*. Elles nuisent aux consommateurs en relâchant sur le long terme la pression
concurrentielle et la contestabilité des marchés.
Il faut aussi reconnaître que la publicité ne s’adresse pas uniquement à de futurs clients potentiels, mais
entretient un rapport addictif à une marque ou une variété de bien, elle participe de ce que N. Kaldor appelle le
« marché de clientèle », où la fidélisation des consommateurs consolide le pouvoir de monopole du producteur
(« The economic Aspects of Advertising », Review of Economic Studies, 1950).
Le paradoxe de la libéralisation des marchés est alors qu’il sape l’indépendance entre offre et demande qui
fonde l’analyse économique et les arguments en faveur de la libéralisation : dès lors qu’on envisage comme J.K.
Galbraith (L'ère de l'opulence, 1958) que la demande est soumise, produite par l’offre, notamment à travers la
publicité, on voit bien que la libéralisation ne peut que consolider la logique de la « filière inversée » , et
exacerber cette domination des consommateurs par les producteurs.
B) La libéralisation des marchés de biens peut aussi entraîner une hausse des prix
En monopole naturel : un monopole privatisé et dérégulé cherche à maximiser son profit, alors que le
monopole public tarifait plus bas de sorte à atteindre un optimum de 1er ou de 2nd rang.*
En concurrence monopolistique : la libre entrée sur le marché dans cette configuration a été analysée par
Chamberlin (The Theory of Monopolistic Competition, 1933). A l’équilibre, les producteurs prolifèrent, leur
taille est inférieure à l’échelle minimum efficace, les consommateurs paient cette exubérance de la
différenciation des produits par des prix élevés.*
En oligopole : les producteurs sur les marchés libéralisés peuvent adopter des stratégies d’entente néfastes
aux intérêts des consommateurs, le cas de la téléphonie mobile en France est ici exemplaire.
C) La libéralisation financière expose les consommateurs-épargnants à des risques
accrus
C’est là la clé de la crise actuelle. D’une part, la dérégulation de la concurrence bancaire a conduit à une