Document de travail / changement climatique et gestion d’aires protégées
Il pourra y avoir sans aucun doute plusieurs niveaux d’intégration selon le niveau d’impact, des pistes
sont données, non exhaustives, elles pourront être complétées avec les témoignages et expériences
des gestionnaires.
Il semblerait important d’éviter que le changement climatique ne soit traité dans les plans de gestion
que sous l’angle de l’observatoire. Un gestionnaire peut, certes observer, mais il peut également agir,
cette note vise justement à rendre le gestionnaire acteur. Nous listons ainsi les aspects pour lesquels
le gestionnaires aura un rôle prépondérant.
- Formulation des enjeux et des objectifs à long terme : c’est l’étape cruciale. En effet, il s’agit
de définir clairement la stratégie à adopter face aux changements climatiques pour un
espace protégé. Elle peut comporter différents volets non exclusifs les uns des autres :
o Enjeu de connaissance rôle d’observatoire : Les aires marines protégées
peuvent, sous réserve d’y affecter les moyens nécessaires, jouer le rôle de sentinelle
des évolutions climatiques et de leurs effets sur la biodiversité et le patrimoine
naturel. Dans ce cadre, elles pourraient effectuer des mesures in situ des variables
physico chimiques, écologiques et biologiques nécessaires aux suivis des
phénomènes et de leurs effets. Dans cette option, les aires marines protégées
pourraient tirer un bénéfice non négligeable (compréhension, anticipation) à
travailler en réseaux nationaux et internationaux. ce scénario peut être choisi pour
des espaces à forte naturalité où il n’y a que peu d’action de gestion, mais dans ce
cas, les protocoles mis en œuvre devront bien prendre en compte la dimension
changement climatique. Cependant, même pour un espace à vocation
d’observatoire, un rôle d’alerte peut être identifié pour permettre la mise en place
d’actions concrètes visant à protéger des habitats ou des espèces à l’extérieur de
l’espace ou tout simplement pour communiquer sur les effets dévastateurs des
changements climatiques au plus grand nombre ;
o Enjeu de conservation « passive » stratégie d’adaptation : le gestionnaire choisit
de conserver au maximum les habitats et les espèces présents sur le site, il doit donc
s’adapter aux conditions climatiques « nouvelles » ainsi qu’aux paramètres
abiotiques en découlant (pH, salinité, t°…etc). Ce choix conduit inévitablement à des
changements au sein du périmètre, les changements climatiques occasionnant une
pression que le gestionnaire ne pourra plus « contenir » à partir d’un certain seuil ;
cette stratégie peut conduire à une gestion très interventionniste de conservation à
tout prix ;
o Enjeu de conservation « active » stratégie d’anticipation : le gestionnaire choisit
d’anticiper les changements en entrevoyant des évolutions de milieux importantes. Il
adopte une posture de prospective en entrevoyant les différentes trajectoires
possible sur son espace. Le patrimoine naturel protégé à l’origine de la création se
voit soumis à de telles pressions qu’il risque de disparaitre du périmètre strict de
l’espace. Le gestionnaire peut donc choisir d’anticiper les changements sur les
milieux avec une stratégie de « relocalisation de la biodiversité ». En effet, si cette
politique concerne aujourd’hui exclusivement les activités humaines, elle pourrait
s’appliquer également à la biodiversité : extension de périmètre en arrière littoral
par exemple pour les espaces soumis à l’élévation du niveau marin (exemple figuré
ci-dessous de la RNN de Moëze-Oléron).