ANALYSE POLITIQUE APPLIQUEE
PAGE 5 SUR 11
présidé à la mise en place du suffrage universel. On se rend compte auprès des populations exclues
du suffrage, mais aussi au travers des divers perfectionnements technologiques liées au
développement du suffrage universel. Histoire politique faite d’individus qui réclament et veulent et
d’autres qui s’opposent. Très concrètement, il faut attendre 1913 pour que soit garanti le secret du
vote (enveloppe). Jusqu’à cette date, on n’utilise pas les enveloppes pour le vote.
C’est à cette période là où on va utiliser les bulletins pré-imprimés. C’est aussi à cette date qu’on va
en France mettre en place un système d’affichage public avec tirage au sort. C’est aussi en 1913
qu’on met en place les isoloirs, qui garantissent le secret du vote. Puis, on va aussi réglementer
alors que le suffrage universel a déjà été utilisé en France. On instaure le bulletin pré-imprimé. On a
aussi essayé d’instaurer le vote électronique, espérant éviter les problèmes dans les comptages. En
vérité le vote électronique pose plus de problèmes qu’il n’en résout, notamment aux États-Unis.
Avec une grosse variété de machines, on se rend compte du trafic des machines, ou des erreurs
entre les listes d’émargement et les votes comptabilisés par la machine. Certains pays obligent le
suffrage universel : Nouvelle-Zélande, Brésil, Belgique, Italie théoriquement ... Le vote n’a pas
toujours été conçu comme ça. Il y a aussi l’idée que la pratique électorale résulte d’un apprentissage
des électeurs sur la longue durée. Cet apprentissage a connu la résistance de la part de plusieurs
groupes sociaux, qui ne concevaient pas la participation politique par le vote. On s’est rendus
compte qu’à la fin du XIXe siècle, on avait une proportion importante d’électeurs potentiels qui ne
s’inscrivaient pas sur les listes électorales. C’était notamment le cas en milieu urbain : à Paris, un
quart des électeurs potentiels n’étaient pas inscrits, 1/3 à Bordeaux ... À cette époque, le vote n’était
pas aussi valorisé en tant que pratique citoyenne. On constate aussi que la pratique du suffrage est
tout aussi lié à la légitimité du régime en question. C’est ce qu’on observe lorsqu’après une période
longue de guerre ou d’État autoritaire, la pratique du vote est souvent difficile à se remettre en
route.
L’élection est aussi un mécanisme de sélection sociale. On doit beaucoup à Pierre Bourdieu dans
cette analyse, dans cette nécessité de se défaire de cette vision naturaliste du vote. Bourdieu va
constater que la logique même du vote en démocratie est doublement défavorable aux classes
dominées. Premièrement, le vote est défavorable aux dominés parce que nous n’avons pas tous le
même degré de capital culturel nécessaire pour produire une opinion autonome. Les dominants
peuvent élaborer des stratégies individuelles de vote alors que les dominés n’ont pour seule
alternative soit de pratiquer un vote collectif (de voter de la même manière que leur groupe), soit la
démission par l’abstention.
Pierre Bourdieu est le premier à démythifier l'acte électoral, du citoyen éclairé qui va voter. Daniel
Gaxie poursuit ces recherches, et a notamment travaillé dans les années 1970 sur le vote en
démocratie, Le cens caché (1975). C'est un ouvrage majeur dans la compréhension de certains
phénomènes électoraux, dont la participation des individus à la vie publique. L'idée du cens date des
premières heures de la révolution française, car il n'était pas question d'accorder le droit de vote à
tous selon certains. Sous l'impulsion de l'abbé Sieyès, la souveraineté appartient à la nation et non
aux individus qui composent la nation.
Ce qu'on va constater au fur et à mesure de la Révolution française jusqu'à la IIIe République, c'est
un élargissement progressif de la base électorale. Sous l'impulsion de la bourgeoisie, le cens va
diminuer et automatiquement le nombre d'électeurs va augmenter. On retrouve le suffrage censitaire
dans la Constitution de 1791, dans la Constitution de l'an III (1795) qui débouche sur le Directoire,
sous la Restauration (1814 à 1830), la monarchie de Juillet qui marque la fin du suffrage censitaire
impose un cens pour être électeur et être éligible. Sous la Restauration, il faut être âgé de plus de 30
ans et payer plus de 300F de cens pour être électeur. On 94 500 électeurs à la fin du régime. Pour
être éligible, il faut avoir plus de 40 ans et payer plus de 1000F de cens.
Les deux autres types de suffrage sont le suffrage universel et le suffrage capacitaire, ce dernier
utilisé par moments dans l'histoire du suffrage en démocratie : il repose sur des capacités, des
diplômes ou des compétences scolaires validées par des tests. Ca a été le cas dans certains États du