différences entre les échanges gazeux et les ratios 13C/12C chez les hybrides comparés aux
espèces parentales (Mc Arthur et al., 1998 ; William & Ehleringer, 2000).
Tous ces travaux restent encore très ponctuels et il semble important de davantage examiner
les relations entre variations génétiques et variations fonctionnelles, notamment en terme
d’utilisation de l’eau à l’échelle des écosystème. Cette relation peut affecter la fonction d’un
écosystème. Effectivement, l’augmentation de la transpiration à l’échelle de la canopée
augmente la transpiration à l’échelle de l’écosystème, épuise l’eau de surface (Oren et al.
1998), affecte l’humidité des sols, modifie les communautés animales et végétales associées
modifiant ainsi la dynamique des cycles des nutriments et de décomposition des litières
(Fischer et al., 2004).
Problématique développée
Un de nos projets actuels au laboratoire intègre trois objectifs :
- (i) examiner le lien entre la variation génétique et le niveau d’utilisation en eau des
individus d’une même espèce et caractériser comment ce lien peut affecter l’écosystème (son
fonctionnement ?). La consommation d’eau et la croissance d’un arbre sont étroitement liées.
Pour produire un kilogramme de bois, un arbre peut consommer 500 litres d’eau. Cette
interaction se fait entre autre au niveau des stomates des feuilles par lesquels le CO2 pénètre
tandis que la vapeur d’eau s’en échappe. Certaines espèces d’arbres et certains arbres au sein
de chaque espèce assimilent plus efficacement le CO2 pour une quantité d’eau consommée.
On dit qu’ils ont une meilleure efficacité d’utilisation de l’eau. Ce paramètre peut être estimé
par des mesures d’échanges gazeux et de composition isotopique en 13C des feuilles.
- (ii) identifier quels sont les gènes impliqués dans la réponse au stress et déterminer
s’ils sont ou non soumis à sélection dans les populations
- (iii) tester la compétence des différents génotypes dans le recyclage des éléments à
travers leur rôle dans la dégradation des litières associées et examiner le lien entre
fonctionnement physiologique de l’arbre et vitesse de dégradation de sa litière (Swaty et al.
2004).
Pour réaliser ce projet, nous étudions deux espèces forestières et leurs hybrides,
Fraxinus excelsior L. et Fraxinus angustifolia Valh sur lesquelles nous travaillons depuis
longtemps. Ces deux espèces de frênes (Fraxinus, Oleaceae) autochtones sont répandues en
France : le frêne commun (F. excelsior L.) et le frêne oxyphylle, ou « à feuilles étroites » (F.
angustifolia Vahl).
Nos études antérieures ont montré grâce à des marqueurs microsatellites et des
données morphologiques l’existence de plusieurs zones hybrides très différentes à l’échelle de
la France pour ces deux espèces. Nous avons mis en évidence que la distribution des deux
espèces et de leurs hybrides était fortement corrélée aux variations de facteurs
environnementaux, suggérant que le climat était déterminant pour limiter l’hybridation
naturelle. Les hybrides fleurissant tôt sont les plus nombreux, et ont un succès reproducteur
mâle et femelle largement supérieur, produisant plus de fleurs et de graines et subissant
sensiblement moins d’attaques de gales florales. Observant par ailleurs des taux
d’autofécondation élevés, ils pourraient posséder une valeur sélective supérieure dans ce type
d’écotone intermédiaire, pouvant accroître leur potentiel colonisateur (Gérard et al. 2006a ;
Gérard et al. 2006b ; Fernandez et al. 2006).
Par ailleurs, quelques travaux complètement indépendants fournissent des
renseignements sur l’écophysiologie du frêne commun, notamment sur leur gestion du stress