Un premier essai de construction phylogénétique a été réalisée à partir de séquences
chloroplastiques (Gielly & Taberlet, 1994). L’intron trnL chloroplastique et l’espaceur
intergénique entre les exons trnL 3’ et trnF n’ont pas permis de détecter des variations inter-
spécifiques entre quatre espèces du genre plus ou moins éloignées (Fraxinus excelsior,
Fraxinus oxyphylla, espèces européenne ; Fraxinus americana et Fraxinus pennsylvanica,
espèces américaines).
Une seconde phylogénie du genre Fraxinus a été réalisée à l’aide de marqueurs nucléaires de
type ITS (Internal Transcribed Spacers, ITS1 et ITS2) depuis l’ADN ribosomique sur 27
taxons (Jeandroz et al., 1997). D’une façon générale les régions ITS ont une évolution rapide
et s’avèrent efficaces pour les constructions phylogénétiques au niveau d’un genre et à
l’intérieur d’un genre (Baldwin et al., 1995). Elles sont très utiles lorsque peu de variation est
trouvée au niveau de gènes chloroplastiques. Dans le cas des Saxifragaceae (Johnson & Soltis,
1995), le taux de substitution de la région ITS est deux fois plus grand que celui observé sur le
gène chloroplastique matK . Dans certaines études (Wendel et al., 1995, Sang et al., 1995), les
ITS se sont révélés de bons marqueurs pour détecter des phénomènes d’hybridation
(nucleotide polymorphism additivity, Koch et al. 2003)
L’article qui évoque la construction phylogénétique à partir des ITS pour le genre Fraxinus
(Jeandroz et al., 1997) apporte plusieurs considérations. Tout d’abord (i) il montre la
pertinence de ce marqueur pour la phylogénie du genre aux niveaux intra- et inter-spécifiques.
Notamment, deux polymorphismes nucléotidique ont été trouvés chez deux espèces
européennes proches, connues pour s’hybrider, Fraxinus excelsior et Fraxinus angustifolia.
Ensuite, (ii) si cette phylogénie propose l’hypothèse d’un centre d’origine en Amérique du
Nord et ensuite une migration vers l’Asie elle reste incomplète puisque peu de taxons
asiatiques ont été séquencés (Jeandroz et al., 1997).
Le groupe de recherche dans lequel ce stage s’inscrit, travaille depuis 10 ans sur le complexe
d’espèces européen Fraxinus excelsior L. et Fraxinus angustifolia Valh (Morand et al ., 2001,
Morand et al, 2002, Morand-Prieur et al., 2002). Les études récentes (Gérard et al., soumis &
Fernandez et al., soumis) montre la proximité de ces deux espèces et les probables niveaux
d’introgression. Actuellement, ce groupe ne sait trancher sur l’origine de ce complexe
d’espèces.
Dans le cadre du stage de M2, l’idée est de continuer la construction de cette première
phylogénie du genre Fraxinus à l’aide toujours des marqueurs ITS, en s’attachant à deux
niveaux d’étude.
Le premier niveau d’étude correspond au complexe d’espèces européen F. excelsior et F.
angustifolia. Un échantillon d’individus de ces deux espèces sera analysé par séquençage des
régions ITS1 et ITS2. L’équipe dispose d’un large échantillonnage d’individus de ces espèces
au niveau de l’Europe. Si le polymorphisme nucléotidique observé dans la publication est
confirmé, il pourra aider à mesurer l’introgression de ce complexe d’espèces.
Le second sera d’ajouter à l’arbre phylogénétique quelques espèces d’Asie mineure (F.
syriaca), de l’Himalaya (Fraxinus floribunda) de Chine et du Japon (F. lanuginosa, F.
japonica, F. spaethiana, F. bungeana,…) qui n’y figurent pas encore. Ce complément à la
phylogénie par quelques espèces asiatiques peut aider à mieux comprendre les événements
ancestraux de diversification du genre dans le monde qui sont actuellement non résolus.
Ce stage rentre dans une réflexion plus globale dans laquelle le groupe de recherche travaille
activement face aux changements climatiques à venir, particulièrement dans le cadre
d’espèces aux phénologies contrastées comme les frênes.