Annick AYELA Magali FERRERO Sophie GENTET La publicité et les organismes de contrôle nationaux Droit de la Communication Audiovisuelle et Publicitaire M. Benoît D’Aiguillon Ecole de Journalisme et de Communication de Marseille NoMIC 2ème année Année 2005 - 2006 Sommaire Introduction 1. Les organismes de contrôle nationaux en France 1.1. Les coutumes et les usages professionnels 1.2. Le Bureau de Vérification de la Publicité 1.2.1. Naissance et évolutions du BVP 1.2.2. Intérêts et missions 1.2.3. Procédures d’actions du BVP 1.3. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel 1.4. Les organismes qui ont existé 1.4.1.La Régie Française de Publicité et le Comité de la Communication Publicitaire 1.4.2.La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle 1.4.3. La Commission Nationale des la Communication et des Libertés p. 3 p. 4 p. 4 p. 4 p. 4 p. 5 p. 5 p. 6 p. 6 p. 6 p. 7 p. 7 2. Comment interviennent ces organes de contrôle ? 2.1. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel 2.1.1. Les missions du CSA 2.1.2. Les sanctions 2.1.3. Qui saisit le CSA ? 2.2. Le Bureau de Vérification de la Publicité 2.2.1. La composition du BVP 2.2.2. Qui saisit le BVP ? p. 8 p. 8 p. 8 p. 8 p. 9 p. 10 p. 10 p. 10 3. Le contrôle de la communication audiovisuelle à l’étranger 3.1. Aux antipodes du modèle français : le Deutscher Werberat 3.2. La réglementation en matière de publicité au sein de l’Union : dispositions de la directive européenne Télévision sans frontières 3.3. La coopération entre instances de régulation 3.3.1. Le cas européen : L’EPRA (European Platform of Regulatory Authorities) 3.3.2. Le Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC) 3.3.3. Le Réseau des instances de régulation méditerranéennes 3.3.4. Coopération nordique en matière de régulation audiovisuelle p. 12 p. 12 p. 13 Conclusion p. 16 p. 13 p. 13 p. 14 p. 14 p. 15 2 Introduction Depuis les balbutiements de la Télévision française, on remarque la présence d’organismes de contrôle plus ou moins omnipotents suivant les époques. Néanmoins, jusque dans les années 80, l’audiovisuel est public. La radio et la télévision appartiennent à l’Etat. Cette situation crée de vives réactions dans l’opposition jusqu’à l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir qui souhaite libéraliser l’audiovisuel. Aujourd’hui, en France, on compte deux organismes rattachés purement au contrôle audiovisuel : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et le Bureau de Vérification de la Publicité. Le premier, représente un organe officiel a tendance politique et le second se décrit comme une association d’autodiscipline composé de professionnels de la publicité et de la communication. On remarque dans les pays voisins possédant un bipartisme avec alternance naturelle, des organes homologues. A travers cette étude, nous présenterons le rôle, les missions et le fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et du Bureau de Vérification de la Publicité, puis nous nous pencherons sur les organes de contrôles d’autres pays. 3 1. Les organismes de contrôle nationaux en France Lorsque nous parlons d’organismes de contrôle publicitaire, notre première pensée ramène ce sujet à l’idée de réglementation de la publicité. En matière de réglementation, la publicité d’aujourd’hui se plie en particulier, en plus de la loi, aux coutumes et usages professionnels plus ou moins codifiés, ainsi qu’à un organisme de contrôle, le Bureau de Vérification Publicitaire. Nous verrons que d’autres organismes ont existé ou existent encore aujourd’hui avec une importance moindre qu’à leurs débuts. C’est le cas du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. 1.1.Les coutumes et usages professionnels Les coutumes et usages professionnels font office d’autorégulateurs de la publicité. Cette éthique du métier, censée être partagée par l’ensemble des publicitaires, est un garde-fou posant des limites afin d’éviter au maximum des dérapages pouvant heurter l’opinion publique. Ces coutumes et usages professionnels résident en majorité dans les rapports entre agences et annonceurs, agences et supports, et agences entre elles. Par exemple, parmi les règles les plus explicites, nous trouvons celle de l’exclusivité, une agence ne travaille pas pour deux firmes concurrentes. En effet, il serait inconcevable qu’un même publicitaire fasse les publicités de Pepsi et de Coca Cola. Cependant ces limites, ces règles dictées par la profession ne suffisent pas toujours à contenir certains esprits créatifs débordants d’idées pas toujours au goût des mœurs de la société. Pour cette raison, la création d’une autorité de contrôle s’est avérée nécessaire et c’est en particulier le BVP qui a à charge cette mission de contrôle. 1.2.Le Bureau de Vérification Publicitaire Le BVP s’affirme comme l’« association des professionnels pour une publicité responsable », ce qui signifie qu’il « contrôle les publicités télévisuelles en fonction de sa charte et celles des membres de l’association ». 1.2.1. Naissance et évolutions du BVP Le BVP a aujourd’hui 70 ans. Depuis sa création, il a connu plusieurs évolutions mais son but est resté le même : arriver à une « publicité responsable ». C’est donc en 1935, que l’actuel BVP se forme sous le nom d’Office de Contrôle des Annonces. Il devient un organisme d’autodiscipline de la publicité en France. A cette époque, le BVP n’est pas encore un organisme officiel mais une association regroupant les acteurs de la profession soit des annonceurs, des agences de publicité, des supports et des associations professionnels. Ce sont ces mêmes 4 personnes qui vont financer l’association. Durant la guerre, l’activité de l’OCA sera suspendue. Ce n’est qu’en 1953, que l’OCA devient le BVP. C’est à cette date qu’il est décidé que la présidence serait laissée à ce qu’il appelle une « Haute Autorité Indépendante », c'est-à-dire à une personne à hautes responsabilités en dehors de la profession. En 1993, le BVP prend un statut plus officiel puisque l’Etat lui confie la mission de visionner les messages publicitaires télévisés, mission à charge auparavant du CSA. En 2000, le BVP crée un département entièrement consacré à la télévision. Ce département s’occupe à la fois des conseils facultatifs et des avis obligatoires. Le financement du BVP est comme à ses débuts de nature privé ; il provient à 80 % de la cotisation des membres et à 20 % de la facturation de certains services. 1.2.2.Intérêts et missions Le BVP est chargé de déterminer un certain nombre de règles comportementales applicables notamment aux annonceurs, de nature à rationaliser et à organiser la publicité audiovisuelle en particulier mais aussi sur d’autres types de supports. Son premier but est donc « que la publicité soit loyale, véridique et saine » et qu’il n’y ait « pas de dénigrement entre professionnels ». Deux autres missions sont à sa charge : - une mission de conseil. Il émet un avis déterminant si un projet publicitaire ou une publicité est conforme ou non à la réglementation. Cette mission de conseil prend l’aspect de contrôle obligatoire pour tous spots publicitaires télévisés. - une mission de sanction. Veillant dans un premier temps à la mise en application de ses recommandations déontologiques encadrant la publicité, il est en mesure de demander le retrait ou la modification de toute publicité télévisuelle lui semblant contraire à ces mêmes recommandations. Le BVP peut également se porter partie civile devant le tribunal afin de faire cesser tous manquements à la loi ou aux règles de la profession. 1.2.3.Procédures d’action du BVP (Source : Consommation, Logement et Cadre de Vie) 5 Si aujourd’hui, le BVP est apparenté comme le principal organisme de contrôle de la publicité, cela n’a pas été toujours le cas. Le CSA dispose encore d’un champ d’action dans ce domaine. 1.3. Le Conseil Supérieure de l’Audiovisuel La loi du 17 janvier 1989 permet la création du CSA. Le CSA est une autorité administrative indépendante dont le rôle est de garantir en France l'exercice de la liberté de communication audiovisuelle dans les conditions définies par la loi du 30 septembre 1986 modifiée. Ainsi, il a entre autre à ses débuts la responsabilité de contrôler que les publicités audiovisuelles sont conformes aux lois et règles de la profession. Cependant dès 1991, les régies, annonceurs et agences de publicité expriment le souhait de mettre en place un système d’autodiscipline à l’intérieur même de la profession. De ce fait le CSA décide de ne plus obliger les publicitaires à lui soumettre les publicités avant diffusion, seule une déclaration préalable leurs est demandée, mais garde un droit de contrôle lors de la diffusion des messages publicitaires. En 1993, le CSA abandonne toute action de contrôle sur la publicité avant sa diffusion puisqu’elle supprime la déclaration préalable. Ce nouveau régime contribue à accroître l’importance du BVP. Si le CSA ne contrôle plus le contenu des messages publicitaires, il en reste pas moins vrai que les annonceurs se doivent de respecter les règles générales issues de lois et décrets encadrant la publicité. Dans le cadre de ses missions de contrôle et de régulation, le CSA continue à faire valoir ses recommandations qui enrichissent petit à petit l’élaboration du droit de la communication publicitaire. Ces deux organismes, BVP et CSA, sont le continuum d’autres instances d’état créées lors des débuts de la publicité à la télévision. 1.4. Les organismes d’état qui ont existé 1.4.1. La Régie Française de Publicité et le Comité de la Communication Publicitaire Dès son introduction à la télévision en 1968, la publicité commerciale a suscité de nombreuses controverses. La réaction de l’état a été dans un premier temps d’ordre législatif puisqu’un décret du 1er janvier 1969 pose les bases d’un dispositif de contrôle encadrant la publicité de marque sur les chaînes publiques d’où la création de la Régie Française de Publicité. La RFP devient le régisseur exclusif de la publicité sur les chaînes publiques. Elle est chargée de deux missions : - la veille de la commercialisation des écrans publicitaires dans les limites budgétaires définies annuellement par le Parlement. - le contrôle du contenu des messages publicitaires diffusés à l’antenne. En 1987, la RFP passe le relai au Comité de la Communication Publicitaire. 1.4.2. La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle 6 La libéralisation du paysage audiovisuel français ordonnée par une loi de 1982 est caractérisée par l’arrivée des médias privés sur les ondes. A cette date, l’état demande à la Haute Autorité de veiller à ce que le contenu des émissions publicitaires des chaînes publiques respecte les lois et règles de la profession. La Haute Autorité est donc là pour rappeler les règles que le service public se doit de respecter. Elle dispose également un pouvoir de contrôle sur les publicités diffusées à l’antenne et peut obliger une chaîne contrevenante à se plier à la réglementation en vigueur. En résumé, la Haute Autorité assure une fonction déjà accomplie par la RFP d’où ses interventions limitées dans ce domaine. 1.4.3. La Commission Nationale des la Communication et des Libertés En 1986, c’est de nouveau une loi qui est à l’origine de la création d’un organisme supplémentaire, la Commission Nationale des la Communication et des Libertés. Par l’intermédiaire du Comité de la Communication Publicitaire, la CNCL est elle aussi chargée de contrôler l’objet, le contenu et les modalités de programmation des émissions publicitaires diffusées par le service public mais aussi des services de télévision privés. C’est en 1989 que la CNCL passera la main au Conseil Supérieure de l’Audiovisuel en matière de contrôle publicitaire. Le contrôle publicitaire a toujours été au cœur des enjeux politiques ce qui explique la multiplication d’organismes d’état assurant quasiment les mêmes fonctions dans ce domaine. Aujourd’hui le pouvoir de l’état est moindre, il est relégué à un second plan à travers l’action du CSA. Ce désengagement de l’état donne une importance considérable au BVP donnant lieu à de nombreuses critiques. Aujourd’hui, il n’existe aucun label de conformité, de visa, ni de garantie sur les spots publicitaire. L’opinion publique remet en cause la neutralité du BVP sachant qu’il est financé par des publicitaires. Il lui est reproché son manque de réactivité au cours de certaines affaires. Le BVP aurait tendance à avancer trop souvent l’argument de liberté artistique. Du coup, de nombreuses associations prennent les devants formant ainsi des groupes de pression afin de dénoncer certaines dérives publicitaires. 7 2. Comment interviennent ces organes de contrôle ? 2.1. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel Cet organisme n’a pas de fonction anticipatrice. En effet, il ne peut être saisi qu’après « coup » et de ce fait, n’exerce pas de fonction de censure, ni de répression automatique, mais intervient par sa propre initiative ou sollicité par un tiers. Pour mener à bien sa mission de régulation, le CSA dispose d'un pouvoir de sanction administrative à l'égard des radios et télévisions publiques et privées, qui s'exerce après mise en demeure. 2.1.1. Les missions du CSA L'activité de contrôle est un des nerfs de la régulation. La mise en œuvre des lois et règlements, des engagements et obligations des opérateurs, soit tout ce qui constitue l'encadrement juridique de la liberté de communication, est subordonnée à la possibilité, à tout moment, d'en contrôler le respect. C'est une des missions confiées au CSA que d'être le garant de la bonne application des textes. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel possède de nombreuses missions déterminantes dans le paysage audiovisuel français. Il incarne trois fonctions majeures que sont : La surveillance, en veillant au respect de la personne et de l’ordre public ; à la neutralité des discours politiques et à l’équité des temps de parole des différents opposants ; à la défense de la langue française et à la protection de l’enfance, La recommandation quant à la qualité des programmes, La réglementation du parrainage et de la publicité, et l’attribution des fréquences pour la télévision et la radio hertzienne et numérique, Nomme le président de France Télévisions. 2.1.2. Les sanctions Les sanctions administratives sont susceptibles d'être mises en œuvre à l'occasion de manquements des diffuseurs à leurs obligations et engagements. La gamme des sanctions est la suivante : • Suspension de l'autorisation de diffusion; • Réduction de la durée de l'autorisation ; • Retrait de l'autorisation, dans les cas les plus graves. 8 Le CSA peut également condamner un diffuseur au paiement d'une amende ou demander la diffusion à l'antenne d'un communiqué. Néanmoins cette sanction reste rarissime car à l'exception de la suspension d'autorisation, l'adoption de toutes les sanctions est soumise à une procédure contradictoire qui permet de faire valoir les droits de la défense. Le CSA peut saisir le procureur de la République pour des infractions pénalement sanctionnées (émissions "pirates" de radio ou de télévision ; non-respect, par une station de radio, des conditions techniques de son autorisation...). Il peut également, si une chaîne relevant de la compétence de la France diffuse des programmes contraires à l'un des principes fondamentaux posés par la loi (respect de la dignité de la personne humaine, du caractère pluraliste des courants de pensée et d'opinion et de l'ordre public, protection de l'enfance et de l'adolescence, absence d'incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de sexe, de mœurs, de religion ou de nationalité, etc.), demander au Conseil d'État de faire cesser la diffusion de la chaîne. À l'exception d'infractions inadmissibles appelant une sanction exemplaire, le CSA préfère toujours le dialogue et la prévention, n'hésitant pas à interrompre les procédures engagées si une solution se dégage. 2.1.3. Qui saisit le C.S.A ? Plusieurs autorités, administrations ou entités oeuvrant pour le respect de la personne peut saisir le CSA au sujet d’une diffusion audiovisuelle. Toute personne se sentant insultée par un programme ou pensant que celui-ci œuvre à l’encontre des lois fondamentales peut en saisir le CSA. Ainsi, le Conseil de la Concurrence peut, par exemple, interroger le CSA concernant les pratiques restrictives et les groupements économiques intervenant dans le secteur audiovisuel. Le gouvernement ou le parlement peut également demander l’avis du CSA sur un projet de lois, sur la fixation de règles concernant la publicité. Les homologues étrangers du CSA peuvent lui demander d’intervenir s’ils constatent certaines dérives dans les émissions françaises (produites par des sociétés françaises ou diffusées sur des chaînes françaises). Notons, par exemple, le cas ou la DLM (homologue allemand) a fait part de l’omniprésence de l’adresse du site internet du partenaire principal de l’OPEN de tennis en Australie sur la chaîne Eurosport International (chaîne implantée en France). Les partis politiques interviennent fréquemment quand ils estiment que l’équité du temps de parole n’est pas respecté. Récemment, le Président du Conseil Général de Haute Corse a saisi le CSA en mentionnant le fait que seules des personnes publiques de droite étaient présentes à l’émission de divertissement Vivement Dimanche diffusée sur France 2. 9 Les associations interrogent fréquemment le CSA concernant des programmes audiovisuels qui atteindraient le respect de la personne. Ainsi, une association représentante des personnes obèses a récemment fait part de l’outrage qu’incarnait le programme diffusé sur M6 « mon incroyable fiancé ». Ce « divertissement » donnerait une image fortement dégradante des obèses. 2.2. Le Bureau de Vérification de la Publicité Le BVP s'assure d'une bonne diffusion des règles déontologiques (conférences, newsletter, site, etc.) et s'efforce de convaincre un nombre toujours croissant de professionnels de la nécessité de l'Autodiscipline. En 1992, le système obligatoire d'avis avant diffusion de tous les films publicitaires télévisés est créé et confié au BVP. En 2000, le BVP se restructure, et crée un département télévision regroupant conseils facultatifs et avis obligatoires. Il continue d'accroître le nombre de ses adhérents. Le BVP s'intéresse aussi, bien évidemment, aux nouveaux média. 2.2.1. Composition du Bureau de Vérification de la Publicité Le BVP est une Association privée, loi de 1901, complètement indépendante des pouvoirs publics. Statutairement, le BVP regroupe 4 catégories d'Adhérents : Les Annonceurs Les Agences de communication Les Supports Les Membres "Correspondants" (Syndicats professionnels, Cabinets d'avocats, Associations…) > Adhérer au BVP, c'est être partisan d'une publicité de qualité, irréprochable sur le plan juridique et déontologique, encadrée le moins possible par des lois (toujours plus contraignantes pour la création) et le plus possible par une Autodiscipline bien comprise. 2.2.2. Qui saisit le BVP ? Le reçoit et traite un nombre important de lettres et de requêtes émises par les particuliers et les consommateurs. Dans une optique de mener une action en faveur d'une publicité loyale, véridique et saine, dans l'intérêt des professionnels mais aussi des consommateurs et du public en général que le BVP intervient de façon gratuite, à la demande des particuliers, auprès des responsables d'une publicité. 10 Pour le BVP, le " courrier consommateurs " constitue une source précieuse d'informations, qui lui permet de rester attentif aux préoccupations, aux intérêts et à l'attente du public en matière de publicité. Il est important de noter que le BVP est seulement compétent pour apprécier la conformité du contenu d'une publicité avec la déontologie et la réglementation applicable. En revanche, il n'est pas habilité : A apprécier les caractéristiques et l'efficacité des produits et des services A se prononcer sur le sérieux d'une société A intervenir dans le cas d'un litige de nature contractuelle ou encore à engager des actions en justice à la demande des consommateurs. Certains courriers constituent des "plaintes transfrontalières". Ce sont les réclamations dont l'objet est une publicité circulant en France mais diffusée sur un support qui émane d'un autre pays, membre de l'Alliance, association internationale qui regroupe des organismes d'Auto-discipline comme le BVP, présents dans tous les pays membres de l’Union Européenne et dans la plupart des pays étrangers. Les règles déontologiques sont des limites, qui vont au delà des obligations légales, qui encadrent la publicité. Elles visent à ce que la publicité soit loyale, véridique et saine : ceci signifie que le consommateur ne doit pas être trompé (ou induit en erreur), choqué, ou incité à reproduire des comportements nocifs (dangereux et/ou répréhensibles). La déontologie énonce également qu'il ne doit pas y avoir dénigrement entre professionnels. Malgré ses nombreuses fonctions d’auto-discipline, il n’empêche que cet organisme reste une association de professionnels du monde de la publicité et de la communication. De ce fait, il apparaît difficile de mesurer la neutralité et la légitimité du Bureau de Vérification de la Publicité. 11 3. Le contrôle de la communication audiovisuelle à l’étranger 3.1. Aux antipodes du modèle français : le Deutscher Werberat En Allemagne, depuis la césure de 1945, seuls les législateurs sont habilités à adopter un cadre général régissant les activités du paysage audiovisuel, quant à la régulation, elle relève de la collectivité des citoyens. Aux côtés du pouvoir législatif et des acteurs du marché, l’Allemagne connaît une troisième entité : la société civile, qui agit à travers les « groupes représentatifs de la société » (gesellschaftlicht relevante Gruppen). En France donc, l’Etat (au sens exécutif, législatif et, le cas échéant, administratif) encadre, voire pilote au niveau central, en réglementant et régulant à la fois, les activités liées aux médias. En Allemagne, la responsabilité des activités médiatiques et leur régulation incombent à la collectivité des citoyens (les instances et organes de contrôle sont totalement indépendants des pouvoirs administratifs, exécutifs et législatifs).L’organisation des médias repose sur un principe de subsidiarité, qui donne priorité à l’organisation de la société civile, faisant des pouvoirs publics l’une de ses émanations parmi d’autres. Depuis l’entrée en vigueur de la Loi Fondamentale, le 23 mai 1949, la liberté d’information et, plus généralement, de toutes les activités liées à la libre formation de l’opinion (elles incluent le divertissement, les retransmissions sportives, le cinéma, et même la publicité), est garantie par son article 5. Celui-ci ne garantit pas seulement la liberté individuelle d’expression comme le préambule de la constitution française, mais également le droit a l’information, équivalent au « right to know » que connaît la constitution américaine. Cette garantie constitionnelle, qui couvrait à l’origine le seul bien immatériel « information » a été étendue par le tribunal constitutionnel fédéral aux acteurs oeuvrant dans ce domaine. Désormais les activités liées aux medias relèvent donc du droit constitutionnel en Allemagne qu’elles soient le fait du service public ou d’opérateurs privés. La régulation n’étant pas assurée par l’Etat, elle l’est par la collectivité, les groupes représentatifs de la société : partenaires sociaux, les trois églises reconnues outreRhin, les associations des milieux artistiques, des parents, des handicapés, etc. Dans le secteur public la régulation est intégrée à l’organigramme via une instance semblable à un conseil de surveillance. Dans le secteur public la régulation ne peut être intègre aux sociétés opératrices, elle s’effectue donc a l’extérieur sous la forme des Landesmedienanstalten (instance de régulation de l’audiovisuel au sein de chaque land). Il s’agit de collectivités publiques dotées d’une autonomie administrative et financier et d’un pouvoir réglementaire (à la différence du CSA). Leurs membres sont délégués ou élus par des membres représentatifs de la société afin de garantir le pluralisme des opinions. 12 3.2. La réglementation en matière de publicité au sein de l’Union : dispositions de la directive européenne Télévision sans frontières La directive " Télévision sans frontières " (directive TSF) représente la pierre angulaire de la politique audiovisuelle de l'Union européenne Dans cette directive, less dispositions relatives à la publicité portent sur : La durée: 15 % maximum du temps de transmission quotidien, 20 % maximum à l'intérieur d'une période donnée d'une heure ; Les modalités d'interruption des programmes ; Des considérations éthiques (en particulier la protection des mineurs) ; Le respect de certains critères s'agissant de la publicité pour les boissons alcoolisées. La publicité pour le tabac et pour les médicaments disponibles sur prescription médicale est interdite. Le parrainage de programmes télévisés est admis, à condition qu'il respecte certaines règles. Le parrainage ne doit pas porter atteinte à l'indépendance éditoriale de l'organisme de radiodiffusion télévisuelle. Par ailleurs, les émissions parrainées ne doivent pas inciter à l'achat des produits ou services du parrain. Enfin, les journaux télévisés et les émissions d'information politique ne peuvent pas être parrainés. 3.3. La coopération entre instances de régulation 3.3.1. Le cas européen : L’EPRA (European Platform of Regulatory Authorities) Créée en avril 1995 à Malte, la plate-forme européenne des instances de régulation (EPRA) a pour objectif de créer un réseau d'échange d'informations sur des questions communes touchant à la réglementation et à la régulation de l'audiovisuel à l'échelle européenne et nationale. Les attributions de l'EPRA excluent la réalisation de déclarations communes et la poursuite d'objectifs nationaux: l'EPRA est une plate-forme ouverte de discussion sur une large variété de sujets intéressant les autorités de régulation. 48 instances de régulation de l'audiovisuel émanant de 40 pays européens sont actuellement membres de l'EPRA. Parmi les pays membres, citons par exemple, la France, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la Croatie, la Bulgarie, etc. L'EPRA n'est bien sûr pas l'unique exemple de coopération existant à ce jour entre les instances de régulation de l'audiovisuel. Il existe d'autres initiatives similaires en Europe et ailleurs. 13 3.3.2. Le Réseau des instances africaines de régulation de la communication (RIARC) Aujourd'hui, en Afrique, la presse écrite et l'espace audiovisuel ne sont plus la chasse gardée des hommes politiques exerçant le pouvoir d'Etat. Partout les journaux, les chaînes de radiodiffusion sonore et les stations de télévision deviennent des organes de presse à capitaux privés. Le secteur de la communication devient un véritable domaine d'activité économique aux structures encore mal ordonnées dans un environnement juridique approximatif. La nécessité d'une réglementation adaptée à chaque pays tout en évoluant dans un cadre international est devenu un impératif sérieux, ce qui explique la naissance, ici et là, d'Instances de Régulation et la création, au plan Inter-Africain du RIARC en Juin 1998 à Libreville à l'issue de la première Conférence des Instances de Régulation de la Communication d'Afrique. Le RIARC est donc un nouvel instrument sous-régional d'intégration qui est né d'une double contingence: la démocratisation progressive des systèmes politiques qui régissent les divers Etats d'Afrique, d'une part, et la libéralisation rapide du secteur de la presse et de la communication, d'autre part. Ce Réseau compte 25 membres à l’heure actuelle : Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo, Sao Tomé, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie . Le RIARC est un cadre formel d’établissement de développement et d’approfondissement des relations de concertation et d’échanges entre les Instances Africaines de Régulation de la Communication. Il a pour objectifs : Contribuer, par la synergie des échanges, à asseoir l’autorité technique, professionnelle et institutionnelle de chacune des instances membres. Développer, entre les instances membres, des échanges d’expériences sur les questions en rapport avec leurs missions ; d’idées et Organiser, entre les instances membres, une étroite coopération en matière de formation et assistance technique, soit sous sa responsabilité, soit en collaboration avec d’autres structures ayant des activités similaires ; Aider à mettre en place, dans chaque instance de régulation, un système fiable de collecte, de traitement et de diffusion de l’information et de la documentation au profit des instances consœurs ; Contribuer à asseoir l’autorité du RIARC dans les forums internationaux et régionaux toutes les fois que sont traités les problèmes de communication et de régulation de la communication pour faire du RIARC un interlocuteur privilégié des organes délibérants des institutions internationales ou régionales de développement. 3.3.3. Le Réseau des instances de régulation méditerranéennes Le Réseau des instances de régulation méditerranéennes a été créé le 29 novembre 1997 à Barcelone, à l'initiative d'Hervé Bourges, Président du Conseil supérieur de 14 l'audiovisuel français et de Luís de Carreras, ancien Président du Conseil de l'audiovisuel de Catalogne (CAC) afin de renouer les liens culturels et historiques entre les pays méditerranéens et d'identifier les enjeux communs auxquels les autorités de régulation sont confrontés dans le contexte de la mondialisation. Le Réseau des instances de régulation méditerranéennes offre une plate-forme de discussion, d'échanges réguliers d'informations et de recherches sur les questions relatives à la régulation audiovisuelle. Les objectifs du réseau méditerranéen, tout comme ceux de l'EPRA ou ceux du RIARC, sont résolument pratiques et opérationnels. En principe, le réseau méditerranéen se réunit une fois par an : c'est chaque fois l'occasion d'échanger des principes et des méthodes de fonctionnement qui ont fait leurs preuves dans l'un ou l'autre des pays membres et de réfléchir ensemble à la manière dont ils pourraient être repris ou adaptés dans d'autres. Par exemple, dans le cadre de la protection des mineurs, une signalétique, basée sur le modèle français déjà utilisé, a été mise en place. Il s’agit d’un outil d'information destiné aux adultes qui repose sur la double responsabilité des diffuseurs et des parents désormais informés. Introduite en France en 1996, elle a ensuite été mise en oeuvre sur les écrans portugais, grecs et chypriotes. À ces objectifs concrets répond le fonctionnement souple et pragmatique du Réseau et notamment l'organisation administrative et les méthodes de travail. Le secrétariat du Réseau méditerranéen, confié initialement au CSA, reste assuré par lui en étroite collaboration avec le Conseil audiovisuel de Catalogne et l'Autorité chypriote de la radio et de la télévision. La vocation du Réseau Méditerranée est d'accueillir toute instance de régulation indépendante appartenant au bassin méditerranéen qui souhaiterait le rejoindre. Depuis sa création, le Réseau s'est progressivement élargi : la réunion fondatrice de Barcelone en 1997 a été organisée à l'initiative de cinq instances de régulation de l'audiovisuel méditerranéennes (de la Catalogne, de la France, de la Grèce, de l'Italie et du Portugal) Depuis de nouveaux membres ont rejoint le réseau : Chypre, Malte, Israël, l'Albanie, l'Espagne, le Maroc… Cette plate-forme méditerranéenne a un rôle complémentaire à jouer à côté de celui de l'EPRA ou encore du RIARC, plate-forme des instances de régulation africaines. Chacun de ces réseaux a ses spécificités et ses habitudes, ses enjeux propres, mais leur coexistence permet d'envisager à terme un véritable dialogue international des régulateurs, apte à prendre en compte les diversités économiques et culturelles. 3.3.4. Coopération nordique en matière de régulation audiovisuelle Les instances de régulation des pays du Nord de l'Europe, c'est-à-dire l'Islande, le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède ont établi une coopération régionale relative à la législation, le câble et le satellite, la télévision numérique et les radios locales et associatives. La première réunion régulière s'est tenue à Stockholm au printemps 1996 et des rencontres annuelles (d'une durée d'un jour et demi) se sont dès lors déroulées à Fredrikstad (Norvège), Helsinki, Reykjavik et Copenhague. La dernière réunion a eu lieu à Stockholm au printemps 2001. Les sujets récurrents à l'ordre du jour sont les développements récents en matière de législation des médias et de la politique de l'audiovisuel. Chaque réunion est également consacrée à un sujet spécifique, tel que la publicité destinée aux enfants, la juridiction ou la publicité clandestine. 15 Conclusion A travers cette étude, nous avons pu établir les éléments fondamentaux constitutifs des instituions de contrôle français purement audiovisuel ainsi que leurs homologues étrangers. Si, ces organes représentent l’ordre et la référence dans le métier, on déplore leur influence limitée notamment dans le domaine des sanctions et des mises en garde. En effet, si le CSA impose une amende à une chaîne privée, il sanctionne de ce fait les actionnaires mais également et à la façon d’un enchaînement, sanctionne le consommateur qui verra baisser la qualité des programmes. De plus, le CSA n’est une entité purement politique, car le Président est directement nommé par le Président de la République. Le BVP quant à lui, n’a qu’une fonction de regard et manque de crédibilité car cet organisme n’est constitué que de professionnels de la publicité. De ce fait, le consommateur peut se demander jusqu’à quel point le BVP est impartial. De plus, avec l’évolution des mœurs, ce qui était considéré choquant peut ne plus l’être quelques années après. A contrario, des types d’émissions diffusées depuis quelques années sont aujourd’hui rejetées par de nombreuses associations et comités prônant par exemple, la protection de l’enfance. Ainsi, nous pouvons nous demander quelle légitimité et quelle importance peut réellement avoir ces organismes de contrôle ? 16