Cuvelier P (1998) : « anciennes et nouvelles formes de tourisme »

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Cuvelier P (1998) : « anciennes et nouvelles formes de tourisme »
L’Harmattan
Section Il : La constitution d'une analyse économique du marché touristique
Le secteur touristique et plus généralement l'ensemble des activités a caractère ludique, sont de
plus en plus retenus comme prioritaires dans les politiques de développement économique.
Comme le souligne J. Mesplier-Pinet (1996), "Fait de société, secteur économique, ordonnateur
d'espace, révélateur et protecteur d'environnement, le tourisme est aussi utilisé comme recours
ultime face au désarroi de la pensée" (p. 1 ). Toutefois, la consultation des principaux travaux se
réclamant de l'économie du tourisme a plutôt tendance à témoigner du faible intérêt que la science
économique a pu poiler, Jusqu'à très récemment, à ce secteur particulier.
Comme nous allons le montrer, l'analyse économique a surtout Jusqu'ici envisagé le tourisme au
travers des apports et des retombées qu'il pouvait générer. Ni les conditions de son apparition et de
sa structuration, ni la singularité de ses modes de product ion et de ses modes de consommation
n'ont vraiment retenu J'attention des économistes. Cet accent porté principalement sur la
dimension stratégique du tourisme peut, de prime abord, apparaître paradoxal au regard de la place
que les vacances, et 1, imaginaire qui leur est associe, prennent dans les budgets des ménages et
dans les modes de vie des sociétés occidentales contemporaines. Pourtant, un certain nombre
d'arguments peuvent être invoqués pour tenter d’expliquer cette situation curieuse au poids
économique du secteur correspond une construction de cadres théoriques peu développée.
- Tout d'abord, cette situation pourrait résulter de la représentation "naturaliste" qui' prévaut dans
le domaine des vacances. Pour le dire autrement, partir pour se reposer et se divertir est perçu
comme une activité libre de l'homme. Elle est intrinsèquement liée à celui qui décide de sa propre
mobilité et s appuie, pour l'essentiel, sur des biens libres, c'est à di biens produits en surabondance
par la nature (mer, plage, montagne, ... ). Cette perception a eu longtemps tendance a forger
l'image d'un secteur fondé Sur le laisser-faire et sur l'au to-organisation du touriste.
- Toutefois, d'autres raisons plus fondamental tales paraissent avoir ralenti l'émergence d'une
réflexion à caractère théorique sur le tourisme. Elles renvoient, cri particulier, aux ambiguïtés
inhérentes au secteur touristique. Les problèmes que l'on a exposés dans l'introduction pour tenter
de mettre au point une définition satisfaisante du tourisme ont, en effet, pour principale
conséquence, de rendre particu1ière nient complexe la délimitation d'un secteur qui engloberait
l'ensemble des activités touristiques. L'une des difficultés majeures à laquelle il faut faire face
lorsque l'on aborde le secteur touristique se situe dans le fait que le caractère touristique d'un bien
ou d'un service dépend principalement de la qualité de celui qui les consomme (il doit être touriste)
et du contexte dans lequel ils sont consommés, Pour clarifier cette idée, on peut ajouter qu'a priori,
aucun bien ou service n'est exclu du secteur touristique dans la mesure il petit répondre à la
satisfaction du touriste. En effet, une firme automobile, le secteur immobilier et le secteur
agro-alimentaire participent, bien qu'à des degrés divers, à l'activité touristique. Ainsi. le secteur
touristique est comparable à une "petite économie" où interviennent plus ou moins tous les
secteurs d'activités. Toutefois, à vouloir intégrer l'ensemble des branches participant à la
production de la satisfaction du touriste, la question se pose alors de savoir si le tourisme peut être
envisagé en tant que secteur d'activité indépendant. Dans le système de la comptabilité nationale,
cette difficulté théorique est résolue par l'adoption de conventions qui sélectionnent certains biens
ou services comme ayant un caractère plus ou moins touristique, c'est à dire fréquemment repérés
dans les paniers de biens ou services du touriste. Différentes méthodes se sont succédées pour
appréhender les activités touristiques. C'est par la méthode que l’on qualifie de « comptes satellites
du tourisme" que l’on tente d'évaluer aujourd'hui la production nationale ou régionale de ce secteur
(Rapport de la Commission des Comptes du Tourisme, 1991, Pierre Py, 1996). Les critères retenus
pour construire cet outil méthodologique nous persuadent du caractère plutôt artificiel de ce
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découpage. Les règles conventionnelles (et donc soumises à une certaine dose d'arbitraire ) qui
président à la définition des contours du secteur touristique, rendent le travail de l'économiste plus
délicat6 que pour appréhender d'autres secteurs d'activité. Cette incapacité à présenter de man 1
ère précise le champ retenu, la diversité des branches et des acteurs a envisager (hôtels,
restaurants, cafés, agences de voyages, ... complexifie la tache de l'économiste.
- Une troisième raison semble résider dans la nature singulière du secteur auquel notre objet
appartient. En effet, dans le langage schématique de Colin Clark- le tourisme relève du secteur
tertiaire, celui* des services. Même si' le tourisme tire avantage de facteurs matériellement
favorables, comme l'eau, la montagne, la forêt, il ne fait pas produire des biens, comme les
agriculteurs, forestiers, pêcheurs du secteur primaire. Le tourisme, quoi qu’on ait dit, n'est pas non
plus une industrie .- même s'il aménage un bien naturel (une plage, par exemple), il ne le
transforme pas en un produit nouveau destiné à une consommation lointaine, comme le secteur
secondaire" (M.Boyer, 1972, p. 171 ). Les prestations touristiques sont donc des activités de
services qui sont rendues à des agents économiques particuliers que ]'on qualifie de "touriste". En
fait, pour être plus juste, le produit touristique doit davantage être perçu comme un produit
composite offrant une combinaison de biens matériels et de prestations immatérielles. Comme le
précise Christine Richter (1988), il serait préférable de le classer parmi les « services dits mixtes ».
L'appartenance du tourisme au secteur tertiaire n'a pas été un facteur en faveur du développement
d'une réflexion économique à caractère théorique. En effet, alors que depuis la. seconde guerre
mondiale, les économies des pays développés se sont progressivement transformées en société de
services, il semble bien que l'étude des mutations structurelles qui ont affecté la société Industrielle
ait été relativement délaissée par les économistes ou tout au moins que ces études aient fonctionné
principalement "sur le mode de la transposition des méthodes ayant fait leurs preuves dans
l'industrie" (J. Gadrey, 1996, p.30). Ainsi, la domination de la représentation industrielle du
produit et des méthodes d'approche et d'analyse qui lui sont associées, a eu, en particulier, pour
conséquence de limiter le développement de travaux capables de rendre compte de la spécificité
des activités de service, Comme le précise Jean Gadrey (1996), "c'est bien sur la base de concepts
industriels de produit et de productivité que la tradition économique, dans ses variantes classiques,
marxistes, néoclassiques, micro ou macroéconomique, construit ses modèles interprétatifs
universels et les applique indifféremment à toutes les activités, incluant les Services" (p. 30-31). A
cet égard, l'économie du tourisme n'a pas été épargnée par cette orientation épistémologique qui,
comme nous allons J'exposer dans la suite de notre analyse, appréhende le tourisme comme "un
bien dont l'utilité marginale est faiblement décroissante" (A. 0. Bull, 1996. p. 23). Ainsi, dans un
cadre de pensée dominé par la production industrielle classique ou fordiste, le fait que la
consommation émanant des touristes soit principalement constituée d'activités de service s'est
révélée être, au moins partiellement, un obstacle à l'émergence d'une réflexion théorique adaptée.
- Enfin, ce faible développement de la recherche dans le domaine du tourisme pourrait s'expliquer
par l'existence de sous-domaines de réflexions. En effet, et ceci est une conséquence directe du fait
que les frontières du secteur sont relativement floues, il existe, au sein de la science économique et
de la science de gestion, différents champs de recherches qui s’interrogent sur des objets
particuliers. Parmi ceux-ci, on peut repérer des travaux portant sur l'économie des transports (Yves
Tinard, 1992), sur l'économie et la gestion des activités rattachées à la restauration, sur l'économie
des modes d'hébergement (Yves Tinard, 1992), ou encore sur l'économie de la culture (Françoise
Benhamou, 1996), de l'animation et du patrimoine monumental (Xavier Greffe, 1990). L'étude des
entreprises touristiques, de leurs organisations, de leurs performances, de leur structuration (hôtels,
cafés, restaurants, agences de voyage, musées ... ) relève traditionnellement de l'économie
industrielle (François Coulomb, 1994). La dimension "touristique", dans chacun de ces travaux,
intervient mais de manière plus ou moins marginale. On fait alors l'hypothèse que J'ensemble de
ces éléments de recherche qu 1 Porte Sur ni) aspect Ou sur ni, sous-produit touristique constitue le
champ de l'économie touristique. En ce sens, on peut se demander ce qui légitime un discours
général sur l'économie du tourisme et une autonomisation de ce champ de réflexion alors que
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chacun des sous-produits constitutifs de ce que nous qualifions un produit touristique (les
composantes transport, hébergement, restauration et animation) fait déjà l'objet de nombreuses
analyses par d'autres champs de recherche. En fait, réduire la réflexion sur le tourisme à une
réflexion sur chacun des éléments qui le composent est une position méthodologique largement
insuffisante. Si le secteur touristique entretient des rapports étroits avec les secteurs des transports,
de la restauration, du logement et de la culture (animation), il ne se confond pourtant pas avec eux.
La compréhension des pratiques touristiques et des marchés qui leurs sont associés réclame la
construction de cadres de pensées originaux, c'est à dire capables de comprendre qu'il existe une
différence de nature entre l'acte de consommation effectué dans le cadre de vie habituel et
l'ensemble des biens ou services que le touriste achète durant son déplacement touristique. Ce
serait cette difficulté théorique qui' pourrait expliquer, en partie, l'interrogation soulevée par Paul
Bodson et Jean Stafford (1988, p. 3) et qui consiste à se demander si le tourisme constitue "un
domaine suffisamment original et consistant polir susciter des recherches et des théories
économiques spécifiques". De même, cette complexité des problèmes soulevés par le tourisme
serait à l'origine du constat de Christine Richter (1988, p. 218) qui fait remarquer que "Ici la
science touristique reste encore trop souvent spécialisée, segmentée ou sectorielle". C'est la raison
pour laquelle, elle en appelle à la construction de méthodes d'approche "qui donneraient une vision
claire, interdisciplinaire et universelle des multiples aspects de l’industrie touristique".
Ainsi, ce serait le caractère récent et massif du développement du tourisme, l'appartenance des
activités touristiques au secteur tertiaire et les contours incertains de ce champ d'études qui
expliqueraient, en grande partie, que "les contributions à la connaissance du tourisme élaborées
dans litre perspective économique sont relativement modestes et manquent le plus souvent de
précision et de cadre théorique ~1 (Paul Bodson et Jean stafford, 1988, p. 3). Toutefois, en dépit de
cette relative rareté des recherches économiques portant sur le tourisme, il est possible de repérer
dans la littérature économique quelques travaux qui semblent se rattacher au courant le plus
influent de l'analyse économique, la théorie néoclassique. Il nous semble essentiel de les exposer
pour disposer de la représentation et du traitement de cette réalité par l'analyse économique.
Il. 1 Une analyse classique : Donald E. Lundberg, M. Krishnamoorthy et Mink H. Stavenga
(1995)
Cette approche, développée par trois économistes américains s'inscrit dans le cadre de l'analyse
standard de l'économie. Leur exposé consiste à présenter la loi de l'offre de produits ou prestations
touristiques, la loi de la demande et la formation des prix sur le marché. Conscients de travailler
sur une réalité spécifique, ils cherchent, dans une deuxième étape de leur réflexion à repérer les cas
de figures où l'échange du produit touristique semble ne pas obéir aux lois que lui dicte le marché.
A) L'approche traditionnelle du marché touristique
Pour faire face au problème de la rareté, les individus, unités de base de l'analyse
micro-economique, sont contraints de faire des choix. Dans cette tradition de pensée, c'est le
marché et plus précisément les règles de fonctionnement de ce marché qui vont aider les individus
à effectuer ces choix de manière optimale. En ce sens, le marché est ici l'instrument qui permet de
parvenir à la meilleure allocation des ressources possible dans une économie.
Le raisonnement s'appuie sur le postulat de l'individualisme méthodologique, c'est à dire que les
individus sont caractérisés par des fonctions de comportements autonomes mais de même nature.
Si l’individu est touriste. dans la limite de son budget, il va vouloir, en effectuant son achat,
obtenir en retour le maximum de satisfactions possibles et si c'est un producteur, il va chercher à
maximiser soir profit, en tenant compte des caractéristiques techniques de sa fonction de
production et de l'état de la concurrence sur le marché.
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Dans cette approche, la satisfaction du touriste dépend essentiellement de la consommation de
biens et services. La fonction de demande d'un bien ou d'un service est une fonction décroissante
du prix de ce bien ou de ce service. Inversement, la fonction d'offre de biens ou services est une
fonction croissante du prix. Le marché est, dans ce cadre, le lieu de rencontre de ces deux courbes.
C'est au point d'intersection de celles-ci' que se déterminent simultanément le prix d'équilibre, la
quantité demandée et la quantité offerte (lu bien ou service que l'on désirait échanger. Ce point
d'équilibre se présente comme la solution la plus efficace tant au niveau technique qu'au niveau de
la répartition sociale.
Dans leur analyse, les auteurs ne s'interrogent pas sur les raisons pour lesquelles un individu
désire consommer, à un moment donné, un produit touristique. Cette position est en conformi
avec l'analyse micro-économique du consommateur. De plus, il n'y a pas de spécification
particulière de ce qu'est un produit touristique. Les auteurs, saris le définir explicitement, qualifient
de "produit" une ou plusieurs des composantes qui sont nécessaires à la réalisation du voyage. Une
chambre d'hôtel, un circuit acheté dans une agence de voyage ou la location d'une voiture sur un
lieu touristique sont, dans ce cadre, autant de "produits" touristiques. La coordination la plus
efficace entre les offreurs et les demandeurs pour chacune de ces prestations sera celle qui
s'établira sur le marché par l'intermédiaire du niveau des prix. C'est une optique qui privilégie une
approche du produit comme relevant d'un assemblage de prestations que l'on combinera en
fonction de soit utilité et de sa contrainte de revenu.
B) La relative spécification du marché touristique
Si pour de nombreux produits, la transaction s'effectue par un processus d'ajustement marchand,
c'est à dire que "le prix exprime la mesure des objets, en établissant une valeur d'échange" (Pierre
Yves Goniez, 1994, p. 56), les auteurs soulignent toutefois que pour le produit touristique cette
représentation pose quelques difficultés.
1) Le produit touristique appréhendé comme un vecteur de caractéristiques
Conscients de la nature particulière des prestations qui vont faire l'objet d'un achat par le touriste,
D. Lundberg, M. Krislinamoorty et M. Stavenga envisagent les apports de l'approche de Adrian 0.
Bull (1991). Ce dernier se fonde implicitement sur la théorie en termes de caractéristiques du
produit de Kelvin Lancaster (l 966).
L'approche Lancasterienne de la consommation consiste à supposer que, contrairement à la
position défendue par la théorie néoclassique, les consommateurs n'évaluent pas les biens ou les
services par leurs propriétés intrinsèques mais par les services (ou caractéristiques) qu'ils leurs
rendent. Lancaster conçoit ces "services" comme objectivement mesurables par tous les
consommateurs. La demande de biens est ainsi dérivée de la demande de caractéristiques. Ainsi,
par cette complexification du calcul du consommateur, il est possible d'intégrer des dimensions
qualitatives (ce qui dans le modèle de base de l'économie ne se faisait pas puisque le marché
opérait la sélection qualitative) dans les choix de consommation. En ce sens, si les biens ou
services se caractérisent par des fonctions, le consommateur va pouvoir attribuer à un bien ou un
service ayant la même fonction "une plus ou moins grande capacité à assurer celle-ci" (Pierre Yves
Goinez, 1994). Dans ce cadre, les touristes "sont décrits comme maximisant, non pas une fonction
d'utilité, mais une fonction transformée, qui décrit l'utilité tirée de la transformation d'un ensemble
particulier de caracteristiques en un ensemble particulier de biens" (M. Blaug, 1994, p. 150) ou de
services. Cette théorie permet de concevoir que les goûts du consommateur restent inchangés alors
que les demandes de produits sur le marché se modifient. Ainsi, le goût du voyage peut rester le
même mais le type de formule retenue ("seat only", voyage a forfait, "fly and drive")
peut évoluer.
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C'est pour mieux approcher le concept économique d'utilité, que l'on définit comme le bénéfice ou
la satisfaction que le touriste retire de la consommation du bien ou du service touristique,
qu'Adrian Bull (1991) reprend et adapte à soit objet d'étude la théorie de la décision d'achat de
Lancaster. Il expose une méthode fondée sur la décomposition du produit non plus comme un
ensemble de composantes niais plutôt comme un ensemble de caractéristiques attachées au séjour
touristique et jugées importantes par le touriste (comme le nombre d'heures de soleil, l'espace
disponible sur la plage, ... ). En ce sens, les fonctions attachées au produit sont des caractéristiques
de qualité du produit et non des sous-produits eux-mêmes. S'il est possible de quantifier ces
caractéristiques ou de leur affecter un coefficient de pondération, il est alors envisageable de
déterminer quels types de caractéristiques et donc d'architecture de prestations sont capables de
maximiser l'utilité du touriste.
2) Le produit touristique, "une bizarrerie de l'économie"
Dans le même ordre d'idée, D. Lundberg, M. Krislinamoorthy et M. Stavenga (1995) nous
exposent ce qu'ils qualifient de "bizarrerie de l'économie du tourisme" (p. 34). Il s'agit de "l'effet
Veblen" qui est un des éléments de la théorie de la classe de loisir que ce dernier a publié en 1899.
Thorstein Veblen, à la fin du siècle dernier, expliquait que la consommation ostentatoire est une
pratique qui consiste a acheter de-, biens ou services pour le prestige qu'ils apportent. De ce fait,
contrairement à la loi du débit de Cournot qui' postule que la quantité demandée d'un bien ou d'un
service décroît au fur et à mesure que son prix augmente, l'effet Veblen cherche à montrer que
pour certaines catégories de marchandises la dimension symbolique est centrale, c'est le
renchérissement de leur valeur qui stimule la quantité demandée. Ainsi, dans ce cadre, il est
possible de comprendre pourquoi la démocratisation d'une destination ou d'un produit peut
entrainer un relatif abandon de la fréquentation de cette destination ou de la consommation de ce
produit par les classes les plus aisées. De même, cet "effet de snobisme" nous permet d'expliquer
les raisons pour lesquelles, dans certaines situations, la demande varie dans le même sens que le
prix. Dans le langage courant de la micro-économie, on parle de biens ou services ayant une
élasticité-prix supérieure à l'unité. Ce sont donc les caractéristiques de ces produits ou les
représentations qu'en a le corps social qui viendraient rendre anormale la pente de la courbe de
demande. Appréhender la demande de produit touristique à l'aide de cet outil revient alors à
considérer le produit touristique comme appartenant à la catégorie des produits de luxe.
C) Quelques éléments critiques
Le mérite de cette approche est d'essayer d'intégrer les transactions touristiques dans le cadre de la
théorie standard de l'économie. Ceci témoigne d'une considération accrue et d’une reconnaissance
officielle de la part des économistes pour un objet de recherche qui, jusque dans les années 80, ne
bénéficiait pas d'un réel engouement. Néanmoins, cette intégration au courant d'analyse
économique le plus influent n'est pas sans poser quelques problèmes.
1) Une approche du produit problématique
Tout d'abord, comme nous l'avons Indiqué auparavant, cette analyse repose sur une conception
imprécise de la notion de produit. Parfois, il s'agit d'une prestation de service, parfois d'un bien, et
parfois d'une combinaison des deux. Or pour que la transaction s'effectue selon le processus décrit
par la théorie économique standard, il est nécessaire de faire l'hypothèse que le produit pré-existe à
l'acte d'achat. En effet, la demande se définit dans ce cadre comme la quantité d'un bien que les
acheteurs souhaitent acquérir pour chacun des prix possibles.
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