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Lettre boursière aux investisseurs/ No 16. Août 2004 (2)
« Quand les Etats-Unis vont bien, le reste du monde occidental va bien… »
Et le contraire est certainement également valable. Je vous propose, dans cette lettre, quelques
réflexions politiques et économiques sur la situation actuelle que nous vivons, ainsi que les
risques associés.
Depuis bientôt un an et demi, les Américains sont en guerre en Irak, guerre justifiée à
l’époque par la détention d’armes de destruction massives (ADM) de Saddam Hussein.
Il est impensable d’imaginer que le président des E.-U., son vice-président, les secrétaires
d’état et de la défense ainsi que le directeur de la CIA aient pu croire une chose pareille.
Pourtant toutes ces personnes ont dit aux citoyens américains, au congrès, aux Nations Unies
ainsi qu’à leurs alliés, qu’ils le croyaient. Est-ce possible que les services de renseignements
aient pu faire avaler pareilles fausses informations au plus haut niveau ? Si c’est le cas, ces
services sont la plus grande menace contre le monde libre et contre la crédibilité du
gouvernement américain. Contrairement à la propagande de l’administration Bush, Saddam
Hussein n’était pas un allié de Ben Laden, bien au contraire ! En effet, le dictateur irakien est
bien connu pour avoir assassiné ou emprisonné un bon nombre de chefs islamistes et autorités
religieuses. De plus, s’il avait mis à disposition des terroristes d’Al-Qaida des ADM, ces
derniers les auraient déjà utilisés contre Israël.
Il est également certain que les généraux en charge de l’invasion n’ont pas cru à l’existence de
ces ADM. En effet, quel général, sain d’esprit, prendrait le risque de concentrer son armée
proche d’un ennemi possédant des ADM, sachant qu’une attaque pourrait anéantir toute sa
force d’invasion ?
Comment comprendre que, selon un cent sondage de l’université du Maryland, 54 % des
américains continuent à présumer que l’Irak possède des ADM et que 35 % croient toujours à
un lien entre Saddam et Al-Qaida ? Que penser des médias dans la propagation de tels
mensonges ? Comment tout un peuple peut-il être aussi mal informé ? La réponse vient peut-
être du fait que la presse indépendante n’existe plus vraiment aux Etats-Unis. En effet, les
médias dépendent tellement de leurs revenus publicitaires, qu’ils ne tolèrent plus la
controverse. Au contraire, ils ont servi de moyen de propagande pour l’administration Bush.
Même si le New York Time et le Washington Post ont publié quelques excuses pour avoir
négligé leur responsabilité, ils sont néanmoins muselés par le mantra « vous-êtes-avec-nous-
ou-contre-nous ». Quiconque dit la vérité est dans le camp des « contre-nous ».
S’étant sorti de l’invasion de l’Irak par tromperie, le gouvernement américain actuel est prêt à
répéter l’offensive. La semaine dernière, le sous-secrétaire d’état John Bolton a fait la
déclaration suivante lors d’un forum télévisé : « L’Iran développe depuis 18 ans un
programme secret d’armes nucléaires, et représente notre plus grand défi dans le cadre de la
prolifération d’ADM. Les efforts de l’Iran dans le développement d’armes chimiques,
biologiques et nucléaires, ainsi que de missiles balistiques, posent de graves menaces à la
sécurité internationale. »
JW. Gestion de Fortunes
Jacques Winter
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La sécurité internationale n’est-elle pas plutôt menacée par la propagande guerrière du
gouvernement américain ?
Est-ce que M. Bolton pense honnêtement qu’un programme nucléaire militaire a pu être
« caché » pendant 18 ans ?
La diplomatie américaine est un échec. Est-il intentionnel ? Est-ce que l’administration Bush
veut accroître son emprise sur le Moyen-Orient ? Les indicateurs semblent le supposer. Les
USA ont une position agressive contre l’Irak, la Syrie et l’Iran, trois pays non gouvernés par
des marionnettes américaines, et ceci sous prétexte d’apporter la « démocratie » à l’islam.
Les néo conservateurs qui contrôlent la présidence américaine ont mis en avant clairement
leurs intentions et le peuple américain ni prête pas attention, ni d’ailleurs le reste de
l’occident.
Sur le plan économique, les récentes statistiques montrent un affaiblissement de la
conjoncture. Tant les chiffres de création d’emplois que de la croissance économique
montrent des signes de faiblesse, alors que l’inflation repart. L’accroissement du déficit
budgétaire et de la balance commerciale atteint des records mois après mois. L’endettement
de l’état ainsi que des particuliers se situe à des niveaux historiques. Comment prétendre à
une croissance saine et durable sans épargne et en faisant de plus en plus recours à
l’endettement ? Comment continuer à attirer mensuellement plus de $50 milliards d’épargne
étrangère avec des taux d’intérêts réels négatifs, et une monnaie en baisse constante ?
Comment se permettre d’augmenter les taux, alors que les intérêts de la dette existante ne sont
déjà plus supportables et qu’aucun amortissement n’est effectué ? Comment l’économie
globale réagirait à l’explosion de la bulle immobilière, avec toutes les retombées sur les
agences hypothécaires ?
Et si les taux ne remontent pas, comment gérer la reprise de l’inflation ?
Alan Greenspan a dit, dans les années 1980, qu’il souhaitait être à la tête de la Réserve
Fédérale lors d’une période de crise économique grave (dépression ou hyper-inflation).
Bienvenue M. Greenspan, et bonne chance…
Il est étonnant de constater que dans le contexte économique actuel, que je qualifierais
d’inquiétant, même les mauvaises nouvelles sont interprétées de manière positive. Quand la
masse populaire atteint le sommet de son illusion optimiste, tout est bon à célébrer. Au Japon,
à la fin des années 80, un important et destructeur tremblement de terre était interprété comme
économiquement positif, parce que stimulant pour la construction. Récemment, même la
récente hausse du pétrole a été interprétée comme bonne nouvelle par le New York Time,
« un choc pétrolier fournirait un stimulant économique fortement requis ».
La logique de ce raisonnement se situe dans le fait que toute catastrophe doit être corrigée.
Après une guerre, par exemple, les gens (pris dans leur globalité, soit personnes physiques,
entreprises, états) retournent travailler pour reconstruire les maisons, les routes, les gares, etc.
Ils ne le font pas sans rien ; il leur faut réorienter les ressources à disposition (travailleurs,
machines, énergie, capitaux). En d’autres termes, ils doivent abandonner certaines choses
(diminuer le train de vie) pour avoir à disposition ces ressources nécessaires. Après une crise,
tout le monde est prêt à se serrer la ceinture pour retomber sur ses pattes. C’est ce qu’on
appelle une récession ; un interlude pendant lequel les dépenses de consommation baissent.
La hausse du pétrole, dans le contexte actuel, n’est donc pas un stimulant pour l’économie.
Les automobilistes n’achèteront pas de nouvelles voitures plus économiques, les propriétaires
n’investiront pas dans une nouvelle isolation thermique ; ils n’en ont tout simplement plus les
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moyens, ou alors ils devront encore plus s’endetter pour y arriver, amplifiant le cercle vicieux
précédemment évoqué.
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Les trois graphiques ci-dessus présentent dans l’ordre le prix de l’once d’or en USD, le cours
de Newmont Mining (plus gros producteur mondial) et le ratio Newmont/Or.
Les lignes verticales indiquent les hauts intermédiaires du prix de l’or.
Il est intéressant de constater que les sommets du métal jaune de juin 2001, juin 2002 et
janvier 2004 coïncident avec les niveaux records atteints par l’action Newmont ainsi que son
ratio avec le métal, avec toutefois un léger décalage lors de la dernière période.
Par contre, le sommet du prix de l’or en mars 2003 n’a pas été confirmé par le prix de
l’action, qui a continué à consolider jusqu’en juin 2003. Comme les graphiques le montrent,
il semble bien que tant le cours de l’or que celui de Newmont ont cassé le triangle de
consolidation formé depuis le début de cette année, et qu’une nouvelle phase de hausse se
précise. Il n’est par contre pas impossible que la récente hausse se consolide entre 390 et 400
pour l’once et 41 et 42 pour l’action. Le potentiel de hausse est donc largement supérieur au
risque de correction à court terme.
Le ratio ci-dessus démontre que lorsque l’or monte, l’action du producteur (et des mines d’or
en général) performe mieux que le métal, et inversement en cas de baisse du prix de l’once.
Les trois graphiques sont dans un canal haussier depuis plus de trois ans et ne montrent
aucune divergence. Cette situation devrait perdurer tant que la situation économico politique
évoquée précédemment ne sera pas assainie.
Jacques Winter
Yverdon-les-Bains, 25 août 2004
Disclaimer :
Les propos ci-dessus ne doivent en aucun cas être pris comme recommandation d’achat ou de vente. Ils ne sont exprimés que dans un but
éducatif, ainsi qu’avec l’objectif de susciter la flexion et la critique du lecteur. A chacun de faire sa propre recherche et de demander
conseil à son gestionnaire. Je reste toujours volontiers à disposition pour toute information complémentaire
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