Gilles Deleuze – Nietzsche et la philosophie

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Gilles Deleuze – Nietzsche et la philosophie
Premier livre du Z : le chameau qui porte le poids des valeurs établies, éducation morale et
culture, le lion qui critique les valeurs et l’enfant qui critique les valeurs. Les coupures entre
les trois sont relatives, lion présent chez le chameau, etc.
Biographie de Nietzsche : père pasteur luthérien, mort en 1849, d’un ramollissement cérébral.
N élevé dans un milieu féminin ; on gardait ses compositions littéraires et musicales. Il choisit
la philologie contre la théologie ; prof à Bâle en 1879.
Cosima Wagner est Ariane, Hans von Bülow est Thésée, Wagner est Dionysos. Ambulancier
pendant la guerre de 1870 ; il y perd son nationalisme et son affection pour Bismarck. Il est
incapable de vivre avec les Allemands. Pour N, l’abandon des vieilles croyances n’est pas une
crise mais la révélation d’idées nouvelles. C’est seulement après la Naissance qu’il se rend
compte d’une incompatibilité entre penseur privé et publique. En 1875, répugné par
l’ambiance de kermesse à Bayreuth.
Après avoir renié Wagner, il s’intéresse à la physique, à la biologie, troubles oculaires,
digestifs aussi. En 1878, obtient une pension, va de station en station, de la Suisse en Italie. Il
traîne avec P. Gast, Malvida von Meyersburg (wagnérienne) et Paul Rée qui lui donne le goût
des sciences naturelles et de la dissection de la morale. Il voit pour la dernière fois W en
1878, qui est devenu pieux et nationaliste ; il publie HTH.
Deleuze précise que la maladie n’est pas une source d’inspiration ; la philo ne naît pas de la
souffrance ; la maladie est un point de vue sur la santé et la santé un point de vue sur la
maladie. Inversement de la perspective : la douleur n’est pas une motivation de la pensée,
mais un objet de pensée. N est le contraire d’un malade, il a la santé. La grande santé n’est
qu’une apparence de maladie. Tout est masque chez N, la santé est un premier masque pour
son génie et la souffrance, un second masque pour son génie et sa santé. N ne croit pas à
l’unité du moi, mais au rapports subtiles d’évaluation entre différents moi qui se cache. W,
Schop et Paul Rée ont été les différents masque de N. La démence a été son dernier masque ;
les masques cessent alors de se déplacer pour se confondre dans une rigidité mortelle. La
souffrance est mêlée d’enthousiasme qui affecte le corps lui-même. En août 1881, révélation
de l’ER à S-Maria. En 1882, aventure avec Lou-Andrea Salomé, et la demande en mariage. Il
se voit en Dionysos qui reçoit Ariane avec l’accord de Thésée. En 1885, mort de Wagner.
1888 : CI, Anté, EH, CW ; nouvel humeur, certaine violence dans le propose. 3 janvier 1889,
crise à Turin. Interné à Bâle, à Iéna. Infection syphilitique ?
N intègre à la philosophie deux moyens d’expression : l’aphorisme, le poème. A l’idéal de la
connaissance et du vrai, il laisse place à l’interprétation et à l’évaluation.
L’interprétation est à comprendre comme la compréhension fragmentaire et partielle d’un
phénomène, alors que l’évaluation est la valeur hiérarchique de ces sens.
L’aphorisme se situe du côté de l’art d’interpréter : il interprète lui-même et est à interpréter.
De même, le poème évalue et est la chose à évaluer. L’interprète est du côté du médecin, du
physiologiste – il voit des signes, des symptômes – le poète est artiste, il voit des choses. Le
philosophe de l’avenir sera artiste et médecin, en un mot législateur. Ce philosophe sera
l’image du philosophe présocratique ; identité de l’avenir et de l’originel. La philo de l’avenir,
explore les nouveaux monde, les cimes et les cavernes et ne crée qu’à force de se souvenir de
ce qui a été oublié. L’unité de la pensé et de la vie a été oubliée. De deux façons : les modes
vie créent des façons de penser et les modes de penser créent des façons de vivre. Mais on a
plus que des exemples de penser qui nie la vie : on a le choix entre des vies médiocres et des
penseurs fous. Le secret des présocratiques a été perdu dès l’origine. On va penser la
philosophie comme une force, mais les forces ne peuvent apparaître que masqués. La philo est
arrivée masqué derrière la figure du prêtre. On imagine mal la sensualité d’une vie dangereuse
qui se cache derrière le masque. La philo a oublié qu’elle portait un masque.
On voit la pensée se donner pour tâche de juger la vie et de lui oppose des prétendus valeurs
supérieures et de la condamner ainsi. La vie dépréciée ne se ramène plus qu’à des formes
maladives ; il y a victoire de la réaction sur la pensée affirmative. Le philo législateur donne
lieu au philo soumis, il conserve les vieilles idées. Il se plie aux exigences du vrai et de la
raison. La philo encense les valeurs auxquelles l’homme doit obéir. Il n’évoque plus que des
vérités qui ne font mal à personne et il évalue la vie selon son aptitude à porter des fardeaux.
La dégénérescence apparaît avec Socrate, qui est métaphysicien : opposition du vrai, du faux,
di sensible, de l’intelligible. On trouve quelque chose à évaluer.
Plus tard, Kant n’a pas restauré l’idéal du philosophe législateur. Il ne remet pas en cause
l’idéal de connaissance même s’il dénonce les limites de celles-ci. Il ne remet pas en question
la moralité, l’origine et la nature des valeurs. L’essence de la religion, de la morale, reste
sacrée. L’homme a lui seul la charge de ces poids que sont la connaissance, la morale et la
religion. N voit les symptômes différents d’un même mal. Il ne suffit pas de tuer Dieu pour
opérer la transmutation des valeurs. Dieu est tué par le plus hideux des hommes. L’homme
s’interdit lui-même ce qu’on lui interdisait auparavant du dehors ; dans l’histoire de la philo,
c’est l’histoire de légitimer cette soumission à des fardeaux (morale, religion). Ce mouvement
affecte l’histoire en général. La philo devra s’extraire de cette histoire de la soumission ; elle
n’est pas intemporelle, mais intempestive. Toute interprétation est détermination du sens d’un
phénomène. Le sens est un rapport de force ; certaines forces agissent, d’autres réagissent,
dans un ensemble hiérarchisé. L’essence de la force est d’entrer en contact avec d’autres
forces. L’essence de la force est la volonté ; la volonté est le principe plastique de
l’interprétation. Il faut que les forces actives affirment leur propre différence. La volonté de
puissance est faite d’affirmation et de négation ; l’affirmation est multiple et pluraliste alors
que la négation est unique et lourde, moniste. Les forces réactives triomphent, la négation
l’emporte dans la VP. C’est un victoire commune de la volonté réactive et de la volonté de
rien. L’analyse de ce nihilisme sera fait par la psychologie. Les faibles ne triomphent pas par
addition de forces, mais en soustrayant la force du plus fort ; ça fonctionne par contagion. Les
forces réactives en l’emportant ne cesse d’être réactive. Les maîtres l’emportent par leur
bassesse. La VP telle qu’elle était à la base dégénère en volonté de dominer.
Etape de la psychologie humaine :
 Ressentiment contre ce qui est actif, on a honte d’agir. La vie y est séparée de la
puissance.
 Après le ressentiment, la mauvaise conscience.
 L’idéal ascétique, qui est un moment de sublimation. Ce que veut la vie réactive c’est
la sublimation de la vie ; elle ne tolère que la vie mutilée. C’est là que les valeurs
supérieures s’opposent à la vie. C’est là que se produisent les grandes catégories de la
pensée que sont le moi, Dieu, la causalité, la finalité.
 Ensuite vient la mort de Dieu. A l’intérieur de la religion elle-même avec la mort du
Christ, fils qui meurt par ressentiment du Père ou fils qui meurt pour être
indépendant ; le Christ est mort pour la rédemption des péchés. Avec la Réforme,
l’homme s’assume comme meurtrier de Dieu en en supportant le poids. La mort de
Dieu ne met pas fin au nihilisme, mais en donne une nouvelle forme : on a des valeurs
humaines, trop humaines: l’utilité remplace le progrès, etc.
Chez Z, l’homme supérieur remplace les valeurs divines par des valeurs humaines. La
seule affirmation dont il est capable, c’est le oui de l’âne. L’âne croit dire oui, mais il
dit non.
 Le dernier homme, l’homme qui veut périr. La mort de Dieu prend sens. Il ne sert plus
à rien de remplacer des anciennes valeurs par des nouvelles. C’est celui qui dira que
tout est vain. C’est une volonté de néant ; on préfère ne rien vouloir que ne pas
vouloir. Cette dernière étape du nihilisme, c’est ce qui prépare à la transmutation des
valeurs : c’est le triomphe de l’affirmation de la volonté de puissance. On passe dans
la création. On renverse les rapports affirmation/ négation ; la confrontation possible
n’est qu’à l’issue du nihilisme ; celui-ci jugeait le devenir coupable. La joie devient le
seul mobile de la philo ; affirmation du multiple. Cette affirmation de l’affirmation
vient de Dionysos. On résorbe la vie dans un fond originel en faisant alliance avec
Apollon pour produire la tragédie. La vie n’a pas à être jugé. Dionysos affirme le
devenir jusqu’à la lacération de ses membres ; nécessité du hasard.
L’ER n’est pas forcément le retour du même. On doit vouloir de telle manière qu’on en
veuille l’ER ; pour que les choses reviennent, on doit vouloir qu’elles reviennent. Même une
lâcheté qui serait voulue, serait active. Seul revient ce qui est voulu revient.
Dans Z, Le convalescent, hypothèse que l’ER serait l’ER du même. Il le rejette à ce momentlà. L’ER n’est pas un cycle où le retour du même, mais une répétition qui sélectionne. On le
concilie avec la théorie du surhomme qui sélectionne et recueille ce qui est affirmé. Il faut
éviter quatre erreurs chez Nietzsche :
 La Volonté de puissance et de dominer.
 Les forts et les faibles : les maîtres peuvent être faibles.
 L’ER retour n’est pas ER du même
 Croire que les dernières œuvres issues de la folie n’ont aucune valeur.
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