Petite Collection Luc TOGBADJA
V. LENINE
QUE FAIRE ?
Reproduit en République du Bénin
Par la Librairie - Imprimerie
Sègla KPOMASSI
Cotonou - 2006
PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS!
V. LENINE
QUE FAIRE?
LES QUESTIONS BRULANTES
DE NOTRE MOUVEMENT
Reproduit en République du Bénin
Par la Librairie - Imprimerie
Sègla KPOMASSI
Cotonou - 2006
Première édition 1974
2è Tirage 1975
NOTE DE L'ÉDITEUR
La présente édition de Que faire? a été établie d'après les traductions
existant en langue française, en s'appuyant sur une confrontation avec le
texte chinois publié par les Éditions du Peuple, Pékin, octobre 1972.
Les notes mises à la fin du livre sont rédigées d'après celles de
l'édition chinoise des Éditions du Peuple, Pékin, et celles des traductions
françaises existantes.
Reproduit en République du Bénin
Par la Librairie - Imprimerie
Sociale-Internationale
Cotonou - 2006
QUE FAIRE?
LES QUESTIONS BRULANTES
DE NOTRE MOUVEMENT1
«…. La lutte de parti donne des forces et de la vitalité au
Parti, la meilleure preuve de faiblesse d'un parti, c'est sa
position diffuse et l'effacement des frontières nettement tra-
cées; le Parti se renforce en s’épurant . . . »
(Extrait d'une lettre de Lassalle à Marx, 24 juin
1852)
Rédigé en automne 1901-fevrier Conforme au texte de la
1902 brochure collationné sur
Publié pour la première fois en le texte du recueil:
brochure en mars 1902 V. Iline, (En douze ans»,
1907.
Le texte original est en russe.
PRÉFACE
La brochure que nous présentons au lecteur devait, dans l'intention première de
l'auteur, être consacrée au développement détaillé des idées exprimées dans l'article
«Par commencer?»( Iskra2
,
4, mai1901)*. Nous devons tout d'abord nous
excuser auprès du lecteur pour le retard apporté à l'exécution de la promesse faite
dans cet article (et répétée en réponse à de nombreuses questions et lettres privées).
Une des raisons de ce retard fut la tentative d'unification de toutes les organisations
social-démocrates à l'étranger, entreprise en juin dernier (1901) Il était naturel que
l'on attendit les résultats de cette tentative, car si elle avait réussi, il eût peut-être fallu
exposer, sous un angle un peu différent, les points de vue de l’Iskra en matière
d'organisation; en tout cas, cette réussite eût permis de mettre très rapidement fin à
l'existence de deux tendances dans la social-démocratie russe. Cette tentative, le
lecteur ne l'ignore pas, a échoué et, comme nous essaierons de le démontrer plus loin,
elle ne pouvait pas avoir une autre fin, après le nouveau coup de barre du Rabotchéié
Diélo3, dans son numéro 10, vers l'économisme. II était devenu absolument nécessaire
d'engager une lutte décisive contre cette tendance vague et peu déterminée, mais en
revanche d'autant plus persistante et susceptible de renaître sous les formes les plus
variées. Ceci étant, le plan initial de cette brochure a été modifié et considérablement
élargi.
Elle devait avoir pour thème principal les trois questions posées dans l'article
«Par commencer?». Savoir: le caractère et le contenu essentiel de notre agitation
politique; nos tâches d'organisation; le plan de construction menée par plusieurs
bouts à la fois d'une organisation de combat pour toute la Russie. Depuis longtemps
ces problèmes intéressent l'auteur, qui s'est efforcé déjà de les soulever dans la
Rabotchaia Gazéta4 lors d'une tentative avortée pour renouveler ce journal (voir
chap. V). Mais mon intention première de me borner dans cette brochure à l'analyse
de ces trois questions seulement et d'exposer mes vues, autant que possible, sous une
forme positive sans recourir ou presque à la polémique, s'est avérée
_____________
voir V; Lénine.oeuvres,tome 5 (N.R..)
7
complètement irréalisable pour deux raisons. D'une part, l'économisme s'est révélé
beaucoup plus vivace que nous ne le supposions (nous employons le terme économisme
dans une acception large, comme il a été expliqué dans l'article de l'Iskra, 12
(décembre 1901): (Entretien avec les défenseurs de l'économisme», article qui trace pour
ainsi dire le canevas de la brochure que nous présentons au lecteur)*. Chose indéniable
aujourd'hui, les différentes opinions émises sur ces trois problèmes s'expliquent beaucoup
plus par l'opposition radicale des deux tendances dans la social-démocratie russe que par
des divergences de détail. D'autre part, la perplexité que suscita chez les économistes
l'exposé méthodique de nos vues dans l'Iskra a montré à l'évidence que souvent nous
parlons littéralement des langues différentes; que, par suite, nous ne pouvons nous
entendre sur rien si nous ne commençons pas ab ovo; qu'il est nécessaire de tenter une
«explication» méthodique aussi populaire que possible, illustrée de très nombreux
exemples concrets, avec tous les économistes sur tous les points capitaux de nos
divergences. Et j'ai résolu de tenter cette «explication», comprenant parfaitement qu'elle
accroîtrait considérablement les dimensions de cette brochure et en retarderait la parution,
mais je ne voyais aucun autre moyen de tenir la promesse que j'ai faite dans l'article «Par
commencer?». Aux excuses concernant ce retard, il me faut donc en ajouter d'autres,
pour l'extrême insuffisance de la forme littéraire de cette brochure; j'ai dû travailler avec
la plus grande précipitation et j'ai, en outre, été fréquemment interrompu par toutes sortes
d'autres travaux.
L'analyse des trois questions indiquées plus haut continue de faire le fond de la
brochure, mais il m'a fallu commencer par deux autres questions d'ordre plus général:
pourquoi un mot d'ordre aussi «anodin » et «naturel» que celui de la «liberté de critique»
est-il pour nous un vrai cri de guerre? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous mettre
d'accord même sur la question fondamentale du rôle de la social-démocratie à l'égard du
mouvement de masse spontané? En outre, l'exposé de mes vues sur le caractère et le
contenu de l'agitation politique aboutit à expliquer la différence entre politique trade-
unioniste et politique social-démocrate, et l'exposé de mes vues sur les tâches
d'organisation revient à expliquer la différence entre les méthodes de travail artisanales
qui satisfont les économistes et l'organisation des révolutionnaires que nous considérons
comme indispensable. Ensuite, j'insiste d'autant plus sur le «plan» d'un journal politique
pour toute la Russie, que les objections qui y ont été faites sont plus inconsistantes et
qu'on m'a répondu moins pour le fond à la question posée dans l'article « Par
commencer?»: comment pourrions-nous entreprendre simultanément, par tous les bouts,
la mise en place de l'organisation qui nous est nécessaire? Enfin, dans la dernière partie
______
*Voir V. Lénine:
Oeuvres,
tome 5. (N. R.)
8
de la brochure j'espère montrer que nous avons fait tout ce qui dépendait de nous pour
prévenir la rupture décisive avec les économistes, rupture devenue cependant inévitable;
que le Rabotchéié Diélo a pris une importance spéciale, « historique» si vous voulez,
parce qu'il a exprimé le plus complètement et avec le plus de relief, non pas l'économisme
conséquent, mais la dispersion et les incertitudes qui ont été le trait distinctif de toute une
période de l'histoire de la social-démocratie russe; que, par conséquent, pour trop
développée qu'elle puisse paraître à première vue, la polémique avec le Rabotcbéié Diélo
a sa raison d'être, car nous ne pouvons aller de l'avant sans liquider définitivement cette
période.
Février 1902 N. Lénine
9
I
DOGMATISME ET « LIBERTE DE CRITIQUE »
a) QUE SIGNIFIE LA « LIBERTÉ DE CRITIQUE»?
La «liberté de critique» est, sans nul doute, le mot d'ordre le plus en vogue à l'heure
actuelle, celui qui revient le plus fréquemment dans les discussions entre socialistes et
démocrates de tous les pays. Au premier abord, rien de plus étrange que de voir un des
contradicteurs se réclamer solennellement de la liberté de critique. Se peut-il que, dans les
partis avancés, des voix se soient élevées contre la loi constitutionnelle qui, dans la
plupart des pays européens, garantit la liberté de la science et de l'investigation
scientifique? «Il y a là-dessous autre chose se dira nécessairement tout homme
impartial qui a entendu ce mot d'ordre à la mode répété à tous les carrefours, mais n'a pas
encore saisi le fond du désaccord. «Ce mot d'ordre est évidemment un de ces petits mots
conventionnels qui, comme les sobriquets, sont consacrés par l'usage et deviennent
presque des noms communs.»
En effet, ce n'est un mystère pour personne que, dans la social-démocratie
internationale d'aujourd'hui*, il s'est formé deux tendances dont la lutte tantôt s'anime et
brille d'une flamme éclatante, tantôt s'apaise et couve sous la cendre d'imposantes
«résolutions de trêve». En quoi consiste la «nouvelle » tendance qui «critique» l'«ancien»
marxisme «dogmatique», c'est ce que Bernstein a dit et ce que Millerand a montré avec
une netteté suffisante.
La social-démocratie doit se transformer de parti de révolution sociale en parti
démocratique de réformes sociales. Cette revendication politique, Bernstein l'a entourée
de toute une batterie de «nouveauarguments et considérations assez harmonieusement
orchestrés. II nie la possibilité de donner un fondement scientifique au socialisme et de
prouver, du point de vue de la conception matérialiste de l'histoire, sa nécessité et son
inévitabilité; il nie la misère croissante, la prolétarisation et l'aggravation des
contradictions capitalistes; il déclare inconsistante la conception même du «but finaet
________
* A propos. C'est là un fait presque unique dans l'histoire du socialisme moderne et extrêmement consolant dans son genre: pour
la première fois une dispute entre diverses tendances au sein du socialisme déborde le cadre national pour devenir internationale.
Autrefois, les discussions entre lassalliens et eisenachiens5, entre guesdistcs et possibilistes6«, entre fabiens et social-
démocrates', entre narodovoltsy et social-démocrates, restaient purement nationales, reflétaient des particularités purement
nationales, se déroulaient pour ainsi dire sur des plans différents. A l'heure présente (ceci apparaît clairement aujourd'hui), les
fabiens anglais, les ministérialistes français, les bernsteiniens allemands, les critiques russes forment tous une seule famille, tous
s'adressent des louanges réciproques, s'instruisent les uns auprès des autres et nent campagne en commun contre le marxisme
<<dogmatique>>. Peut-être, dans cette première mêlée vraiment internationale avec l'opportunisme socialiste, la social-
démocratie révolutionnaire internationale se fortifiera-t-elfe assez pour mettre fin à la réaction politique qui sévit depuis
longtemps en Europe?
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