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Le Retour d’Ulysse
présente
©Witold Ariztowski
Une journée hommage à Tadeusz Kantor
« J’en ai assez d’être assis dans ce tableau,
je sors »
Le 8 décembre 2007 de 11 h à 18 h à l’ARTA, Cartoucherie 75012 Paris
avec le concours de l’ARTA
Association Le Retour d’Ulysse Association de Recherche des Traditions de l’Acteur
28 rue de l’Ourcq 75019 Cartoucherie/ Route du champs de manœuvre/ 75012 Paris
Info : leretourdul[email protected]/ www.artacartoucherie.com
Tél. : 01 73 75 45 40
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Sommaire
- Présentation de la journée
- Tadeusz Kantor et le Retour
- L’association Le Retour d’Ulysse
- Bogdan Renczynski
- Expositions de photographies
Caroline Rose
Anne-Laure Czapla
- Projections de films
Les Monuments Vivants (Wojtek Radtke)
La classe morte
Kantor (documentaire d’Andrzej Sapija)
Fragments du documentaire Le théâtre de Tadeusz Kantor de
Denis Bablet
La perte des feuilles (montage photographique autour d’un stage
avec Bogdan Renczynski)
- Lectures de textes de Tadeusz Kantor
par Lucia Bensasson et Jean-François Dusigne
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Présentation de la journée
« Mam dosc siedzenia w obrazie, wychodze »
« J’en ai assez d’être assis dans ce tableau, je sors »
L'ARTA nous accueille à la Cartoucherie pour un hommage
à Tadeusz Kantor
à l'occasion du17è anniversaire de sa mort
A l'occasion du 17è anniversaire de la mort de Tadeusz Kantor,
l'association Le Retour d'Ulysse propose une journée d’évènements
consacrée à la mémoire de cet artiste polonais disparu en 1990. La
manifestation s'articule autour d’expositions, de lectures et de
projections en présence de nombreux témoins, amis, critiques du
théâtre Cricot 2.
Lors de cette première manifestation, l'association Le Retour d'Ulysse
inaugure et présente le champ de ses activités.
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Tadeusz Kantor
© Cricoteka
Tadeusz Kantor (1915-1990) était considéré, depuis déjà bien longtemps, comme étant "le
plus mondial des artistes polonais et le plus polonais des artistes mondiaux". Déjà au cours
de sa vie, nombreux étaient ceux qui voyaient en lui un génie alors que d'autres le
prenaient pour un mystificateur ou, tout au plus, un habile imitateur. Aujourd'hui cependant,
plus personne n'émet de doutes à ce sujet, depuis qu'en 1990, Tadeusz Kantor, l'un des
plus grands artistes du XXè siècle, nous a quitté. Et cela même s'il nous est difficile
d'expliquer en quoi consistait le phénomène de son imagination. Kantor était un artiste
universel ou, comme il le disait lui-même, un artiste "total" et c'est pour cela qu'il serait
risqué de vouloir "diviser" son oeuvre en domaines spécifiques. Peintre, scénographe,
poète, acteur, auteur de happenings, Kantor avait acquit sa renommée mondiale en tant
qu'homme du théâtre.
Toutefois, la aussi, il était resté tout d'abord peintre, créateur qui pensait a travers les
images et qui, a la place des couleurs, se servait d'acteurs et d'accessoires. Le plus grand
succès de Kantor fut sans aucun doute le théâtre Cricot 2 dont les spectacles, en
commençant par La Classe morte (1975), obtinrent le statut de chef-d'œuvre. La formule
insolite du "Théâtre de la Mort" consistait à créer une illustration plastique des mécanismes
de la mémoire. Les séquences successives des images irréelles, des bribes de souvenirs,
des scènes qui reviennent avec obsession, des situations absurdes. Chacun d'entre nous
l'a vécu, nous avons tous la même confusion dans la tête : des traumatismes douloureux
qui s'enchevêtrent, des nostalgies audacieuses, des fragments de phrases dont on se
souvient, des miettes comiques du passé. Nous sommes corporels, physiques mais il
s'avère aussi, qu'il en est de même avec notre mémoire et notre imagination. Nous
n'existons pas sans la forme ; nous pensons et parfois nous ressentons a travers les
images.
Et Kantor savait le montrer sur scène. Il a créé un espace extrêmement suggestif dans
lequel s'entremêlent les vivants et les morts, jaillissent les désirs les plus honteux et les
réminiscences les plus effrayantes : la guerre, l'amour et le crime, la peur, la passion et la
haine. Sur les clichés délavés et déteints d'un album de photographies de famille, la
biographie individuelle s'entrelace avec l'histoire, avec les mythes nationaux et les
obsessions intimes reviennent tel un écho accablant, comme reflétés par un miroir opaque.
(Krystyna Czerni, www.cricoteka.com)
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Et le retour…
©Spadkobiercy
RETOUR À LA BARAQUE DE FOIRE
Avant même que disparaisse le souvenir et l’image de cette scène, avant que pauvre
Pierrot s’en aille pour toujours, je voudrais vous dire une chose qui, peut- être de la
manière la plus profonde et la plus simple, définit ma « quête » dans le domaine du théâtre.
Si, dans le passé, à différentes « étapes » et pendant les « arrêts » de mon itinéraire
artistique, j’inscrivais, comme sur des poteaux plantés le long d’une route, les noms des
lieux : théâtre « informel », théâtre zéro, théâtre impossible, théâtre de la Réalité Pauvre,
Théâtre Errance, Théâtre de la mort, à chaque fois, au fond, il s’agissait toujours de la
même BARAQUE DE FOIRE.
Toutes ces appellations ne faisaient que la défendre contre une stabilisation officielle et
académique. C’étaient d’ailleurs comme des titres de longs chapitres, grâce auxquels je
surmontais les dangers sur cette route qui menait pourtant sans cesse vers lINCONNU et
l’IMPOSSIBLE.
Pendant près d’un demi-siècle, la pauvre Baraque Foraine était tombée dans l’oubli. Elle
s’était trouvée atténuée par les idées de la pureté de l’art, par les révolutions du
constructivisme, par les manifestations surréalistes, par la métaphysique de labstraction,
par les happenings, « environnements », théâtres ouverts, conceptuels, par l’anti-théâtre,
par les grands combats, les grands espoirs et illusions, mais aussi par de grandes défaites,
déceptions et dégringolades pseudo scientifiques.
Après de nombreuses étapes et après maints combats, je vois assez lucidement le chemin
que j’ai parcouru et je comprends pourquoi je refusais avec tant d’obstination le statut
officiel et institutionnel. Ou plutôt, pourquoi on me refusait si obstinément, à moi et à mon
théâtre, les privilèges et les conditions découlant de ces positions sociales. Car, en fait, ce
fut toujours une Baraque de Foire.
Ce véritable Théâtre des Émotions.
Tadeusz Kantor
in Wielopole, Wielopole, Wydawnictwo Literackie, Kraków Wrocław 1984.
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