Capacité de Médecine de Catastrophe. Bordeaux janvier 2005 2
1. HISTORIQUE
C’est la guerre, catastrophe sociologique, qui a poussé l’homme à réfléchir sur l’assistance
aux victimes. Elle a donné ses lettres de noblesse à la médecine militaire, dont les
connaissances ont été transposées en médecine d’urgence et de catastrophe.
A l’époque d’Ambroise PARE, les blessés ne sont pas relevés, mais ils peuvent
espérer être soignés s’ils arrivent jusqu’aux barbiers-chirurgiens, qui s'intéressent déjà aux
qualités de soins ; Paré perfectionne les techniques d'amputation et conseille l'application d'un
onguent sur le moignon, au lieu de la traditionnelle cautérisation, génitrice de sepsis et de
douleur.
Pendant les guerres napoléoniennes une importance nouvelle est accordée à la
conservation des effectifs et au moral des troupes, ce qui fait progresser significativement les
secours sur le champ de bataille. Le Baron LARREY crée une ambulance volante en 1797.Le
Baron PERCY met au point le "Wurtz", mis au point à partir d'un caisson d’artillerie qui
permet de conduire jusqu'au "cœur de la bataille" huit chirurgiens à califourchon sur la partie
centrale, accompagnés de quatre aides montant les chevaux et de quatre autres assis sur des
coffres pour assurer des soins précoces à 1200 soldats blessés.
PERCY met également au point un brancard démontable, constitué avec les lances des
brancardiers. Il est le rédacteur de la première convention de neutralisation des hôpitaux en
1800,qui fut reprise par Henri DUNANT.
Pendant la première guerre mondiale, la brutalité des combats dépasse le Service de
Santé des Armées qui doit faire face à un afflux massif de blessés ; la zone conflictuelle est
alors déblayée hâtivement en évacuant les blessés au plus loin. La surcharge des ambulances
hippomobiles ou motorisées aboutit rapidement à la création de formations de triage et à la
catégorisation des blessés. Mais les soldats brancardés par des auxiliaires sanitaires ou par
leurs camarades de combat arrivent souvent en agonisant au poste de secours ; ce qui amène à
instaurer l’enseignement du secourisme aux combattants, afin qu’ils prodiguent des soins
élémentaires à leurs camarades blessés avant de les brancarder.
En 1918, un médecin allemand, nommé ELMENDORFF, est le premier à pratiquer une
autotransfusion à un blessé présentant un hémothorax .
Pendant les bombardements de Londres en 1941, le docteur BYWATERS décrit le
syndrome de compression prolongée ou “ crush syndrom ”, responsable du décès secondaire
des victimes ensevelies, dégagées en l’absence de soins médicaux précoces.
Plus près de nous, ce sont les conflits en Orient et au Proche-Orient qui vont à leur tour
permettre de définir des règles importantes de prise en charge sur le terrain et démontrer
l’indispensable intrication des soins et du ramassage.
La médecine de catastrophe est l'héritière de la Médecine de guerre. Les victimes
doivent bénéficier d'une chaîne logique des secours, allant du lieu du sinistre à l'hôpital, via le
poste médical avancé et le centre médical d'évacuation . Les soins doivent être efficaces,
adaptés aux contraintes, allant des gestes élémentaires de survie à une réanimation
préhospitalière, en respectant un principe immuable en situation de catastrophe :
" les soins les plus simples au profit du plus grand nombre"