Appel à contribution
Geste’Stations – Les saisons du Geste en scène
Co-organisé par la Cie théâtrale SourouS, le Théâtre Victor Hugo de
Bagneux (Hauts-de-Seine), l’Axe Esthétique EA-1573 Scènes du monde, création,
Savoirs critiques de l’Université Paris 8 dirigé par le Pr.Katia Légeret et le
CIRRAS (Centre international de réflexions et recherches en arts du spectacle)
dirigé par Françoise Quillet.
En partenariat avec l’Association Marcel Jousse.
Accompagnant l’orientation vers les arts du Geste du Théâtre Victor Hugo
de Bagneux (Hauts-de-Seine), Geste’Stations- Les saisons du Geste en scène inventera,
dans un esprit transdisciplinaire, et au fil de ses diverses manifestations, des espaces et
des temps de rencontre entre des artistes de la scène, des chercheurs, et le public intéressé
par l’art en train de se faire et de se penser, dans ses rapports à la société, aux autres arts,
aux disciplines scientifiques. Chacune des manifestations s’articulera autour d’un thème
ou d’une figure des arts du geste, prendra une forme propre particulière afin de privilégier
des formats qui favorisent l’adéquation entre fond et forme et sera l’occasion de
construire des rencontres décloisonnées, dans des formes métisses, afin que se mêlent des
ateliers de pratiques et d’expérience, des conférences-démonstrations, des assemblages
entre analyses classiques et création artistique, la présence conjointe de chercheurs,
d’artistes et de spectateurs etc.
Geste’Stations, Les saisons du geste en scène a pour ambition de se
dérouler sans périodicité prédéfinie, mais sur plusieurs années, constituant au fil des ans
une archive filmée d’une recherche-création en train de s’inventer.
Geste’Stations- Les saisons du geste en scène- première édition
Journée d’études
28 Mai 2016
Autour de Marcel Jousse en compagnie d’Edgard Sienaert :
Rejouer les gestes de l’Univers
'Le Mimisme, c’est-à-dire la tendance instinctive,
que l’homme seul possède, de rejouer tous les gestes
de l’univers.' (M. Jousse)
Il nous a semblé tout naturel d’inaugurer ce cycle de Geste’Stations- Les saisons
du geste autour de la figure de Marcel Jousse. C’est pourquoi nous avons invité Edgard
Sienaert, chercheur honoraire au Centre for Africa Studies à l’Université du Free State à
Bloemfontein, en Afrique du Sud, traducteur de l’œuvre de Marcel Jousse en anglais,
actuellement en voie de publier In search of coherence. Introducing Marcel Jousse’s
anthropology of mimism.
Edgard Sienaert est un éminent connaisseur de Jousse. Il a notamment
publié Au commencement était le mimisme. Essai de lecture globale des cours oraux de
Marcel Jousse (Ed. Association M. Jousse, Paris, 2013), somme ordonnée de l’ensemble
des thématiques joussiennes, extraites du fleuve monumental des cours oraux de M.
Jousse à la Sorbonne, à l’École des Hautes Études, à l’École d’Anthropologie, à l’École
d’Anthropologie-biologie, et au Laboratoire de Rythmo-pédagogie entre 1931 et 1957,
soit 20 000 pages entièrement retranscrites par son assistante, Gabrielle Baron.
'L’Univers joue l’Homme et l’Homme rejoue
l’Univers. Voilà la grande loi bilatérale que nous a
apprise l’Anthropologie du Mimisme. Je vous ai dit
la dernière fois que nous nous trouvions en face
d’une loi unifiante. Nous ne pouvons
comprendre aucun problème humain, aucun
problème anthropologique si nous ne partons pas
de cette Loi.' (M. Jousse)
Lorsqu'il crée en 1932, avec des anthropologues, des pédagogues et des
psychiatres, l'Institut de Rythmo-pédagogie, Marcel Jousse (1886-1961) le conçoit
comme «une liaison indispensable entre le chercheur et le praticien ». Attaché à la
recherche de l'homme vivant, Marcel Jousse appelait à la mise en place de laboratoires de
prise de conscience, d'une "scientia in vivo" plutôt qu'une "scientia cum libro".
Initiateur d’une anthropologie du geste qui a pour objet l’étude de
« l’homme vivant », il étudie le rapport du geste avec les mécanismes de la
connaissance, de la mémoire et de l’expression, conduisant sa recherche à partir de
l’expérience personnelle de son enfance paysanne et de ce que lui a transmis sa mère,
comme à travers l’étude historique et géographique de divers milieux de style oral, dont
le milieu palestinien à travers la bible, mais aussi amérindien, chinois, africain, en
particulier à travers les étudiants étrangers qu’il a enseignés.
Licencié en lettres classiques, Marcel Jousse est un homme de terrain et un
observateur, passionné d'astronomie et grand lecteur d'Henri Poincaré (1854-1912). Dans
son parcours, il a été successivement, apprenti peintre, instructeur de cavalerie,
professeur d'anglais, lieutenant d'artillerie de campagne puis officier instructeur de
balistique et d'artillerie auprès d'officiers américains pendant la première guerre
mondiale, professeur de français diplomatique.
C’est un disciple-continuateur de l'Abbé Rousselot (1846-1924), fondateur
de la phonétique expérimentale, celui à partir duquel les études phonétiques ne pouvaient
plus se faire uniquement sur des livres mais sur "l'homme vivant et parlant". Il est aussi
fidèle disciple de Pierre Janet (1859-1947), professeur de psychologie expérimentale et
comparée au Collège de France, pour qui "l'homme pense avec tout son corps". Enfin, il
reconnaît en Marcel Mauss (1872-1950), dont il a suivi les cours à l'École des Hautes
Études, un de ses maîtres.
'La grande angoisse de ma vie a été de me
demander : Pourquoi est-ce que je joue ? Pourquoi
tout le monde joue-t-il ? Pourquoi tous les petits
enfants jouent-ils ? J’ai été hanté par ce que j’ai
appelé plus tard la loi du Mimisme. Il est évident
qu’il a fallu des poings solides pour l’imposer. Mais
tout mon jeu d’enfant y était.' Dans le mécanisme
anthropologique, vous pouvez constater que les
petits enfants se mettent en face du monde et le
miment, ou plus exactement, ils reçoivent en
eux d’une façon mimique les gestes qui sont faits
hors d’eux, et ils les rejouent. Et c’est cela
l’expression humaine. C’est tout ce que je puis vous
dire et jamais, jamais vous ne pourrez nier que
l’enfant est un être qui joue. Nous avons donc à
beaucoup insister sur cette mécanique du Mimisme
en tant que jaillie de l’enfant et observable dans
l’enfant qui joue.' (M. Jousse)
Il n’est donc pas étonnant que cette science vivante du geste ait exercée
une influence déterminante quoique souvent méconnue - sauf dans le cas de Jacques
Lecoq qui revendique explicitement cet héritage - sur les arts du geste en scène
1
.
Edgard Sienaert propose d’articuler la journée du 28 Mai 2016 autour d’un
texte de Marcel Jousse (voir page 5) dont il fera « une analyse textuelle. Les autres
participants, artistes invités, en livreront eux une analyse gestuelle mimique,
phonomimique, cinémimique, mimographique » avant que « dans
un troisième mouvement, nous ne mettions tout ensemble pour écouter/relire/regarder ce
texte comme un vrai tissu. » Appel à contribution
Nous proposons donc à des artistes et à des artistes-chercheurs, de nous faire
parvenir leurs propositions, à partir du texte proposé (et joint p.5).
Les formats peuvent être divers : conférence démonstration, performance,
mimodrame, chorégraphie, avec ou sans parole, mini-atelier avec le public autour d’un
geste particulier, solo ou travail collectif avec des acteurs, danseurs, élèves et étudiants
etc. Il peut y avoir aussi quelques communications théoriques, mais que nous
insérerons dans le bout à bout des propositions plus artistiques, ceci notamment dans le
but de ne pas lasser le public du Théâtre Victor Hugo, peu habitué au format « Journée
d’études » et à la succession de communications qui le caractérise.
Chacune des propositions devra être d’une durée de 10 minutes, sauf au cas
vous proposiez de travailler avec d’autres artistes, et délivriez une proposition commune.
Nous devrons connaître la configuration de chaque intervention (nombre de
personnes sur le plateau, besoins techniques etc.).
Évidemment, nous pourrons discuter avec chacun de vous de votre proposition au
téléphone, ou par courriel, pour voir si elle est réalisable selon les impératifs techniques,
et éventuellement trouver des alternatives et des adaptations.
1
Nous avons joint p.6, à titre de documentation intéressante pour les artistes de la
scène, un extrait de compte-rendu de réunion de l’Association M. Jousse, dans laquelle
Jacques Lecoq était présent.
Le samedi 28 Mai, la matinée sera consacrée à la mise en scène des liens entre
chaque proposition (entrées, sorties etc.) et à la mise en place technique (lumière, son,
projections etc.), selon un synopsis qui aura été établi au préalable, et sous la
coordination de Muriel Roland et Marcos Malavia. Ainsi, l’après-midi, le public pourra
assister à une performance vivante en continue, après l’analyse du texte par Edgard
Sienaert et avant le débat final.
Les propositions doivent nous parvenir avant le 20 Mars, devant mentionner le
titre de votre intervention, une description, vos besoins techniques, vos coordonnées.
La préparation de cette journée nécessitant une coordination importante, il est fort
possible que nous devions communiquer par mail et téléphone pour préciser certaines
modalités de votre intervention.
Vous pouvez également nous contacter avant de faire votre proposition, si vous
souhaitez nous soumettre des propositions hors format. Nous pourrons en discuter et en
voir la faisabilité.
Une fois le programme établi, nous produirons un flyer pour le public, que nous
pourrons vous communiquer pour vos propres réseaux.
La journée se déroulera au Théâtre Victor Hugo, 14 avenue Victor Hugo, 92 220
Bagneux (Bus 188 depuis la Porte d’Orléans, Arrêt Jean-Marin Naudin ou à 10 mn en
voiture de la Porte d’Orléans).
CONTACT :
Muriel Roland
Compagnie SourouS
Doctorante
EA 1573- Scènes, création, savoirs critiques
Université Paris 8
Tel : 06 22 94 06 13
murol@wanadoo.fr
P.5 : Texte de Marcel Jousse proposé par Edgard Sienaert comme matière à penser
et créer.
p.6 : Document important sur l’intérêt de Jacques Lecoq pour Marcel Jousse/
Bibliographie, sitographie.
p.7-8 : Vidéos en ligne autour de Marcel Jousse
Texte de Marcel Jousse proposé comme matière à penser et créer par
Edgard Sienaert
Extrait du cours ‘Le geste mimique et la création de la métaphore’, fait en
Sorbonne, le 14 janvier 1932
Le geste doit précéder la parole
Qu’est-ce qui va m’aider, si j’ose dire, à modeler ma pensée ? Qu’est-ce qui va permettre
de la faire fluide ou raide ? C’est mon geste. Je suis conduit par mon geste. Ce n’est pas
la parole qui me conduit, c’est mon geste. Et voilà pourquoi, sans que je m’en
aperçoive, certains de nos spectateurs peuvent me dire : ‘Oui, on sait votre pensée. Avant
que vous ne l’ayez exprimée, vous l’avez jouée’.
Et c’est la raison pour laquelle l’enfant prend le monde réel avec tout son corps et puis
le rejoue et vous donne ensuite la transposition orale de ce réel intussusceptionné, mais
avec toujours cette interférence stupéfiante et inexplicable du besoin de comparer. Cela je
n’ai encore pu me l’expliquer. Je suis stupéfait moi-même de la définition que j’ai
été obligé de donner : ‘L’homme est un animal qui fait des comparaisons’. Aussi le petit
enfant qui est en face de l’objet, va le mimer et tout de suite, le jeu de la comparaison va
se produire. Il va donner ce qui se rapproche le plus du geste qu’il a vu et qui est une des
joies de son expression.
Un enfant voit-il tomber des feuilles ? Ce ne sont pas les feuilles qui vont le frapper, mais
il a vu des plumes tomber de la poule qui s’ébroue et devant cet éparpillement de petites
feuilles, il rejoue cet éparpillement de petites plumes et il dit : ‘Maman, regarde les
plumes de l'arbre qui tombent’. C'est un des beaux exemples de l’expression gestuelle
enfantine.
C'est peut-être que nous avons la solution. C'est que les feuilles et les plumes font le
même geste. Il y a ce je ne sais trop quoi de très fin, de virevoltant, de planant, de
tournoyant, de tourbillonnant, très doucement, et qui se pose. L’enfant l’a saisi, et c’est
par le caractère mimique des deux objets que s'est fait le rapprochement d'où jaillit pour
nous ce que nous appelons : la poésie.
Il faudrait que nous recueillions tous ces mots d'enfant qui jetteraient sur la psychologie
du langage et de l’expression un jour tout à fait inattendu. Le beau style de l’enfant, c’est
son style spontané, ce n'est pas celui qu'on lui fait faire à l’école. Nous avons des livres
qui nous parlent de la ‘rédaction’ chez l'enfant. Mais la ritable rédaction de l'enfant ne
se fait pas devant le papier et l’encrier, elle se passe en récréation quand il joue avec son
petit camarade. Là jaillit un style inattendu fait de petites phrases courtes, mais pleines de
réel et pleines de jeu. L'enfant joue avec les métaphores comme il joue avec ses gestes,
parce que le geste est métaphore.
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