
qu’imposent les monopoles et autres entreprises géantes sous l’effet de la concentration visant à ac-
croître leur efficacité. A court terme, le capitalisme des effets destructeurs. La contestation sociale ac-
compagne donc le capitalisme jusqu’à remettre en cause les valeurs d’initiative qui sont à son principe.
Les fondements du système capitaliste ne permettent pas d’agir contre cette contestation. Le capitalisme
est impuissant car il refuse d’exercer un contrôle sur les intellectuels. Il est d’ailleurs même prêt à pren-
dre leur défense contre les mesures législatives qui restreindraient leur esprit critique.
En définitive, la remise en cause des bases de l’esprit d’innovation et du capitalisme prépare à
terme l’avènement inexorable du socialisme.
IV. Les prolongements contemporains.
Les thèses de Schumpeter sont restées d’actualité et certains théoriciens ont essayé dès les années
1960 de moderniser sa pensée ou de formaliser davantage ses idées. Ses études sur le comportement de
l’entrepreneur ou le rôle important des innovations ont été reprises et prolongées.
La crise de 1973 ayant remis en cause les fondements de la théorie keynésienne, les idées de
Schumpeter concernant les cycles ont connu un nouvel essor. A partir de 1986, les théories de la « crois-
sance endogène » se sont développées. Ces théories réhabilitent le rôle du progrès technique dans
l’explication de la croissance et mettent l’accent sur des facteurs tels que le stock de capital technique,
technologique et humain.
François Perroux (1903 – 1987), économiste français, élève de Schumpeter, montre que la crois-
sance n’est pas homogène, qu’il existe des inégalités de pouvoir et des « effets de domination.»
Il met en évidence la notion de « pôle de croissance ». il peut s’agir d’une ville, d’une région ou
d’un Etat qui, par leur dynamisme, vont avoir un rôle moteur et vont donc exercer des effets
d’entraînement sur leur environnement (cf. externalités). Ces externalités positives sont dues à :
- à une entreprise qui investit pour augmenter sa production commande des matières premières, du
matériel… à d’autres entreprises qui verront alors croître leur production.
- « l’effet de productivité ou d’innovation ». L’entreprise, « centre moteur » qui innove, fournit à
d’autres soit des biens d’équipement plus productifs, soit un nouveau produit ou un nouveau procédé.
Fournisseurs, clients, sous-traitants se stimulent mutuellement, bénéficiant tous de l’amélioration de la
productivité.
« Le centre moteur » de François Perroux est comparable à l’entrepreneur innovateur schumpé-
térien qui brise la routine, n’hésite pas à prendre des risques, à remettre en cause l’ordre existant, ce qui
engendrera des externalités positives profitables à un grand nombre.
Néanmoins, les pôles de croissance peuvent aussi entraîner des effets négatifs : épuisement des
ressources naturelles, fuite des capitaux ou des cerveaux vers ce qui est attractif, concurrence exacerbée
provoquant des faillites, du chômage ainsi qu’un phénomène de domination. Pour ces effets négatifs,
François Perroux parle d’un effet de « stoppage ». Cette notion est à rapprocher de celle de la « destruc-
tion créatrice » de Schumpeter. François Perroux comme Joseph Schumpeter montrent donc que la crois-
sance se nourrit de fluctuations conjoncturelles, de déséquilibres et d’inégalités.
Mais François Perroux s’est aussi attacher à expliquer que les causes du sous-développement de
certains pays par la « domination ». En effet, des nations peuvent exercer une « influence asymétrique »
sur d’autres, cette influence résultant de leur avance technologique, de leur puissance, de leur pouvoir de
marchandage… Le sous-développement des uns serait ainsi la conséquence du développement des autres.
La conclusion de François Perroux est que, si le capitalisme est dynamique et que la croissance
est forte, cela est dû aux inégalités et aux effets de domination qui entraînent des injustices, des abus de
pouvoir et des risques d’exploitation.
François Perroux rejoint Joseph Schumpeter quand il pense que les innovations mais aussi les
inégalités sont indispensables car elles incitent les plus dynamiques à prendre des risques pour permettre
le progrès économique. Toutefois, ces deux auteurs divergent quant à l’évolution du capitalisme.
En effet, Joseph Schumpeter pensait que l’évolution du capitalisme allait aboutir à la formation
de grandes entreprises, à la disparition de l’entrepreneur individuel et au développement du travail en