Progrès technique et évolution économique, Joseph Schumpeter

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Progrès technique et évolution économique, Joseph Schumpeter
Des sujets incomplets de spécialité en raison de questions préalables pour vous obliger à
analyser le document et à l’intégrer dans la question 1
Sujet avec un seul document: on ne peut pas se reposer sur le document 2 donc bien
comprendre la question 3 sur les prolongements contemporains de l’auteur
DOCUMENT
En fait, l’économie capitaliste n’est pas et ne saurait être stationnaire. Et elle ne se développe pas
simplement à une allure régulière. Elle est, au contraire, constamment révolutionnée de l’intérieur par
des initiatives nouvelles, c'est-à-dire par l’intrusion dans la structure productive, telle qu’elle existe à
un moment donné, de nouvelles marchandises ou de nouvelles méthodes de production ou de
nouvelles possibilités commerciales. Toutes les structures existantes et toutes les conditions de la vie
des affaires sont soumises à un processus de transformation continue. Toute situation est bouleversée
avant qu’elle ait eu le temps de se réaliser complètement. Dans la société capitaliste, progrès
économique est synonyme de bouleversement. Or, […] le mode de fonctionnement de l’économie au
sein d’un tel tourbillon, fût-elle placée sous le régime de la concurrence la plus parfaite, diffère
complètement du mode de fonctionnement qui s’établirait dans une économie stationnaire. Les
possibilités de profits à réaliser en produisant des objets nouveaux ou en produisant à meilleur marché
des objets anciens se concrétisent constamment, en faisant appel à des investissements nouveaux. Or,
ces nouveaux produits et ces nouvelles méthodes ne concurrencent pas les anciens produits et les
anciennes méthodes sur un pied d’égalité, mais avec une supériorité décisive qui peut signer l’arrêt de
mort de ces derniers. Tel est le processus par lequel le progrès pénètre dans une société capitaliste.
Pour échapper au risque d’être battue sur ses prix, toute entreprise est finalement obligée de suivre les
pionniers, de procéder à son tour à des investissements et, aux fins d’être en mesure de le faire, de
remettre en jeu une fraction de ses profits, c'est-à-dire d’accumuler. En conséquence tout le monde
accumule.
Source : J.A. SCHUMPETER, Capitalisme, socialisme et démocratie, PAYOT 1990, [Première édition 1942]
Questions préalables sur le document : à quoi font référence les expressions suivantes ?
« Et elle ne se développe pas simplement à une allure régulière »
Référence à une croissance irrégulière alternant prospérité et crises
« la concurrence la plus parfaite »
Référence au modèle théorique de la CPP des libéraux néoclassiques
« Les possibilités de profits à réaliser en produisant des objets nouveaux »
Rente de monopole ou et forte demande
« toute entreprise est finalement obligée de suivre les pionniers »
Risque d’obsolescence des firmes qui n’innovent pas
« de remettre en jeu une fraction de ses profits, c'est-à-dire d’accumuler »
Il faut réinvestir les profits donc accumuler du capital
Questions sujet bac
1. À l’aide de vos connaissances et du document, montrez comment J. A.
Schumpeter explique l’évolution du système capitaliste. (10 points)
Montrer que le capitalisme est toujours en évolution par opposition à
« l’économie stationnaire »
 Le progrès technique est à l’origine de la croissance et des cycles
Kondratiev en explicitant quelques mécanismes
 La destruction créatrice et un processus de concentration des
entreprises
 Craintes sur l’avenir du capitalisme et la disparition des
entrepreneurs
3. Montrez que l’innovation est au cœur des stratégies de croissance des Etats
comme la France.
L’innovation est une condition nécessaire à notre compétitivité et à notre
croissance future.
 Compétition économique mondialisée
 Crédits d’impôts de l’Etat pour doper la R&D et investissement dans
la formation, pôles de compétitivité, croissance endogène
Sujet à deux documents
DOCUMENT 1
Le capitalisme, répétons-le, constitue, de par sa nature, un type ou une méthode de
transformation économique; et non seulement il n'est jamais stationnaire, mais il ne pourrait jamais le
devenir. [...] Le problème généralement pris en considération est celui d'établir comment le
capitalisme gère les structures existantes, alors que le problème qui importe est celui de découvrir
comment il crée, puis détruit ces structures. [...] Du même coup, en premier lieu est jetée par-dessus
bord la conception traditionnelle du fonctionnement de la concurrence [...]. L’introduction de
nouvelles méthodes de production et de nouvelles marchandises est difficilement concevable si, dès
l'origine, les innovateurs doivent compter avec des conditions de concurrence parfaite [...]. La
concurrence parfaite est et a toujours été temporairement suspendue automatiquement ou au moyen de
mesures ad hocl chaque fois qu'une nouveauté a été introduite, même si les conditions étaient, à tous
autres égards, parfaitement concurrentielles. [...] Nous sommes obligés de reconnaître que l'entreprise
géante est finalement devenue le moteur le plus puissant [du] progrès [économique] et, en particulier,
de l'expansion à long terme de la production totale.
1. Ad hoc: qui convient à la situation.
J. A. SCHUMPETER, Capitalisme, socialisme et démocratie (1 ère éd. 1942), Payot, 1990
DOCUMENT 2
Toute l'histoire de capitalisme est une histoire de fusions, de rachats et de concentrations. [...]
Sur longue période, on observe donc une diminution du nombre d'acteurs dans chaque secteur, pour
autant qu'il n'y ait pas de bouleversements dans les technologies ou les modes de mise sur le marché.
[...] La concentration ne concerne pas seulement l'industrie. Les services qui se fondent sur
l'exploitation de réseaux (télécommunications, eau, transports...) ainsi que les activités bureaucratiques
(banques, assurances...) tirent le même profit de la taille et des rendements d'échelle qui en découlent.
Alternatives économiques, hors-série n° 42, 4e trimestre 1999
Travail préparatoire : précisez la signification de ces extraits de texte d’une manière
concise
1) « il n'est jamais stationnaire »
Référence à une croissance irrégulière, cyclique avec alternance de crises et d’expansion ou des
changements de structures de l’appareil productif en relation avec la destruction créatrice
2) « la conception traditionnelle du fonctionnement de la concurrence »
La CPP des libéraux néoclassiques avec les 5 critères atomicité, homogénéité, libre entrée, …
3) « L’introduction de … avec des conditions de concurrence parfaite »
Avec le modèle de CPP le profit ne serait pas possible acr les marchés tirent les prix vers le bas
or c’est le profit qui récompense l’entreprise innovante et elle doit bénéficier d’une position de
monopole en opposition avec la CPP
4) « l'entreprise géante est finalement devenue le moteur le plus puissant [du] progrès [économique] »
L’entreprise géante dispose de moyens financiers et de moyens humains pour investir
dans la R&D. Elle peut aussi plus facilement lancer des innovations sur le marché
Questions
1. À l'aide de vos connaissances et du document 1, vous analyserez les caractéristiques
du système capitaliste selon J. A. Schumpeter. (9 points)
Quelles caractéristiques ?
 Ce que nous montre le document
La principale caractéristique à mettre en évidence est ce processus de destruction
créatrice qui révolutionne sans cesse les structures du capitalisme (« comment il crée et
détruit ces structures »)
Des entreprises (géantes) qui échappent à la concurrence pure et parfaite

Votre apport de connaissances
Un système capitaliste (recherche du profit, initiative privée, libre
concurrence)
Une croissance cyclique animée par les grappes d’innovations et des
entrepreneurs et des rentes de monopole
3. Les informations contenues dans le document 2 confirment-elles les analyses de J. A.
Schumpeter sur l'évolution du capitalisme ? (6 points)

Ce que montre le document
La tendance à la concentration des entreprises qui produit des entreprises
de grande taille qui diminue le nombre d’acteurs sur les marchés (marchés
oligopolistiques) avec des économies d’échelle

Cela rejoint l’idée de Schumpeter sur les entreprises géantes en reliant la
taille de l’entreprise avec la capacité d’innovation
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