Notre-Dame de Montligeon - Oeuvre Marie Mère et Reine de l`Unité

2004
RETRAITE NATIONALE DE L’OEUVRE
MARIE MÈRE DE L’UNITÉ
THÈME : LA PATIENCE, SOURCE DE GUÉRISON
PROGRAMME DE LA RETRAITE
Lundi 9 août 2004
- Matin : Enseignement par le Père Paul Préaux : « La Patience des âmes du Purgatoire »
- Après-midi : Partage et réflexion avec le Père Paul Préaux sur le film : « Œuvre de
Miséricorde pour les âmes délaissées du Purgatoire »
Mardi 10 août
- Deux enseignements par le Père Jean-François Drèze : « La Patience dans la Bible »
RETRAITE NATIONALE DE L’OEUVRE
MARIE MÈRE DE L’UNITÉ
DU 9 AU 15 AOUT 2004
THÈME : LA PATIENCE SOURCE DE GUÉRISON
AU SANCTUAIRE DE NOTRE DAME DE MONTLIGEON
du 9 au matin jusqu’au 13 au soir : - enseignements, échanges, messe,
prières, adoration
pour ceux qui le désirent, le 14 : - visite de la Brardière, maison de Mère
Yvonne Aimée de Malestroit
- office à la Grande Trappe
au Sanctuaire marial de Montligeon le 15: - Fête de l’Assomption
Fondée en 1884, l’œuvre de Montligeon a pour vocation la prière pour les âmes du Purgatoire
Mercredi 11 août
- Matin : Enseignement par le Père Paul Préaux : « La Patience chez les Saints ».
- Après-midi : Film, présentation de l’Oeuvre de Miséricorde de Marie Mère de l’Unité en
Équateur.
Jeudi 12août
- Matin : Enseignement par le Père Anne-Guillaume Vernaeck : « La Patience de Marie »
- Après-midi : Enseignement par le Père Charles Lenoir missionné par Mgr Boulanger :
« La Patience dans le combat spirituel ».
Vendredi 13 août
- Enseignements par le Père Anne-Guillaume Vernaeckt : « Guérison et conversion par
l’Eucharistie ».
Samedi 14 août
- Visite de la Brardière et découverte de Mère Yvonne- Aimée de Malestroit avec Sœur
Annie.
Voir compte-rendu de la retraite dans Aléthéïa 4 pages 33 et 34 et la retranscription
de l’enseignement du Père Préaux sur « la Patience des âmes du Purgatoire » dans
Aléthéïa n° 4 pages 21 à 28
RETRAITE NATIONALE à NOTRE DAME DE MONTLIGEON
du 9 au 14 août 2004
Le Sanctuaire de Notre Dame de Montligeon, lieu privilégié pour la prière et le recueillement,
dédié aux âmes du Purgatoire, nous a accueillis cet été pour notre retraite nationale.
‘La Patience source de guérison’ tel était le thème général de ces journées qui nous ont
enrichies spirituellement et qui nous ont fait couvrir l’importance de cette vertu qu’est la
Patience.
C’est avec beaucoup de bonheur que nous avons écouté les différents enseignements donnés :
- par le Père Paul Préaux, recteur de la Basilique sur la Patience des âmes du Purgatoire
(voir la retranscription dans la revue Aléthéïa, de cet enseignement très apprécié), et la
Patience chez les Saints.
- par notre modérateur de l’Oeuvre Marie Mère de l’Unité pour la France, le Père Jean-
François Drèze qui nous a parlé longuement et si bien, de la Patience dans la Bible.
- par le Père Anne-Guillaume du Sanctuaire, sur la Patience de Marie et avec un dernier
enseignement si important : guérison et conversion par l’Eucharistie. -2004 ‘Année de
l’Eucharistie’- !
Mgr J.C. Boulanger absent à cette période, nous a envoyé le Père Charles Lenoir, prêtre
et exorciste du diocèse de Sées qui nous a montré par son enseignement très fort !
l’importance de la Patience dans le combat spirituel.
Bien sûr, la Joie des retrouvailles dans l’Unité des frères et soeurs de la Famille de Jésus,
a couronné cette session et chacun est reparti ‘regonflé’ par toutes les grâces reçues au cours
des enseignements, des célébrations la Présence Divine était si forte ! par les prières en
communion avec les âmes du Purgatoire, par cet amour si fort entre nous qui transpirait à tout
moment.
UN GRAND MERCI AU SEIGNEUR POUR SON OEUVRE « MARIE MÈRE DE
L’UNITÉ !
Le samedi 14 août avec ceux qui le pouvaient, nous nous sommes rendus à la Bradière,
maison du Père Labutte qui ayant partagé une amitié spirituelle exceptionnelle avec Yvonne-
Aimée pendant 25 ans, est devenu son biographe. Sur place, sœur Annie qui a connu sœur
Yvonne-Aimée, nous a captivé par le récit de ses souvenirs et nous a fait découvrir la
personnalité et la vie étonnante d’Yvonne-Aimée. Grâce à la visite de la maison et du jardin
où elle venait passer des vacances, nous avons ressenti sa présence.
La Grande Trappe de Souvignac a ensuite accueilli les retraitants.
LA PATIENCE DES ÂMES DU PURGATOIRE
(retranscription d’un enseignement donné en août 2004 à N.D. de Montligeon par son recteur
le P. Paul Préaux au cours de la retraite de Marie Mère de l’Unité.)
C’est toujours une joie pour moi de vous accueillir à Montligeon, parce que dans chaque
personne que nous accueillons, nous accueillons la personne même du Sauveur : ‘Ce que vous
avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait’ (Mt 25).
Comme vient de le dire le Père J.F. Drèze, vous avez choisi un thème - la Patience - qui est à
la fois un thème d’actualité, et un thème qui nous renvoie aux profondeurs de la foi.
I - QU’EST-CE QUE C’EST QUE LA PATIENCE ?
Nous pouvons en donner une description, en affirmant que la patience est : une
souffrance supportée, endurée, acceptée, afin qu’advienne quelque chose de mieux pour
soi-même ou pour les autres.
Telle qu’elle apparaît ici, la Patience est liée à une autre vertu : l’Espérance. Si ce n’était
qu’une souffrance supportée, endurée ou acceptée pour elle-même, il n’y aurait pas
d’espérance. Mais nous ajoutons : afin qu’advienne quelque chose de mieux pour soi-même
ou pour les autres. Il y a donc une promesse qui se profile derrière. Ce quelque chose de
mieux, est volontairement abstrait, car nous ne sommes pas maîtres des fruits spirituels de
notre patience. Lorsqu’on regarde les traités des anciens, - je pense aux origines gréco-latines
de la patience -, ou, quand on regarde la patience dans les Sagesses humaines (par exemple
dans la sagesse hindoue) la patience est très peu reliée à la vertu d’Espérance.
Je vous donne une définition de Cicéron : ‘La patience est le support volontaire et prolongé
en vue de l’honnête et de l’utile des choses ardues et difficiles.’
Ce n’est que la première partie de ma description : c’est supporter quelque chose qui dure
dans le temps mais simplement en vue de l’honnête et de l’utile.
Dans la Bible, lorsqu’on parle de Patience, deux termes sont utilisés :
- La ‘macrotinia’ qui désigne surtout la Patience de Dieu vis à vis de nous.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Dieu qui pourrait de temps en temps se mettre en colère, retient
au contraire sa colère et fait grâce dans sa bienveillance. En général, la macrotinia est liée à
différents qualificatifs qu’on utilise pour Dieu : sa bonté, sa bienveillance, son indulgence.
D’une certaine façon, c’est une manière pour Dieu de dire que Dieu n’est pas dans les
contingences, Il a du recul, Il a de la hauteur par rapport aux événements. Et dans cette
hauteur, Il ne se met pas en colère tout de suite. On pourrait traduire par un terme compliqué
qui est très beau : la longanimité. Dieu est longanime.
- Il y a un autre terme qui évoque la patience, spomoné’. Ce n’est plus l’attitude de Dieu
devant l’homme mais de l’homme devant Dieu. A cette notion est reliée la notion de temps.
Ne vous impatientez pas, je suis entrain de préparer ce que je vais vous dire à propos des âmes
du Purgatoire ! la patience est liée à la maturité, à la lente maturation ou croissance, car tout
ne se fait pas tout de suite. Il faut accepter cette loi de notre existence et se rappeler que ce qui
se fait sans le temps ne résiste pas au temps. Un autre aspect qu’il est important de souligner,
c’est que la patience chrétienne, à la différence de la patience stoïcienne ou de la patience-
résignation des sagesses hindoues, bouddhistes, se vit collectivement en communauté. Ce
n’est pas seulement ma patience. C’est la Patience d’un peuple ; c’est une longue et
progressive maturation en Dieu. C’est important pour vous, membres de Marie Mère de
l’Unité. Elle passe bien évidemment par ma patience à moi, mais c’est la patience d’une
communauté qui s’unifie.
La Patience chrétienne, sœur de l’Espérance, ouvre sur la Communion des Saints
et sur l’éternité. Au Ciel, elle s’effacera devant la Charité. En effet, au ciel nous n’exercerons
plus la patience, mais nous en recueillerons les fruits. Il y a des termes très beaux dans la 1ère
lettre aux Thessaloniciens (1, 3), Paul parle de la patience de l’espérance. Ici, on suggère que
la patience est comme un travail d’enfantement, un moment pénible à vivre en vue d’une
création, ou d’une vie nouvelle. On n’accepte pas la souffrance pour elle-même. Nous ne
sommes pas des masochistes. Elle est acceptée comme un moyen pour libérer l’Amour en
nous. Ici-bas, dans le cours unique de notre vie terrestre (He. 9, 27), nous sommes en
apprentissage d’Amour. Nous avons à apprendre à aimer comme Jésus nous a aimés: Mon
commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous aimés’(cf. Jn 15, 12-
16). Autrement dit, ne vous appuyez pas sur vous-mêmes ou sur votre seule capacité d’aimer,
sinon vous allez très vite vous essouffler dans la patience, mais apprenez à vivre la patience
dans l’amour, ‘comme Jésus nous a aimés’ : ‘Et voilà en quoi consiste l’Amour : Lui Jésus a
donné sa vie pour ses frères. Nous aussi, nous nous aimerons en donnant notre vie(I Jn 3).
Exercer la Patience dans cette perspective, c’est une façon de donner sa vie, d’aimer l’autre,
son prochain.
Par la charité, la Patience nous ouvre à la Communion des Saints. Lorsque je suis
entrain de patienter, je peux faire un acte surnaturel d’amour, de charité, qui est un acte qui
intéresse la Communion des Saints. Surtout ne croyez pas que l’on est dans la Communion
des Saints que lorsqu’on fait des choses extraordinaires. Sinon, on n’y serait pratiquement
jamais. La souffrance instaure en chacun de nous un questionnement sur ce qui doit advenir
dans notre vie, sur le devenir de notre vie. C’est une expérience universelle, pas besoin d’être
chrétien pour cela. En général, quelqu’un qui est, par exemple, touché par une grave maladie
ou une grosse épreuve se pose mille questions : pourquoi moi ? pourquoi maintenant ? quel
sens peut avoir cette épreuve ? Et aussi, on cherche les causes de cette souffrance : Dieu ?
mon péché ? les autres ?. Ici à Montligeon j’accueille beaucoup de personnes qui ont connu
un deuil. Elles me disent souvent : ‘Je ne m’y attendais pas. Ce qui m’arrive, c’est vraiment la
tuile qui me tombe sur la tête. Je ne comprends pas le sens de tout cela’. On entend aussi : ‘Si
Dieu était Dieu, vous voyez, et bien Il n’aurait pas permis cela’. Pourquoi cette souffrance ?
Pourquoi la souffrance des innocents ? Pourquoi ces crimes, cette violence dans notre monde?
Pourquoi ces enfants qui meurent dans le sein de leur mère alors qu’ils n’ont même pas eu le
temps de voir le jour ? Réfléchir à la patience, c’est réfléchir au sens de ma souffrance et de la
souffrance en général. Quand la souffrance advient dans ma vie, cela peut être l’occasion de
comprendre que je suis un être fragile, que mes sécurités d’antan sont peu fiables. La
souffrance vient me bousculer dans mes habitudes de penser, de vivre, dans ma vie tout
simplement. Alors, à ce moment là, peut se faire (mais pas forcément) un chemin de vérité.
Quand je me questionne sur le sens de ma souffrance, je prends une distance par rapport à
elle, et je crois que cette distance est le premier pas vers une ouverture et pourquoi pas vers
une renaissance.
Il n’y a pas qu’un questionnement, il y a aussi un appel au secours.
Je pense à quelqu’un qui est malade, la première chose qu’il va faire c’est aller voir un
médecin. C’est banal apparemment, mais regardez ce que cela implique intérieurement ! Oui
quand quelqu’un est malade, même un non-croyant, il va voir quelqu’un d’autre pour se
plaindre, pour chercher un soulagement. Il a besoin de sortir une parole. Elle est réconfortante
cette parole. Elle est importante cette parole. Il faut la recueillir avec précaution cette parole,
il ne faut pas la prendre comme une agression, car elle signifie que pour vivre j’ai besoin des
autres. Si on se place au niveau de la vie intérieure, on a ici l’expression du besoin de la
Communion des Saints. Pour être pleinement moi-même, j’ai besoin de l’autre, des autres.
Nul n’est une île.
II - LA PATIENCE DES ÂMES DU PURGATOIRE
Savez-vous comment le Curé d’Ars définissait le Purgatoire ? Il disait : le
Purgatoire, c’est l’infirmerie du Bon Dieu ’. C’est tout simple et très profond ! Les âmes du
Purgatoire sont en quelque sorte malades : elles sont blessées par leurs péchés. Mais cette
maladie n’est pas mortelle, elle n’est pas incurable. Il y a une issue, et la guérison se trouve
dans le don de Dieu qui se déploie même après notre existence terrestre. Le Purgatoire,
invention de la miséricorde de Dieu, est l’ultime guérison nécessaire pour entrer dans la
béatitude éternelle. D’autre part, soulignons que si nous allons dans une infirmerie, c’est que
nous ne pouvons pas nous soigner tout seul : nous avons besoin de la compétence du médecin
et du soutien de l’infirmière ! Le médecin, c’est Jésus, l’unique Sauveur. L’infirmière, c’est
l’Église. Les deux sont nécessaires, même s’ils n’ont pas la même fonction. Le Curé d’Ars est
vraiment un grand théologien !
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