J’ouvre ici une parenthèse sur la notion du bénévolat.
La réflexion sur la réalité de la gratuité des actes m’interpelle fortement. Soyons clairs, la
profession d’éducateur, bien que rémunérée n’est guère valorisée. Les horaires sont souvent
lourds, le salaire peu fameux et la difficulté est grande.
Alors pourquoi est-ce que je souhaite tellement exercer ce métier ?
J-M. Geng émet des réserves quand au fait du bénévolat, craignant la recherche de
compensations matérielles ou symboliques plus ou moins dangereuses. Si je m’interroge sur
les compensations que je pourrais trouver à cette profession, force m’est d’admettre qu’il est
grandement probable qu’un manque affectif dans mon passé puisse être une des raisons qui
me pousse aujourd’hui dans cette voie.
Si j’ai bien conscience de cette probable compensation, je ne pense pas qu’elle soit
suffisamment prégnante pour être négative à la qualité de mon travail.
Quoi qu’il en soit et pour refermer la parenthèse, bien que l’éducateur ne soit plus bénévole,
les bénéfices « indirects » et parfois inconscients sont toujours une réalité à l’heure actuelle.
Dès 1960, suite à l’expansion économique, les interventions de l’Etat dans le secteur social
augmentent, et de ce fait les subsides aux institutions, entraient une augmentation du contrôle
sur les qualifications du personnel. On voit émerger une culture psychologique et le
développement du Case Work (tout homme détient en lui les moyens de se sortir de ses
problèmes et de s’épanouir dans la société).
En bref, à la vocation (« j’aime les enfant ») s’ajoute les aspects psychologiques et médicaux.
Apparition de types précis (1 à 8), de termes tels que « caractériels », « troubles
instrumentaux », …
Ces perspectives psychologiques et médicales sont toujours bien présentes de nos jours et me
semble une avancée bénéfique même si quelquefois, on a tendance à trop vouloir « classifier »
ou « étiqueter ».
Mai 68 voit poindre une nouvelle étape dans le paysage du secteur social avec une remise en
question sur la légitimité de l’action des éducateurs.
Un mouvement de contestation des institutions « fermées » reproche à celles-ci de s’attacher
aux symptômes des dysfonctionnements sociaux plutôt qu’aux mécanismes qui les génèrent.
Pour ses « anti-psychiatre » l’éducateur doit être un médiateur qui tente de réduire les conflits
entre les différents groupes sociaux et les organisations sociales. Ils préconisent le maintien
des clients dans leur cadre de vie et travaillent dans leur milieu « naturel ».
Cette façon de penser me semble toujours très présente à l’heure actuelle et complémentaire
du travail avec les familles.
De nos jours, l’hébergement à long terme est considéré comme la dernière solution, on
privilégie au maximum l’accompagnement dans le milieu « naturel » et la place de l’usager et
de sa famille est bel et bien au centre des décisions.
A ce stade de ma réflexion, il est intéressant de voir comment, au travers de l’histoire, nous
retrouvons les « ingrédients » qui font notre profession.
Un des éléments important de la déontologie de l’éducateur est très certainement le secret
professionnel. Je suis amené à le respecter dans le cadre de mon travail avec les enfants et les
adolescents.
Il apparaît qu’il existe des normes juridiques explicites tels que l’article 458 du Code Pénal ;
l’article 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme ; l’Article 8.1 de la Convention
Européenne des Droits de l’Homme ou encore la Constitution Belge : Titre II.