sociale. Et cela, dans une atmosphère globale déjà alourdie par une
quadruple crise : énergétique, alimentaire, médiatique, climatique, et
dans un contexte géopolitique marqué par l'affaiblissement de
l'hégémonie américaine. La convergence et la confluence de toutes
ces tensions, au même moment, sur toute la planète, font de ce
cataclysme un « krach parfait », comme on parle aussi de « crime
parfait ».
Dans votre livre, vous évoquez la « nouvelle décadence » des États-
Unis que Barack Obama va devoir gérer. Vous jugez cette situation
« dangereuse ». Pouvez-vous préciser ?
Ignacio Ramonet. Dans son discours d'investiture, Obama a laissé
entendre que les États-Unis devront renoncer à leur rôle de tuteurs
autoproclamés du monde et constater les limites de leur hégémonie.
Or ce moment où une puissance prend conscience du début de son
déclin est dangereux. Parce qu'elle est tentée de compenser cette
baisse d'influence par l'exhibition de sa force, toujours redoutable.
Les réactions d'un lion blessé sont toujours à craindre. Au plan
mondial, l'histoire nous enseigne qu'il n'y a rien de bon à attendre des
crises économiques, elles engendrent plutôt des Hitler ou des Franco
que des Gandhi.
La crise actuelle aiguise le débat, à gauche, sur le « dépassement du
capitalisme ». Cette perspective vous paraît-elle crédible ? Si oui, doit-
elle s'articuler à un néokeynésianisme (régulations, retour de l'État…),
dont elle serait alors la simple radicalisation ?
Ignacio Ramonet. Qu'entend-on par « dépassement du capitalisme »
sinon que le socialisme renvoie lui-même à un processus, à la
radicalisation de la démocratie jusqu'à une irruption populaire
transformatrice des bases même de la société ? La crise fournit une
occasion de refonder l'économie sur de nouvelles bases. Déjà un très