
Économie managériale Textes T.1
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- Soit André Beaubut et Michel Sousmarin, deux étudiants de première année. André a été
repêché par l’équipe Les Canadiens après une brillante saison dans la LJMQ. On lui a offert
un contrat de 25 000 $ par année pour rejoindre une équipe-école à Halifax, avec possibilité
de doubler ce montant si sa performance est jugée satisfaisante. Malgré les pressions de ses
amis, André a refusé de signer pour l’instant et a préféré (nous a-t-on dit!) poursuivre ses
études. Michel travaillait quant à lui comme plongeur chez Dike’s et lorsqu’on lui a refusé un
bonus basé sur la performance il s’est inscrit à l’Université.
Ces informations additionnelles nous convainquent que les coûts mentionnés plus haut ne
suffisent pas à nous donner une idée juste du coût réel d’un produit ou d’un service. En effet, M.
Béchamel qui pouvait utiliser son temps, ses capacités (comme chef cuisinier au chic La
Saumure ou comme propriétaire de son propre restaurant), son argent (placé à la banque ou
investi dans son entreprise) et sa maison (louée à des étudiants ou utilisée à ses propres fins) de
diverses façons a dû sacrifier des alternatives lui rapportant respectivement l9 000 $, l 400 $ et
l 560 $ par année. Ne pas tenir compte de ces alternatives les plus intéressantes que M. Béchamel
a dû sacrifier en faveur de celles choisies surévalue les profits et cache la profitabilité réelle
d’une activité économique. De la même façon, les coûts mentionnés pour André Beaubut ne
tiennent pas compte du montant d’argent auquel il a dû renoncer pour suivre des cours à
l’Université. Le sacrifice d’André étant beaucoup plus important que celui de Michel, le coût
total réel de sa décision sera aussi plus élevé (à moins bien sûr que Michel Sousmarin évalue à
plus de 50 000 $ les bénéfices nets découlant de son métier de plongeur).
Ces exemples illustrent que le coût total réel d’un produit ou d’un service est composé non
seulement des coûts explicites (ceux qui impliquent des sorties de fonds pour les ressources
achetées ou louées par une entreprise ou un individu tels la feuille de salaires de l’entreprise, le
paiement des matières premières ou semi-finies, l’ensemble des frais fixes, etc.), mais aussi des
coûts implicites, c’est-à-dire des coûts qui n’impliquent pas des sorties de fonds puisqu’ils
représentent les coûts des ressources que l’entreprise possède en propre (le temps mis par
l’entrepreneur dans son entreprise ; l’utilisation de son épargne pour les fins de la compagnie ;
ses immeubles, équipements, terrains et autres avoirs qu’il met à la disposition de l’entreprise ;
l’usure réelle du capital ; etc.).
Maintenant, lorsque l’entreprise achète ou loue des matières premières, des produits semi-finis,
de l’équipement ou de la main-d’œuvre, on peut supposer que le prix du marché de ces