Trajets de soins : ce qu’en pensent les MG de la FLAMG. De tous les pays européens, la Belgique a l'administration la plus coûteuse. Les trajets de soins et les réseaux multidisciplinaires locaux (RML) actuels renforceront encore un peu plus notre leadership administratif peu enviable pour les acteurs de terrain que nous sommes. Nous avions déjà deux catégories d’assurés : ordinaires ou BIM- OMNIO. Maintenant s’y ajoutent les assurés « trajets de soins » avec la gratuité uniquement pour toutes les consultations chez le médecin généraliste (MG) dépositaire du DMG et son spécialiste traitant. Ceci n’est autre qu’une technique de marketing discriminatoire aussi bien au sein d’une même pathologie (ex : diabétiques de type I, diabétiques de type II à 3-4 injections, transplantés rénaux, dialysés, etc.) que vis-à-vis des autres pathologies chroniques. De plus, les patients ne sachant pas se déplacer en sont complètement exclus. La Fédération Liégeoise des Associations de Médecins Généralistes (FLAMG) représente 24 Associations/Cercles. Ensemble nous représentons 773 médecins généralistes. Aujourd’hui, je suis leur porte parole et j’en suis honoré. Grâce à notre coopération avec les spécialistes et les hôpitaux de la région, nous sommes parvenus à recevoir plus de 90% du courrier médical attendu tant par voie postale qu’informatique. Nous avons signé une charte MS-MG avec tous les conseils médicaux des hôpitaux de la région afin d’optimaliser encore plus notre coopération. Dans notre région, nous ne sommes pas ignorés par nos confrères spécialistes. La collaboration MS-MG nous connaissons et cela pour tous les patients pris en charge. Aujourd’hui, en tant que Président de la FLAMG, je tiens à les en remercier et je les applaudis avec vous. Ceci dit, je vous invite toutes et tous à initier un trajet de soins. Rien de tel qu’une bonne expérience personnelle. Mais avant cela, sur le site de la FLAMG (Extraits les plus importants ) lisez l’avis intégral donné par le Professeur Leleu sur les obligations de résultat (dia I) puis le fascicule distribué par l’INAMI afin d’en connaître les conditions et les critères d’exclusion. Ensuite, visitez le site internet de Turnhout qui vous guidera en 7 étapes (http://www.preventiecentrum.be/zorgprogrammas/ztoverheid.html). Après vous être informés correctement au sujet des deux premiers trajets de soins (IR et diabète II), s’ils vous rebutent, courage, six autres trajets de soins supplémentaires vous attendent dans les tiroirs de l’INAMI : BPCO et asthme, défaillance cardiaque chronique, ostéoporose, affections psychiatriques, personnes âgées vulnérables et les patients cancéreux. Comment allez-vous faire lorsqu’un patient aura 3 ou 5 trajets de soins ? Par ailleurs, lorsque le patient changera de spécialiste, de MG ou déménagera, d’autres problèmes apparaitront : en effet le futur MG qui le prendra en charge devra s’enquérir si le patient a des trajets de soins. Dès que le MG se fera honorer pour l’ouverture du dossier médical global (DMG), il sera tenu de s’occuper de la gestion de tous les trajets de soins antérieurs. Ecoutez ce qui suit, c’est consultable sur le site trajets de soins : http://www.trajetdesoins.be « 7. Puis-je changer de médecin généraliste ou de spécialiste si je le souhaite ? 1 Oui, vous pouvez. Vous concluez alors un nouveau « contrat trajet de soins » avec cet autre médecin généraliste ou spécialiste. Il s’agit d’un nouveau contrat que vous devez à nouveau signer, mais la durée du trajet de soins initial reste inchangée, à savoir 4 ans. Donc, si vous concluez un nouveau contrat après un an parce que vous changez de médecin généraliste, le nouveau contrat est valable pour les 3 années restantes. » Quand vous signez un contrat, il n’y a pas que la signature qui compte. Il vous engage pour une durée de 4 ans. LISEZ tous les détails et surtout ce qui est écrit en tout petit. Réveillezvous ! Cela deviendra aussi indigeste que les Bf, spécialité belge. Vous êtes perdus ? Pas de problème, vous serez soutenus par le Réseau Multidisciplinaire Local (RML). Il paraît que le RML n’a rien à voir avec les trajets de soins. On nous dit qu’ils ne sont pas liés… pourtant, dans la convention à signer entre l’INAMI et le réseau multidisciplinaire local (RML), je remarque que le terme « trajets de soins » y est repris 12 fois ! Le cheval de Troie, vous connaissez ? Pour créer un RML, le cercle se doit d’y associer le Service Intégré de Soins à Domicile (SISD) local, autre structure administrative de la première ligne. Les cercles ont fui ce SISD liégeois pour de multiples raisons. Les RML sont, parait-il, une expérience pilote pour une durée de 4 ans. Mais, on peut se demander si nous pouvons encore parler d’expérience pilote lorsque nous constatons que l’INAMI accepte tous les projets RML. Si tant d’argent y est investi, c’est qu’ils en attendent un retour, un rendement. Ce n’est pas parce que des administrateurs de cercles signent un contrat RML qu’ils sont favorables aux trajets de soins. Mais on aime bien semer la confusion entre trajets de soins et RML. La majorité des MG, du côté francophone, sont contre ces trajets de soins, rappelons-le. Les trajets de soins sont le début de la forfaitarisation et de la rationalisation des soins en première ligne. Il faudra veiller à la rentabilité et donc tôt ou tard il y aura des ajustements en fonction des objectifs demandés par les autorités. Vous aurez des obligations de résultat (dia II). Regardez ce qui se passe avec les hôpitaux (durée de séjours, forfait médicaments, forfait par pathologie, montant de référence). Le médecin de famille actuel est en voie de disparition et c’est voulu. Subsistera le médecin généraliste, scientifique-technocrate pur sang, coach du patient, manager d’une équipe pluridisciplinaire où la relation avec le patient que nous connaissons toutes et tous actuellement, sera limitée au strict minimum. Des questionnaires, les uns plus perfectionnés que les autres se feront jour afin d’évaluer l’état de santé du patient. L’administration ainsi que les aides administratives passeront leur temps à évaluer notre travail. Les trajets de soins actuels mettent surtout, au centre des soins, les structures administratives ainsi qu’une horde de règlements d’un cru nouveau. L’aide du Ministre de la simplification administrative, Mr Vincent Van Quickenborne, serait utile. Finalement, les trajets de soins : soit ils entrent par la porte (initiative personnelle du MG) soit ils entrent par la fenêtre par la mise sur pied d’un RML. Nous ne refusons pas toute amélioration ou modernisation du service de soins offert à la population mais commencer à exclure les patients sur des critères de mobilité, de résultats de labo ou de modalités thérapeutiques, ouvre la voie à l’ère des discriminations entre patients « chroniques » et au sein d’une même pathologie. Nous devons tout faire afin de corriger 2 cette dérive insidieuse des soins de santé. Pour nous, tous les patients sont égaux. Nous ne voulons pas entrer dans cette ère administrative discriminatoire. Nous voulons bien des trajets de soins et des RML mais pas ceux qui nous sont proposés/imposés actuellement. Ils ne tiennent pas compte des attentes de la profession. Ces règles sont trop complexes et trop rigides. Pour nous, c’est NON. Bref, nous voulons plus de facilités thérapeutiques tant pour le patient que pour le médecin. Nous voulons travailler avec les éducateurs et les diététiciens sans devoir passer par ces RML ou trajets de soins actuels. Nous voulons des modalités thérapeutiques simplifiées au service du patient et du médecin de famille et cela pour tout patient qui en aurait besoin tant en préventif qu’en curatif. Merci de votre attention. Dr Johan Sterkendries Président FLAMG asbl www.flamg.be 3