langage poétique, vitalité et longévité, - le tout porté à l'échelle du "prodige"
et de la "démesure"" -, tout cela a fait de son oeuvre poétique l'expression
parfaite de l'art romantique en France. Son écriture fonctionne
comme réceptacle, miroir réfléchissant et instrument d'une élévation
thématique et formelle, concrète et réflexive, individuelle et collective.
Dans ses recueils de jeunesse Odes et Ballades (1828) et Les Orientales
(1829), l''intérêt
réside moins dans leur thématique, que dans leur souffle lyrique
authentique.. Il donne libre cours à sa fantaisie typiquement romantique,
éprise de légendes des temps anciens. Le poète se sent investi d'une haute
mission : "Il doit marcher devant les peuples, comme une lumière et leur
montrer le chemin".
Dans les années 1830 - 1840, considérées "la période moyenne" de sa
création, Hugo publie "la tétrade lyrique" (les 4 livres - frères) - Les Feuilles
d'automne (1831), Les Chants du crépuscule (1835), Les Voix intérieures
(1837), Les Rayons et les Ombres (1840) -, qui révèlent un renouvellement
et un enrichissement constants de son inspiration et de son lyrisme. Les
Feuilles d'automne approfondissent la poésie du Moi, en la projetant sur une
verticale du regard et du souvenir-histoire et visions cosmiques. Les poèmes
Ce qu'on entend sur la montagne, La Pente de la rêverie et Pan renferment
des interrogations sur les énigmes de la vie et de la conscience humaine. Les
Chants du crépuscule combinent, à partir de l'ambiguïté du titre (crépuscule
du matin : crépuscule du soir), tous les contraires possibles, - "le jour et la
nuit", "le Oui ou le Non" (Préface),
"l'espoir et le doute", "le passé et l'avenir", et rend une vision aux
connotations politiques et sociales marquées (cf. Dicté après 1830; A la
Colonne). Dans Les Voix intérieures, les trois voix qui se font entendre dans
l'âme du poète sont la voix de l'homme, la voix de la nature et la voix des
événements, visant à en dégager un "sage enseignement". Le dernier recueil,
Les Rayons et les Ombres, achève et accomplit "la seconde période de la
pensée de l'auteur" (cf. Préface), sous un horizon "plus élargi", "un ciel plus
bleu", "un calme plus profond". La Préface du recueil condense l'expérience
majeure de la tétrade : "Tout se tient, tout est complet" Le poème Fonction
du poète y est un plaidoyer pour le poète,
qui participe aux luttes de la cité. Homme, nature, société; passion, action,
rêverie; savoir, penser, rêver, y figurent parmi les thèmes qui font de la
poésie de Hugo une illustration de la totalité universelle. L'horizon élargi de
ce recueil reflète le triple clavier du politique, du métaphysique et de
l'esthétique. Le recueil reprend aussi les thèmes de son lyrisme: l'amour,
comme instant privilégié de la vie humaine (Tristesse d'Olympio), la nature