On efface tout et on recommence
Partant de là, et en reprenant la dernière publication de Carpinelli et coll. (2004) sur ce sujet,
très critique vis-à-vis des recommandations du Collège Américain de Médecine du Sport
(ACSM), il est possible de proposer une forme de travail qui soit à la fois efficace, moins
consommatrice en temps d’entraînement, d’énergie et surtout plus respectueuse de l’intégrité
physique de l’athlète. En gros, une méthode qui n’incitera pas à faire usage de produits
illicites pour obtenir les gains souhaités.
On peut résumer en 7 points les nouvelles recommandations de l’article de 2004 :
1. Sélectionner un mode d’exercice qui soit confortable sur toute l’amplitude de
mouvement.
2. Choisir une durée de répétition qui assurera le maintien de la forme du
mouvement tout au long de la série.
3. Choisir un intervalle de répétitions entre 3 et 15 ( 3-5, 6-8, 8-10, 10-12, 12-15) en
fonction de son niveau de condition physique ou de son niveau d’entraînement.
4. Réaliser une série de chaque exercice jusqu’au moment où le geste n’est plus
réalisé correctement et que des mouvements compensatoires apparaissent.
5. Après avoir réalisé une combinaison d’actions musculaires concentriques et
excentriques, terminer chaque exercice à un point où la phase concentrique de
l’exercice commence à devenir difficile, voire impossible, tout en maintenant une
technique juste.
6. Laisser suffisamment de temps entre deux exercices pour réaliser le suivant avec
une technique correcte.
7. En fonction de la récupération et de la réponse individuelle, choisir une
fréquence de 1 à 3 séances par semaine pour stimuler chaque groupe musculaire
ciblé.
Récemment, Izquierdo et coll. (2006) ont précisé la notion d’entraînement jusqu’à la rupture,
c’est-à-dire jusqu’au moment où l’on n’arrive plus à soulever la charge dans la phase
concentrique. Ils démontrent que, pour une même série, le fait de s’arrêter avant cette rupture
oriente les résultats vers une amélioration plutôt force ou puissance (on peut encore faire une,
maxi 2 répétitions avant l’arrêt complet). D’un autre côté, le fait de continuer jusqu’à
l’instant où il est impossible de soulever la charge donnerait une préférence à l’amélioration
de l’endurance musculaire locale. Concernant le nombre de répétitions, les améliorations en
force et hypertrophie sont similaires pour les intensités élevées (3-6 RM) à moyenne (7-12
RM). Au-delà de 20 RM, par contre, on est plus dans un registre d’endurance musculaire
locale (Campos et coll. 2002).
Concrètement
Maintenant, pour appliquer cela sur le terrain, il faut faire obligatoirement une évaluation
initiale afin de savoir combien le sujet est capable de soulever. Une évaluation indirecte est
toujours possible pour avoir une estimation de la charge maximale qu’une personne peut
soulever en une seule et unique fois. Le fameux 1RM. Plusieurs équations existent. Toutes ont
une marge d’erreur par rapport à la vraie valeur plus ou moins importante.
L’une des plus connues est celle de Brzycki :
RM= poids soulevé (kg)/[1,0278 - (nombre de répétitions avant d'être fatigué X 0,0278)].
Être fatigué : qu’est ce que cela signifie concrètement ?
Si le sujet a soulevé 8 fois 52 kilos, on obtient : RM = 52 / (1,0278 – 8 x 0,0278).
Ce qui fait environ 65 kg pour la 1RM. La validité de cette équation s’améliore à mesure que
le nombre de répétitions diminue quand la charge augmente… ce qui est normal puisque l’on
se rapproche de la 1RM.
Donc, il est préférable de cibler un nombre de répétitions compris entre 4 et 7 pour être
tranquille. Un échauffement préalable est nécessaire pour limiter les blessures qui seraient
occasionnées par les tensions imposées au système musculo-tendineux ou ligamentaire.