La reconnaissance visuelle des visages
Introduction : voir ce n’est pas un reflexe
Psychologie cognitive : étude du fonctionnement cognitif normal de son développement tout
au long de sa vie (développement et psycho-gérontologie) et ses troubles en pathologie
(neuropsychologie) ou dans certaines circonstances.
Neuropsychologie cognitive : étude des patients qui présente des troubles du comportement
(cognitions) suite à une atteinte cérébrale, ou à des circonstances particulières. Méthode
expérimentale
Tout est représentation
MAGGRITTE « ceci n’est pas une pomme »
La réalité est inaccessible on ne peut pas la connaitre. Nous avons juste des représentations de
la réalité. Cela nécessite de la mémoire.
Représentations de forme, représentations sémantiques (la signification de l’objet) qui varient
légèrement d’un individu à l’autre.
Voir c’est quelque chose d’acquis. On reconstruit les formes selon nos habitudes de traitement
nos connaissances sur la relation entre les objets dans le monde.
« Le monde est dans la tête et la tête est dans le monde » : une reconstruction active. Chez
l’homme la vision est le sens dominant par rapport à l’audition. La réalité extérieure est
visuelle. Notre représentation des formes et des objets nous influe dans le monde. On est à la
fois sujet et acteur. Voir c’est une reconstruction humaine et qui a un processus actif.
1. La reconnaissance visuelle
La rapidité du traitement visuel chez l’homme : « ultra-rapide » (Thorpe et coll., 1998)
Les stimuli : scènes avec/sans animal « go/no go » (si animal on appuie sur le bouton : si il se
trompe : distracteur : appuie sur le bouton alors qu’il n’y a pas d’animal sur l’image) chaque
scène est présenté 17 millisecondes.
La tâche : catégorisation sémantique
Résultats : différence significative entre les réponses justes et les distractions. Temps de
réponses plus courts chez les singes (environ 200 ms)
TR moyens : +/- 400 ms
TR les plus brefs : - de 300 ms
La discrimination animal/non-animal est réalisée dès 180 ms de traitement (lobe frontal).
Interprétation (modèle psychologique) :
- 1ère étape : Extraction des primitives : formes de base : contour, couleur, mouvement¸
taille, orientation etc… indépendante les unes des autres.
- 2ème étape : Codage de la « forme » :
Ségrégation figure/fond : c’est de rassembler les primitives par objet.
Structuration de la forme : extraction de la forme globale, codage contour, ségrégation
figure/fond
Lumière : longueur d’onde, photon
La forme : la réalité extérieure est une représentation du monde. Notre œil fait une première
représentation puis il y a une deuxième étape où il y a une autre représentation = forme.
Exemple : La balle de tennis. Dimensions : jaunes, ronde puis on reconstruit la forme grâce
aux dimensions et on obtient par exemple « objet sphérique jaune ». On peut alors reconnaître
la balle si je mets en contact cette représentation avec ceux que j’ai en mémoire.
- 3ème étape : accès aux représentations :
Ces représentations sont de 3 types et elles sont activées en cascade :
- La représentation structurale, on parle aussi de représentations visuelles (c’est une
représentation sur la forme des objets) (exemple : faire la différence entre un citron et une
balle de tennis, on a la liste des traits pour arriver à faire la différence). Au fur et à mesure
qu’on a de l’information, les représentations se resserrent dans les représentations
structurales et cela active les représentations sémantiques (c’est à dire la signification de
l’objet) et enfin la représentation lexicale (c’est à dire le mot).
Cela permet d’envoyer l’information au cortex pour créer le mouvement moteur de parler par
exemple. Il faut 180 millisecondes pour faire cela.
La première étape d’extraction des primitives ne dépend pas du niveau attentionnel du
sujet. Elle se fait toujours, c’est irrépressible.
Alors que pour les étapes 2 et 3, elles se font un peu en parallèle, interaction entre les
deux. Car pour reconnaître une balle, avant d’y arriver il y a beaucoup de représentation qui
se déclenche et qui sont en rapport avec la balle. Une fois que l’information reçue est
suffisante on peut distinguer si c’est une balle ou une orange.
Interprétation chez le singe, le modèle neurobiologique :
Dans le schéma seule la voie ventrale est représentée mais il y a aussi la voir dorsale qui
existe. Les deux voies partent de V1.
La voie ventrale c’est l’identification consciente des objets et cela se situe dans le cortex
inféro temporal. Il y a un lien entre le cortex inféro temporal et le cortex frontal qui contrôle
la prise de décision. Puis le cortex moteur va envoyer un message à la moelle épinière pour
contrôler l’acte moteur. Un patient qui a une lésion sur la voie ventrale serait agnosique et
dans la voie dorsale le patient serait ataxique.
L’approche est la suivante : un comportement est une activé cérébrale. Tout ce qu’on est,
va de paires avec une activité cérébrale. On n’est cependant pas réduit à une activité cérébrale
mais c’est l’une des faces d’un même objet. En modifiant le comportement on modifie le SNC
sous-jacent.
Dans cette leçon on parle de la reconnaissance visuelle tardive c’est à dire dans les dernières
étapes de la reconnaissance.
2. Le visage : introduction
Il véhicule des expressions émotionnelles, des informations de groupes (F/M, âge,
l’ethnie), l’identité personnelle. Il informe sur l’état émotionnel de votre partenaire. Fournit
une grande variété de signaux sociaux qui vont être interprétés la plupart du temps de façon
correcte en une fraction de seconde.
L’identité personnelle est une caractéristique importante du visage, tout accident qui va
modifier l’apparence physique va être très difficile à surmonter. Le visage ne dit rien sur la
personnalité de la personne mais véhicule un état émotionnel temporaire.
2.1 Le visage : un organe de communication et une identité
2.1.1 Le visage comme une structure biologique
Tous les visages se ressemblent ; pas beaucoup de variations : des yeux, un nez une bouche
même avec les animaux.
Morphing : ensemble de 40 points stratégiques sur le visage ; on moyenne les distances des
points et on mélange les visages.
Ressemblance des visages par la similitude des éléments qui les composent et par la symétrie
de leur organisation :
- la symétrie verticale : correspond à la symétrie du corps
- l’asymétrie horizontale
L’explication adaptative : Gardner (1967)
Les techniques de manipulation systématique par ordinateur, la caricature et le morphing, et
leurs utilités en psychologie.
Le visage humain est peu différent du visage des autres animaux. Le trait le plus important
c’est la similitude des différents éléments qui le compose. Mais comment expliquer cette
non-symétrie horizontale ? Cela vient d’un ensemble de forces comme la gravité qui impose
des distorsions et des différenciations sur l’axe horizontale et pas sur l’axe verticale.
Tous les animaux ont deux yeux qui sont plus ou moins écartés en fonction de s’ils sont proies
ou prédateur : les vaches par exemple ont des yeux qui se situent sur le côté du visage ce qui
permet d’agrandir son champ visuel et peut ainsi voir des prédateurs arriver. On se focalise
sur les yeux, nez, bouche pour reconnaître un visage mais il n’y a pas que ça. L’information la
plus importante pour les yeux et c’est le diamètre pupillaire : on préfère un visage aux
pupilles dilatées. Les yeux ne véhiculent rien des émotions.
Les oreilles : chez les animaux cela véhiculent un état émotionnel (oreille mobile), chez
l’homme elles sont non remarquables ; ont une grande importance chez les animaux (les
chiens par exemple)
Le nez : impliqué dans l’odorat, on a le nez le plus relevé.
La bouche : chez l’homme, elle véhicule le langage et permet d’exprimer un état
émotionnel et d’émettre des sons complexes.
2.1.2 La spécificité du visage humain : les poils ?
A quoi servent les poils, les sourcils ? Ils sont déterminants dans un visage, ils nous
servent à exagérer les expressions faciales, nos cheveux nous évitent l’insolation.
Ekman
Le blanc de nos yeux (la sclérotique) ? (Kobayachi et Koshima, 1997)
Parmi les primates on est celui qui a plus grande proportion de sclérotique exposée et les yeux
les plus allongés sur l’axe horizontal. Cela permet de localiser la position du regard,
améliore la perception de la direction du regard. Chez les animaux il est préférable d’avoir
la direction du regard camouflé car un regard dirigé peut entrainer un combat.
2.1.3 La structure du visage
La forme de notre visage dépend des os du crâne.
Interdépendance entre les différents aspects de sa forme ce qui produit un nombre restreint de
types de visages. Soit la tête et le nez large ; soit une tête fine et un nez protubérant. Notre
visage est très musclé, pas mal de facteurs peuvent affecter l’allure et les fonctions du visage
2.1.4 Mon visage, mon miroir
L’insupportable de la déformation : le mouvement oculaire atypique des aveugles. On
remarque que lorsqu’une personne souffre d’un déficit (brûler, mouvement oculaire bizarre du
a une cécité) la personne le vit très mal. Des transformations lourdes (des chocs, des brulures)
affectent l’individu car il touche à son identité personnelle
La plupart des personnes qui voient une personne avec un visage déformé détournent le
regard.
Etudes de Bull et Rumsey en 1982 :
Ils utilisent une actrice dont le visage est défigurée par du maquillage très bien fait, sur la
moitié de son visage et l’autre moitié qui reste intacte. Elle devait soit attendre un métro soit
faire l’aumône. Soit elle avait son visage normal soit elle était maquillée pour avoir la moitié
droite du visage toute déformée. Ils mesurent ensuite les réactions des gens quand ils la voient
:
Résultats : Certains ne l’approchent pas et d’autres l’approchent par le côté le déficit n’est
pas présent.
Ils lui demandent ensuite de faire l’aumône : maquillée puis démaquillée. On se rend compte
que défigurée moins de gens donnent de l’argent mais les rares qui le font, donnent plus.
Les déformations touchent notre identité et l’image renvoyées par les personnes qui
nous regardent.
On a toujours cherché à embellir son visage quelques soit les sociétés. Dépendant de la
culture et de la mode.
Cependant on peut s’embellir sans pour autant recourir à ces moyens, on peut utiliser des
ornements, du maquillage. Cela dépend de la culture mais il y a une constance dans les
habitudes qui est l’exagération d’une caractéristique particulière du visage. Une
caractéristique peut être créée de toute pièce comme les tatouages. Souvent les
caractéristiques tendent à appuyer la différenciation inter-sexe.
Il y a un changement dans les habitudes pour s’embellir. Comme par exemple avec le
maquillage. Les changements de mode sont complexes et imprévisible, mais il y a un
thème récurrent qui est le lien avec le statut social.
Exemple : Avant les gens bronzés étaient pauvre et aujourd’hui c’est un signe de richesse car
ça veut dire qu’on peut se payer de bonnes vacances.
Cependant à l’époque les gens riches se blanchissaient le visage avec des produits dangereux.
On voit dont qu’à travers les siècles il y a une nécessité de la beauté qui autorise tous les
risques.
2.2 Les différences physiques entre les visages : l’âge, le sexe et l’ethnie
2.2.1 Les différences liées à l’âge
Comment sait-on quel âge a un visage ?
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