WALLON Wallon (1879 – 1962), psychologue français, référence dans la psychologie du développement. Agrégation de philosophie en 1902, docteur en médecine en 1908 (spécialisé en neurologie) qui l’a intéressé à la psychopathologie. Il a dirigé une consultation d’enfant __________________________, puis à la psychologie de l’enfant. Thèse en psychologie en 1914, mais publiée en 1925 (L’enfant turbulent). 1927 : directeur à l’école pratique des hautes études 1937 – 1949 : professeur au collège de France, mais interdit pendant l’occupation 1944 : secrétaire général de l’Education Nationale 1946 : député de Paris (il préside la commission des réformes de l’enseignement -> plan LANGEVIN – WALLON) 1948 : fonde la revue « enfance » références : De l’acte à la pensée 1942 Les origines de la pensée chez l’enfant 1945 I . La théorie A la fois théorie du développement et théorie de l’apprentissage, il se rapproche du point de vue constructiviste. Dans sa théorie, il y a influence de la maturation biologique et du milieu social. Il s’intéresse au développement de la personnalité toute entière de l’individu (différent de chez Piaget). Il pense que l’enfant est né social : « l’enfant est social biologiquement ». Besoin d’échange de l’enfant dès sa naissance avec son environnement. Le milieu va apporter ou non des stimulis favorisants son développement. Pour Piaget, importance de l’action et de l’interaction. Chez Wallon, importance de la notion de crise (ex : crise d’adolescence, ou crise du non vers 3 ans). Le développement s’opère dans les échanges de l’enfant avec son environnement. A chaque stade, la maturation va rendre son adaptation au milieu difficile et inappropriée, ce qui enclenche un déséquilibre, une situation de conflit entre l’enfant et son environnement. Le développement est une série de crises successives jusqu’à l’âge adulte. Sa théorie est régie par trois lois dont l’une d’elle est la loi d’alternance fonctionnelle (cf. schéma Wallon) (c’est l’alternance de deux orientations des conduites, soit centripète, soit centrifuge ; centripète : l’extérieur influe sur l’enfant, tourné vers la consolidation de la personne ; centrifuge : l’enfant influe sur son environnement, tourné vers l’extérieur, vers les relations objectales (-> objet)) II . Les stades de développement Le développement de l’intelligence chez Wallon est lié au développement de sa personnalité totale. L’enseignant doit prendre partie, connaître l’enfant dans son ensemble. « Il ne doit pas être le magistère qui vient leur dire j’ignore comment vous vivez dans votre famille, j’ignore quelle est votre condition sociale, j’ignore ce que vous serez demain, je ne crois pour votre avenir qu’à vos succès à l’école ». Quelques caractéristiques : - les stades sont chronologiques mais discontinus - succession de conflits, de crises - s’intéresse aux trois aspects psychologiques moteurs : cognitif, affectif, et social Les stades : le stade impulsif (centrifuge), de 0 à 6 mois. C’est un moment de symbiose, en particulier avec la mère. Il parle de l’importance des réflexes aux stimulations de l’environnement. L’enfant répond aux stimulis par une réponse motrice. Il y a interaction entre le bébé et son environnement. Il est dépendant de sa mère ou des personnes proches, et il est aussi indépendant. Cet enfant va passer d’une symbiose psychologique à une symbiose affective à partir de 3 mois. L’enfant devient capable, d’une manière particulière, de s’adresser aux autres. Ca l’amène au deuxième stade. Le stade émotionnel (centripète), de 3 mois à 1 an. Stade très important car première forme de socialisation. Le passage à ce stade est dû à un conflit. Les attentes, les frustrations dues à la non-satisfaction de ses besoins vont provoquer un mécontentement de sa part. Les moyens : cris, pleurs, gestes qui vont constituer des signes d’appels auquel l’environnement va répondre. Ces signes d’appels constituent l’émotion et vont faire rentrer l’enfant dans un dialogue avec l’environnement. Le stade sensori-moteur (centrifuge), il est projectif de 1 à 3 ans environ. Ce stade est divisé en deux sous-stades : - Le stade sensori-moteur de 1 à 2 ans. Le développement passe par l’action et les cinq sens. Grande importance des acquisitions motrices, en particulier la marche qui va permettre une exploration plus grande de l’espace, et grande importance des acquisitions langagières, qui va permettre une exploration symbolique de l’espace (l’enfant nomme), ce qui va enclencher le deuxième sousstade - Le stade projectif, de 2 à 3 ans. Développement de ces types d’acquisitions qui va lui permettre le développement de relations alternantes et réciproques. Il devient capable de prendre les deux positions d’une situation, d’un jeu (spectateur/acteur). Il possède une socialité syncrétique (= globale, confuse). Il ne distingue pas ce qui lui appartient et ce qui appartient à l’autre. Il assimile parfois l’autre à lui-même. Le stade du personnalisme, de 3 à 5/6 ans (école maternelle). Il est caractérisé par une affirmation de soi et une construction d’une objectivité. Il construit un moi autonome et devient de moins en moins objectif. Il y a trois périodes importantes : - La période d’opposition : l’enfant s’affirme en disant non. C’est une crise de personnalité, l’âge du non, du moi, du mien. On a souvent face à soi un enfant autoritaire, exigeant, jaloux, qui va enclencher la difficulté de prêter. L’enfant refuse, a du mal à obéir, veut faire tout tout seul. En même temps, il y a recherche d’autonomie, mais difficulté à gérer et nécessité de poser des limites, d’offrir des repères à l’enfant. C’est souvent à cet âge-là qu’il devient capable d’utiliser le je et le moi. - Le narcissisme ou âge de grâce : demande d’attention de la part de l’environnement, faire valoir sa personne, ses attributs, ses mérites. On voit se développer des réactions de prestance. Ces sentiments sont provoqués par la conscience de l’autre et la conscience du moi. L’impression d’être regarder modifie ses attitudes. C’est donc une période de séduction où l’enfant veut se faire aimer, admirer, où il devient conciliant. L’imitation de l’autre, personne qu’il préfère, qu’il aime beaucoup, qu’il jalouse. Il va imiter sa façon de s’habiller, de se coiffer. Il va pouvoir se développer un sentiment particulier qui est la jalousie, pouvant être surmonté par la sympathie. Cela correspond à un conflit entre deux pôles d’une situation. Dans la jalousie, il veut être à la place de l’autre, du modèle, puisqu’il ne peut pas, il va pouvoir transformer cette jalousie en sympathie. Il n’est plus contre l’autre, mais il est avec l’autre. C’est à cet âge-là que les indices de son état civil (nom, adresse, …) sont importants puisqu’ils l’aident à se construire en tant que personne. Il devient très sensible à sa place dans la famille, il comprend qu’il est un parmi un ensemble et parallèlement il comprend aussi qu’il va pouvoir entrer ou sortir d’un groupe (par exemple en classe). C’est aussi à ce moment-là que se développent les complexes (« attitudes durables d’insatisfaction ») Le stade catégoriel (centrifuge), de 6 à 11 ans. L’enfant est sorti de sa période de latence (pré-adolescence). Il développe de nouvelles capacités au niveau intellectuel (la capacité de reconnaître dans un élément les unités qui le composent) et au niveau social (la capacité de se reconnaître comme un élément qui peut entrer et sortir de groupes différents et recherche de contacts avec les pairs). Vers 6/7 ans, il est encore très dépendant de l’adulte mais souhaite un rapprochement de plus en plus grand avec les enfants. Pour Wallon, développement de la coopération mais aussi de l’exclusion et de la rivalité, d’où l’importance de l’enseignant qui doit valoriser le travail d’équipe, la collaboration et au contraire éviter la compétition ou la rivalité entre enfants. C’est l’âge des bandes de copains plutôt sexuées. Le stade de la puberté et de l’adolescence (centripète), à partir de 11 ans. Période de grandes modifications morphologiques, psychiques et sociales qui vont enclencher un certain mal-être, des sentiments particuliers avec par exemple une opposition aux habitudes familiales et aux contrôles parentaux, un mécontentement mais des attentes mal structurées. D’où une ambivalence des attitudes et des sentiments. C’est une crise de personnalité, la deuxième crise du non, l’adolescent a besoin de s’opposer pour s’affirmer. Exemple d’ambivalence : réaction de jactance avec désir d’attirer l’attention, et en même temps, des réactions de gêne, de honte, de doute sur soi-même. Cette période va se caractériser par une quête d’aventure, d’action, d’imprévus, mais en même temps paralysie, inhibition dans l’action. C’est l’époque des valeurs morales, des choix d’ordre religieux, politiques, mystiques, l’adolescent se cherche. L’enfant va accéder au septième stade. L’esprit de responsabilité : accession au stade adulte. Prise de conscience de la réalité des choses pour devenir une personne autonome, responsable, sociale. Le rôle de l’enseignant serait celui de servir de guide, de prendre partie sur les rapports sociaux et sur les valeurs morales. Ca doit déboucher sur l’insertion dans la société par rapport à lui-même et par rapport aux autres. - Conclusion : La théorie de Wallon décrit deux grands cycles dans le développement de la personne : - la construction de la personne les trois premières années - l’achèvement de la personne de 6 ans à l’adolescence, voire plus Entre les deux, il y a donc une période de transition, entre 3 et 6 ans, qu’il a appelé le stade du personnalisme, qui est un moment clé dans le développement de l’individu. C’est un moment d’expression de la personnalité individuelle. D’où l’importance de l’école maternelle.