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Module 3
Partie 2. La dynamique de la mondialisation financière
Chapitre 2. L’évolution du système monétaire international depuis le XIXième siècle
Programme
On analysera les fonctions d’un système monétaire international, puis on présentera les différents systèmes
qui se sont succédé depuis le XIXe siècle en étudiant les débats dont ils ont été l’objet.
Introduction : qu’est-ce qu’un système monétaire international ?
Document 1
Un régime monétaire international, ou un système, est un ensemble de règles qui contraignent, ou du moins
influencent, les décisions des États en matière de régime de change, de politique monétaire et de
réglementation des flux de capitaux (McKinnon, 1993).
Quatre éléments sont traditionnellement retenus pour caractériser un tel régime :
- la convertibilité des monnaies et, de façon plus générale, la gestion des flux de capitaux ;
- les régimes de change ;
- les règles et les mécanismes assurant la fourniture de liquidités en cas de besoin ;
- la surveillance et la coopération monétaire. Source : rapport du CAE « Réformer le SMI », 2011, p. 10
Question : 1) remplir tableau :
Le SMI doit
- définir les règles qui portent sur :
- permettre les échanges internationaux en
assurant la fourniture de :
- conduire à une coopération internationale
lorsque :
Document 2 : le choix du SMI à partir du triangle des incompatibilités
L’économie mondiale s’est développée depuis le 19ième siècle en adoptant une large variété de SMI. Pour
comprendre les principales différences entre ces systèmes, ainsi que les facteurs économiques, politiques et
sociaux qui ont poussé les pays à adopter un système plutôt qu’un autre, nous nous appuierons sur un cadre
d’analyse simple. En économie ouverte, les décideurs politiques font immanquablement face à un trilemme :
celui-ci est incontournable dans le choix du régime monétaire qui convient le mieux pour atteindre les
objectifs internes et externes de la politique macroéconomique. (…) Un pays est dans l’impossibilité
d’atteindre simultanément les trois objectifs suivants :
1) la stabilité du taux de change ;
2) une politique monétaire orientée vers des objectifs nationaux ;
3) la liberté des mouvements de capitaux internationaux.
Il s’agit d’un trilemme car ces trois objectifs sont chacun désirables pour eux-mêmes : mais seuls deux parmi
les trois peuvent être conciliés. Ce trilemme mis en évidence par R.Mundell et T.Padoa-Schioppa est
couramment représenté sous la forme d’un « triangle d’incompatibilité ». Seules trois options sont
envisageables, qui chacune correspond à un côté du triangle (A,B ou C) suivant :
Source : P.Krugman, M.Obstfeld, M.Melitz, G.Capelle-Blancard et Matthieu Crozet, « Economie internationale »,
9ième édition, Pearson, 2013, P.562
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Question :
1) quels sont les objectifs « nationaux » qui nécessitent l’utilisation de la politique monétaire ? (pensez
notamment aux objectifs que l’on trouve dans le carré magique de N.Kaldor)
2) pourquoi lorsque que l’on a le couple (taux de change fixe ; libre circulation des capitaux), la
politique monétaire perd-elle son efficacité ?
3) pourquoi lorsque l’on a le couple (taux de change fixe ; absence de libre circulation des capitaux), la
politique monétaire est-elle efficace ?
4) remplir tableau avec : politique monétaire autonome ; liberté des mouvements de capitaux ; taux de
change fixe ; (il faut mettre deux pôles du triangle dans chaque case)
Le SMI s’appuiera sur
Première solution/possibilité
Deuxième solution/possibilité
Si l’objectif des gouvernements
est de s’appuyer sur une politique
monétaire efficace pour lutter
contre les déséquilibres internes
de l’économie
Si l’objectif des gouvernements
est d’assurer une libre circulation
des capitaux afin de permettre les
investissements à l’étranger à
travers le monde
Document 3
Un système monétaire international est un ensemble de règles, d’institutions, d’accords et de pratiques qui
organisent les modalités de règlement des opérations internationales portant sur les marchandises, les
services ou les capitaux.
Les économies nationales sont dotées de monnaies différentes. Dès lors qu’existent entre elles des opérations
économiques (commerce international, mouvements de capitaux), des problèmes de règlement se posent
entre les différents espaces monétaires, c’est ce qui explique l’existence d’opérations de change et donc d’un
marché des changes.
A ces questions monétaires s’ajoutent des questions liées au financement de l’économie mondiale (flux de
capitaux entre économies). Il existe en effet des agents à besoin de financement et des agents à capacité de
financement qui opèrent au niveau international afin de placer les fonds dont ils disposent ou de collecter les
capitaux qui sont nécessaires pour financer leurs investissements.
Au cours de l’histoire contemporaine, les relations monétaires internationales ont connu diverses formes
d’organisation : étalon-or, étalon de change or, Les questions monétaires internationales sont d’autant
plus aigues qu’elles sont étroitement articulées au financement de l’économie mondiale qui a connu lui aussi
de profondes transformations dans le cadre national Source : dictionnaire de Science économique, Dalloz, 2010
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1. Le SMI : du système de l’étalon-or au système de l’étalon de change or
1.1 Le système de l’étalon-or
Document 4: du moyen âge à l’étalon-or
Au moyen âge, l’essentiel du commerce était réglé en pièces d’or et autres métaux précieux. Ce système est
progressivement apparu peu adapté, ne serait-ce qu’en raison des risques liés au transport de métal précieux.
Sous l’impulsion des orfèvres qui travaillaient et conservaient ces métaux précieux, les marchands ont alors
utilisé du papier-monnaie et des lettres de commerce ; (mais) la confiance dans cette monnaie était toujours
liée à sa convertibilité en métal précieux. Le système de l’étalon-or, dans lequel la valeur de chaque monnaie
nationale est fixée par un certain poids d’or, a été généralisé à toutes les grandes économies dans les années
1880 et jusqu’à la Première Guerre mondiale. Il a contribué, dans la seconde moitié du 19ième, à une
expansion sans précédent des échanges, au développement des pays neufs vers lesquels se dirigeait l’épargne
européenne et accessoirement, à la fortune de l’Angleterre. (…) Le système de l’étalon-or impliquait, par
construction, des taux de change fixes entre les monnaies nationales elles-mêmes, et donc une grande
stabilité des prix relatifs, favorable aux échanges.
Source : Agnès Benassy-Quéré « Economie monétaire internationale », Corpus Eco., Economica, 2014, p.48-49
Questions :
1) dans le système de l’étalon-or, quelle est la règle de convertibilité « interne » des monnaies ?
2) dans le système de l’étalon-or, quelle est la règle de convertibilité « externe » des monnaies ?
Document 5 : chronologie de l’adoption de l’étalon or
Source : J.B. Gosse « Le cycle britannique des déséquilibres financiers internationaux (XVIème siècle - 1944) », 2008
Document 6 : le fonctionnement théorique du système de l’étalon-or
Dans ce système d’étalon-or, la plupart des pays ont des monnaies convertibles directement en or : 0,29032
pour le franc français, 7,32 pour la livre sterling, 1,5 pour le dollar des Etats-Unis. On en déduit les parités
entre ces monnaies : une livre sterling vaut 4,88 dollars et un peu plus de 25,21 francs français.
Dans ce système de l’étalon-or, les échanges peuvent se régler en devises ou en or.
Dans quel cas, les agents économiques vont-ils choisir d’utiliser de l’or plutôt que de changer des devises
pour régler les échanges internationaux ?
Prenons un importateur français qui doit payer des biens achetés en Angleterre.
Il sait que sur le marché des changes, la livre vaut 25,24 FF, que l’once d’or vaut 0,29 FF, tandis que l’once
d’or vaut 7,32 livres.
En faisant, un rapide calcul, pour une once d’or il sait que 0,29FF=7,32 livres, soit 25,24FF pour 1 livre
sterling (la livre vaut 25,41 fois plus que le franc). Cette valeur est exactement celle du franc exprimée en or.
Mais, comme la conversion franc/or a un coût, l’importateur va choisir de régler en livre sterling plutôt qu’en
or.
Si tous les importateurs français font le même calcul, la demande de livres sterling contre du franc français
va augmenter et la valeur du FF par rapport à la livre britannique va chuter.
Par exemple, imaginons qu’elle atteigne 30 francs français pour une livre sterling.
Que fait alors un importateur français dans ce cas-là, va-t-il continuer à payer ses importations anglaises en
changeant du FF contre de la livre ?
L’importateur français procède de la manière suivante : il change ses francs en or (chaque once d’or lui coûte
0,29 franc + quelques frais de conversion) pour ensuite régler en or en Angleterre ses importations (chaque
once d’or lui permet d’obtenir 7,32 livres), ce qui revient pour lui à échanger pour un taux de conversion de
25,21 francs la livre sterling, plutôt que d’échanger à 30 francs la livre sterling s’il était passé par le marché
des changes.
Dit autrement, en réglant en or, l’importateur évite de subir la dépréciation de sa devise ; la valeur du franc
français a baissé sur le marché des changes, mais sa valeur en or, elle, est restée stable.
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On peut inverser la démonstration en partant d’un exportateur qui pourrait, au contraire, subir l’appréciation
de sa devise.
L’inconvénient de l’utilisation de l’or est le coût de la commission bancaire pour changer une monnaie en or.
C’est pour cela que lorsque la valeur du Franc s’écarte légèrement de 25,41 FF pour 1 livre, l’importateur
français n’a pas intérêt à changer immédiatement ses francs en or ; ce qui provoque une dépréciation de la
monnaie hexagonale. Dès que l’agent économique a intérêt à utiliser l’or plutôt que sa monnaie pour régler,
on parle de point de sortie de l’or. Dans le cas, d’un exportateur, on parlera du point d’entrée de l’or.
En conclusion, on comprend que dès que le cours bilatéral des monnaies s’écarte de celui qui découle de
l’étalon-or, les entrées et sorties d’or remplacent les échanges de devises.
Questions :
1) Dans le système de l’étalon or :
Régime de convertibilité
Régime de changes
2) pourquoi l’importateur français choisit-il d’utiliser l’or pour régler ses importations ?
3) pourquoi l’importateur français choisit-il d’utiliser le FF pour régler ses importations ?
Document 7: le mécanisme « autorégulateur » de l’étalon or
Cette utilisation de l’or pour régler les échanges internationaux modifie alors la quantité de monnaie en
circulation dans l’économie. Ce qui a des conséquences sur l’évolution des prix internes et conduit au retour
à l’équilibre de la balance courante. La relation quantité de monnaie / niveau néral des prix renvoie à la
théorie quantitative de la monnaie.
Par exemple, en cas de déficit commercial français, les flux de dépenses des importateurs sont supérieurs aux
flux de recettes des exportateurs. Il y a donc une sortie d’or, qui réduit la quantité d’or en France ; cette
réduction de la masse monétaire se traduit par une baisse des prix ; cette baisse des prix restaure la
compétitivité des exportateurs français (relativement aux britanniques, qui eux voit l’inflation augmentée en
raison de l’entrée d’or, et donc de la hausse de la masse monétaire). Cette compétitivité retrouvée permet un
regain des exportations et un rétablissement de la balance commerciale. Conclusion : la variation de la
balance commerciale entraîne une variation de la quantité d’or, qui entraîne une variation de la quantité de
monnaie et des prix, qui entraîne une variation en sens contraire de la balance commerciale (une balance
déficitaire ou une balance excédentaire reviennent à zéro).
Questions :
1) quel déficit, le système de l’étalon-or est-il sensé réguler ?
2) remplir tableau :
Déficit commercial
Excédent commercial
Entrée ou sortie d’or
Augmentation ou baisse de la
quantité d’or
Augmentation ou baisse de la
masse monétaire
Augmentation ou baisse des prix
des productions domestiques
Amélioration ou dégradation de la
balance commerciale
Document 8 : schéma récapitulatif
Source : cité par J.P.Delas « Economie contemporaine. Volume 4 », 1992
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Document 9 : l’étalon-or dans les faits
La croissance des investissements à l’étranger a permis une croissance des déséquilibres courants car le solde
des déséquilibres n’était plus réglé uniquement par des mouvements d’or et de devises.
Les déséquilibres courants modernes étaient nés avec, dans le haut de la balance des paiements, des
déséquilibres commerciaux et des flux de revenus d’avoirs étrangers et, dans le bas de la balance, en
contrepartie, des variations des réserves et des flux d’investissements à l’étranger.
Source : Jean-Baptiste Gosse « Le cycle britannique des déséquilibres financiers internationaux (XVIème siècle -
1944) », 2008
Questions :
1) quel est le signe de la balance commerciale britannique durant le 19ième siècle ?
2) quel est le signe de la balance courante britannique durant le 19ième siècle ?
3) que font les anglais de l’excédent courant ?
4) comment expliquez-vous cette situation ? grâce à quel flux obtient-on ce signe de la balance
courante ?
5) compte tenu du solde de la balance courante, assiste-t-on à un rééquilibrage « automatique » de la
balance commerciale ?
Document 10 : la balance commerciale peut rester durablement déficitaire
Les effets inflationnistes et déflationnistes des déséquilibres courants étant évités, rien ne s’opposait plus à ce
qu’une situation d’excédent ou de déficit courant se prolonge à moyen ou long terme. Tous les éléments
nécessaires à l’épanouissement des transferts internationaux d’épargne sont réunis.
Bordo (2005) affirme que l’élément frappant de la période antérieure à 1914 est la persistance des
déséquilibres de compte courant. La Grande-Bretagne enregistra notamment un excédent courant continu
pendant près d’un siècle (1816-1913). Durant cette période, une boucle excédent courant - investissements à
l’étranger - revenus se met en place. Elle permet au pays d’accumuler des avoirs à l’étranger qui augmentent
sa balance courante par le biais des revenus dinvestissements étrangers. Ces revenus permettent à la Grande-
Bretagne d’entretenir un déficit commercial tout en continuant à investir à l’étranger. En 1914, le stock
britannique d’avoirs étrangers atteindra plus de 41% du stock mondial. (…)
Source : Jean-Baptiste Gosse « Le cycle britannique des déséquilibres financiers internationaux (XVIème siècle -
1944) », 2008
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