Le positivisme et le néopositivisme
Franck Picard de Muller
Khai Uy Pham
N’Gassa Youmby
1 LE POSITIVISME
Au XIXème siècle, le développement des sciences de la nature d’un côté et les grands progrès
techniques de l’autre jouent un rôle clé dans le climat intellectuel.
1.1 Deux conceptions divergentes
Deux tendances apparaissent alors parmi les philosophes. Certains soulignent la spécificité des
sciences de l’esprit par rapport aux sciences de la nature. Ceux-ci, tels Wilhelm Dilthey tentent en
développant une méthode spécifique pour les sciences de l’esprit de maintenir un fondement
autonome face aux sciences de la nature. Des courants tels que l’historicisme en sortiront.
En revanche, d’autres tentent au contraire de refonder la philosophie et de la rationaliser en s’inspirant
des sciences de la nature. Pour citer Franz Brentano : « la vraie méthode de la philosophie n’est rien
d’autre que celle des sciences naturelles. ».
Dans cette mouvance, Auguste Comte (1798-1857) tient une place clé. Vers l’âge de 20 ans, il
collabore avec Saint-Simon, et rédige des essais politiques ainsi que les Plans de travaux scientifiques
nécessaires à la réorganisation de la société. Dans sa trentaine, il commence un Cours de philosophie
positive. C’est là que le mot prend son sens nouveau.
En philosophie, le mot de POSITIF ne s’oppose pas à négatif, mais à métaphysique ou à imaginaire.
Est positif ce qui existe en fait ou qui s’appuie sur des faits.
1.2 Auguste COMTE
Le Positivisme est principalement le système d’Auguste Comte, qui ne voulait s’appuyer que sur les
faits et sur les sciences. Pour lui, la seule méthode féconde est la méthode des sciences positives,
celle des disciplines qui s’attachent aux faits et à l’expérience comme la physique, la chimie, la biologie.
Cela l’entraîne à renoncer à chercher les causes (le pourquoi) pour ne s’en tenir qu’aux lois (le
comment).
Son système a été d’entrée de jeu desservi par la psychopathologie de Comte, dont la santé mentale
laissait à désirer (tendances suicidaires et internement au cours de sa jeunesse), sans parler du style
d’écriture plutôt indigeste. A titre d’exemple, nous citerons ce passage du Discours sur l’état positif, III,
12. Il s’agit d’un bref extrait mais qui résume le cœur de la pensée positiviste :
« Constatant l’inanité radicale des explications vagues et arbitraires propres à la philosophie initiale,
soit théologique, soit métaphysique, l’esprit humain renonce désormais aux recherches absolues qui
ne convenaient qu’à son enfance, et circonscrit ses efforts dans le domaine, dès lors rapidement
progressif, de la véritable observation, seule base logique des connaissances vraiment accessibles,
sagement adaptées à nos besoins réels. La logique […] reconnaît désormais, comme règle
fondamentale, que toute proposition qui n’est pas simplement réductible à la simple énonciation d’un
fait, ou particulier ou général, ne peut offrir aucun sens réel et intelligible. […] En un mot, la révolution
fondamentale qui caractérise la virilité de notre intelligence consiste essentiellement à substituer
partout, à l’inaccessible détermination des causes proprement dites, la simple recherche des lois, c’est-
à-dire des relations constantes entre les phénomènes observés. ».