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05/07/2010 |
Positivisme
Le terme de positivisme s'applique (parfois dans une intention polémique) à une pensée ou une attitude
caractérisée par une focalisation sur les données empiriques, par un refus systématique de toute
métaphysique et par une foi marquée dans le progrès. Historiquement, on distingue entre un premier
positivisme et un second (ou néopositivisme).
Forgé au début du XIXe s. par le Français Claude Henri de Saint-Simon, le mot désigne la philosophie
d'Auguste Comte, père de la sociologie. Fondée sur la méthode expérimentale, la doctrine positive s'affirma
comme l'un des courants de pensée majeurs du XIXe s. Elle fut reprise en Angleterre par John Stuart Mill et
Herbert Spencer, et en Allemagne (sous le nom d'"empiriocriticisme") par Ernst Mach et Richard Avenarius.
Ce dernier enseigna à l'université de Zurich de 1877 à 1896; il fut le seul représentant notable du premier
positivisme en Suisse. La valeur de son système ne fut toutefois reconnue qu'après sa mort.
Dans les années 1920 et 1930, un groupe de scientifiques dont faisaient partie Moritz Schlick, Rudolf Carnap
et Otto Neurath constituèrent le "cercle de Vienne", afin de poursuivre la réflexion amorcée par Avenarius et
Mach. Leurs conceptions sont entrées dans l'histoire de la philosophie sous le nom de néopositivisme ou de
positivisme logique (angl. Logical Empiricism). Ce courant partage l'orientation générale du premier
positivisme, mais envisage différemment la logique et les mathématiques. Du point de vue méthodologique, il
se base largement sur une analyse logique du langage.
Karl Dürr fut l'un des premiers représentants du néopositivisme en Suisse. Cofondateur de la Société
internationale de logique et de philosophie des sciences, il enseigna dès 1916 la logique mathématique et la
théorie de la connaissance à l'université de Zurich, d'abord comme privat-docent, puis dès 1934 comme
professeur extraordinaire. Il contribua fortement à faire connaître le positivisme logique en Suisse. Il fut
soutenu dans cet effort par l'historien des sciences et sociologue Emil Jakob Walter. Mais dans l'ensemble,
l'influence du néopositivisme resta faible en Suisse.
Au XIXe s., le courant positiviste s'intéressa aussi aux sciences humaines. Appliqué aux sciences historiques, il
déboucha sur la conception selon laquelle l'histoire obéissait à certaines lois, analogues à celles que l'on
découvrait dans les sciences naturelles; il incombait à l'historien de les repérer, de mettre en évidence les
relations de causalité entre les événements et de se détourner de l'histoire purement politique pour
s'intéresser à tous les domaines de la vie humaine. En Europe, les conceptions positivistes de l'histoire sont
restées confinées dans les institutions académiques, et elles occupent une place insignifiante dans
l'historiographie universitaire de la Suisse.
La notion de positivisme juridique englobe des théories qui cherchent à fonder le droit sans recourir à des
prémisses métaphysiques (telles que le droit divin, le droit naturel, les idées platoniciennes). Les théories
positivistes du droit partagent toutes un souci de relativisation : elles ne s'appuient pas sur des facteurs
constants, mais sur des grandeurs variables, comme la puissance du souverain. La tradition du positivisme
juridique remonte à l'Antiquité: on appelait ius positivum le droit positif humain défini par le législateur à une
époque donnée. Le droit positif fut valorisé au XIXe s., parce qu'il fut utilisé comme prémisse fondant le droit.
Mais en Suisse, le positivisme juridique n'a jamais été un courant marquant; le jeune Max Huber fut l'un de
ses rares représentants.
Bibliographie
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– K. Dürr, Von der Bildung der Begriffsinhalte, 1916
– E.J. Walter, «Logistik, logische Syntax und Mathematik», in Vierteljahrsschrift der Naturforschenden
Gesellschaft in Zürich, 82, 1937, 1-20
– N. Bobbio, Il positivismo giuridico, 1961
– K. Dürr, «Metaphysik und Logischer Positivismus», in Studia philosophica, 22, 1962, 10-29
– H. Lauener, «Wissenschaftstheorie in der Schweiz», in Zeitschrift für allgemeine Wissenschaftstheorie, 2,
1971, 291-317
– W. Ott, Der Rechtspositivismus, 1976 (21992)
Historisches Wörterbuch der Philosophie, 7, 1989, 1118-1123
– M. Geier, Der Wiener Kreis, 1992
– C. Lorenz, Konstruktion der Vergangenheit, 1997, 65-87
– R. Chickering, «The Lamprecht Controversy», in Historikerkontroversen, éd. H. Lehmann, 2000, 17-29
– F. Stadler, éd., The Vienna Circle and Logical Empiricism, 2003
Auteur(e): Christian Baertschi / UG
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