SemMontréal 17/04/2017 Page 4
Une application stricte de Kyoto
Il reste donc à décrire le scénario le plus en continuité avec les objectifs et le cadre fixé à Kyoto.
Sous la pression de la réprobation de l’opinion publique internationale, le président américain issu
des urnes obtient du parlement américain le vote d’une loi de ratification du PK. Celui-ci est
accompagné par une ratification russe et australienne et le PK de Kyoto entre en vigueur. Une
COP-MOP 1 est tenue fin 2005 pour assurer la mise en œuvre des mécanismes. Le sauvetage du
processus s’accompagne d’un retour de crédibilité collectif. Celui-ci est utilisé pour assurer la
réussite de la mise en œuvre des 3 mécanismes prévus au Protocole (permis négociables, mise en
œuvre conjointe et mécanisme de développement propre) tandis que s’engage dans un contexte
apaisé l’élaboration du dispositif pour la période d’engagement suivante.
2 - Le passage de l’échéance 2008-2012
Mais même avec la dernière issue positive qui vient d’être décrite, l’impact d’un blocage de 4 ans
(de fin 2001 à fin 2005) aura eu un effet négatif y compris dans les pays ayant ratifié. L’absence de
ratification américain et surtout russe y a réveillé les oppositions internes. Les milieux économiques
s’y inquiètent justement des surcoûts qu’ils doivent consentir tandis que les concurrents américains,
russes ou ceux des pays non annexe 1 en sont exonérés. Cela s’est traduit dans de nombreux pays
par le rejet ou le report de mesures prévues. Et pendant ce temps, les émissions dérapent.
Les performances effectives des pays
La grande majorité des pays de l’annexe 1 n’atteindront pas les objectifs qu’ils se sont fixés
(majorité des pays de l’UE, Japon…) à partir des politiques domestiques.
Au sein de l’Union Européenne, 3 catégories de pays sont à distinguer. Les pays ayant mis en place
des politiques effectives qui atteindront leurs objectifs fixés dans le cadre de la bulle européenne
(Royaume Uni, Allemagne, France), les pays dont les émissions dérapent inexorablement en
l’absence de toute politique sérieuse (Italie, Belgique…) et des pays qui bien qu’ayant des
possibilités d’accroissement de leurs émissions dans le cadre de la bulle européenne ont laissé leurs
émissions exploser (Espagne, Grèce, Portugal, Irlande) du fait de leur vive croissance depuis 1990.
Au terme, de l’échéance fixée à Kyoto, il faudra décider comment prendre en compte l’extrême
éventail des performances effectives des pays signataires. Les décomptes finaux des émissions de
la période 2008-2012 ne devraient pas être connus avant 2015.
La difficile mise en place des mécanismes
En outre, la mise sur place des mécanismes de flexibilité risque d’être encore plus confuse que
prévu dans le contexte complexe qui vient d’être décrit. La perspective que la majorité des états
seront en conformité « non-compliance » ne facilitera pas un haut niveau d’exigence dans la
performance des transactions. Seul le dispositif interne à l’Europe devrait fonctionner sérieusement.
Dans ces conditions, il est fort probable que l’air chaud des pays de l’ex-URSS ne sera pas valorisé
ou le sera à une valeur ridicule.
Rétrospectivement, on peut regretter que d’autres voies aient été abandonnées, notamment celle
de la mise en place d’une fiscalité concertée, finalement plus simple à mettre en œuvre et moins
soumise aux aléas politiques et économiques que les mécanismes de marché.
On le voit les atermoiements actuels ont profondément affaibli le processus de Kyoto et augurent
mal des débats sur l’avenir.