10 objections majeures au "commerce équitable"

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10 objections majeures au "commerce
équitable"
Les arguments en faveur du "commerce équitable" ont été largement développés. Notre
propos n'est donc pas ici de les rappeler mais, de développer un contre argumentaire à
ce commerce dit " équitable ". La capacité à accepter la critique, à recevoir la
contradiction, à engager un débat, sont le gage d'une démarche évolutive.
1 - Le commerce " équitable" est inéquitable. En effet, pour qu'un échange
soit réellement équitable, les conditions de protection sociale et de
rémunération des individus qui produisent devraient être identiques à celles
des personnes qui consomment.
Exemple : selon le site MaxHavelaar, www.maxhavelaarfrance.or, au prix actuel, il faut
trois cents ans à un Manuel, producteur local en Colombie, pour gagner 15 000 euros (environ
la rémunération moyenne annuelle chez nous) .Manuel reçoit, au nom du commerce équitable,
d'après les chiffres fournis par Max Havelaar, 3 fois plus que ce que lui donne le marché*, il
ne lui faudra donc plus, au prix du marché équitable que. . . cent ans ! Pour être vraiment
équitable, le prix du paquet de café (de 250g, dans l'exemple Max Havelaar) devrait être
acheté 100 fois plus cher - 19 euros - et être vendu à Pierre, en France - 21,8 euros. Pierre ne
le paye aujourd'hui que. . . 2,35 euros. Ce commerce est donc simplement "moins inéquitable
".
Les coûts d'importation, de torréfaction et de distribution restent, eux, quasiment identiques.
* Selon la revue Silence, l'excédent de revenu par rapport à un producteur "classique "est de 4 euros par mois .
2 - Le commerce équitable favorise la concurrence déloyale
Exemple : Marie fabrique des chapeaux sur le plateau du Larzac. Elle les vend sur le marché à
Millau*. Sur ce même marché, Jacques propose des chapeaux estampillés "commerce
équitable" moitié moins cher que ceux de Marie. L'association qui importe les chapeaux
vendus par Jacques ne paye pas, comme tous les commerçants, le transport à son coût réel: le
kérosène des avions et le gasoil des bateaux n'est pas taxé. Cette association de commerce
équitable profite aussi, dans une moindre mesure que le commerce classique certes, des
faibles rémunérations et de l'absence de protection sociale des pays producteurs et jouent sur
la force de l'euro. Enfin, Jacques n'est pas payé : salarié du Crédit Lyonnais, il occupe son
temps libre en faisant du bénévolat pour cette association. Résultat : Jacques met en faillite
l'activité de Marie, avec d'autant plus de force qu'il le fait avec la meilleure conscience
possible, sûr de contribuer à un monde meilleur.
* Exemple réel.
3 - Le commerce équitable ne tient pas compte des coûts écologiques
Exemple : Patricia achète une "banane équitable* ". Elle la paye 1 euro. Patricia pense ne
manger qu'un fruit tropical alors qu'elle consomme aussi du kérosène, énergie nécessaire pour
acheminer le fruit du Costa Rica jusqu'à chez elle**. Ce kérosène n'étant pas taxé, le coût de
l'impact écologique du transport n'est pas pris en compte dans son achat. Et la peau de la
banane ? Celle-ci est perdue pour le sol du Costa Rica qu'elle aurait du enrichir en compostant
!***
* Max Havelaar importe aussi par exemple du miel ou du riz, produits que l'on trouve dans nos régions.
** Max Havelaar importe des dictatures zimbabwéenne et kényanne vers la Suisse, des fleurs " commerce
équitable ". Ces fleurs sont réfrigérées et acheminées en avion pour rester fraîches ! La culture des fleurs se fait
sous serre avec force produits toxiques comme les pesticides, qui sont connus pour provoquer des
évanouissements chez les ouvriers ,des allergies, des eczémas, des affections respiratoires, des travails ont
dénoncées par les ONG. (Source revue Silence n° 274, p. 24)
*** Ce sont ainsi d'énormes quantités d'humus qui sont perdues pour les pays producteurs.
4 - Le commerce équitable favorise l'appauvrissement de la biodiversité
Exemple : Patricia est en train de finir de manger sa banane "commerce équitable ". Elle a
aussi acheté un pamplemousse, une orange, et. . . une pomme. La diversité de sa corbeille de
fruits étant à l'échelle du globe, Patricia néglige alors la biodiversité locale. Alors que sa
région comptait cinquante espèces de pomme voici vingt ans, il n'en demeure plus que cinq
aujourd'hui.
5 - Le commerce équitable accompagne la "déculturation " de la production
Exemple : Quand Michel va en Inde, il est heureux de trouver une culture différente de la
sienne, enraciné dans son milieu. L'habillement fait partie intégrante de cette diversité des
cultures et cette diversité culturelle fait la richesse de la Terre. Toute la production fait ainsi
partie de la culture vivante des peuples*. Azimuts, entreprise d'habillement issu du "
commerce équitable », importe en France des vêtements de style tropicaux. Imaginons
la tête du Népalais qui, en arrivant à Paris, se trouve face à des personnes habillées en . . .
habitant des tropiques. Gageons qu'il repart aussitôt, déçu. L'idéologie dominante mène au
renoncement à sa propre culture.
* Le terme " exception culturelle" limitant la culture aux arts et à notre seul pays, constitue, à cet égard, un
scandale.
6 - Le commerce équitable nous éloigne de l'essentiel : re-localiser l'économie
Exemple : Loba est paysan en Côte d'Ivoire. Il cultivait son champ pour se nourrir et
alimenter son village (culture vivrière) puis, son gouvernement l'a obligé à produire des fèves
de cacao pour les exporter en France (culture de rapport). Loba est alors devenu dépendant du
cours mondial du cacao, alors que, grâce aux bénéfices réalisés en vendant les fèves, la Côte
d'Ivoire a pu acheter des avions de chasse à la France. Malheureusement, le cours du cacao
ayant beaucoup baissé, Loba se trouve au bord de la famine. Grâce au commerce équitable,
Loba a un peu moins faim(il reçoit maintenant juste assez d'argent pour acheter la nourriture. .
. qu'il produisait avant) et la Côte d'Ivoire peut continuer à acheter des tanks à la France. Mais
le retour à l'autosuffisance alimentaire s'est à nouveau éloigné. . . et Loba ne connaît toujours
pas le goût du chocolat : un produit réservé pour les riches occidentaux.
7 - Max Havelaar cautionne la grande distribution
Exemple : Monsieur et Madame Grandval avaient un peu mauvaise conscience en se rendant
en voiture à Auchan le samedi. Ils savaient que, d'une part, cela ne favorise pas leur
coopérative, les paysans au marché ou encore les commerces de proximité, et que, d'autre
part, ils faisaient tourner la grande distribution avec toutes ses conséquences :
déshumanisation, impact écologique (automobile obligatoire pour y aller, transport routier,
flux tendus, agriculture intensive), mal économie, etc. Ils savaient aussi très bien que ce type
de distribution dans les pays riches est la cause de bien des maux dans les pays du Sud.
Désormais, grâce au paquet de café Max Havelaar* qu'ils déposent à la fin de leurs courses
dans leur charriot plein à ras bord, ils ont maintenant en plus bonne conscience. Auchan s'est
en effet servi de cet argument en y axant une large partie de sa communication**. Avec cinq
produits labellisés "commerce équitable", on peut accéder aux 120 000 produits non labellisés
d'un grand magasin en toute bonne conscience !
* Ainsi, Max Havelaar ne cesse de se réjoui rd'être distribué dans un nombre croissantde grandes surfaces. A
cause de celles-ci, entre 1966 et1998, selon l'INSEE, la France a perdu 17 800 boulangeries-pâtisseries (44%),
73 800épiceries (84%), 3500 fromageries (76 %), 1 300 librairies, 4700 commerces de chaussures (50 %), 4 300
quincailleries (46 %),etc.
** En Suisse, depuis mars 2003, le thé, le chocolat chaud et sept cafés Max Havelaar sont vendus dans les
MacDonald's. "Pour Max Havelaar, cette opération répond à sa vocation d'élargissement du marché pour les
produits du commerce équitable pour que toujours plus de producteurs du Sud aient accès au commerce
équitable. . . Si on peut concéder que MacDo puisse bénéficier d'une meilleure image à travers ce projet, Max
Havelaar ne labellisepar pour autant la firme MacDonald's. Ceci constitue un nouveau concept, c'est aussi un
projet pilote de MacDo Suisse. En cas de succès, ce projet pourrait être étendu au plan européen." Didier
Deriaz, Max Havelaar Suisse. Le logo Max Havelaar apparaît sur les 139magasins suisse MacDo à côté de la
photo des produit MacDo labellisés sur tous les menus, les tables, au-dessus des comptoirs, à l'extérieur. "Si
MacDonald's en France fait ce choix, nous n'avons pasà le refuser." Victor Ferrera, directeur de Max Havelaar
France. Source : Politis 12/06/03.
8 - Le commerce équitable cautionne la mondialisation
Exemple : Renée est une vielle militante écologiste. Elle se bat depuis cinquante ans pour les
cultures vivrières et contre les cultures de rapport. Elle ferraille contre l'uniformisation du
monde, contre la volonté de l'Occident d'étendre son anticulture marchande au reste de la
planète, contre le " commerce " des pays riches. Pour elle, le commerce équitable est une
véritable catastrophe. En effet, comment combattre encore la mondialisation si on lui pose des
pastilles vertes, des "labels éthiques", si on cautionne ce système si fondamentalement
destructeur qui détruit la nature et opprime une multitude d'humains sur la planète* ?
Comment alors amener une critique constructive qui remette en cause les problèmes à leurs
racines et non une fausse contestation qui n'a pour conséquence que de renforcer ce système ?
* Dans la lettre de Max Havelaar La tasse de Max, l'organisation se félicite de sa présence et d'être écouté au. . .
forum économique de Davos. " Quant à Porto Alegre, on ne prêche plus contre la mondialisation mais pour une
autre mondialisation. " La Tasse deMax,n° 12, mars 2003.
9 - Le commerce équitable est une forme du néocolonialisme*
Exemple : Patrick arrive à la retraite. Après avoir passé sa vie à polluer la planète dans une
grande entreprise de chimie, il se dit qu'il pourrait occuper sa retraite en faisant quelque chose
" pour les autres ", et notamment pour ces pauvres noirs. En plus, le commerce équitable lui
permettra de joindre l'utile à l'agréable en voyageant à travers le monde.
Nathalie, elle, a 29 ans. Elle ne veut pas travailler dans une multinationale classique. Elle
choisit donc de travailler chez Max Havelaar. Ainsi, elle a tous les avantages d'une entreprise
classique plus l'éthique. Et, comme Patrick, elle adore les aéroports.
Patrick et Nathalie sont, sans vouloir l'accepter, la version actuelle de nos anciens
missionnaires. Ceux-ci apportaient une caution morale au vol des ressources naturelles et à
l'esclavage des pays du Sud. Avant de vouloir " faire le bien", Patrick et Nathalie ne se sont
pas demandé comment d'abord " ne pas nuire ". Ainsi, tous les deux continuent, avec les 1 %
de la planète les plus riches, à prendre l'avion ou bien encore à aller aux sports d'hiver, sans se
poser sérieusement de question sur les conséquences qu'impliquent leur mode de vie. Dans
leur station de ski respectives, très fiers, Patrick et Nathalie parlent à leurs amis de ces
paysans andins qui sont " si gentils". Ils ne dédaignent pas de temps en temps "faire la
morale" et pousser un coup de gueule contre ce monde" qui va si mal".
* " Qui dit commerce équitable dit développement. " La tasse de Max, n° 12, mars 2003
10 - Le commerce équitable participe à l'idéologie de la soumission
Exemple : Thierry milite dans une association de commerce équitable depuis dix-sept ans (son
salaire représente10 fois celui de Loba en Côte-d'Ivoire). Il connaît bien les objections au
commerce équitable des militants écologistes radicaux, comme Renée. Mais Thierry travaille
et ne veut pas remettre en cause toutes ses longues années de labeur acharné. Au lieu de
prendre en compte des remarques de ses contradicteurs, il choisit de les insulter : " Vous
voulez que chacun reste chez soi ! ?", etc. Thierry ne cesse de parler de " réalisme" de
"stratégie " et de " pédagogie".Thierry finit par être le meilleur allié de la soumission au "
réalisme économique". Sans forcément s'en rendre compte, Thierry a fait passer dans son
échelle des valeurs les lois de l'économie avant le principe moral et le système se nourrit
d'abord de toutes les fausses contestations qui légitiment le primat de l'économie. C'est le
retour à la case départ.

Définitions

Les 5 critères du Commerce Equitable

Evolution historique et dates clés
Commerce Equitable : Travailler prioritairement avec les
producteurs les plus défavorisés et les accompagner dans leur
développement. Cet accompagnement a deux objectifs
principaux : garantir des conditions de travail et de
rémunération décentes pour les travailleurs et favoriser le
développement des centres de production de manière
autonome et durable. Ceci pour permettre au consommateur
d'effectuer un achat fondé et responsable.
Développement Durable : Etablir un cadre de
fonctionnement de nos économies et un modèle de
développement de ses acteurs respectueux de notre
environnement économique, environnemental et social. Le
modèle de croissance d'aujourd'hui doit respecter ces critères
afin de ne pas mettre en péril notre capacité à relever les
défis de demain.
Développement humain : Elargir le champs des possibles
ouvert aux individus. Cela passe par le développement des
capacités et des potentialités humaines. Quel que soit le
niveau de développement, les trois possibilités essentielles
sont celles de vivre longtemps et en bonne santé, d'acquérir
des connaissances et un savoir et d'avoir accès aux
ressources nécessaires pour vivre dans des conditions
décentes.
Equité : Les préoccupations liées à l'équité occupent une
place centrale dans l'optique du développement humain.
Même si la notion d'équité est, pour la plupart du temps,
appliquée à la richesse ou au revenu, le développement
humain met l'accent sur l'équité en termes de capacités et
d'opportunités essentielles pour tous.
Commerce Ethique : Garantir le respect de l'Homme sur son
lieu de travail dans toutes les étapes de fabrication et de
commercialisation d'un produit. Mettre en place un
programme d'amélioration des conditions de travail et de
rémunération des salariés.
Voir aussi...
Témoignages de
producteurs
Le label Max Havelaar
L'IFAT
La PFCE
La promotion du
Commerce Equitable
initiée par des minorités
activistes informées et
sensibilisées s'étend à
présent à un plus large
public à travers la notion
plus consensuelle du
Développement Durable.
LES TROIS COURANTS DU COMMERCE EQUITABLE

Humaniste / Religieux => Après guerre, influence des
courants philosophiques ou religieux : respect de l a dignité
humaine, lutte contre la pauvreté. Implication des ONG et
églises, en particulier l'église protestantes dans les pays
d'Europe du Nord (Hollande, Suisse, Angleterre,
Allemagne) et aux Etats-Unis (Ménonites). Volonté d'aider
les plus pauvres et les exclus. Pas d'activisme militant.

Tiers-Mondiste => Dans les années 1960, fondement
idéologique et politique : lutte contre l'échange inégal et
l'exploitation du prolétariat. Courant d'ONG, syndicats,
partis politiques. Implication de groupes militants " de
gauche " en Europe, critique virulente du système libéral et
du libre-échangisme, mais mouvement limité à des groupes
militants.

Développement durable => Apparition dans les années
1990, fondement économique, social et environnemental :
Acceptation du mouvement de mondialisation mais désir
d'y intégrer un développement plus harmonieux et le
respect de l'équilibre social, économique et
environnemental. Mouvement plus consensuel, rassemblant
associations, entreprises, institutions nationales et
internationales et extension à l'ensemble du public.
Dates clés
Le personnage Max Havelaar, héros d'un roman
1860 hollandais, dénonce l'inégalité des échanges entre
Indonésie et Pays-Bas.
1949
1950
Création de SERRV aux Etats-Unis, ONG favorisant les
ventes de producteurs défavorisés
Début des activités d'importation de produits par Oxfam
et vente à travers le réseau en Angleterre
1954 Création de Self-Help aux Etats-Unis
Conférence de la CNUCED (conférence des Nations Unies
1964
pour la coopération et le développement) : " Le
Commerce, pas la charité ". Naissance de la notion de "
Commerce Equitable "
1969
Ouverture du premier magasin dit de Commerce Equitable
en Hollande
Création de la coopérative Jute Works au Bangladesh
1971
(premier exemple majeur d'organisation de Commerce
Equitable ; aujourd'hui, Jute Works regroupe 214
coopératives de producteurs soit 6000 personnes)
1975
Ouverture du premier magasin de Commerce Equitable
français, Artisans du Monde
Lancement du Commerce Equitable dans la grande
1988 distribution par Max HavelaarCréation de l 'IFAT,
Fédération Internationale du Commerce Equitable
Création de l'EFTA, qui regroupe 12 importateurs du
1990 Commerce Equitable (60 % des importations de
Commerce Equitable)
1997
Les trois labels de Commerce Equitable s'unissent dans
FLO : Max Havelaar, Transfair et Fairtrade
Création de la Plateforme Française du Commerce
1998
EquitableCréation de l'enseigne Alter EcoIntroduction du
Commerce Equitable dans la grande distribution en
France.
2000
3000 magasins dans le Monde, dont 2 500 en Europe et
100 en France
2002 Lancement de la marque Alter Eco en grande distribution
En savoir plus sur le Commerce Equitable
Cette étude a pour objectif de donner des éléments sur l’état actuel de
développement du Commerce Equitable dans le Monde et d’envisager les
opportunités et enjeux de son développement à plus grande échelle.
L’idée est tout d’abord née de la volonté de fournir aux acteurs et au grand
public des éléments quantifiés indisponibles ou souvent difficiles à trouver.
Nous pensons en effet que des études comme celle-ci peuvent contribuer à
donner une meilleure visibilité sur ce qu ’est le Commerce Equitable et ainsi
favoriser son développement tout en protégeant sa légitimité.
C’est précisément l’objectif poursuivi par Alter Eco PwC Conseil : accompagner
le développement du Commerce Equitable de manière pérenne à travers une
démarche d ’ouverture à de nouveaux débouchés tout en garantissant le strict
respect des critères établis.
Alter Eco PwC Conseil est un service développé en coopération entre Alter
Eco*, entreprise de distribution de produits du Commerce Equitable, et le
département Développement Durable de l ’entreprise
PricewaterhouseCoopers, entreprise leader mondial dans le domaine de l’audit
social et du Développement Durable.
Alter Eco apporte sa connaissance et son expérience sur les spécificités du
marché du Commerce Equitable et ses potentiels de développement. Le
département Développement Durable de PricewaterhouseCoopers contribue à
la formalisation d’une approche et d’une offre de services adaptées aux
acteurs majeurs de notre économie.
Loin de vouloir entrer dans des débats idéologiques ou partisans, l’objectif est
de travailler dans un souci d’explication, de clarification et d’accompagnement
sur des éléments vérifiés et quantifiés sur le terrain.
Conscients de l’importance aussi bien des opportunités que des risques que
représente une telle démarche, particulièrement dans l’accompagnement des
nouveaux acteurs, nous désirons nous nourrir de l’expérience des fondateurs
tout en favorisant un débat ouvert et constructif envers les nouveaux
participants.
Le travail en partenariat avec des organisations de solidarité internationales
ainsi que les institutions impliquées sur le sujet nous paraît aussi être un
élément déterminant du succès du Commerce Equitable. Enfin, à vous lecteurs
de nous manifester votre intérêt, de participer au débat et de vous mobiliser
pour le Commerce Equitable.
Bonne lecture !
Téléchargez l'étude compléte !
Conclusion de l'étude mondiale
L’organisation actuelle du commerce Mondial va souvent à l’encontre du
respect et du développement des petits producteurs dans les pays en
développement. Sans entrer dans des considérations idéologiques, il est
nécessaire de mieux réguler les marchés internationaux et de favoriser les
débouchés pour ces producteurs souvent positionnés sur des marchés locaux
fragiles et limités.
La notion de Commerce Equitable est un élément de réponse face à cet enjeu.
En effet, depuis plus de 40 ans, des producteurs s’organisent et des réseaux
de militants, d’importateurs, de distributeurs et d’organismes de certification se
développent autour de la notion de Commerce Equitable. Celui-ci a pour
objectif de favoriser le développement de réseaux de producteurs autonomes
et de réseaux de distributeurs soucieux du respect des critères éthiques et
solidaires. Il s’attache à maximiser les débouchés en priorité pour les
producteurs défavorisés et dans le cadre d ’échanges mieux régulés.
Progressivement, des critères et des méthodes ont été mis en place afin de
garantir un développement organisé et raisonné de ce nouveau type de
commerce.
Cette longue première période de mise en place et de maturation se justifie par
l’exigence des critères et l’approche de développement progressif et
approfondi choisie, à raison, par les acteurs fondateurs du Commerce
Equitable.
Néanmoins, il est à présent nécessaire pour l’ensemble des membres de
passer à la phase de développement du volume des ventes.
Les modèles de magasins du Commerce Equitable, s’ils sont particulièrement
adaptés lors de la phase de mise en place des réseaux de producteurs (frais
fixes faibles, commerce bénévole et militant), ne permettent pas aujourd’hui
une réelle montée en puissance des ventes. Certes, le nombre de boutiques a
été multiplié par quatre en deux ans, mais leurs notoriété et leurs niveaux de
ventes restent faibles (250 000 francs de chiffre d ’affaires moyen) . Le
développement d ’un réseau de distribution dynamique et à croissance forte
nécessite de gros investissements et, le modèle économique n ’ayant pas été
prouvé, l’accès aux financements reste limitée.
En revanche, l’introduction du Commerce Equitable dans la grande distribution
présente des opportunités de développement importantes en notoriété et en
volume pour des niveaux d ’investissement plus faibles. De plus, la réussite
exemplaire de l’introduction des produits alimentaires équitables dans les
circuits de la grande distribution, comme le café équitable Max Havelaar par
exemple, laisse entrevoir d’importantes opportunités d’introduction d ’autres
produits dans la grande distribution, particulièrement pour le non alimentaire.
L’accès aux financements peut être facilité en raison de la notoriété et de la
rentabilité des acteurs de la grande distribution.
L’introduction dans la grande distribution ne doit pas être considérée comme
une menace pour les réseaux de producteurs et de distributeurs existants. Au
contraire, comme le prouve le café, l’introduction du commerce équitable dans
la grande distribution favorise le développement de la notoriété et des ventes
dans les circuits existants. Les deux sont complémentaires entre la phase de
lancement, pour laquelle les réseaux spécifiques garantissent un
développement protégé (« pépinière »), et la phase de développement
nécessaire des volumes que la grande distribution est la plus à même de
prendre en charge.
Néanmoins, cette démarche crée de nouveaux enjeux qu’il s’agit de maîtriser.
Les trois enjeux majeurs sont une meilleure maîtrise des critères, des coûts et
de la transparence afin de faciliter le développement du Commerce Equitable,
tout en protégeant sa spécificité et ses exigences.
- Une meilleure maîtrise des critères passe par leur standardisation autour
d ’une définition unique et partagée par tous. Leur hiérarchisation et leur
quantification est nécessaire pour obtenir plus de visibilité, la démarche FTA
200 proposée par Alter Eco PwC Conseil a cet objectif. L’établissement d ’une
norme ne pourra intervenir qu ’après l ’étude quantitative et qualitative de
l’impact qu’aurait une telle norme sur le développement des producteurs.
- La maîtrise des coûts passe par le développement des volumes et
l’optimisation des gammes produits proposées en fonction du niveau de marge
du distributeur et de l ’élasticité prix/volume du produit.
A ce niveau, le non alimentaire présente des facilités d’introduction dans la
grande distribution par rapport aux produits alimentaires, dont les marges sont
moins fortes, et l’élasticité prix/volume plus élevée.
- Enfin, la maîtrise de la transparence passe par la mise à disposition d’une
information totale sur le produit pour le consommateur. Celle-ci doit indiquer
précisément et sans ambiguïtés les garanties apportées au cours de
l’ensemble du processus de production et de commercialisation des produits.
Cette information doit aussi mettre en avant les aspects techniques de
fabrication du produit et tout autre contenu susceptible d’attirer le
consommateur et de le responsabiliser à travers une approche ludique et
interactive. La transparence doit être utilisée comme du Marketing intelligent,
ou Marketing du sens. Il se doit tout autant d’être fidèle à la réalité sur le terrain
qu’attractif pour les consommateurs et soucieux de ses préoccupations.
L’utilisation des nouvelles technologies, telles qu’Internet, permet de donner
une information exhaustive sur un grand nombre de produits à un très large
public. Les échanges d’information sur les besoins du marché entre
producteurs et distributeurs sont facilités et contribuent ainsi à la dynamisation
de la relation commerciale.
La rapidité croissante avec laquelle l’information et les flux logistiques
transitent dans l’économie mondiale actuelle laisse entrevoir la possibilité à
moyen terme de développer des relations directes entre producteurs et
consommateurs. Les organisations de Commerce Equitable regroupées
joueraient alors le rôle de plate-forme de contrôle et d ’accompagnement des
producteurs et de leurs relations commerciales, tandis que les différents Etats
participeraient à la régulation des échanges à travers une Organisation
Mondiale du Commerce Equitable (OMCE)...
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