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marins de l’île de Sein, puis les étudiants et lycéens parisiens qui manifestèrent à l’Arc de
Triomphe le 11 novembre 1940, et les classes populaires qui ont gagné, combat après
combat, en deux siècles, leurs droits fondamentaux, dont certains très récemment alors,
avec le Front Populaire. Ce sont aussi les femmes, qui dans tous les soulèvements
populaires depuis 1789, marchent à côté des hommes. C’est aussi, heureusement, une
courageuse poignée de hauts fonctionnaires, à l’image du Préfet Jean Moulin, et des
hommes politiques restés vraiment patriotes et républicains, qui veulent continuer à se
battre, comme les parlementaires qui embarquent à bord du Massilia vers l’Afrique du
Nord, et qui sauvent l’honneur de classes dirigeantes largement acquises, déjà, aux
facilités de l’abandon.
Qu’arrive-t-il lorsqu’on perd de vue les fondamentaux de la République ? Le totalitarisme,
le racisme, l’antisémitisme, l’emportent. C’est comme cela que la France connut la
répression la plus féroce qui s’abattit sur elle, que la prison, la torture et la mort devinrent
le sort des résistants, que la déportation des juifs, des opposants et des résistants fut mise
en oeuvre. Rétroactivité des lois, juridictions spéciales, abolition de l’état de droit, remise
en cause de la laïcité : Vichy, en tous points, chercha à abolir la République. Et Vichy
trouva des appuis, parmi ceux qui voulaient revenir à l’ordre social ancien, parmi les
cléricaux, parmi ceux qui n’avaient jamais, au fond, accepté 1789, la défaite des Ligues et
la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Comme quoi, la permanence de la République n’est
jamais acquise.
Sans doute la lutte des fractions et des clans, la perpétuelle mise en avant des intérêts
personnels et partisans, l’instabilité politique chronique qui en découlait, avaient elles
porté des coups fatals à la IIIè République. Heureusement, et nous devons méditer cela,
le rassemblement a su prévaloir devant le danger de la disparition de la Nation. Nous
devons cela à un acte fondateur : l’appel du 18 juin 1940 ; et à l’homme qui l’a lancé, le
général de Gaulle. Sans lui, rien n’aurait été pareil. Il a su réveiller l’espoir, et si toute la
Résistance, loin s’en faut, ne fut pas gaulliste, c’est grâce à sa stature d’homme d’Etat
qu’elle fut organisée, unifiée, dotée d’un programme. La réalité de la Résistance, ce n’est
pas, évidemment, l’unanimité sur tout: c’est l’histoire de tensions idéologiques et
personnelles intenses, résultant à la fois des antagonismes politiques du passé et des
divergences de vue sur ce que devait être la France libérée. Dans la Résistance, il y avait
des communistes, des gaullistes, des socialistes et des démocrates-chrétiens, des hommes
de droite et même des maurrassiens. Mais leur grandeur à tous, fut d’avoir su surmonter
leurs divergences politiques pour mettre au-dessus d’elles l’avenir de la Nation, et de
synthétiser, même difficilement et tardivement, le 15 mars 1944, leurs aspirations en un
programme du Conseil National de la Résistance, qui a durablement façonné la France
d’après-guerre et dont les orientations demeurent d’une totale actualité, parce que c’est
un programme de progrès social et de développement économique, qu’il a permis à la
France de devenir une grande Nation industrielle et qu’il est donc, en tous points, ce que
les françaises et les français dans leur majorité, veulent aujourd’hui voir mis en œuvre,
pour stopper la régression sociale immense que nous connaissons.
Dernière leçon de la Libération : la France est un grand pays, qui sait mobiliser ses
ressources, qui a une place importante dans le concert des Nations. C’est le pays d’Europe
occidentale à s’être libéré à peu près seul. Le seul à avoir réussi à lever, derrière de
GAULLE, avec les maréchaux LECLERC ; de LATTRE et JUIN, une véritable armée qui
s’appuya sur l’Empire et termina sa mission en libérant Strasbourg, permettant ainsi à la